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>> que des vers latins, mais qui rendent le sens mot à mot, afin >> que l'explication de Hiéroclès s'y rapporte exactement; et >> vous remarquerez que, dans le grec, la quantité requise » pour le vers héroïque, n'est pas conservée, les Pythagori»ciens ayant toujours regardé, dans le discours, l'utilité plus » que les paroles. »

Les Pythagoriciens et Jean Aurispa avaient raison. Eh! qui donc songerait à la mesure des vers en lisant des préceptes tels que ceux-ci?

Honore les dieux immortels comme ils sont établis et ordonnés par la loi!

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-Honore aussi les héros, les génies! honore ton père et ta

mère, et tes plus proches parens!

-De tous les hommes, fais ton ami de celui qui se distingue

par sa vertu !

-Ne hais pas ton ami pour une faute!

-La puissance habite près de la nécessité!

-Triomphe d'abord de la gourmandise, puis de la paresse, de la luxure, de la colère!

- Pense que la destinée n'envoie pas la plus grande portion de malheurs aux gens de bien !

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Réfléchis avant d'agir!

Songe toujours que les biens du monde sont fragiles, et que la mort y mettra bientôt un terme!

Examine ta journée chaque soir, et sois-toi alors un juge

sévère!

Tu connaîtras que les hommes s'attirent leurs malheurs volontairement.

-Misérables qu'ils sont! pour la plupart, ils n'entendent pas que les vrais biens sont près d'eux.

-La race des hommes est divine; ainsi, prends courage!

- Laisse-toi guider par l'entendement qui vient d'en haut! -Quand tu auras dépouillé ton corps mortel, tu arriveras dans l'air le plus pur;

Et tu seras un immortel incorruptible, etc., etc.

Quelle sagesse! quelle haute et profonde philosophie! quelle céleste simplicité Que cela est au dessus des rêveries et des ambages de la dialectique de Platon, malgré son Timėe! au dessus des subtilités et des sécheresses de l'analyse d'Aristote! et

que cette secte italique, née avec Pythagore, 590 ans avant l'Evangile (1), mère de l'Académie et du Lycée, aurait dû éclipser ses enfans, qui l'ont éclipsée elle-même! Ne nous troublons pas de la théorie du Quartenaire (2), du Système des démons, des Symboles, de la Transmigration des ames, de l'Abstinence de la chair des animaux; tout cela n'est pas Pythagore: c'est par là qu'il est homme et vulgaire! Cherchons-le dans les Vers dorés, dans cette sublime pensée, que la solide philosophie repose, non sur la métaphysique, mais sur la morale; car c'est par là qu'il s'accorde avec les plus beaux livres qui soient sortis de la main des hommes! Il faut traverser sept siècles, et se rendre (qui l'eut imaginé?) à la cour de Néron pour lui trouver, dans Epictète, un égal? non, mais un émule au sein de l'Europe idolâtre. Encore un pas, et Marc Antonin se rencontre; puis rien pour discipliner le monde païen, rien hors de Hiéroclès, interprète des maîtres, puisque Cicéron, tout éloquent, tout sage qu'il était, ne fut pas doué de cet ascendant qui subjugue les passions; et que l'habile, le courageux rhéteur Sénèque, parut n'avoir de morale que dans la tête. Il y avait, nous croyons, à Crotone, une loi qui ordonnait à chacun de lire les Vers dorés, le matin et le soir de chaque jour; loi vénérable dans sa naïveté, que l'on peut traduire ainsi : Ordre à chacun de consulter chaque jour les tables de sa conscience! Du reste, ces Vers dores sont, ainsi que l'érudition antique et moderne l'a reconnu, le résumé de la philosophie pythagoricienne, mais ne sont pas de Pythagore. Lysis (3), son disciple, et maître d'Épaminondas, passe pour les avoir écrits. Quant au fils de Parthenis, il n'écrivait guère; il voyageait, parlant de Dieu, de la vertu qui unit les hommes, prêchant d'exemple encore plus que de paroles, et on le suivait. Que cette vie sacrée eût été belle à bien connaître! et combien on doit regretter le récit qu'en avait composé ce Xénophon, si digne de lui, qui naquit 160 ans seulement après lui ; réduits que nous sommes à vivre sur les froids documens de Diogène Laerce, et sur les histoires désordonnées et fantastiques de Jamblique et de Porphyre, tout

(1) D'autres disent 540 ans.

(2) Théorie qu'il ne faut pas confondre avec la découverte du carré de l'hypothenuse, qu'on doit à Pythagore.

(3) Jean Le Clerc, dans sa Bibliothèque choisie, s'étayant du témoignage de M. Dodwel, laisse percer quelques doutes sur l'opinion que Lysis même soit l'auteur des Vers dorés; mais comme, à cet égard, on ne peut plus arriver à la certitude, autant vaut s'en tenir à l'opinion commune, qui est ici fa-, vorable au maître d'Epaminondas.

savamment compilées qu'elles peuvent être par Dacier! Heureusement, si la suite des actions de Pythagore s'est comme perdue dans la nuit des âges, son esprit revit dans le commentaire de Hiéroclès, disciple inspiré par cette grande intelligence, et, chose mémorable! inspiré après 800 ans révolus. C'est là qu'on trouve ces belles sentences:

- (1) D'où viendrait l'amour du beau et du bon, si l'ame n'était pas immortelle?

-Si l'ame est immortelle, comment appeler malheur autre chose que le vice qui nous éloigne de Dieu?

Une preuve que la droite raison est naturellement dans l'homme, c'est que l'injuste juge avec justice, quand la passion ne le domine pas.

-Ne nions pas la providence à cause de nos maux ; car, puisque la vertu les adoucit, il est évident qu'une providence veille sur

nous.

- Savez-vous quels biens vous auriez, si vous aviez toujours pratiqué la vertu?

Les maux dont vous vous plaignez sont le fruit de vos fautes. Mais la mort? la mort n'est point un mal pour l'homme qu'elle réunit à Dieu. Mais la mort des animaux? laissons cette difficulté à résoudre à celui qui prend soin des animaux comme de tout l'univers, où règne un ordre évident, lequel ne saurait exister sans Dieu.

Si, en suivant la raison, nous diminuons nos douleurs; si, en la délaissant pour céder à nos passions, nous augmentons nos douleurs, qu'en faut-il conclure? sinon que l'ame humaine vient de Dieu, dont la loi doit être pratiquée et sera couronnée.

-Si les déréglemens de l'homme viennent de l'empire qu'il donne à ses sens, ne convient-il pas de régler ses sens, en commençant par la pratique de la tempérance?

Dieu est la source de tous les dons, et la prière est un milieu entre notre recherche des dons de Dieu et ces dons mêmes. C'est pourquoi il faut prier.

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- Mais, en priant il faut agir, de peur qu'en agissant sans

(1) Nous nous servons librement ici de la traduction de Dacier, comme nous l'avons fait plus haut.

prier, nous n'embrassions qu'une vertu impie et stérile, ou qu'en priant sans agir nous ne proférions que de vaines et inutiles paroles, etc., etc., etc.

Après avoir lu ce qui précède, comment a-t-on pu confondre le commentateur des Vers dorés avec cet autre Hiéroclès, président de Bithynie, puis gouverneur d'Alexandrie, qui persécuta les chrétiens sous Dioclétien; qui écrivit contre eux, en quoi il fut combattu victorieusement par Eusèbe et Lactance; enfin, qni mettait Aristée et ce fou d'Apollonius de Thyane au dessus de Jésus-Christ? M. Dacier repousse avec une force et une science invincibles cette erreur grossière, soutenue par Vossius. Il dégage notre Hiéroclès très habilement de six autres personnages homonymes, et prouve suffisamment, contre l'autorité du docte Pearson, que le digne interprète de Pythagore, celui qui ressuscita sa doctrine dans Alexandrie, vers la fin du ive siècle, et qui composa sept livres sur la providence et le destin, dont Photius nous a conservé des extraits, était originaire de Carie, et fut d'abord athlète, avant d'être un des plus sages et des derniers philosophes de l'antiquité.

PREMIERS MONUMENS

DE LA LANGUE FRANÇAISE

ET

DE SES PRINCIPAUX DIALECTES,

EXTRAITS DES ÉCRITS DE DIVERS SAVANS FRANÇAIS, ANCIENS Et modernes.

(800-13-41-1204-1566-1818.)

Entre les sujets qui ont exercé l'érudition et la dialectique de nos philologues, il n'en est point qui ait amené plus de controverses que les origines de notre langue. A la vérité, la matière était importante et ardue. Quel plus digne objet des recherches savantes que la source d'un idiome devenu l'agent le plus actif et le plus répandu de la civilisation moderne; et, aussi, quel champ plus vaste ouvert à la discussion, vu l'indigence dans laquelle les siècles antérieurs au xvi nous ont laissés, par rapport aux documens capables de verser la lumière sur ces origines ténébreuses!

Plusieurs savans, entraînés par un sentiment naturel d'orgueil national, et frappés de la physionomie constante et particulière des coutumes et du langage des contrées armoricaines, voulurent voir presque tout le français dans le celtique, et le pur celtique dans le bas-breton. De ce nombre fut, au commencement du XVIIIe siècle, le fameux religieux de Saint-Bernard, Pezron, originaire de Bretagne. Selon lui, les Celtes descendaient directement de Gomer et d'Ascénaz, fils et petit-fils de Japhet; les divers peuples de l'Europe sortaient de cette souche, et toutes les langues européennes dérivaient du celtique gomérite; opinion qu'il put appuyer du célèbre géographe Cluvier, mort en 1623, lequel, ayant aperçu, dans la langue allemande, des rapports avec certaines racines celtiques, en avait inféré que le celtique était le principe de l'allemand.

Le ministre réformé Pelloutier, historien des Celtes, venu peu après dom Pezron, tout en traitant ce dernier de visionnaire, ne s'engagea guère moins que lui dans le système celtique, sauf qu'il ne remonta point jusqu'à Noé; car, du reste, il fit descendre des Scythes, ou anciens habitans du grand plateau

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