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nouveaux élémens se glissent dans la langue vulgaire des Gaules, et la confusion redouble. Le tudesque ou théotisque ou thiois se présente dans le Nord.

Sous la première race de nos rois, ce tudesque modifie peu le langage vulgaire des Celtes romanisés en deçà de la Loire, et point du tout celui des habitans du Midi; mais, sous la deuxième race, une troisième ou quatrième poussée d'Allemands, favorisée par les princes carlovingiens, opère, dans la politique et les mœurs de nos contrées septentrionales, une importante révolution, que dernièrement le célèbre M. Thierry a mieux reconnue et mieux appréciée qu'aucun de ses devanvanciers. Cette révolution n'atteint pas le celto grec-roman d'outre-Loire; mais elle contracte vigoureusement le celto-grecroman du Nord, et toutefois ne parvient pas à y implanter son vocabulaire.

Alors quatre principes divers semblent se partager l'honneur de former l'idiome qui devait un jour être la langue française, tandis que nos frères d'outre-Loire polissent tranquillement, sous les inspirations de l'amour et de la poésie, leur dialecte plus simple, nommé langue d'oc, réduit maintenant, par un caprice de la fortune, à n'être qu'un patois, ainsi que ses dérivés, le limousin, le gascon, l'auvergnat, le toulousain, lui dont l'espagnol et l'italien ne renient pas la descendance.

Vers l'an 1000 un cinquième élément, fourni par les Normands d'outre-mer, saisit à revers notre dialecte du Nord déjà si chargé, le charge encore, l'assourdit, et la langue d'oil se développe avec les trouvères, ayant sous son empire nombre de patois, peut-être plus natifs qu'elle, parmi lesquels on doit distinguer surtout le picard, le bourguignon et le normand français. Tel est en résumé ce que nous avons jugé substantiel dans les travaux de tant d'habiles gens, qu'il faut respecter jusque dans leurs écarts, et c'est aussi ce qu'essaie d'indiquer le tableau imparfait qui suit; mais il est entendu que, dans les phases que nous avons retracées, on ne doit comprendre que le langage vulgaire et national des peuples, et non celui de la cour de nos rois ou de nos empereurs; car ce dernier, suivant constamment la naissance et la volonté des souverains, tudesque sous la première race, latin sous Charlemagne, thiois légèrement latinisé sous les princes carlovingiens, ne se fondit dans la langue d'oil que sous Hugues Capet, qui bannit les influences austrasiennes pour toujours.

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LANGUE FRANÇOISE. Vers l'an 1500.

Avec ses patois picard, bourguignon, normand, françois, etc., etc.

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PREMIERS MONUMENS

DE NOTRE LANGUE

DANS LE NORD DE LA FRANCE;

Pour la plupart antérieurs aux 182 ouvrages, tant en prose qu'en vers, cités au tome iv du Supplément de Du Cange, relevés de l'Histoire littéraire et des Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

An 800. 1°. LETTRE écrite en langue rustique par des moines à Charlemagne, en l'an 800, citée par dom Rivet, tom. vi de l'histoire littéraire de la France, comme un des plus anciens monumens de cette langue : c'est, en tout cas, des plus anciens de notre prose de première origine.

un

An 841-42. 2°. SERMENS DES ENFANS de l'empereur Louis le Débonnaire et de leurs principaux sujets. Le 16 des calendes de mars 842, Charles le Chauve et son frère, Louis le Germanique, se prêtèrent un serment mutuel à Strasbourg ainsi que leurs vassaux, pour terminer leurs différends. Dans cette circonstance solennelle, et pour se donner réciproquement plus de garanties, les princes contractans seulement échangèrent leurs langues; c'est à dire que Charles, et non les seigneurs français, jura en tudesque, et Louis le Germanique, et non les seigneurs allemands, en langue romane. Ces actes, qui ont été le sujet de longues controverses entre les partisans et les adversaires du système latin, ont fourni à M. Bonamy une intéressante dissertation, insérée dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, où il les analyse mot par mot, pour prouver que tout y est d'origine latine, hors les noms propres; ce qu'à notre avis il ne parvient pas à faire complètement; mais, l'eût-il fait, il faut se rappeler qu'il n'y a que cent mots dans ces actes. Nous copierons les textes en langue romane seulement, d'après M. de Roquefort qui les a rapportés, dans les deux langues, avec une fidélité jusqu'alors non obtenue, et cela sur le manuscrit du Vatican, no 1964, dit le manuscrit de Nithard, en y joignant un fac-simile précieux de l'original écrit par Nithard lui-même, abbé de SaintRiquier, attaché à la maison de Charles le Chauve.

SERMENT DE LOUIS LE GERMANIQUE.

<< Pro deo amur, et pro christian poplo, et nostro commun salvament, »dist di en avant, in quuant Deus savir et podir me dunat, si salvara » jeo cist meon Fradre Karlo, et in adjuha, et in cadhuna cosa, si cum » om per dreit son Fradra Salvar dist, in o quid il mi altre si Fazet, >> et ab Ludher nul plaid numquam prindrai, qui meon volt cist >> meon Fradre karle in damno sit."

SERMENS DES SEIGNEURS FRANÇAIS.

« Si Lodhuvihs sagrament que son Fradre Karlo jurat, conservat et Karlus » meas Sendra de suo part no lo stanit, si jo returnar non lint pois,

» ne jo, ne neuls cui eo returnar int pois in nulla adjudha contrà loduwig » num lijuer (Fuero).

Du Cange, dans la préface de son Glossaire, analyse aussi les expressions de ces sermens, et y reconnaît des traces celtiques.

An 850. 3. FRAGMENT DE TRADUCTIONS DES ACTES DE SAINTETIENNE, donné par l'abbé Lebeuf, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, comme étant du 1xe siècle, en accordant que le style en a pu être

retouché au xo.

Saint Esteuves fut pleins de grant bonté, »emmen tot celo qui creignent en diex, (mêmement comme tous ceux qui, etc) » Feseit miracle o nom de Dieu mende; (demandés au nom de Dieu.)

>> as cuntrat et au ces, a tot dona sante:

(aux estropiés, contracti, et aux aveugles, cæci.)

» por ce haïerent autens li Juve (les Juifs).

>> Encontre lui se dresserent trestui,

» diserent ensemble, mauvais mes cetui:;

» il a deabble qui parole en lui, etc., etc., etc. »

An 940. 4°. FRAGMENT DE CHARTE D'ADALBÉRON, premier évêque de Metz, de l'an 940, rapporté par Borel dans sa Préface du Trésor des Recherches et Antiquités gauloises et françaises.

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<< Bon vis sergens et feaules enjoieti; car pour cest que tu as »estais feaules sus petites coses je tansuseray sus grandes coses, » entre en la joie de ton signour. »

Ce qui veut dire, d'après saint Mathieu : «< O bon et fidèle serviteur, réjouissez-vous; parce que vous avez été » fidèle en de petites choses, je vous établirai sur de grandes! Entrez dans la joie de votre Seigneur. »

>>

Analectabiblion. 1.

6

An 950. 5o. LE ROMAN DE PHILUMENA. Cette chronique fabuleuse peut jusqu'ici passer pour le plus ancien de nos romans, avec la Chronique latine de Turpin, que dom Rivet n'est pas éloigné de croire postérieure. Le savant bénédictin dit que cet ouvrage, de l'an 950 environ, était déjà réputé si vieux, en 1015 et 1019, quand Bernard, abbé de Notre-Damede-la-Grasse, le fit traduire en latin, qu'on le supposait composé du temps même de Charlemagne. Le sujet en est le triomphe de cet empereur sur Martaut, roi des Sarrasins, sous les murs de Notre-Dame-de-la-Grasse, et la prise de Narbonne par les Français. L'auteur, Philumena, se dit historiographe de Charlemage. S'il dit vrai, il est l'aîné des auteurs nationaux. Son ouvrage existait en Languedoc manuscrit dans la bibliothèque de M. Ranchin, conseiller au parlement de Toulouse. C'est peutêtre là que l'historien Catel a pu le consulter, et en tirer les documens curieux qu'il nous donne dans son histoire, pages 404-547-69. Le traducteur latin fut un nommé Gilles, qu'ailleurs on nomme quelquefois Vidal, ou Vital. Cependant, sur l'exemplaire de la traduction qui se conserve dans la bibliothèque laurentienne, à Florence, le nom du traducteur est Paduanus. Un grand combat y est décrit entre Roland et Martaud. Il y est dit qu'au siége de Narbonne, un chevalier du pays assista si bien Charlemagne, qu'après la ville prise, l'empereur donna à ce chevalier, qui s'appelait Aymery, la troisième partie de la seigneurie de Narbonne, avec les gouvernemens de Béziers, Agde, Maguelonne, Uzès, Nismes, Arles, Avignon, Orange, Lyon, Carcassonne, Tolose, Rodez, Cahors, Collioure, Gironde, Barcelone, et lui dit : per Narbonam eris dux, et per Tolosam comes. Le second tiers de Narbonne fut donné à l'archevêque et le dernier aux Juifs. Tout le livre est en prose, ainsi que celui de Turpin. M. Raynouard, dans sa Grammaire romane, en cite plusieurs passages, tels que ceux-ci : « Quascuna de las » partspartic se, los crestias gausens, elhs Sarrasis dolens... » Karles maines dix: adonques aissi sia, si a Thomos platze a toitz...» «e Karles, quanto o hac ausit, se gra»cias a Dieu e lanzors.... Karlespartic se de sa compayhna, e anec ferir lo rei de Fudelha, aissi que elh e'lh caval fendec per mieg......

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An 988. 6o LAMBEAUX DE VERS FOURNIS par l'abbé Lebeuf, d'après un Ms. de saint Benoît sur Loire du x1a siècle, et qu'il croit composés dans le xe..

» Nos jove omne quan Dius estam
» De grand Follia per Folledar parlam

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