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entier & par ordre. Enfin un Lecteur qui ne feroit que voltiger çà & là dans ce Livre, pourroit faire cent objections qui se trouveroient ou prévenues, ou réfolues dans ce qu'il auroit omis de voir. J'ai même tellement compté fur la liaison des parties de cet Ouvrage, que loin d'épuiser la matiere, j'ai fupprimé quantité de mes idées, pour laißer au Lecteur judicieux le plaifir de conclure ce que je jugeois qu'il verroit beaucoup mieux que moi. Au reste ce n'est point ici une Apologie anticipée des Anciens, ou de ma maniere. Je n'ai ni prétendu contraindre personne à déterminer à mon point le degré d'estime que je crois dû aux Auteurs de la Scene Athenienne, ni crû que leur renommée (dans notre fiecle) dût dépendre de ma façon de penfer ou de m'exprimer, que j'abandonne au jugement du public,

DISCOURS

DISCOURS

SUR LA COMEDIE GRECQUE.

J'a

A

duire entiere

'Ai balancé long-tems fi je toucherois l'article Raifons de la Comédie des Grecs, tant à caufe du pe- d'expo tit nombre de Pieces qui nous en refte, qu'à caufe fans le trade la licence effrenée d'Ariftophane leur Autheur, meat, & de la difficulté d'établir une idée fûre de la Comédie Grecque fur les œuvres d'un seul Poëte. D'ailleurs la Tragédie m'avoit paru mériter toute l'attention dont j'étois capable pour la bien peindre, comme le morceau le plus eftimé des Atheniens & des Grecs fenfés a, particulierement de Socrate qui n'eftimoit ni les Comédiens ni les Comédies. Mais le feul nom d'un ouvrage de Théatre qui dans les beaux fiecles, & beaucoup plus dans le nôtre, a fait tant de progrés, qu'il est devenu égal, pour ne pas dire préférable au Tragique même, m'a fait juger qu'on pourroit peut-être me reprocher de n'avoir pas rendu mon Ouvrage complet, fi après avoir approfondi, autant qu'il m'a été poffible, ce qui regarde le Tragique des Grecs, je n'ébauchois au moins le caractere de leur Comique.

J'ai donc fait refléxion qu'il n'étoit pas entierement impoffible de vaincre en partie les obftacles

Il y avoit une Loi qui défendoit à tout Juge de l'Aréopage de faire des Comédies.

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qui m'avoient arrêté, ni d'aller un peu plus loin que les Sçavans Autheurs a qui nous ont donné en François quelques Pieces féparées d'Aristophane: non pas que je prétende beaucoup traduire. Les mêmes raisons qui m'ont retenu dans la plus noble partie du Théatre Grec croiffent de moitié quand il eft queftion de toucher à celle-ci. Quoique le ridicule qui en eft l'objet, foit auffi-bien le même en tout tems que les paffions qui font les objets de la Tragédie, cependant fi la différence des mours rend quelquefois les paffions méconnoiffables, combien plus altere-t'elle les plaifanteries! C'eft peu dire qu'alterer, elle les déguife fi fort que le plaifant qui peint le ridicule devient fade ou bas bien plus aifément, que ce qui eft paffionné ne dégénére en chose risible,à force de vieillir.

Ce qu'on appelle plaifant & comique n'est qu'un tour, un rien, qui veut être fenti dans fon point précis. Pour peu qu'on s'éloigne de ce point, la plaifanterie difparoît & ne laiffe en fa place que de la fadeur. Tel bon mot, qui aura réjoüi une compagnie, ne vaudra rien du tout étant exposé au public, parce qu'il est isolé & féparé des circonftances qui le rendoient piquant. Il en eft à peu près de même de plufieurs railleries anciennes; leur fel le plus fubtil s'évapore à la longue, & ce qu'il en refte s'affadit à notre égard. Il n'y a que le plus mordant dont la pointe ne s'émouffe ja

mais.

Madame Dacier, M. Boivin,

Mais outre cet obftacle qui s'oppofe à la traduction universelle d'Ariftophane, outre quantité d'allusions perduës par l'intervalle des tems, les mots licencieux qu'il prodigue à la populace, pour en tirer des rifées coupables, font indignes de la curiofité des honnêtes gens, & méritent de refter éternellement dans l'obfcurité qui leur convient. Enfin tout n'eft pas excellent dans ces commencemens de la Comédie, ou du moins ne sçauroit - il paroître tel dans des tems fi éloignés, à l'afpect de ce que nous avons en ce genre fous les yeux; & cette raison suffiroit seule pour épargner bien de la peine au Traducteur, & encore plus d'ennui aux Lecteurs quels qu'ils foient; car le petit nombre des Sçavans qui aiment les délices Attiques, (pour parler leur vrai langage ) s'embarraffe affez peu des traductions, fi ce n'eft pour les critiquer, & le grand nombre des gens d'efprit ou, ce qui eft la même chofe, le public veut des Comédies qui lui plaifent fans beaucoup de gêne; & il n'eft pas difpofé à trouver beau tout ce qui a befoin de preuves un peu longues pour être trouvé beau. S'il eût fallu prouver aux Grecs & aux Troyens qu'Helene étoit belle, il n'y auroit point eu de guerre de Troye.

D'un autre côté Aristophane est un morceau plus confiderable qu'on ne peut croire. L'Histoire Grecque ne fçauroit prefque s'en paffer pour ce qui concerne la connoiffance des Atheniens en particulier. Cela feul le rendroit refpectable, quand on ne le confidereroit pas comme Poëte comique;

Points capitaux de ce Difcours.

mais fi l'on a encore égard à cette qualité, il est l'unique dont on puiffe tirer l'idée de la Comédie de fon tems : & de plus on voit que dans fes pieces il en veut fouvent aux Poëtes tragiques, (furtout aux trois fameux dont nous avons examiné

les précieux reftes) & qui pis est à l'Etat & aux Dieux mêmes.

II. Ce font ces confiderations qui m'ont enga gé à fuivre dans la peinture de ce Poëte à peu près la même methode que j'ai fuivie pour plufieurs Pieces des Tragiques, c'est-à-dire, à en donner des analyses exactes autant que les fujets le permettent, pour en déduire quatre systêmes essentiels. 1°. Sur le caractere de la Comédie de fon tems, fans omettre celle de Menandre a. 2°. Sur le gouvernement & les vices des Athéniens. 30. Sur ce qu'on peut penser des fentimens d'Aristophane: touchant Eschyle, Sophocle & Euripide. 4°. Sur

■ Menandre Athénien, fils de Diope- en deux vers: » La fanté d'abord, puis thes & d'Hégéftrate, fut fans contredit » la fortune; enfuite la joye; enfin ne le plus diftingué des Poëtes de la nou- » devoir rien à perfonne : voilà tous mes velle Comédie. Il avoit été difciple de» fouhaits. « Il étoit extremement avaThéophrafte. Sa paffion pour les femmes re. On le reprefentoit avec des doigts crole deshonora. Il étoit louche & fort fpi- chus: auffi fe faifoit-il cherement payer rituel. Des 180 ou, pour parler plus jufte fes Comédies. Il vêcut environ cent ans: avec Suidas, des 80 Comédies qu'il com- d'autres difent cent un an. On rapporte pofa, & qu'on dit avoir été toutes tra- diverses historiettes de fa mort: entr'au-duites par Terence, il ne nous refte que tresValere Maxime dit qu'il mourut à fortrès peu de fragmens. Il floriffoit vers ce de rire d'une petite aventure.Voyant un la 115. Olympiade l'an du monde 3645. âne manger des figues, it ordonna à fon & 318. ans avant J. C. Il fe noya dans le valet d'aller l'écarter. Celui-ci ne fe pref port de Pirée où il fe baignoit. Nous fant pas, l'âne mangea tout. » Hé bien, avons rapporté ailleurs ce qu'il dit à un » lui dit Philemon, donne lui du vin maincertain Philemon fon antagoniste,moins » tenant. c. Apulée & Quintilien metpoëte que lui, mais quelquefois vain- tent ce Comique fort au-deffous de Mequeur. Ce Philemon plus ancien que lui, nandre; mais en récompenfe ils lui accor étoit en vogue du tems d'Alexandre le dent la feconde place. Grand. Il avoit exprimé tous fes vœux

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