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les mefures, l'ordre du jour qui fuccede à la nuit: d'où elle conclut qu'Eteocle doit ceder le Sceptre à fon frere. Ce font fix ou fept vers qu'on a marqués, ainfi que bien d'autres, comme dignes d'être retenus. Mais ce raisonnement ne fçauroit entrer dans nos idées, & n'étoit bon que pour les Grecs, gens amateurs de fentences, & d'exemples palpables.

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Ce qui fuit a plus de dignité. Jocafte appelle le Thrône une injuftice heureuse.* Qu'y trouve-t'on? plus de travail & de » profperité qu'ailleurs. Mais qu'eft-ce que cette opulence? la médiocrité fuffit à qui , fçait borner fes défirs. Les richeffes n'appartiennent veritablement qu'aux Dieux. Les hommes n'en font que les dépofitaires & les œconomes. Auffi les Dieux , fçavent-ils les reprendre, quand il leur , plaît. Jugés-en par l'inftabilité de la for» tune. Si i je vous demande, mon fils, lequel eft plus eftimable à vos yeux, ou le Thrône, ou le falut de l'Etat, oferés-vous répondre que c'eft le Thrône ? mais fi "Polynice eft vainqueur, fi Argos l'emsporte fur Thébes, vous verrés cette mê» me Thébes désolée; vous verrés les Thébaines captives arrachées des bras de leurs meres par un ennemi farouche. Ah qu'a» lors les Thébains payeront cherement ce » fuprême pouvoir qui a tant de charmes » pour

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EURIPIDE parle ici en Republicain Democratique. Cependant il femble époufer d'autres fentimens 'ailleurs, & PLATON fon Contemporain le blâme d'avoir trop loué les Monarques & la Monarchie.

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pour vous! Voilà, Eteocle, ce que j'avois à vous dire.

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Pour vous, Polynice, je vous dirai avec la même franchise, qu'Adraste a été » imprudent de vous offrir fon funefte fe» cours, & qu'imprudemment vous l'avés » accepté pour détruire votre patrie. Car

helas, fi vous prenés Thébes, (Dieux " » écartés ce préfage,) comment érigerés» vous des trophées ? comment offrirés» vous des facrifices? de quelle inscription » marquerés-vous les dépouilles fur le bord " du fleuve qui vous vit naitre? Polynice,

כל

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dirés-vous, confacre aux Dieux ces armes enlevées à fa patrie qu'il a reduite en cen" dres *. Ah, mon fils, puiffiés-vous n'ê"tre jamais fouillé d'une pareille gloire! fi ", au contraire vous êtes vaincu, de quel », front retournerés-vous à Argos en lais» fant nos champs couverts de fes citoyens morts pour votre défense? Adraste n'entendra-t'il pas ces murmures du peuple? quelle fatale alliance a-t'on contractée » avec Polynice? fon hymen nous coute », nos vies. Croyés-moi, mon fils, vous courés à un double écueil. Vous perdés , l'appui des Argiens, & vous ne gagnés » pas le fceptre Thébain. Mettés, mes ,, fils, mettés l'un & l'autre un frein à votre ambition. Hé quels maux ne doit-on » pas attendre de deux rivaux furieux qui tendent au même but"!

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Le

VIRGILE a imité ces anciennes infcriptions. Eneas hac de Danaïs victoribus arma. Æneid. 1. 3. v.

188.

Le Choeur redouble fes voeux pour la paix en deux mots. Ce n'eft donc pas Eteocle qui interrompt Jocafte, comme l'a prétendu Barnez. Ce Commentateur, à qui on a l'obligation de la belle édition d'Euripide faite à Londres l'an 1694. où il a raffemblé à peu près tous les Commentaires fur Euripide, fans compter fes notes & fes corrections particulieres, quelquefois asfés heureuses, releve ici, comme ailleurs, les Scholiaftes & les Critiques avec trop de hauteur, pour n'avoir pas tout-à-fait approuvé le difcours de Jocafte, qu'ils disent être trop foible. Ces Critiques peuvent avoir tort, fans que Barnez ait raison de les accufer d'ignorance. Ils ont tort, fans doute, puifque dans la fituation où se trouvoit Jocafte, il feroit difficile d'imaginer rien de plus fenfé ni de mieux tourné dans fa fimplicité, que fon raisonnement fur les vrais interêts d'Eteocle & de Polynice. Mais la raifon dont fe fert Barnez pour les relever n'eft pas fupportable. Si le difcours de la Reine paroît foible, dit-il, c'eft qu'on n'a pas voulu voir qu'il n'eft point achevé, & qu'Eteocle l'interrompt lorfqu'elle étoit fur le point de continuer. Il n'y a pas l'ombre d'interruption dans le texte : c'eft le Choeur qui parle après la Reine. Et c'eft à Eteocle à reprendre la parole enfuite. De plus Jocafte avoit dit à ce Prince ce qui lui convenoit, avant que de parler à fon autre fils. Eteocle reprend donc ainfi après le Choeur.

ETEOCLE. Madame, il n'eft plus queftion de contefter. Un temps précieux fe perd; & tous vos efforts font inutiles. Je

le

le rédis; nul autre accord entre nous que celui dont j'ai parlé. Je fuis poffeffeur du Thrône. Je prétends l'être toujours. Epargnés-moi de nouveaux confeils; & vous, Polynice, fortés de ces murs, ou vous y trouverés la mort.

POLYNICE. Par quelle main, je vous prie? & qui feroit cet invulnerable qui oferoit me frapper fans craindre un pareil deftin?

ETEOC. Moi. Tremblés à l'afpect de ce bras.

POLYN. Moi trembler! la profperité répand dans certains coeurs trop d'amour de la vie pour les rendre redoutables.

ETEOC. J'entens. C'est parce que vous me comptés pour peu dans un combat, que vous venés à moi à la tête d'une nombreufe armée.

POLYN. La prudence éclairée l'emporte fur l'aveugle impetuofité.

ETEOC. Rendes grace à la foi publique. Sans elle Polynice m'auroit infulté pour la derniere fois.

POLYN. Pour la derniere fois je redemande le Sceptre qui m'eft dû.

ETEOC. Il eft à moi. Je fçaurai le garder.

POLYN. Eft-il à vous fans partage? ETEOC. Ne m'importunés plus: retirés

vous.

POLYN. Sacrés Autels de la maifon paternelle. .

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ETEOC. Que vous vous préparés à renverfer.

H 3

Po

POLYN. Daignés prêter l'oreille à mes

cris.

ETEOC. Ecouteront-ils un citoyen ar mé contr'eux ?

POLYN. O Dieux protecteurs de Thé

bes!

ETEOC. Ils vous deteftent.

POLYN. On me chaffe de ma terre na

tale.

ETEOC. Et vous venés la défoler. POLYN. C'eft votre injuftice qui m'y contraint. O Dieux.

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ETEOC. Allés invoquer les Dieux à Mycenes.

POLYN. Vous ne les craignés done plus.

ETEOC. Je ne fuis pas du moins l'ennemi déclaré de ma patrie.

POLY N. Et vous m'exclués de mon heritage?

ETEOC. Je ferai plus, fi vous m'y forcés. (Il le menace de le tuer.)

POLYN. O mon pere, vous entendés l'outrage qu'on me fait.

ETEO C. Il entend auffi le bruit de vos

armes.

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--POLYN. Et vous, ô ma mere. ETEOC. Ne profanés point ce nom. II yous eft interdit.

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ETEOC. Allés implorer Argos.

POLYN. N'en doutés point. J'y cours. O ma mere, ma reconnoiffance pour vous

eft fans bornes.

ETEOC. Partés.

Po

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