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plus encore le font aujourd'hui les Spectateurs, quoique mieux inftruits, en voyant plufieurs Tragédies où les circonftances des lieux font fouvent beaucoup moins ménagées.

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Reprenons le fil du récit d'Hyllus. Al,,cide en confidération de fon épouse s'eft revêtu de la robe qu'elle avoit envoyée. II a dans cet ornement à un pomparu » peux facrifice. Mais à peine le feu avoitil commencé d'embrafer le bucher où » étoient les victimes, que le venin dont la robe étoit infectée à fait fentir fon funefte effet. Une fueur violente eft for» tie de tout le corps d'Hercule. La fatale robe s'eft attachée à fa chair fans pouvoir ,, en être enlevée qu'avec la chair même. Le poifon fe gliffant dans les veines a pénétré jufqu'à la moëlle des os. Hercule appelle Lichas; lui demande de quelle main il a reçû cet horrible préfent: & fur fa réponse que c'eft de Déjanire, faifi de courroux, & preffé par l'excès de la douleur, il prend le malheureux Lichas, & le jette fi rudement fur un rocher, que fon corps en eft brisé”. *(C'est pour rendre ceci croyable que Sophocle a cité le trait d'Iphitus.), Tout le peuple est frappé de terreur, & nul n'ofe approcher ,, d'Hercule furieux. Il fe roule par terre: puis il fe leve tout-à-coup, & pouffe des cris effroyables qui font retentir tous les rivages. Enfin, ajoûte Hyllus, Hercule

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en portant çà & là fes regards que la vio,,lence du mal rendoit affreux, m'apperçoit dans la foule où je fondois en lar,, mes. Il m'appelle: Approchés, ô mon fils; ne fuyés pas un pere déplorable: duffiés-vous expirer avec moi, approchés; ,, & s'il vous refte quelque pitié pour un » pere qui vous aime, tirés-moi au plûtôt ,, de cette terre étrangere, afin que je ter,, mine ma deftinée dans un lieu où je puifle me dérober aux yeux des mortels. ,, A ces mots, nous l'embarquons fur le ,, vaiffeau. Nous l'emmenons avec peine fur ces bords, & bien-tôt vous le verrés » ou mourant, ou mort". (C'est au Choeur que ce difcours s'adreffe; puis Hyllus fe tourne vers la Reine fa mere.), Madame,

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tel eft l'effet de vos noirs projets & de », votre attentat. Que ne m'eft-il permis » de lancer fur vous les imprécations que méritent les parricides. Mais je le puis, ,, Madame; & vos forfaits me rendent tout », permis. C'eft bien la moindre vengean,, ce qu'un fils puiffe tirer d'une mere qui ,, a la noirceur de faire périr fon pere, & le plus grand des Héros".

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Déjanire fe retire fans pouvoir proférer une feule parole. Le Choeur veut l'arrêter. Madame, pourquoi vous retirer ainfi fans rien répondre? ignorés-vous que le filen,, ce eft l'aveu du crime"? Hyllus reprend. Laiffés la s'écarter. Puiffe-telle fuir bien », loin de mes regards qui l'ont confondue. Lui fiéroit-il de fe couvrir du titre de » mere, elle qui l'a fi indignement démen» ti? qu'elle fuye donc, qu'elle jouiffe de

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,, fon crime; & puifle le fort qu'elle a préparé à mon pere retomber tout entier fur la tête"! Ce filence de Déjanire eft dans le même goût que celui d'Eurydice dans l'Antigone: & l'on verra dans peu qu'il vaut mieux que ce vers affecté d'Ovide si fouvent répété dans une lettre :

+Impia, quid ceffas Deianira moris

,, Impie Déjanire, que tardes-tu à te don,, ner la mort". On ne s'exhorte point à mourir, quand le deffein en eft bien pris. Beaucoup moins le fait-on avec tant d'art. Le filence eft plus éloquent & plus vif.

Le Choeur enfuite de ce qu'on vient d'entendre d'Hyllus, qui s'eft retiré, fe rappelle l'Oracle ancien, à fçavoir qu'Hercule après douze travaux devoit jouir d'un repos que rien ne pourroit troubler. On en voit l'accompliffement. Le Choeur retombe fur l'article de Déjanire, dont il plaint la jaloufe crédulité fuivie d'un fi triffe retour. Il attribue enfin tous ces maux à Ve

nus.

ACTE

V.

Auffi-tôt ces filles effrayées entendent, dans le fonds du Palais un grand bruit qui préfage quelque chofe de funefte. L'on voit en effet la vieille Confidente de Déjanire, qui vient toute en pleurs annoncer la

• Voyés Antigone, ci-dessus, Tom. III. † OVID. Heroïd. epift. 9.

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mort de fa maîtresse. Sa mort eft atroce, dit-elle, & vous en conviendrés. A ,, peine étoit-elle rentrée, qu'à l'afpect de » fon fils Hyllus, qui retournoit vers fon ,, pere, elle détourne fes pas pour l'éviter, ,, & feule au pied des autels elle déplore fá , viduité. Trouvoit-elle fous fes mains , quelqu'une des chofes néceffaires à fon ufage, fes yeux fe rempliffoient de pleurs. Errante çà & là dans le Palais, à la vûë ,, de fes Officiers, elle versoit des torrens de larmes: elle imputoit aux Dieux le renversement de fa maison. Après ces » premiers transports je la vois entrer bruf, quement dans l'appartement de fon é» poux. Cachée dans l'obfcurité, je l'ob», ferve en filence. Elle pare le lit d'Her, cule, le baigne de fes larmes, & s'y é», tant affife: Couche nuptiale, dit-elle, tu me reçois pour la derniere fois. A ces smots, elle découvre fon fein. Je vole vers fon fils: mais helas, à mon retour, je trouve qu'elle s'eft frappée d'un poig nard. Cette vûë attendrit Hyllus. Il pleure une mere que fes reproches ont ,, porté à cet excès de défefpoir. Car il avoit appris, mais trop tard, la funefte erreur où le Centaure avoit fait tomber ,, Déjanire. L'infortuné Hyllus livré à fon repentir, s'approche d'une mere expiran,, te. Il l'embraffe, il l'arrofe de fes pleurs, défefperé de lui avoir imputé un crime, & de fe voir privé d'une mere & d'unf pere par une épouse & par un fils. Voilà la trifte destinée de cette Maison malheu" reufe. Qu'on compte après cela fur le

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" bonheur d'un feul jour. Trop avides du lendemain nous ne fongeons pas que l'heure présente eft peut-être la dernière » pour nous

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La mort d'Alcefte* chés Euripide a beaucoup de rapport à celle-ci; & il est évident que Virgile a imité ces morceaux des Poëtes Grecs, quand il nous peint Didon mou

rante.

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+ Incubuitque Thoro, dixitque noviffima verba,

Elle s'affit fur fa couche nuptiale, & dit les dernieres paroles".

Les filles de Trachine à la vûë de ce double malheur d'Hercule & de Déjanire ne fçavent où porter leurs regrets, tant elles font accablées de trifteffe. Elles voudroient être tranfportées dans un autre climat; & elles redoutent la préfence d'Hercule furieux, qu'on apporte fur la Scene entouré d'une nombreuse Cour de gens éplorés.

Le fommeil où il paroît plongé tient l'affemblée en fufpens. Son fils Hyllus qui le croit mort, jette des cris lamentables. Mais un Vieillard l'avertit qu'Hercule n'est qu'affoupi par l'excès du mal, & qu'il feroit dangereux de le réveiller. Il fe réveille en effet, & s'écrie:,, O Jupiter, en quelle » région arrivai-je ? dans quelles mains fuis» je tombé? Ah, je me fens dévoré; & », mes cruelles douleurs reprennent toute leur violence". Et après quelques inter

rup

EURIPIDE, Akcefte, premiere Partie, Tom. III. + VIRG. Eneid. 1. 4. v. 650.

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