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fant ceci: ce foupir & ce retour fur elle font bien exprimés à la Françoise dans l'Opera de Thesée.

Ah faut-il me venger

En perdant ce que j'aime!

Que fais-tu ma fureur? où vas-tu m'engager? Punir ce cœur ingrat, c'eft me punir moi

même:

J'en mourrai de douleur: je tremble d'y fon

ger.

Ah faut-il me venger

En perdant ce que j'aime!

Ma rivale triomphe & me voit outrager. Quoi, laiffer fon amour fans peine, & fans

danger!

Voir le fpectacle affreux de fon bonheur extrême!

Non, il faut me venger
En perdant ce que j'aime.

Le Choeur effrayé a beau vouloir arrêter une mere furieuse, & lui representer combien elle est dénaturée de s'armer contre fes propres enfans. Medée replique qu'il n'eft plus tems, qu'elle a pris fon parti, & que pourvû que Jafon foit puni, il lui importe peu à quel prix.

LE CHOEUR. Quoi, vous oferés tuer vos enfans, & vous êtes mere!

MEDE'E. C'eft pour frapper Jafon par l'endroit fenfible.

Thefée Opera A&. V. Sc. 1,

LI

LE CHOEUR. Et ce coup ne retombera-t'il pas fur vous?

MEDE'E. Il n'importe. Le fort en est jetté; n'en parlons plus.

Ce mouvement de pitié que Medée apperçoit dans les Dames Corinthiennes, fait qu'elle leur demande encore une fois le fecret pour cet attentat. Auffi-tôt elle envoye une de fes femmes chercher Jason. » Va, dit-elle; ta foi m'est connue. A,, mene moi ma victime: confidente & » femme tu dois fervir doublement mes

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fureurs".

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Le Choeur perfifte à détourner Medée d'un fi execrable deffein. Ceci paroît chanté. Il y a deux ftrophes employées en l'honneur d'Athénes, dont voici le fens. O » Athénes, region cherie des Dieux, fé» jour de la fageffe, où l'on dit que les Mufes ont fixé la divine Harmonie, où Ve"nus, dit-on, fur les bords du Céphize » répandit un fouffle auffi doux que celui des Zephirs, où enfin Cypris, en cou» ronnant de fleurs fa belle chevelure, a laiffé les tendres Amours & les Génies » qui préfident aux beaux arts. . Le Choeur s'interrompt tout à coup, & fe tournant vers Medée,,, de quef œil, ditil, cette Athénes, cette ville fi polie verra-t'elle une mere encore teinte du fang de fes enfans"? Là il redouble fes priéres pour la fléchir: mais en vain.

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Jafon averti vient trouver Medée. Elle fait tout ce qu'elle a promis dans la Scene precedente, qui pour le dire en paffant prévient un peu trop celle-ci: c'eft-à-dire, que Medée fait excufe à Jason de fon emportement. Elle avouë qu'à tort elle a blâmé un hymen politique & avantageux pour fes enfans & pour elle-même. Elle va jufqu'à dire qu'elle auroit dû favorifer cet hymen, & couronner de ses mains la nouvelle épouse., Paroiffés, dit-elle, chers gages de mon hymen, paroiffés fans crainte; embraffés un pere: étouffons nos haines anciennes. Mon courroux ceffe; & je me réconcilie. Baifés la main paternel"le. Helas, enfans malheureux, le ferés>> vous long-tems? Ciel, quel fouvenir affreux vais-je me rappeller! attendrie &

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faifie de crainte, je ne puis retenir mes » larmes". Cela eft ambigu; & Jafon attribue cette tendreffe à un retour fincere de la part de Medée, tant elle a sçû faire fervir la nature même à l'artifice. II la loue d'avoir enfin ouvert les yeux fur fes véritables interêts. Il affûre fes enfans qu'il les cherit toujours d'un amour de pere; il les flatte de l'efpoir d'être dans la fuite Rois de Corinthe; & il fouhaite enfin de les revoir dignes de lui dans un âge plus avancé.

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Mais d'où vient, dit-il à Medée, détour» nés-vous vos regards & vous baignés» vous de pleurs? Ah, répond-elle, c'eft "> le souvenir de mes fils qui m'arrache ces

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» larmes. Je fuis mere; & ce fouhait pa» ternel qui vient de vous échapper en leur faveur á réveillé dans moi une crainte fe»crette qu'il ne s'accompliffe pas.

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Medée voile ainfi la veritable caufe de fa douleur, & amene peu à peu Jafon au point d'écouter la demande qu'elle lui fait d'empêcher l'exil de fes enfans par l'entremise de la fille du Roi. Jason promet de le tenter, & fe flatte d'y réuffir par cette voye. Medée propose enfin, pour gagner tout-à-fait cette Princeffe, de lui envoyer par fes enfans un don digne d'elle, une robe très-fine, & une Couronne d'or.,, Allés, dit-elle à »fes femmes, ne différés pas d'apporter » les préfens que je lui deftine. Mille fois heureuse cette époufe d'être unie à un époux tel que Jafon! Elle mérite de posfeder le gage précieux que le Soleil mon » ayeul a laiffé à fa pofterité. Venés, chers " enfans, prenés cette robe & cette couronne, & portés un thrésor si estimable à 2 cette Royale épouse".

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Jafon veut empêcher Medée de fe dépouiller ainfi elle-même pour une Reine qui n'a point befoin de fes préfens. Enyvré du fol amour qui le poffede il croit, dit-il, que le coeur de Jafon lui fera plus précieux que tout l'or du monde. » Ah, repart Medée, les préfens touchent les Dieux mêmes. L'or agit plus efficacement fur les cœurs » que les plus beaux difcours. Elle est Reine, elle est heureuse, & je fuis. Je racheterois l'exil de mes fils au prix non feulement de l'or, mais de ma vie. Partés donc, mes enfans, & allés trouver

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,, ma Souveraine, l'époufe de votre pere: ,, fuppliés, preffés, obtenés votre grace, ,, & faites qu'elle reçoive de fes mains les dons que vous lui portés. C'eft un point " néceffaire. Allés, rempliffés mon atten

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», te, & revenés m'annoncer un heureux fuccès".

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J'ai mis ici tout le détail de cette Scene fi intereffante, pour laiffer voir qu'après tout Jason paroît un peu trop crédule. Il devoit, ce femble, connoître affés Medée pour s'en défier. Mais il eft auffi vrai que la paffion aveugle les hommes; & c'est fur ce principe qu'on excufe le peu de défiance de Pyrrhus dans l'Andromaque de Racine.

Après le départ de Jafon le Choeur acheve la Scene, & prévoit ce qui va arriver, à fçavoir que les dons de Médée feront périr la Princeffe, & la pareront, comme il dit, pour Pluton.

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Le Gouverneur des fils de Medée revient avec eux. Vos enfans, dit-il, ne font » plus exilés. La Princeffe a reçû favorablement vos dons". A cette nouvelle Medée ne répond que par des foupirs & des pleurs, dont le Gouverneur, qui en ignore le fujet, s'étonne d'autant plus qu'il attendoit d'elle des marques de joye. Pour toute réponse, elle le renvoye. Puis s'adreffant à fes deux fils, elle leur dit :,, Chers ,, enfans, vous avés donc une retraite asfurée dans ce Palais. Vous y vivrés privés d'une mere. Car, helas, il me faut » chercher des climats étrangers. Je ne » goûterai point le plaifir flatteur que j'at

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