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Circa pectus erat qui fragilem truci
Commifit pelago ratem.

* Celui-là avoit fans doute un cœur de ,, roche & de bronze, qui rifqua le premier d'effuyer fur un vaiffeau fragile la violen» ce d'une mer courroucée".

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A CTE III,

L'Acte troifiéme commence par un entretien de Medée avec fa Confidente, comme le précedent; & cette Scene ne dit rien de nouveau. C'eft Medée furieuse dont une Confidente tache d'arrêter les emportemens. L'arrivée de Jafon qui furvient n'y eft pas même préparée. Ces délicateffes n'étoient pas du goût de Seneque. L'entrevuë de Jafon & de Medée eft pleine de beautés. Il y a même une adreffe fort ju dicieufe, & qu'Euripide n'a point employée, ou du moins fi bien employée. C'eft de rendre Jafon, excufable, en ne le faifant in-, fidelle que pour fauver fes enfans. En effet Acafte menaçoit leurs jours autant que ceux de Jafon. Il falloit leur trouver un appui, & il ne s'en prefentoit point d'autre, que l'hymen de Creüfe qu'on lui offroit. Voilà un prétexte plaufible pour pallier une infidelité, & pour la faire envifager comme neceffaire. Auffi Corneille a-t'il pris toute cette Scene avec le même reffort. Par ce moyen Jason y soutient affés bien fon perfon

Trad. du P. SANADON. HORACE edit. de Paris 1728.

fonnage; & Medée n'y perd rien de fa dignité: elle dit d'abord comme dans Euripide,

כל

Où me renvoyés-vous fi vous me banniffés? Irai-je fur le Phase, où j'ai trahi mon pere, Appaifer de mon fang les manes de mon frere?

Irai-je en Theffalie où le meurtre d'un Roi Pour victime aujourd'hui ne demande que

moi.

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Prodigue de mon fang, honte de ma famille,
Auffi cruelle foeur, que déloyale fille,

Ces titres glorieux plaifoient à mes amours:
Je les pris fans horreur pour conferver tes

jours.

Ces derniers vers ont encore plus de force dans Seneque.,, Je n'ai rien emporté dans ma fuite que les membres difperfés de "mon frere Abfyrte égorgé par mes mains. » Je les ai même prodigués pour toi. Je » t'ai livré patrie, pere, frere, honneur, » tout: voilà ma dot. Rends moi ce que » je t'ai donné".

"

Nil exul tuli

Nifi fratris artus: hoc quoque impendi tibi.
Tibi patria ceffit, tibi pater, frater, pudor.
Hác dote nupfi. Redde fugienti fua.

Tels font encore ceux-ci.

• P. COR N. Medée A&t. III. St. III.

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JASON. Objicere crimen quod potes tandem mihi?

MEDEA. Quodcunque feci.

MEDEE. * Oui je te les reproche, & de plus...

JASON.

Quels forfaits?

MEDEE. La trahison, le meurtre, & tous ceux que j'ai faits.

Et les fuivans,

JASON. Hinc rex & illinc.

MEDEA.

Medea.

Eft & his major metus

JASON. Il eft aifé de fuir: mais il n'eft pas

MEDE'E.

facile

Contre deux Rois aigris de trouvèr

un azyle.

Qui leur refiftera s'ils viennent à

s'unir.

Qui me refiftera fi je te veux punir?

Enfin il y a un trait de rage qui vaut fon prix. Medée contrainte de fubir l'exil redemande au moins fes enfans. Jafon ne peut fe refoudre à fe priver d'un gage fi précieux: & Medée dit,

Sic gnatos amat.

Benè eft: tenetur; vulneri patuit locus.
Il aime fes enfans ce courage inflexible:

P. CORN. ibid.
P. CORN. ibid.
P. CORN, ibid.

SOR

Son foible eft découvert : par eux il eft fenfible,

Par eux mon bras armé d'une jufte rigueur Va trouver des chemins à lui percer le cœur.

Jafon parti, Medée fait le projet d'em poifonner par fes enchantemens la robe & le bandeau qu'elle destine à fa rivale en préfent. Le Choeur paroît témoin de tout cela, ou tout au moins d'une partie de la Tragédie & du projet de Medée: ce que je remarque exprès pour faire voir que * P. Corneille s'eft mépris, quand il a dit que Medée ne prend point, à ce qu'il femble, ces refolutions violentes en présence du Choeur. Il eft pourtant véritable que l'Intermede de cet Acte & les fuivans ne roulent que fur la colere & les menaces de cette Princeffe, & donnent lieu à de grandes morales, d'ailleurs affés inútiles, pour ne pas dire ennuïeufes, fur la fureur des femmes offenfées. La différence eft bien fenfible entre le Choeur de Seneque & celui d'Euripide. Dans ce dernier le Choeur eft compofé des amies de Medée; amies que fon adreffe & fes malheurs lient de plus en plus à fes interêts. Elle peut done leur faire part de fes projets. Il n'en eft pas ainfi chés Seneque, où le Choeur femble n'avoir nul rapport avec Medée, & n'être qu'un perfonnage poftiche pour remplir les vuides des entractes. Auffi le Choeur dès Je premier Acte, loin de plaindre Medée, celebre par des chants le nouvel hymenée

• P. CORN. examen de Medie. '

de

de Jafon. Cette différence fi marquée refout pleinement les difficultés de Corneille.

A CTE IV.

Le quatriéme Acte eft très-fingulier par l'extravagance qui y regne d'un bout à l'autre, & par la beauté du projet fi mal executé. Ce font deux Scenes, l'une de la Confidente, & l'autre de Medée. Celle-là. vient annoncer que fa maîtreffe eft occupée à des enchantemens magiques. Mais comment l'annonce-t'elle ? par la defcription de quantité de ferpens, d'infectes, & de monftres que Medée fait venir en un inftant des deux bouts du monde. Enfuite elle décrit les herbes venimeufes qu'elle employe, fans oublier, je pense, un seul de tous les païs où il en croît. Nous avons vê ailleurs ces fortes de defcriptions Geographiques. C'étoit le goût du fiecle de Seneque. Il a pris ici cette mauvaise fécondité d'un endroit d'Ovide qui fait précisement la même chofe au feptiéme livre des Métamorphofes. C'eft bien de l'erudition perdue.

Poftquam evocavit omne ferpentum genus
Congerit in unum frugis infaufta mala;
Quacunque generat invius faxis Erix,
Qua fert opertis hieme perpetuâ jugis
Sparfus cruore Caucafus Promethei;
Pharetrâque pugnax Medus, aut Parthus levisz
Et queis fagittas divites Arabes linunt:

Aut quos fub axe frigido fucços legunt
N 6

Lucia

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