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LIPS.

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Barbare, maffacrés-moi, s'écrie Jafon. » Bon, dit Medée, tu demandes grace: la " voici". (Elle frappe fon autre fils. fils." » vengeance, voilà tout ce que j'ai pû t'im » moler! leve les yeux, perfide Jafon; re » connois ton époufe à ces traits". Elle s'enfuit auffi-tôt fur fon char volant: & Jafon termine la piéce par un vers des plus impies qui fe fallent. Va, parcours » espaces céleftes, & fers de garant à toute la terre, que là-haut il n'eft point de Dieux".

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22

כל

Teftare nullos effe quà veheris Deos.

les

JUST. Penfée divine, dit un Critique. Certaine ment il n'y a rien de moins divin. Telle eft une des plus belles Tragédies Latines parmi le peu qui nous en refte du même fiécle. Perfonne ne fait difficulté de l'attribuer à L. Seneque, au vrai Seneque; c'est-à-dire au Philofophe, ou du moins au Tragique. Quelques-uns même la préférent à celle d'Euripide. C'étoit beaucoup de les comparer l'une & l'autre.

ME

MEDÉE,

TRAGEDIE

DE

P. CORNEILLE.

N en a déja rendu compte en partie par l'Analyfe qu'on vient de voir. II ne refte qu'à tracer le plan de Corneille pour difcerner d'un coup d'oeil ce qu'il a de conforme à celui d'Euripide ou de Seneque, & de différent.

ACTE PREMIER.

C'eft Pollux qui ouvre la Scene. On fuppofe que cet Argonaute depuis la conquête de la Toifon d'or a été abfent de la Grece, & qu'il ignore ce qui s'y paffe. Corneille avoue que c'eft un perfonnage protatique introduit feulement pour écouter la narration du fujet. Ceft en effet prefque tout fon rôle. Il n'agit que très-peu dans la piéce, ou, pour mieux dire, point du tout. Jafon lui raconte donc toutes fes avantures, & la nouvelle alliance qu'il va contracter

en

en répudiant Medée. Ce récit n'est autre que celui d'Euripide avec l'heureuse suppofition de Seneque, qui rend Jafon plus excufable, en le mettant dans la néceffité, ou de quitter Medée ou de voir fes enfans en danger d'être accablés par deux puiffans Etats, Iolcos, & Colchos, qui veulent fe venger, l'un de la Toifon enlevée, & l'autre de la mort de Pelias.

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Jafon preffé par le défir de revoir Creüfe qu'il aime, quitte affés brufquement Pollux, parce qu'en effet ils n'ont plus rien à fe dire, ni à apprendre au fpectateur: & comme il eft bon de prévenir les cœurs en faveur de Creüfe, on la montre un moment dans une courte Scene; & elle difparoît à la vûë de Medée. C'est-là proprement que commence la Tragédie. J'ai cité une partie de cette Scene, qui eft la prémiere de Seneque. Medée dans un monologue, & enfuite dans un entretien avec fa Confidente Nerine, prend la réfolution de perdre Creüfe & Creon. Tout cet Acte n'est donc que le prémier du Poëte Latin, dont les morceaux font récités par divers Acteurs; au lieu que dans la Tragédie Latine c'est un seul monologue de Medée.

A CTE II.

Medée revient déterminée à épargner Jafon. Creon la preffe de partir, & lui accorde un jour de délai. Tout cela est encore de Seneque. Mais l'Episode d'Egée qu'on va voir eft purement de Corneille.

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Il blâme Euripide d'avoir introduit ce perfonnage comme un paffant néceffaire feulement à tirer Medée d'intrigue. Il a raifon auffi la Scene d'Egée eft-elle affés courte dans Euripide. Mais les deux chofes que P. Corneille trouve de plus à redire dans le Poëte Grec ne paroiffent pas fondées La prémiere eft qu'Egée étant dans la Cour de Creon ne parle point de le voir. Il en parle équivalemment & affés pour laiffer penfer que ce Roi d'Athénes a déja vû le Roi de Corinthe en arrivant, & que comme étranger il vient enfuite faire civilité à Medée qu'il fçait être à Corinthe, fans fçavoir encore fa derniere avanture. Ce qui le montre évidemment, c'est un endroit auquel Corneille femble n'avoir pas fait attention. Le voici: Egée protefte à Medée qu'elle fera bien reçûe à Athénes: mais il ajoute qu'il ne croit pas devoir l'emmener lui-même, de peur de donner quelque ombrage à fes hôtes. Ce mot, hôtes, indique nettement Creon. Egée l'a donc vû, où le va voir. Il n'en falloit pas davantage pour le laiffer deviner.

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Quant au fecond reproche de Corneille: c'est une pure fubtilité. Bien le Roi que », d'Athénes, dit-il, promette à Medée de » la recevoir & proteger à Athénes, il lui », témoigne toutefois qu'au fortir de Corinthe il va trouver Pithoeus à Trézéne

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"

pour

» confulter avec lui le fens de l'Oracle » qu'on venoit de lui rendre à Delphes. » Ainfi Medée feroit demeurée en affés

*P. CORNEILLE, Examen de Medée.
Examen
Tome IV.

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mauvaise posture dans Athénes en l'at » tendant; puifqu'il tarda manifestement » quelque tems chés Pithoeus, où il fit l'amour à fa fille Etra qu'il laiffa groffe de ,, Thefée, & n'en partit point que fa gros» feffe ne fût conftante"

Je réponds que le deffein d'aller à Trézéne chercher le fens de l'Oracle précéde la promeffe faite à Medée. Cette Princeffe même approuve ce voyage. Elle fe contente d'obtenir un azyle chés Egée fans exiger fa préfence. Or une abfence qui devoit être fi courte, (à en juger par le feul projet,) n'auroit pas laiffé Medée en mauvaise pofture à Athènes. Il eft vrai que par l'éve nement Egée demeura quelque tems à Trézéne, puifqu'il y accomplit, fans y penfer, l'Oracle de Delphes qui lui défendoit en termes obfcurs & fort indécens pour un Oracle, le commerce qui donna lieu à la naiffance de Thefée. Mais ce défaut ne doit pas être imputé à Euripide. Il prend Egée tel qu'il eft dans le moment préfent, c'est-à-dire, déterminé à retourner incesfamment à Athénes, & flatté de l'efperance

que lui donne Medée de faire reuffir le défir qui l'avoit conduit à Delphes. Cela fuffifoit à Euripide, fans qu'il dût s'embarrasfer beaucoup fi en effet Egée tarderoit ou non à terminer fon voyage, qui fut après tout affés court. Faute ou non, c'est une bagatelle qui ne mérite pas qu'on s'y arrête, Corneille ne s'y eft arrêté que pour faire valoir fon Episode d'Egée, qu'il ne fait pas jouer beaucoup plus heureusement qu'Euripide. Au contraire il rend ce vieux Roi

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