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d'un léger coup, en badinant, & fans le vouloir, un jeune enfant parent d'Oeneus; on ne lui imputa point cet accident, qui n'étoit que l'effet du malheur. Mais Hercule crut devoir observer la loi des Grecs à la rigueur, & s'exiler volontairement avec fa famille pour une année. Il choifit donc Trachine pour le lieu de fon exil, & il y conduifit Déjanire avec fes enfans qu'il confia à Ceyx Roi de Trachine. C'eft fur cet exil qu'elle foupire. Il lui devient d'autant plus dur, qu'elle ne fçait depuis plus d'une année ce qu'eft devenu Hercule. Un écrit qu'il lui a laiffé en partant augmente encore fon inquiétude.

Sur cela il paroit une de fes femmes, qui pour foulager fa douleur fe hazarde à lui donner un confeil, à fçavoir d'envoyer Hyllus fils aîné d'Hercule chercher les traces de fon pere, pour recueillir au moins quelques nouvelles de fa deftinée. Hyllus arrive à propos; & fa mere lui ayant fait part du confeil qu'elle vient de recevoir, le jeune Prince lui dit qu'il a appris, mais feulement par de nouveaux bruits, qu'Alcide fon pere a été long-tems efclave d'Omphale Reine de Lydie; qu'enfuite il s'eft tiré de ce honteux esclavage; & qu'il a projetté de porter la guerre dans l'Eubée contre Eurytus. Mais fçavés-vous, mon fils, reprend

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Déjanire, quels Oracles votre pere m'a » laiffés en partant touchant cette expédi,, tion? les voici. Il y périra, où enfin ,, rendu à lui-même il jouïra désormais d'un » fort plus tranquille & plus doux. Vous » voyés quelle eft la fituation de ce Héros dont

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» dont dépendent nos deftinées. Car enfin », c'est fait de nous s'il n'eft plus; & tant » qu'il vivra nous fommes trop fortunés. "Balancerés-vous donc à lui porter du fer » cours? J'y vole, répond Hyllus, & croyés » que fi j'avois eû là moindre lumiere de », cet Oracle paternel, on me verroit depuis long-tems courir fur fes pas. Mais », enfin quoique le bonheur qui accompag », ne fes armes doive me raffurer, & cal» mer votre inquiétude, je pars; & comp ,,tés que je mettrai tous mes foins à m'inftruire de tout ce qui touche une fi che,, re tête. Partés, mon fils, dit la mere; », ne rougiffons pas de fuivre un projet uti quoique tardif. Adieu".

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Une troupe de filles du païs fe préfente à Pinftant au Veftibule de la maison de Ceyx où fe paffe la Scene. Elles cherchent Déjanire, & inquiettes fur le deftin d'Hercule, elles prient le Soleil d'apprendre à cette épouse affligée le fort de fon époux. Ces filles, comme on a dit, forment le Choeur qui fera déformais témoin de toute Paction. Celle qui prend la parole pour les autres touchée de voir Déjanire privée depuis long-tems du fommeil, & livrée à fes craintes mortelles, entreprend de la confoler. Ces confolations ne font que des lieux communs qu'on trouve répandus chés tous les Anciens, fur l'instabilité de la fortune, fur le mêlange des biens & des maux, & fur les charmes de l'espérance. Mais tout cela eft tourné d'une maniere inexprimable.

Senfible à la tendreffe de ces jeunes filles,

les, Déjanire répond, qu'elles ignorent encore les chagrins inévitables que traîne après foi l'hymenée, chagrins dont leur âge. les a mis à couvert jufqu'ici: mais qu'en fin elles fçauront un jour par leur propre expérience, en quelles peines doivent jetter une tendre époufe l'abfence d'un époux chéri, l'inquiétude fur des enfans qu'on ai me, & mille autres foucis. Ce fentiment eft tout femblable à celui que Racine tout rempli de fon Sophocle a mis dans la bouche d'Andromaque, quand elle dit à Hermione. Androm. A&t. III. Sc. IV.

... Il me refte un fils, vous fçaurés quelque jour,

Madame, pour un fils jufqu'où va notre

amour:

Mais vous ne fçaurés pas, au moins je le fouhaite,

En quel trouble mortel fon interêt nous

jette,

Lorfque de tant de biens qui pouvoient nous flatter

C'est le feul qui nous refte, & qu'on veut nous l'âter. Tay

Déjanire fe détermine à réveler à fes con fidentes, un fouci qui la tourmente particu lierement. L'écrit que lui a laiffé Hercule à fon départ en eft le fujet. Veritablement c'eft le détail de fes dernieres volontés, & un teftament dans les formes. Jadis il » partoit, dit-elle, comme un Héros qui A 4

›› court

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» court à la victoire. Mais ici il parle en époux expirant. Il regle mon heritage: il divife les Etats à fes fils: & il déter,, mine un terme au-delà duquel nous ne » devons plus compter fur fes jours". Ce terme eft de quinze mois, & Déjanire fe voit au dernier jour. De plus l'Oracle dont elle a parlé à fon fils & qu'elle répéte au Choeur eft un Oracle donné à Hercule par des Colombes de la forêt de Dodone. "Voilà ce qui ne me permet pas d'abandonner mes yeux au fommeil

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dans la ›› crainte continuelle où je fuis d'être affés infortunée furvivre à ce Héros". pour Ce font-là certes des fentimens héroïques &

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rares.

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Le fujet s'étant ainfi dévoilé infenfiblement par des mouvemens inquiets, le Choeur voit venir un homme couronné de branches d'arbre; heureux préfage. En effet, c'eft un Citoyen qui ayant rencontré Lichas Officier d'Hercule, l'a prévenu pour annoncer à Déjanire, que fon époux revient comblé de gloire, & chargé de dépouillesTM remportées fur fes ennemis. Vous le re,, verrés bien-tôt lui-même couronné de

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lauriers à la tête d'une armée victorieufe". Déjanire demande, qui empêche donc Lichas de venir lui-même lui apporter cette nouvelle. On lui répond, que le peuple curieux de fçavoir en détail un fi grand fuccès, l'arrête malgré lui. Déjanire fe li-. vre à une joye d'autant plus vive & moins aisée à exprimer, que fa trifteffe avoit été plus profonde. Elle invite le Chœur à prendre part à fon allégreffe; & cela fert

de

de matiere à un court Intermede qui n'est qu'un chant de triomphe en l'honneur de Diane, d'Apollon, & de Bacchus.

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Lichas arrivé acheve en détail à la Reine le récit qu'un autre avoit ébauché en deux mots: Hercule a faccagé la ville d'Oechalie *, tué Eurytus, & emmené un grand nombre de captifs & de captives, qu'il envoye devant lui à fon époufe. On les voit en effet dans le fonds du Théatre avec une jeune Princeffe à leur tête.

Le fujet de cette guerre, dit Lichas, étoit une jufte vengeance qu'Hercule vouloit tirer d'Eurytus Roi d'Oechalie; qui avoit violé à fon égard les loix de l'hofpitalité, jufqu'à l'offenfer par des paroles piquantes, & le bannir de fon Palais dans la débauche d'un feftin: ce qui avoit été caufe que ce Héros irrité rencontrant malheureusement un certain Iphitus fur le haut d'un rocher, l'en avoit précipité dans la colere, fans lui donner le tems de se reconnoître & de fe défendre. Il est étonnant que Sophocle ait imputé cette lâcheté à fon Héros, même dans un récit infidele. Du moins Lichas ajoûte, que ce fut la feule qui échappa à Hercule; & que Jupiter, qui lui auroit pardonné d'attaquer un ennemi à force ouverte, l'avoit puni de ce mouvement de colere en le rendant efclave d'Omphale Reine de

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Oechalie, ville ancienne de la Theffalic. Eurythus. en étois Roi

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