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ports, et fit tout fon poffible, pour reparer le mal qui étoit fait. Elle donna d'abord fes ordres pour qu'on relachat et rammenat le vaiffeau au même endroit, où on l'avoit arreté, et ordonna, que 3 Deputés devoient escorter avec un de leurs vaisseaux celui de la Compagnie, aprés l'avoir premiérement pourvu gratis de plusieurs chofes neceffaires. On temoigna au dit Mr. Cambell et aux autres fujets de Sa Ma-, jefté, qui etoient fur le vaiffeau, tout l'honneur et bienveillance, qu'ils purent de-, firer. Une partie même de l'equipage du vaiffeau la Reine Ulrique Eleonore, que les Anglois et les François, comme nous l'avons rapporté ci deffus, avoient fi mal traité et attaqué en pleine mer, ont également eprouvé un procedé bien dif ferent de la part des Hollandois. Ce vaiffeau ayant été contraint, pour fe mettre à l'abri des violences des Anglois et des François, d'entrer fur la cote de Malabar, pour se pourvoir de l'eau fraiche, et ayant envoyé pour cet effet quelques hommer de l'equipage à terre fur cette cote, tout proche d'un Fort des Hollandois pres de Cochin; Ces hommes par la meprise de la Garnifon Hollandoife en cette place, qui ignoroit de quelle nation ils etoient, et qui imaginoit peut être qu'ils fuffent des ennemis ou des pirates, furent arretés et envoyés à Batavia; mais dès qu'on se fut apperçu de l'erreur et que ces gens appartenoient à la Compagnie Suedoife, on ne leur fit pas feulement un bon acceuil fans chercher de les engager, ou de les obliger de prendre fervice, comme firent les Anglois, mais auffi on les envoya touts tant Suedois natifs, que ceux d'autre nation étrangére, avec le premier vaiffeau qui partit pour la Hollande, fans exiger le moindre payement pour le paffage, de forte que ces gens ne fauroient affez fe louer des civilités des Hollandois, qui montrerent en cette occafion, qu'ils étoient des veritables amis et alliés de la Suéde, et donnerent à connoitre, combien ils etoient foigneux de maintenir la paix qui fubfifte entre ce royaume et eux.

On a été obligé d'être un peu ample, pour mettre tout dans un meilleur jour, et pour le representer avec des couleurs convenables; Mais avant que de finir, on demande que le lecteur veuille fe donner encore la patience, de voir quelques refleЯtions, aux quelles la compofition de cette relation a donnée lieu. Parmi d'autres raisons pitoïables que les Anglois apportent pour la juftification de leurs violences, ils difent, comme on le peut voir ci deffus, qu'aprés avoir enlevé à Porto Novo les livres et les papiers de la Factorie Suedoife, ils y ont trouvé, que des fujets Anglois etoient interefféz dans la Compagnie Suedoife. N'eft ce pas là un procedé fort honorable? Ils commettent la plus grande violence, qui puiffe s'imagi ner, fans aucun fujet ni raison, et de cette même violence ils cherchent enfuite de puifer les raifons pour la juftifier. Pourroit-on douter que des gens, qui n'ont pas rougi de commettre une action fi blamable, ne feroient pas egalement capables F3

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d'imaginer les plus grandes fauffetés pour fa justification? Toutes les preuves pra ecrit, qu'ils pretendent avoir entre leurs mains, ne confiftent, que dans des papiers et des livres particuliers du Super Cargue Barrington, qui ne fauroient jamais être confiderés comme ceux de la Compagnie Suedoife, ni être employés par aucun juge comme faifant foi contre la dite Compagnie, etant indubitablement vrai en tout tems, qu'on ne fauroit jamais produire d'autres preuves valables, pour faire voir qui font les intereffés du vaiffeau la Reine Ulrique Eleonore, que les livres mêmes de la Compagnie Suedoife des Indes Orientales, dans les quels fe trouvent tant les fousfcriptions des intereffés, que les actions ou les obligations des intereffés de la Compagnie, qui ont été données aux Intereffées pour leurs fourniffements, et ce qu'il y a de plus remarquable en ceci, c'est que la Compagnie Angloife des Indes Orientales, par fa propre conduite temoigne en effet, qu'elle n'a point de preuves authentiques et valables contre fes compatriotes, que la dite Compagnie accufe d'être intereffés dans les fusmentionné vaisseau de la Compagnie Sueduife. Car fi de telles preuves etoient entre les mains de la Compagnie, pourquoi ne s'en `fert elle pas contre les fujets Anglois, qui fe trouvent reéllement dans le païs? Et pour quelle raifon ne fait elle pas ufage de la liberté et du privilege que lui donment les loix de faire de proces à ces pretendus Anglois intereflés dans le vaiffeau Suedois? qui en ce cas feroient obligés de payer des amendes beaucoup plus grandes, que le capital même qu'ils auroient fourni, fur tout, puisque par une proce dure fi juridique et fi jufte, et par des amendes auffi confiderables, la Compagnie ne feroit pas feulement un gain fort grand, mais feroit même mife par la en état de fatisfaire la Compagnie Suedoife pour la violence faite au vaiffeau le Reine Ulrique Eleonore aux Indes, fans qu'elles s'en reffente, ni qu'il lui en coute rien. Mais fuppofé, quoiqu'on n'en conviendra jamais, que des étrangers euffent été intereflés dans les fonds de la Compagnie, et que les Anglois et les François en euffent été informés, avant que de s'emparer à main armée du Comptoir Suedois, en peuvent ils tirer la moindre chofe qui puiffe les excufer. Ce n'eft pas nouveau, que des étrangers s'intereffent dans le commerce et dans les compagnies de toutes les nations. Qu'on life les Octrois des compagnies des Indes Orientales des Anglois, des François et de toutes les autres nations, on les trouvera toutes dans les mêmes termes, les étrangers y font invités de s'intereffer dans ce commerce, et on leur proque met la même protection, et dans quelques uns des privileges et des avantages en core plus confiderables qu'a ceux du pays. De plus, il eft connu à toute la terre, que dans les fonds de la Compagnie Angloife, des étrangers de tous les Royaumes de l'Europe font intereffés, fans qu'aucune Puiffance ou Compagnie fe foit crue en droit d'en rechercher la Compagnie Angloife, moins encore de l'attaquer fous ce pretexte en ennemi.

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Les Anglois alleguent encore pour leur excufe une chofe, dont jusqu'ici aucune puiffance independante s'eft avisée, de vouloir rendre fon egal responsable; à favoir, que le Roy, la nation et la Compagnie Suedoife des Indes Orientales ont employé des Etrangers dans on fervice, c'eft ce qu'on ne fauroit fouffrir. Faut il donc qu'une puiffance independante demande la permiffion à une autre de prendre à fon fervice qui bon lui femble? A t' on jamais entendu, qu' aucun Prince au monde s'en foit trouvé offenfé, ou ait voulu s'opposer à un droit competent à touts les Roys et Puiffances du monde? Ou bien quel Prince peut defendre à un autre de naturalifer un étranger, et de le recevoir parmi fes fujets, et quand un etranger eft devenu le fujet d'un autre fouverain, à qui doit il fidelité et obeissance? N'eft ce pas à ce Roy, ou à cette puiffance, qui lui a accordé fa protection, et n'eft il pas foumis aux loix du païs, où il jouït des avantages et des prerogatives d'un fujet? et lors qu'il fert avec fidelité le maitre, qui l'a naturalifé, ou bien qui l'employe dans fon fervice fans naturalisation, doit il alors fans raifon et fans qu'on ait donné sujet, être expofé aux contraintes et aux violences d'autres Princes ou puiffances? Mais que repond l'Angleterre, à ceci? Oui, ils ont fait des actes de parlement, qui defen dent à leurs sujets de prendre service chez d'autres puiffances. Ils cherchent à fe couvrir de l'authorité des actes de leur parlement. Ces actes font ils donc des loix pour tout le monde, que touts les Princes, Roys, et Nations foyent obligés des les obeïr? Eft ce qu'une Compagnie compofeé de quelques particuliers, feroit en vertu de ces actes du parlement en droit d'insulter non seulement toutes les autres puiffances, aux Indes ou en d'autres païs eloignés, où cette Compagnie n'a pas le moindre pouvoir, mais auffi des Princes de l'Europe qui vivent en amitié et bonne intelligence avec leur Roy? Si de telles violences font permifes, que devient donc l'independence des autres Princes? le droit de la nature et des gens? et la veneration qu'un Roy ou qu'un etat doit à l'autre ? Sans parler de l'amitié etablie pas des traités et des alliances folemnelles. Un Prince peut il difpenfer ou anĉantir la fidelité, qu'un fujet naturalifé, ou employé dans le fervice d'un Seigneur étranger lui doit pour sa protection, et pour les prerogatives, dont il jouït felon les loix et les ordonnances du Royaume, où il demeure? La nation feroit bien malheureuse qui feroit obligeé d'obeïr aux loix d'autres nations! egalement malheureufe feroit aufli celle, qui n'oferoit faire des etabliffements avantageux et profitables, de peur, d'offenfer quelque autre nation! feroit il poffible qu' une nation, qui vie en paix, en alliance et en amitié avec une autre, fe puiffe fervir de fraudes et de violence, pour ruiner tout ce qu' Elle pourroit de droit entreprendre pour l'avancement de fes interets? Ou fe pourroit il, qu' une nation ou deux vouluffent s'ap proprier le monopole du commerce de tout le monde? et, fi quelque autre vou

droit

48 Relation de la Violence, que les Compagnies Françoise et Angloife etc.

droit prendre quelque peu de part dans le commerce s'en reffentir, tout comme fi on l'eut attaqué dans fes Royaumes et Provinces. Ah! que la nation doit être malheureuse, qui peut ou qui veut endurer un pareil mepris et violence!

Toute perfonne équitable et dés intereffeé, ayant ainfi trouvé, que la Compagnie Suedoife des Indes Orientales, n'a en aucune façon contrevenu à l'octroi de Sa Majefté, ni ne s'eft rendue indigne de la protection qui lui a été promise là dedans, la dite Compagnie n'ayant aucunement donné lieu à la violence des François et des Anglois. Ainfi un chacun tant ami qu' ennemi jugera par cette relation, fondeé fur les Acta et Probata, à quel haut degré les fujets des Royaumes alliés de la Suéde, ont agi d'une manière peu decente à des nations chretiennes, contre la teneur claire et precife des traités, et particulierement contre le contenû du traité conclû l'année 1720 entre la Suéde et l'Angleterre, malgré toutes les prerogatives, dont les fujets Anglois jouïssent ici en vertu de ce même traité. Qui eft ce qui ne s'apperçoit pas, que non feulement le droit de la compagnie Suedoife des Indes Orientales a été bleffé, mais auffi que la Majefté du Roy a été affoiblie d'une maniére cruelle, et l'honneur de toute la nation Suedoife de même viòlé publiquement et à la vuë de tout l'univers?

II. ME

II.

MEMOIRES

CONCERNANT L'HISTOIRE DE SUEDE

EN 1735 ET 1736.

Büschings Magazin X. Theil.

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