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Il la pourfuit à la trace,
Il est prêt à la faifir.

Elle va demander grace:

Une Nymphe est bientôt lasse, Quand elle fuit le plaisir.

Elle defire, elle n'ofe.
Son père voit fes combats;
Et par fa métamorphofe,
A fa défaite il s'oppose.
Daphné ne l'en prioit pas.

C'eft Apollon qu'elle implore:
Sa vue adoucit fes maux;
Et vers l'amant qu'elle adore,
Ses bras s'étendent encore
En fe changeant en rameaux.

Quel objet pour la tendreffe
De ce malheureux vainqueur !
C'est un arbre qu'il careffe.
Mais fous l'écorce qu'il preffe,
Il fent palpiter un cœur.

Ce cœur ne fut point sévère; Et fon dernier mouvement Fut, fi l'Amour eft fincère, Un reproche pour fon père, Un regret pour fon amant.

ROMANCE.

En s'éloignant de fa Mufe,
L'amant de Laure, en ces mots,
Du rivage de Vaucluse

Fit retentir les échos:

« O toi, qui plains le délire
Où Laure a plongé mes fens,
Rocher, qu'attendrit ma lyre,
Redis encor fes accens.

En répondant à mes plaintes,
Echos, vous avez appris

Quels font les vœux & les craintes
D'un cœur tendre & bien épris.
N'oubliez pas ce langage;
Et fi Laure quelquefois
Vient rêver fur ce rivage,
Imitez encor ma voix.

Dites-lui que de fes charmes
Tous mes fens font occupés,
Dites-lui que de mes larmes

Tous mes vers feront trempés.
Ma voix ne chantera qu'elle,
Mon fouvenir ne fera

Qu'un miroir toujours fidèle
Où l'Amour me la peindra.

Dites-lui que fon image
Me fuivra dans le fommeil,
Et recevra pour hommage
Le foupir de mon réveil :
Que mon oreille attentive
Croira fans ceffe écouter
Les airs que fa voix plaintive
Vous fit cent fois répéter.

Jurez-lui qu'en vain les Graces
Viendroient pour me confoler,
Que les Amours fur mes traces
Loin d'elle auroient beau voler.
A leur troupe enchanteresse
Je dirois dans mes douleurs :
Rendez Laure à ma tendreffe,
Ou laiffez couler mes pleurs.

Infenfible à tout loin d'elle,
Rien ne flatte mes defirs.
Je me croirois infidèle

De goûter quelques plaifirs

Sur une rive étrangère,

Où le deftin me conduit,
Une efpérance légère

Eft le feul bien qui me fuit.

Mais fi Laure m'eft ravie,
Si je ne dois plus la voir,
Je perdrai bientôt la vie
Quand j'aurai perdu l'espoir.
Puiffe la Parque appaisée,
Me laiffer, après ma mort,
Préférer à l'Élifée

Les ombrages de ce bord!»

ROMANCE.

Sous ces gazons, depuis deux ans, repose
Mon feul appui, mon amant, mon époux.
De fes malheurs c'eft moi qui fus la cause.
Je l'aimai trop; le ciel en fut jaloux.
De mille pleurs tous les jours je l'arrose;
Et ce font-là mes plaifirs les plus doux.

Quand fes drapeaux voloient à la victoire, Je le retins dans ce fatal féjour.

C'eft dans mes bras qu'il oublia fa gloire: Pour s'en punir, il s'eft privé du jour ; Et fon trépas, présent à ma mémoire, Expie en moi le crime de l'amour.

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