Le fecret eft révélé.
Non, Minerve eft moins touchante ; Et c'est toujours mon Églé.
Alors Vénus en colère: Ingrat! c'eft toi qui te plais, Pour faire oublier ta mère, A raffembler tant d'attraits.
Pour lui donner fur mes charmes
Un triomphe plus parfait,
Va mettre à ses pieds tes armes. Maman, je l'ai déjà fait.
SAVEZ-VOUS l'aventure De ce fripon d'Amour, Quand Célimène vint au jour? De Vénus la ceinture
Se perdit ce jour-là :
Son fils la lui vola....ak!
Qui m'a fait cette niche, Dit-elle avec douleur ?
Je veux qu'on trouve le voleur ; Je veux que l'on affiche Que Vénus baifera
Qui le découvrira.... ah!
Pour diftinguer ce voile,
Ce voile qu'on m'a pris, Il faut favoir qu'il eft fans prix. Dans les plis de la toile Sont cachés mille appas Qui ne s'imitent pas.... ah!
Les charmes que recèle Ce beau tiffu de fleurs, Sont des liens pour tous les cœurs. En approchant de celle
Que mon voile ornera,
Un chacun l'aimera. ... ah !
Sérienfe ou badine,
La raifon, l'enjoûment, En elle tout fera charmant; Une grace divine Toujours fe mêlera
A ce qu'elle fera.... ah!
Tandis qu'elle eft en peine, Son voile eft déjà loin: De le cacher l'Amour a foin.
Ce fut à Célimène
Que ce Dieu l'apporta,
Et ce don lui refta... ah!
D'abord de fon enfance Il orna le berceau,
Puis il fut mis dans fon trouffeau.
Vénus de cette offense
Tout de bon fe fâcha',
Et l'Amour dénicha.... ah!
Sur les bords de la Seine
Le voyant s'envoler, Sa mère eut beau le rappeller; Auprès de Célimène
Lui-même il s'exila.
Il n'a bougé de-là.... ah!
A M. B** le jour de S. MICHEL fa fête.
IL fut un tems où le jour de ta fête, Ami charmant, je priois Saint Michel De t'envoyer quelque jeune conquête, Belle fans fard, fimple comme Rachel. S'il court, difois-je, après des infidelles, Et fi leur cœur lui vouloit échapper, Beau Meffager, prête-lui tes deux ailes Pour les atteindre & les mieux attraper. S'il rencontroit quelque fière tigreffe, Quelque démon qui ne fût que tenter, Quelque dragon de vertu, de fageffe, Enfeigne-lui comme il faut le dompter. Qu'il foit aimé, car c'eft-là la folie. Qu'il foit trompé du moins fans le favoir. Si par Églé, Conftance ou Rosalie Il eft quitté, car il faut tout prévoir; Pour le fauver d'un cruel défespoir, Fais qu'il en trouve une encor plus jolie.
Telle autrefois étoit mon oraison; Mais j'ai changé de style, & pour raison,
Au ciel pour toi déformais je demande Des plaifirs doux, tranquilles, innocens: C'eft ton verger que je lui recommande, Tes bois touffus, tes espaliers naiffans, Tels font les vœux que j'adreffe à ton ange; Ceux-là font purs, généreux, fans mélange, C'eft pour toi feul qu'ils lui font adreffés. Mais en voici de plus intéreffés : C'eft qu'au-delà des jours que je dois vivre, Par la fanté les tiens foient prolongés; Qu'ils foient fereins, paifibles, dégagés Des noirs foucis que j'ai vus te poursuivre ; Que de ton cœur les ingrats foient exclus;. Que de ce cœur jamais rien ne m'efface; Et, s'il fe peut, que la première place Y foit donnée à qui t'aime le plus.
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