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Sans carquois, fans flambeau,

Il étoit fi touchant & fi beau !

Pour m'en imposer mieux,

Il avoit un bandeau fur les yeux.
Je m'y livrai,

De fon poifon je m'enivrai;
Depuis ce jour-là

Un feu caché me brûla,

Là.

CHANSON

Sur un air de Museue.

On dit que l'Amour me guette

Pour me voler mon bien,

A moi qui n'ai que ma houlette,

Mes troupeaux & mon chien ;
Mais l'Amour est un enfant,
Et Colin qui me défend,
Ne me laiffe point seulette;

Mon fidèle Berger,
Si ce petit Dieu m'inquiète,

Promet de me venger.

Pour me garder de l'Amour,
Il veillera nuit & jour

Sur le tréfor de Lifette;

Ce tréfor eft le fien.

Moi, mes moutons & ma mufette,
Tout n'eft-il pas fon bien ?

CHANSON

Pour la fête d'une SUSANNE.

Air: Tout roule aujourd'hui dans le monde.

LES Dieux buvant à table ronde,
Amis, dit l'un d'eux, voulez-vous.
Reprendre faveur dans le monde
Et qu'on y parle un peu de nous;
Aux plus aimables des mortelles
Faisons tous quelque joli don.
L'on n'y réuffit que par elles,
Et leur voix y donne le ton.

Moi, dit l'Amour, à la plus belle
Je fais préfent d'un de mes traits,
Et d'une fraîcheur naturelle
Qui rende immortels fes attraits.

1

L'Amitié dit qu'à la plus tendre
Elle donnoit fes nœuds de fleurs,
Et qu'elle auroit, fans y prétendre,
Le choix & l'empire des cœurs.

Vénus à la plus amufante
Fit préfent des plus doux appas,
Et d'une grace complaifante
Pour accompagner tous fes pas.
Minerve offrit, pour la plus fage,
Un égide où les traits du fort
S'émoufferoient tous au paffage,
Et fe briferoient fans effort.

A celle dont l'efprit folide
Brille de l'éclat le plus pur,
A celle dont le goût décide
Par le fentiment le plus für,
Je veux, dit le Dieu de la lyre,
Adreffer mes vœux & mes chants:
C'eft le cœur qui me les infpire;
Les plus vrais font les plus touchans.

Qui fut chargé de ce message?

Ce fut l'aimable Vérité.

De ces dons le juste partage

Fut remis à fon équité.

A les placer elle s'empreffe;

Mais bientôt ayant deviné

Qu'ils avoient tous la même adreffe,
A Sufanne elle a tout donné.

L'AIMANT,

CHANSON.

DE l'amour faire un badinage,
C'est bien la plus fûre façon ;
Mais d'une fi bonne leçon

Eft-il aifé de faire ufage?

Tout doucement on forme un engagement.

Pour nous la femme eft un aimant.

On fe fait un plan d'être fage;
On veut jouir fans fe livrer,
Goûter de tout fans s'enivrer,
Servir l'Amour fans esclavage;

Tout doucement ce beau projet fe dément.
On fent l'attrait de fon aimant.

On a vu Thémire au paffage;
Sans le vouloir on s'en fouvient.

Le foir fon image revient,

Le matin encor fon image.

Tout doucement on soupire en la nommant ;

Le cœur reconnoît fon aimant.

On veut être admis chez Thémire,
A fon papa l'on fait accueil;
On va le voir, & d'un coup-d'œil
On peint ce que l'on n'ofe dire.
Tout doucement le defir en mouvement
Voltige autour de fon aimant.

On affecte un ton de sagesse;
A la mère on parle raison :
On eft l'ami de la maison;

Au petit chien l'on fait careffe.

Tout doucement, fous l'air de l'amufement,

L'on attire à foi fon aimant.

D'une main timide & tremblante
De Thémire on preffe la main;
Deux foupirs, croifés en chemin,
Font rougir l'amant & l'amante.

Tout doucement l'on dit un mot feulement.
L'on voit s'émouvoir fon aimant.

Laiffez-moi, vous dit la friponne
Conduire le fil du roman ;

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