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jour de fa vie. Cette fcène touchante n'a fait que redoubler l'enthousiasme de l'affemblée; & quand la Reine a reparu, la Nation a rempli le plus cher des voeux de fon Roi, & l'a fait jouir à fon tour de l'hommage adreffé aux vertus de la Reine.

Ainfi s'eft paffé, mon ami, ce spectacle augufte & fublime. Un Africain en a été prefque auffi attendri que nous. Oui, l'Envoyé de Tripoli eft devenu François dans ce moment; j'étois auprès de lui, & je l'ai vu baigné de larmes.

Le Roi a été accompagné jufques à fon palais par de nouvelles acclamations. Il a paru fenfiblement touché des marques d'amour de fon Peuple. Quel nouveau gage pour la France des foins qu'il prend de fon

bonheur !

Après fon dîner, le Roi ayant appris que le Peuple affemblé aux portes du palais defiroit le voir encore, a fait annoncer qu'il alloit fe promener dans la galerie, qui du palais conduit au veftibule de l'Eglife. Le Peuple, de lui-même, s'eft rangé en deux

haies fous ce portique. Le Roi s'eft avancé, fans garde, fans cortège, &, feul avec la Reine, s'eft promené long-tems au milieu de la foule, fe laiffant toucher par les uns, prêtant l'oreille aux vœux des autres, y ré pondant avec bonté, s'arrêtant même avec complaifance fi quelqu'un vouloit lui parler, donnant à tous, par fes regards, des témoignages de fon amour. Cette popularité fi touchante n'a pas furpris la ville de Reims : elle lui étoit annoncée par une réponse du Roi, lorsqu'on lui avoit demandé fi l'on tapifferoit, felon l'ancien usage, les rues par lefquelles Sa Majefté devoit paffer. Point de tapifferie, avoit répondu le Roi; je ne veux rien qui empêche mon Peuple & moi de nous voir.

Avouez, mon ami, que voilà un beau jour à confacrer dans l'hiftoire.

Je fuis, &c.

E

Le Difcours fuivant fut envoyé en 1757 à la Société économique de Pétersbourg. Il a été inféré depuis dans les Ephémérides du citoyen, avec cette note des Editeurs, dont on ne retranche ici que des éloges.

<< La Société libre économique de Péters»bourg reçut, au mois de Décembre 1766, » une boîte cachetée contenant mille ducats » (un peu plus de dix mille francs mon»noie de France), avec un billet qui lais» foit à la difpofition de la Société l'emploi » de cette fomme, en la priant néanmoins » de proposer un Prix pour le meilleur Ou>> vrage fur cette queftion politique fort im>portante dans le Nord:

Eft-il avantageux pour un Etat, que le » Payfan poffède en propre du terrein, ou qu'il » ait feulement des biens meubles? Et jusqu'où le droit du Payfan, fur cette propriété, devroit-il » s'étendre pour l'avantage de l'Etat ?

» Parmi les Difcours qui concoururent

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» pour le prix propofé, celui qu'on va lire » attira finguliérement l'attention des Juges...

» Sans apprécier les ménagemens tirés des » lieux & des circonftances, qui firent pré»férer dans le tems une differtation très>> inférieure pour le fonds & pour la forme, >> nous croyons faire plaifir à nos Lecteurs » de conferver dans ce recueil un Difcours >> plein de raison,.... fur une matière très» intéreffante».

DISCOURS

EN FAVEUR

DES PAYSANS DU NORD.

Hos fapere & folos aio bene vivere, quorum
Confpicitur nitidis fundata pecunia villis.

HORAT. Lib. I, Epift. 15:

LA tutrice de la vérité, la gardienne incor ruptible des droits de la nature, la plus courageufe ennemie de l'injuftice & de l'erreur, celle à qui jamais l'habitude, l'opinion, le préjugé n'impofent, & qui ne connoît rien de facré fur la terre que le bien, le juste & le vrai; la Philofophie, en un mot, a pénétré dans les climats du Nord: elle y eft affife fur des trônes, & fous fon règne fortuné, l'humanité long-tems muette dans les chaînes du defpotifme, élève enfin fa voix mal affurée encore, & prend, pour réclamer fes droits, le ton modefte & réfervé du doute.

Tome III,

E

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