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ARGUMENT

DU

THÉAGĖ S.

LES anciens ont cité ce Dialogue fous le titre de la Sageffe, ou fous celui de la Philofophie, comme on le voit dans Diogene Laerce ; mais quelque anciens que foient ces titres, ils ont été donnés par des Philofophes qui n'ont pas connu le but de Socrate, qui ne fe propofe de traiter ici que de l'éducation des enfants, la bafe & le fondement de la Philofophie. Comme les plantes ne viennent heureusement que dans une terre bien préparée, qui a eu toutes fes façons, & qui reçoit du ciel de bénignes influences, de même les vertus ne croif fent que dans une ame bien cul

Tome II,

A

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tivée & qui eft favorisée de Dieu. De cette bonne éducation dépend non-feulement le bonheur des familles, mais auffi celui des Villes, des Républiques, & de tous les Etats: c'eft ce que Socrate veut établir dans ce Dialogue. Les jeunes gens des meilleures maifons d'Athenes, éblouis de la gloire de Cimon, de Thémiftocle, de Périclès, & pleins d'une folle ambition, ne fongeoient qu'à s'attacher à des Sophiftes, qui promettoient de les rendre de trèsgrands politiques, & de les mettre en état de gouverner les Athéniens & leurs alliés. Les parents étoient entétés de la même folie: les plus fages étoient ceux qui craignoient les fuites de cette ambition, & qui envisageoient feulement les dangers auxquels leurs enfants s'expofoient, par la corruption de ceux qui enfeignoient la jeuneffe. Socrate s'entretient ici avec un pere & avec un fils

de ce caractere. Le fils ne cherche qu'à fe rendre un bon tyran, & le pere ne blâme point cette ambition de fon fils, pourvu qu'il évite la corruption qui régnoit alors. Il ne s'agit que de trouver un bon maître. Socrate profite admirablement de cette difpofition, pour faire voir que l'homme ne peut jamais enfeigner à l'homme la véritable fageffe, qui feule fait bien gouverner, & qu'il faut une grace particuliere de Dieu fans laquelle tous les efforts des maîtres & des difciples font entiérement inutiles; & c'est ce qu'il confirme par des exemples. Voilà le véritable fujet de ce Dialogue, où l'on trouve des vérités admirables, qui feront expliquées en leur lieu. Cette converfation fe paffa l'année que les Athéniens furent battus à Ephefe par Tiffapherne: c'étoit la quatrieme année de l'Olympiade xcXII, quatre cent fept ans avant la naissance

de Jésus-Chrift. Platon, ágé vingt ans, étoit alors disciple Socrate.

Le caractere de ce Dialogue le même que celui des deux pr miers.

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