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époque de troubles et d'inquiétudes pour les artésiens, en 1578, on voit les Chanoines, en assemblée capitulaire, faire l'assiette tant sur eux que sur les chapelains, prébendulés et habitués, des deniers qu'ils étaient convenus de payer à la ville, temporairement et par semestre, pour se racheter du guet. Le 3 août 1580, ils tombent encore d'accord avec le Gouverneur et le Magistrat, de payer quelque argent pour le guet, mais sans tirer à conséquence, et seulement jusqu'à ce que le bourgeois soit un peu moins chargé (1). Cette condition ne tarda pas à se réaliser; l'Artois jouit de quelque repos jusque vers la fin du XVI. siècle.

Au siècle suivant, les Chanoines eurent à contribuer à d'autres charges. Il s'agissait cette fois de loger les troupes espagnoles, que les Archiducs Albert et Isabelle, d'abord, et, plus tard, le Roi Philippe IV, faisaient entretenir à Aire en grand nombre, dans la crainte de quelque surprise de la part de la France, et pour la défense générale du pays. On ne voyait pas encore à cette époque les vastes casernes que renferme aujourd'hui la ville. Les troupes étaient cantonnées chez les bourgeois, et au besoin chez les ecclésiastiques. Les Chanoines cherchaient à éviter autant que possible cette corvée, en se fondant, suivant leur habitude, sur leurs priviléges d'exemption des charges séculières. Mais le nombre des troupes de la garnison était souvent trop considérable pour qu'il fût possible d'écouter les réclamations des Chanoines, quelque bonne volonté qu'y mît le gouvernement espagnol, auquel ils s'adressaient. De vifs débats s'élevèrent très souvent à ce sujet entre le Chapitre et le Magistrat, de

(1) Reg. aux actes, tome IV.

1607 à 1643, et se renouvelèrent en 1674 (1). Sur ce point, on ne trouvait quelque docilité parmi les Chanoines que dans les circonstances les plus critiques. Au premier siége de 1641, ils logêrent dans leurs maisons et traitèrent fort convenablement beaucoup d'officiers de la garnison (2).

Nous devons, à propos des siéges, citer ici quelques charges que le Chapitre eut à supporter à leur occasion, et qui pouvaient passer pour de véritables contributions. Au siége de 1641 par les Français, les Chanoines livrerent au Magistrat trois des calices d'argent de leur église pour être fondus et convertis en monnaies obsidionales (3). Peu de jours après le siége de 1676, la fabrique de la Collégiale fut taxée, pour sa part, à la somme de 1342 florins 10 patars, dans le paiement du droit de fonte dù sur les cloches et sur tous les métaux de la ville au sieur Dumetz, qui avait commandé l'artillerie des Français (4). Au siége de 1710, par les Hauts Alliés, le marquis de Goesbriand, lieutenant-général des armées du Roi, qui commandait dans la place, leva plusieurs fois pour la subsistance des troupes, des sommes assez fortes, dans lesquelles les Chanoines eurent à fournir leur contingent. Le Prévôt, François de la Barre, ayant été, pour son compte, taxé à 500 livres, et s'étant refusé à les payer, quarante dragons furent envoyés chez lui en garnissaires jusqu'à ce qu'il eût fourni la somme (5). Enfin, après ce (1) Reg. aux actes, tomes V et VI.

(2) Pièces justif., no 38.

(3) Les trois calices furent livrés au Magistrat par le Chapitre à titre de prêt; mais le prix n'en avait pas encore été remboursé en 1659. Voir nos Preuves numismatiques des siéges d'Aire, dans la Revue Numismatique de Blois, année 1847.

(4) Reg. aux actes, tome VII.

(5) Journal du Siége de la ville d'Aire, en 1710, par Duhon, major de la place.

dernier siége, la fabrique de la Collégiale eut encore à payer, pour le droit de rachat de ses cloches, aux commissaires de l'artillerie des Hauts Alliés, une somme de 400 livres (1).

En 1715, les Mayeur et Échevins d'Aire obtinrent de Louis XIV, par lettres-patentes données à Marly le 27 mai (2), l'autorisation d'édifier un nouvel hôtel-deville pour remplacer l'ancien, qui tombait en ruines, et de lever, pour la dépense, un octroi spécial sur la bière qui se consommait dans la ville. Cet octroi était payable par toutes personnes, non-privilégiées ou privilégiées, sauf les Chanoines, qui furent exceptés par le Roi. Mais en 1742, les Mayeur et Échevins ayant obtenu la continuation dudit octroi pour quinze années, à l'effet d'acquitter les dettes que la ville avait contractées pour le service du Roi et pour d'autres besoins extraordinaires regardant le public, tels que le soulagement des pauvres pendant les temps de disette qui venaient de s'écouler, les Chanoines furent cette fois assujettis à l'octroi, comme les autres privilégiés, en vertu d'un arrêt du Conseil d'État du 28 janvier 1744 (3).

(1) Reg. aux actes, tome IX.

Les assiégés avaient cherché à se soustraire au droit de rachat des métaux par un article de la capitulation; mais les députés des Etats Généraux des Provinces-Unies ne voulurent accorder cet article qu'en le modifiant et à la condition du rachat ordinaire. (2) Archives municipales d'Aire.

(3) Mss. des Origines de la ville d'Aire, p. 45.

Cette affaire a donné lieu à deux mémoires intéressants, imprimés en 1741, le premier à Paris, chez Charles Osmont, et le second chez Urbain-César Ducamp, à Arras. Ils portent les titres suivants :

Précis pour les Prévôt, Doyen et Chapitre de l'église Collégiale de Saint-Pierre de la ville d'Aire-en-Artois, contre les Mayeur et Echevins de la même ville. (In-4° de 8 p.)

Sous les ducs de Bourgogne, comte d'Artois, le Chapitre d'Aire a quelquefois fourni des subsides à ces princes. On le voit notamment par des lettres de Philippe-le-Bon, données à Arras au mois de décembre 1424, et par lesquelles il amortit aux Chanoines et à leur église « jusques à la somme de cincquante cincq libvres de revenu chacun an, des rentes et revenus que eux ou autres bienfaiteurs vouldront donner à icelle leur église. » Une des considérations qui déterminent Philippe-le-Bon à accorder cette faveur aux Chanoines est, comme le duc le dit lui-même, que « lesdits supplians lui ont faict et lui font de jour en jour tous les services qu'ils peuvent, tant en aydes de finances, comme autrement, et semblablement l'ont-ils fait à ses prédécesseurs, et mesmement à ses feux très chiers seigneurs le duc Philippe, son ayeul, et le duc Jehan, son père. » Philippe-le-Bon se borne à taxer la finance de l'amortissement à la somme de 80 écus d'or, en récompense de ce que lesdits Chanoines lui ont naguères donné une autre somme de 120 écus, pour convertir à ses affaires et l'aider à les supporter (1).

En 1572, sous le roi d'Espagne Philippe II, l'avocat fiscal du Roi à Arras, commissaire député pour demander et lever certains prêts au profit de Sa Majesté sur le clergé d'Artois, s'adressa au Chapitre d'Aire pour qu'il eût à fournir sa part. Les Prévôt, Doyen et Chanoines, par une requête au Roi datée du 12 décembre 1572, offrirent la somme de 300 florins, monnaie d'Artois, à payer en forme de prêt. Ils exposèrent en outre dans cette re

Mémoire en réponse pour les Mayeur et Echevins de la ville d'Aire, contre les Prévost, Doyen et Chapitre de l'Eglise Collégiale de Saint-Pierre de ladite ville. (In-4° de 8 p.)

(1) Collectanea, fo 231.

quête la profonde misère dans laquelle le Chapitre se trouvait en ce moment, et l'impossibilité dans laquelle il était de livrer davantage. « Les prébendes, y disaient-ils, pour la plus grande partie ont seullement de revenu annuel pour leur dot et fondation, trente à quarante florins monnoie d'Artois, et, combien que leur revenu soit fort petit, ne laissent toutesfois à estre toutes lesdites prebendes chargées de tailles et mises très grandes, et au respect du revenu quasi insuportables, tant pour les cherges et tailles ordinaires et entretenement du service divin que pour la réfection et réédification de leur église, laquelle est pour le present en si pyteux estat et telle ruyne qu'elle est evidente et manifeste à chacun des circonvoisins, et la nécessité si grande que lesdits de Chapitre ont estez contrains de chergier à cette occasion le revenu de leursdictes prebendes et eglise de bonne et grosse somme telle que de trois mille florins ou environ, dont ils en paient le cours des rentes affin de pouvoir subvenir à sy extreme necessite. (1). »

Sous Philippe IV, en 1629, de nouveaux subsides furent demandés au Chapitre au nom du Roi. L'infante Isabelle, qui gouvernait alors les Pays-Bas espagnols, adressa au Chapitre, le 16 juillet, une lettre par laquelle elle l'invitait à faire un prêt d'argent à Sa Majesté. Il était dit dans cette lettre qu'après avoir emprunté de tous côtés pour le soutien de ses armes et notamment à l'occasion du siége de Bois-le-Duc, le Roi se trouvait à la fin contraint, « puisque cela n'y a pu suffire, » d'avoir recours au zèle et à la bonne volonté du clergé. Le 20 août, après avoir ouï en assemblée capitulaire et en présence du député de l'infante, la lecture de la lettre d'Isabelle, les Chanoines résolurent de prêter à Sa Majesté la somme de (1) Reg. aux actes, tome III.

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