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il n'a fallu, pour les imaginer, que déployer les organes, et fixer l'expression dont la voix est capable, par des paroles dont le sens annonçat le sentiment qu'on voulait rendre ou l'objet qu'on voulait imiter. Aussi les anciens n'avaient pas l'usage des lettres, qu'ils avaient celui des chansons. En France, l'usage établi d'un commerce libre entre les femmes et les hommes, cette galanterie aisée qui règne dans les sociétés, le mélange ordinaire des deux sexes dans les repas, le caractère même d'esprit des Français, ont porté rapidement chez eux ce genre de poésie à la perfection. Un poète doué de la grâce et de la finesse d'Horace, d'un esprit à la fois philosophique et satirique, d'une âme vive et tendre, d'un caractère qui sympathisait avec toutes les gloires, Béranger, a créé parmi nous la chanson patriotique. La lyre en main, il s'assied sur le tombeau des braves, et fait répéter à la France en deuil les plaintes harmonienses qu'il exhale dans des chants sans rivaux et sans modèles. Par un talent, ou plutôt par un charme qu'il a seul possédé, il a su rassembler dans des poëmes lyriques de la plus petite dimension, la grâce antique et la saillie moderne, la pensée philosophique et le trait des épigrammes, la gaîté la plus vive et la sensibilité la plus profonde; en un mot, tout ce que l'art a de plus raffiné, et tout ce que la nature a de plus aimable.

« Les chansons, dit M. Ch. Lemesle, exercent une grande influence sur la société. Cette influence est d'autant plus puissante qu'elle attaque tous les organes à la fois, l'intelligence et la sensation, l'esprit et le corps. La persuasion est irrésistible quand elle vous est apportée par une maxime profonde qu'une épigramme aiguise, qu'une figure colore, et quand, au rhythme dont elle est cadencée, se joint la mélodie des notes musicales. Rien de complet comme la chanson : c'est une harmonie à deux voix, une idée-sensation, une pensée à expression double.

«La chanson est une puissance, parce qu'elle est inséparable de la nature de l'homme, qu'elle est le cri spontané de toutes ses passions, et qu'il n'est pas de nation au monde qui ne chante ses douleurs, ses plaisirs, son amour, sa haine : il a suffi plus d'une fois du chant de guerre d'un poète pour gagner des batailles. Des émotions violentes, la chanson passe aux émotions douces, et son empire n'est pas moins magique : dans la Suisse, elle s'empreint de tous les charmes de la montagne, et devient en quelque sorte la voix de la patrie. En France, elle est plus funeste que la satire la plus amère: elle attaque toute sommité tyrannique

par le ridicule et le mépris; et le ridicule est le mépris sont mortels. C'est une des armes les plus dangereuses de l'opposition : l'épigramme redouble s qu'elle fait passer de bouche en bouche s'imprinte insensiblement dans les esprits, la réflexion succède au rire, la haine germe et le fruit éclate. Béranger a fait autant pour la liberté que la presse périodique et les balles de juillet.

« Considérée dans ses résultats sur nos mœurs, la chanson n'est pas moins une puissance : qu'un refrain soit remarquable, nous le fredonnons ou nous l'entendons fredonner à toute heure; il devient pour nous une habitude; notre intelligence se met à son diapason. Qu'une voix fraîche de jeune fille vienne à chanter le matin quelque gracieuse chanson, au même instant tout un ordre d'idées riantes se déroule dans notre esprit, et nous en avons pour la journée entière. Qu'un orgue, avec ses notes lentes et plaintives, module le soir, dans le lointain, quelque douce romance, notre âme, bercée d'un rève mélancolique, se laisse aller mollement aux sentiments que retrace cette romance. Combien de pensées joyeuses fait bondir dans votre cœur la ronde grivoise que de francs lurous fredonnent en revenant de la barrière, avec une bonne grosse voix et de longs éclats de rire! Otez leurs chansons à la jeune ouvrière et à l'honnête journalier, et les voilà ennuyés, tristes, découragés, et peut-être, qui pis est, pensant à mal. Un gai refrain vaut mieux, pour le bien-être de l'artisan, que le luxe d'un salon et les cent écus de tous les financiers du monde. »

La chanson rend meilleur; elle dispose à la bonté, à l'indulgence; il est rare que l'homme qui chante pense à faire mal. En France, on a toujours chanté, et l'on chantera toujours, parce que le caractère distinctif de la nation est la gaîté, qui va trop souvent jusqu'à l'insouciance.

Le Français chante dans les revers comme dans les succès, dans l'opulence comme dans la misère, à la table du marchand de la rue Saint-Denis comme à celle d'un banquier de la Chaussée-d'Antin, avec du vin de Bourgogne comme avec du vin d'Argenteuil, dans les fers comme en liberté; on l'a vu chanter même sur les degrés de l'échafaud.

CHARBON. CHIMIE. Nom donné à la substance noire que l'on obtient en décomposant, à une chaleur rouge, les matières végétales et animales, privées du contact de l'air. On distingue le charbon végétal et le charbon animal; le premier provient de matières qui ne contiennent point d'azote; le charbon animal, au contraire, est fourni par

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les substances animales et végétales renfermant de l'azote.

Le charbon végétal est un corps solide, sans odeur, sans saveur, d'une couleur noire, cassant, sonore, qui brûle sans répandre de fumée, dont la dureté et la pesanteur varient beaucoup. Il est mauvais conducteur du calorique, mais il conduit assez bien l'électricité, aussi l'emploie-t-on pour garnir le pied des paratonnerres et transmettre facilement au sol le fluide électrique. La plus forte chaleur ne peut le ramollir, il est inaltérable à l'eau. Une de ses propriétés les plus remarquables est celle d'absorber les gaz avec lesquels ou le met en contact, ce qui le rend très-utile pour purifier les eaux et pour prévenir leur putréfaction.

On obtient le charbon animal en distillant dans des vases clos, un peu au-dessus du rouge cerise, les os de divers animaux que l'on recueille en fort grande quantité dans les grandes villes. On les soumet à la calcination par le procédé suivant : on remplit d'os concassés et dépouillés de leur graisse de gros cylindres placés horizontalement dans un four et terminés par un tuyau de trois pouces de diamètre, adapté à un appareil réfrigérant; on élève peu à peu la température jusqu'au rouge; et l'action se continue ainsi pendant trente-six heures; il suffit alors de retirer le charbon, on le met dans des étouffoirs, on le laisse refroidir et on le réduit en poudre. On emploie le charbon animal pour la décoloration des liquides et pour la clarification du sucre. Voyez. CARBONE.

CHARITÉ. PHILOSOPHIE, MORALE. Amour de l'humanité, qui nous porte à aimer les hommes et à les secourir de nos biens et de nos conseils; indulgence pour les défauts d'autrui.

La charité n'est que la justice, avec cette nuance, que la stricte justice se borne à dire: Ne fais pas à autrui le mal que tu ne voudrais pas qu'il te fit; et que la charité ou l'amour du prochain s'étend jusqu'à dire: Fais à autrui le bien que tu en voudrais recevoir. Ainsi l'Évangile, en disant que ce précepte renfermait toute la loi et tous les prophètes, n'a fait qu'énoncer le précepte de la loi naturelle.

La charité exige qu'on protége les faibles, qu'on défende les opprimés, qu'on secoure les malheureux, qu'on ait de l'indulgence pour les défauts d'autrui, qu'on goûte le plaisir de faire tous les biens possibles, et qu'on s'y livre. Si les hommes puissants voulaient une fois donner cet exemple, s'ils préféraient la vraie gloire et la vénération publique aux misérables chimères qui les rendent si petits, et quelquefois si affreux, quelle heureuse

révolution ne produiraient-ils pas dans un empire. Mais la même vertu que nous peiguons sous les attributs de la douceur, de la commisération, de la générosité, doit aussi s'armer de vigueur et de force pour abattre les oppresseurs publics, les traitres à la patrie, les sangsues des peuples, et chacun, à cet égard, doit employer ce qu'il a de voix, de crédit et d'autorité. On n'en saurait faire un usage plus respectable, ni remplir plus héroïquement le précepte de la charité.

CHASTETÉ. PHILOSOPHIE, MORALE. Vertu morale qui prescrit la modération des désirs déréglés des sens, qui réprime l'abus qu'on serait tenté de faire des plaisirs de l'amour, qui fait qu'on s'abstient de tout ce qui pourrait blesser la pudeur et la modestie.

La vaillance est donnée aux hommes, et la chasteté aux femmes, pour les vertus principales, comme les plus difficiles à pratiquer. « Que la chasteté, dit J.-J. Rousseau, doit être une vertu délicieuse pour une belle femme qui a quelque élévation dans l'âme ! Tandis qu'elle voit toute la terre à ses pieds, elle triomphe de tout et d'elle-même : elle s'élève dans son propre cœur un trône auquel tout vient rendre hommage; les sentiments tendres ou jaloux, mais toujours respectueux des deux sexes, l'estime universelle et la sienne propre lui paient sans cesse, en tribut de gloire, les combats de quelques instants. Les privations sont passagères; mais le prix en est permanent. Quelle jouissance pour une âme noble, que l'orgueil de la vertu jointe à la beauté! »

Il ne faut pas confondre la pudeur avec la chasteté. La pudeur est un sentiment de respect pour tout ce qui est bonnête et séant, qui s'alarme de tout ce qui blesse on peut blesser la modestie. La pudeur et la chasteté sont deux choses si différentes, que telle femme qui ne laisserait pas voir son bras nu, brûle souvent au fond du cœur d'une flamme criminelle. L'obscurité, la nuit et la solitude dispensent de la pudeur, et ne dispensent pas de la chasteté.

Il ne faut pas non plus confondre la chasteté avec la continence, et réciproquement; tel est continent qui n'est pas chaste. La chasteté est de tous les temps, de tous les âges et de tous les états. La continence n'est que l'état du célibat, et il s'en manque beaucoup que le célibat soit un état d'obligation. L'âge rend les vieillards nécessairement continents; il est rare qu'il les rende chastes.

La continence absolue n'est utile ni à la société où elle a lieu, ni à l'individu qui la pratique: elle est même nuisible à l'un et à l'autre. D'abord elle

nuit à la société en ce qu'elle la prive de la population, qui est un de ses principaux moyens de richesse et de puissance; et de plus, en ce que les célibataires, bornant toutes leurs affections au temps de leur vie, ont en général un égoïsme peu favorable aux intérêts généraux de la société. En second lieu, elle unit aux individus qui la pratiquent, par cela même qu'elle les dépouille d'une foule d'affections et de relations qui sont la source de la plupart des vertus domestiques et sociales; et de plus, il arrive souvent, par des circonstances d'âge, de régime, de tempérament, que la continence absolue nuit à la santé et cause de graves maladies, parce qu'elle contrarie les lois physiques sur lesquelles la nature a fondé le système de la reproduction des êtres ; et ceux qui vantent si fort la continence, même en supposant qu'ils soient de bonne foi, sont en contradiction avec leur propre doctrine, qui consacre la loi de la nature par le commandement si connu Croissez et multipliez.

La chasteté est plus considérée dans les femmes que dans les hommes, parce que le défaut de chasteté dans les femmes a des inconvénients bien plus dangereux pour elles et pour la société; car, sans compter les chagrins et les maladies qui leur sont communs avec les hommes, elles sont encore exposées à toutes les incommodités qui précèdent, accompagnent et suivent l'état de maternité dont elles courent les risques en se livrant à des plaisirs illicites. Que si cet état leur arrive hors des liens du mariage, elles deviennent un objet de scandale et de mépris public, et remplissent d'amertume et de trouble le reste de leur vie. De plus, elles demeurent chargées des frais d'entretien et d'éducation d'enfants dénués de pères; frais qui les appauvrissent et nuisent de toute manière à leur existence physique et morale. Dans cette situation, privées de la fraicheur et de la santé, qui sont leurs appas les plus attrayants, portant avec elles une surcharge étrangère et coûteuse, elles ne sont plus recherchées des hommes, elles ne trouvent point d'établissement solide, elles tombent dans la pauvreté, la misère, l'avilissement, et trainent avec peine une vie malheureuse. Voyez CONTINENCE, PUdeur.

CHASSE. GYMNASTIQUE, HYGIÈNE. La chasse consiste en toutes sortes de guerre que nous faisons soit aux animaux sauvages, soit aux bêtes fauves et au menu gibier, soit aux oiseaux.

La chasse a été regardée par tous les peuples comme un des exercices les plus utiles, les plus propres à développer les sens et l'organisme entier. Le chasseur s'habituant à braver les feux d'un soleil

ardent et les glaces d'un hiver rigoureux, continuellement exposé à la pluie et aux vents, enfin à toutes les intempéries des saisons, acquiert la faculté précieuse d'être insensible à leurs atteintes. Obligé de franchir les obstacles nombreux qui s'opposent à son passage, il devient agile, adroit; suspendu sur des rocs escarpés, il s'habitue à mesurer sans effroi le précipice ouvert sous ses pas; il suit à la course un cerf agile, il fuit un sanglier furieux. Son œil accompague au loin l'oiseau qui traverse les airs; son oreille perçoit le moindre bruit. Forcé d'imaginer mille embûches, il devient industrieux, ruse; mais cet exercice violent occasionnant des pertes considérables, fait naitre le besoin de les réparer. L'appétit du chasseur est toujours vif, sa digestion toujours active et complète; l'absorption, la circulation, la respiration suivent nécessairement cette augmentation d'énergie. L'homme qui se livre habituellement à l'exercice de la chasse est presque réduit aux passions de l'homme isolé : assez généralement il méconnaît l'ambition, l'envie, l'avarice; les tourments de l'amour déchirent rarement son cœur. L'habitude de vivre dans les bois donne au chasseur un caractère apre, fier, inflexible aux raffinements de la politesse; et le peu de culture de son esprit le rend presque insensible aux plaisirs des beauxarts et des sciences.

CHAUX. CHIMIE. Nom donné au protoxide de calcium, composé de 100 parties de métal et de 38,09 d'oxigène. La chaux, rangée parmi les oxides alcalins et les terres alcalines, est très-abondamment répandue dans la nature à l'état de sous-carbonate, de sous-phosphate, de sulfate, de nitrate et d'hydrochlorate; on ne la rencontre jamais pure, mais combinée avec les acides. La chaux pure et vive est blanche, caustique, infusible, inaltérable par la chaleur : exposée à l'air, elle en attire l'humidité, se délite, s'échauffe et tombe en pousssière; bientôt elle attire l'acide carbonique de l'air et se transforme plus ou moins rapidement en un sel insipide. La chaux se prépare en décomposant, à l'aide de la chaleur, la pierre à chaux ou carbonate de chaux, dans des fours qui ont la forme d'un ellipsoïde lorsque l'on brûle du bois, et celle d'un cône lorsque l'on emploie la houille : l'acide carbonique se dégage et laisse la chaux à l'état solide. Si la pierre calcaire renferme beaucoup de silice et d'alumine, il faut veiller à ce que le feu ne soit pas trop vif, car cette chaux se vitrifierait facilement. En général, il paraît que la présence de l'eau est nécessaire à la calcination, ou du moins la rend plus facile; les chaufourniers ont soin d'humecter la pierre qui

est extraite de la carrière depuis long-temps.

L'eau de chaux est un des réactifs le plus employés en chimie pour reconnaître les acides carbonique, oxalique, phosphorique, etc.

CHEIROPTÈRES. Histoire naturelle. Troisième ordre de mammifères. Les animaux compris dans ce sous-ordre, ont tous les membres enveloppés par une membrane qui les soutient dans l'air, et qui donue, à la plupart d'entre eux, la faculté de voler aussi bien que les oiseaux. Ils se nourrissent presque tous d'insectes, qu'ils saisissent au vol comme les hirondelles.

CHEVEUX. PHYSIOLOGIE. Les cheveux sont une modification du poil considéré en général, et tous les corps qui se développent et naissent à la surface du corps des animaux paraissent avoir une composition analogue. Tels sont le crin, la laine, les poils de toute espèce, les plumes, etc. Les cheveux ont été plus particulièrement examinés; ils naissent dan bulbe enchâssé dans le derme, et qui reçoit de petits vaisseaux; ils se développent sans cesse, mais seulement en longueur; ils sont formés d'une enveloppe solide, et présentent un canal dans toute leur longueur; leur surface n'est point lisse, mais imbriquée, en sorte qu'ils sont susceptibles de se mêler et de se feutrer.

CHIMIE. La chimie est une branche des sciences naturelles qui apprend à connaître l'action intime et réciproque de tous les corps de la nature les uns sur les autres, et le résultat de cette action. Elle a pour objet principal de rechercher les principes des corps, d'examiner les propriétés dont jouissent les divers composés produits par l'union de ces principes, et d'étudier la force ou le pouvoir en vertu duquel s'effectuent toutes les combinai

sons.

Cette science a de nombreux et intimes rapports avec la physique; elles se rencontrent et se mêlent perpétuellement, et même on peut dire qu'il est impossible d'acquérir une connaissance exacte et profonde de l'une, si ou reste totalement étranger à l'autre. La physique s'occupe des grands mouvements ou des phénomènes apparents qui se passent entre les corps; la chimie s'occupe des mouvements et des phénomènes cachés qui se passent entre ces corps. Les phénomènes physiques se passent entre des masses appréciables; ceux de la chimie entre les dernières molécules des corps, et en quelque sorte dans leur intérieur. Le physicien voit directement le phénomène qu'il observe, le chimiste n'en peut juger que par le résultat de l'action. Le physi

cien et le chimiste, en étudiant les phénomènes de la nature, ont reconnu des lois générales auxquelles tous ces phénomènes semblent soumis. Newton a trouvé que tous les corps s'attiraient en raison directe de leur masse, et inverse du carré de leur distance. Les chimistes ont démontré que les corps se combinent dans des proportions fixes. L'observation, l'étude et la démonstration de ces lois forment une partie essentielle de la chimie.

La chimie, ainsi que toutes les branches des connaissances humaines, a été divisée, pour la facilité de l'étude, en plusieurs sections. Foureroy y établit les divisions suivantes : 1o chimie philosophique; 2° météorologique; 3o minérale; 4o végétale; 5° animale; 6o pharmacologique; 7° manufacturière; 8° économique. Il rapporte à la chimie philosophique les faits généraux sur lesquels s'appuie la science, et les lois générales déduites de ces faits, telles que la cohésion, l'affinité, la cristallisation, etc. La chimie philosophique indique de plus à l'aide de quelles opérations on peut parvenir à la connaissance intime des corps: parmi ces opérations, on remarque principalement l'analyse et la synthèse. La chimie météorologique, qui rentre plutôt dans le domaine de la physique générale, donne l'explication des phénomènes connus sous le nom de météores. La chimie minérale a rapport à tout ce qui appartient au règne minéral; c'est la branche la plus étendue de cette science: on peut y distinguer la chimie géologique, qui a plus particulièrement pour objet l'examen des produits minéraux qui se trouvent dans la nature, tels que les composés métalliques dont sont formés les mines, les eaux minérales naturelles, les produits volcaniques, les sels naturels, comme le borax, le salpêtre, etc. La chimie végétale et animale s'occupe de la composition et des propriétés chimiques des corps organiques de ces deux règnes. La chimie pharmacologique a principalement pour objet les compositions pharmaceutiques. La chimie manufacturière se rapporte à la découverte, au perfectionnement, à la simplification des moyens chimiques employés dans les manufactures. Enfin la chimie économique a pour but de simplifier et de régulariser une foule de procédés économiques, dont l'usage est continuel dans le cours de la vie.

On voit que ces divisions peuvent être augmentées ou réduites, selon que l'on examine la chimie dans un plus ou moins grand nombre d'applications • aux sciences et aux arts; mais la division la plus généralement adoptée par les auteurs, et dans la quelle viennent se classer tous les faits qui constituent la science, est celle qui distingue la chimie

inorganique ou minérale et aériforme, et la chimie organique, qui elle-même comprend la chimie végétale et la chimie animale.

On nomme corps pondérables tous les corps soumis à cette grande loi d'attraction universelle qui porte les noms de gravitation, lorsqu'elle s'applique aux corps célestes; de pesanteur, lorsqu'elle réagit sur les corps placés à la surface du globe; et d'attraction moléculaire, lorsqu'elle détermine la réunion des particules des corps. Ces corps sont pesants ou pondérables; ils sont en outre coërcibles, c'est-à-dire peuvent être retenus dans des vases, transvasés, etc. On nomme corps impondérables toutes les substances, quelle qu'en puisse être la nature, qui n'indiquent pas leur présence par une augmentation de masse sensible à la balance, qui ne sont pas susceptibles d'être renfermés dans nos vases, et qui ont par conséquent, comme matière, une existence problématique. On admet cependant la matérialité de ces substances, parce qu'on facilite ainsi l'explication des phénomènes qu'elles produisent. Ces corps ou substances sont au nombre de cinq: le calorique, les fluides électrique, maguétique, galvanique, et la lumière.

La chimie a pour objet spécial l'étude des corps pondérables, de l'action que ces corps exercent les uns sur les autres, et le résultat de cette action; laissant à la physique l'étude des propriétés générales des corps et des phénomènes produits par les agents impondérables. Tous les corps pondérables appartiennent au règne inorganique et au règne organique; l'étude de ces corps constitue la chimie minérale, et la chimie animale et végétale.

Pour le chimiste, la principale classification des corps est celle qui repose sur leur composition intime; et, sous ce rapport, on reconnaît des corps simples ou élémentaires, et des corps composés. Par corps simple, on entend tout corps du quel on n'a pu extraire que des molécules similaires, tout corps qui a échappé jusqu'ici aux moyens connus de décomposition. Les corps pondérables élémentaires sont au nombre de cinquante-trois.

Parmi les corps élémentaires chimiques, l'oxigène joue le rôle principal, se combine avec la plupart des corps, est l'agent de la combustion : aussi l'appelle-t-on élément comburant, par opposition aux cinquante-deux autres qui sont combustibles et qui se subdivisent en combustibles non métalliques et métalliques. Voici les noms des cinquante-trois éléments actuels dans l'ordre de leur affinité pour l'oxigène :

drogène, bore, carbone, phosphore, soufre, chlore, iode, brome, azote, fluor.

Éléments combustibles métalliques. — Silicium, sélénium, magnésium, glucinium, yttrium, aluminium, thorinium, zirconium, calcium, strontium, barium, sodium, potassium, lithium, manganèse, zinc, fer, étain, cadmium, arsenic, molybdene, chrome, tantale ou columbium, tungstène, antimoine, urane, cerium, cobalt, titane, bismuth, cuivre, tellure, nickel, plomb, mercure, osmium, argent, palladium, rhodium, platine, or, iridium. Les substances pondérables dont l'action sur les autres est la plus énergique et la plus fréquente, sont l'oxigène, le chlore, l'iode et le fluor; ces corps forment des acides.

Les substances combustibles simples, non métalliques, formant, par leur union avec l'oxigène, des acides et des oxides, sont l'hydrogène, le bore, le carbone, le phosphore, le soufre, le sélénium et l'azote.

Les métaux qui se combinent avec l'oxigène, et qu'on n'en isole qu'avec difficulté, sont le magnésium, le glucinium, l'yttrium, l'aluminium, le thorinium, le zirconium, le silicium.

Ceux qui ont la propriété d'absorber l'oxigène à une température très-élevée, et de décomposer l'eau instantanément à la température ordinaire, en s'emparant de son oxigène et dégageant l'hydrogène avec effervescence, sont le calcium, le strontium, le barium, le lithium, le sodium et le potassium.

Ceux qui ont la même propriété que ci-dessus, relativement à l'oxigène, mais qui ne décomposent l'eau qu'à l'aide de la température rouge, sont le manganèse, le zinc, le fer, l'étain, le cadmium.

Ceux qui absorbent de même l'oxigène à une haute température, mais qui ne décomposent pas l'eau, sont l'arsenic, le molybdène, le chrôme, le tungstène, le columbium, l'antimoine, l'urane, le cérium, le cobalt, le titane, le bismuth, le cuivre, le tellure, le nickel, le plomb. Les cinq premiers forment des acides; les autres ne sont qu'oxidables. Le mercure et l'osmium sont réductibles à une température élevée; ils ne s'unissent à l'oxigène qu'à une certaine température, et ne décomposent pas l'eau.

L'argent, le palladium, le rhodium, le platine, l'or et l'iridium ne peuvent absorber l'oxigène ni décomposer l'eau à aucune température, et leurs oxides sont réductibles à une température moins élevée que le rouge cerise.

Élément comburant. — Oxigène.
On admet en chimie, que tous les corps sont
Éléments combustibles non métalliques. Hy- composés d'une infinité de petits atômes ou molé-

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