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qu'une grande machine de leur invention serait capable de parcourir l'atmosphère; l'expérience en fut tentée à Annonay le 5 juin 1783, en présence des États-Généraux et d'un concours immense de peuple. C'est alors que l'on vit en effet un spectacle nouveau sur la terre, et bien digne d'exciter l'enthousiasme : un globe immense qui s'élevait majestueusement dans les airs, et qui semblait s'y soutenir par quelque puissance invisible. Cette espèce de prodige est cependant bien facile à comprendre. La montgolfière, car c'est ainsi qu'on appelle les appareils de cette nature, se compose d'un globe en papier ou en taffetas recouvert d'un vernis composé d'huile de térébenthine et de gomme élastique, qui porte, à sa partie inférieure, une ouverture de quelques pieds carrés. Au-dessous de cette ouverture, est suspendu un panier léger, en fil de métal, contenant un corps combustible, soit de la paille hachée, soit de la laine ou du papier. Ce combustible étant enflammé, l'air chaud qu'il produit monte de lui-même, pénètre dans le globe, et en remplit bientôt toute la capacité. A volume égal, l'air chaud pèse moins que l'air froid ; ainsi le poids du globe est moindre que le poids de l'air qu'il déplace, et il doit s'élever, par l'excès d'énergie de la poussée du fluide: il s'élève, emportant avec lui le combustible enflammé qui produit sa puissance ascensionnelle; et, pour qu'il s'arrête, il faut qu'il arrive dans des couches d'air assez raréfiées pour que la différence de poids de l'air froid déplacé et de l'air chaud intérieur soit justement égale au poids de l'enveloppe, du panier et du combustible qu'il contient.

Un physicien célèbre, dont on déplore la perte récente, Charles, eut l'heureuse idée de remplacer l'air chaud par le gaz inflammable, que l'on appelle aujourd'hui l'hydrogène, dont Cavendish avait fait connaitre l'extrême légèreté dès l'année 166. L'hydrogène est plus de quatorze fois plus léger que l'air, car sa densité est 0,0688, en prenant celle de l'air pour unité. Un centimètre cube d'air pèse o g., 001299075, et 1000 m. pèsent 1299 k., 075, tandis que 1000 m. d'hydrogène ne pèsent que 89 k., 760. La différence est de 1 209, 699. Ainsi un globe de 1000 mètres cubes, rempli d'hydrogène, peut enlever un poids de 1209 k., 699. Un globe de 500 mètres cubes ne pourrait enlever que 604 k., 849. Charles remplit de gaz inflammable un ballon de douze pieds de diamètre, enduit d'un vernis résineux; ce ballon s'éleva en deux minutes à une hauteur de 420 toises, se perdit dans les nuages, et, au bout de trois quarts d'heure, vint retomber à Gonesse, à cinq lieues de Paris.

Il y eut donc d'abord deux espèces d'aérostats: les montgolfières, renfermant de l'air échauffé; les autres, remplies de gaz inflammable.

Montgolfier étant venu à Paris, trouva dans Pilâtre de Rozier, directeur du Musée royal, un aide zélé et actif. Ils construisirent ensemble, en 1783, un aérostat de 74 pieds de haut et de 48 pieds de diamètre, dans lequel ils entreprirent une ascension de 50 pieds seulement. Cette expérience démontra qu'un homme pouvait sans aucun danger, par un temps favorable, monter dans un ballon bien construit, et l'on résolut d'entreprendre le premier voyage aérien. Le 21 novembre 1783, Pilâtre de Rozier et le marquis d'Arlande firent une ascension au château de la Muette, en présence d'une nombreuse assemblée. Après un voyage de vingtcinq minutes, le ballon, qui s'était élevé à une très-grande hauteur, descendit à deux lieues et demie du lieu où il s'était élevé.

Presque en même temps, Charles, pour montrer la confiance que devait inspirer sa découverte, entreprit avec Robert, dans un ballon de 26 pieds de diamètre, ce fameux voyage dans lequel il fut porté en quelques minutes à la hauteur de 4 ou 500 toises, et parcourut, dans cette région de l'at-. mosphère, plus de neuf lieues dans l'espace de deux heures. Les aéronautes observèrent attentivement le baromètre, qui jamais ne marqua moins de 26°.

Charles ne pouvait manquer d'avoir des imitateurs. Pilâtre de Rozier conçut avec Romain le projet hardi de traverser avec un ballon le détroit qui sépare la France de l'Angleterre, et dont la largeur est d'environ dix lieues. Pilatre arriva à Boulogne le 20 décembre 1784. Deux jours après son arrivée, il apprit que Blanchard faisait en Angleterre des préparatifs pour exécuter un voyage semblable à celui qu'il devait entreprendre. Blanchard et le docteur anglais Jefferies s'élevèrent en effet du château de Douvres le 7 janvier 1785, traversèrent le détroit de la Manche, et descendirent sains et saufs, à trois heures et demie du soir, dans la forêt de Guines, après avoir couru mille dangers. Pilâtre fit plusieurs essais au moyen de petits ballons perdus, que les vents d'ouest et de nordouest repoussèrent constamment sur le continent. Enfin, la saison étant devenue belle et le vent favorable, son départ fut arrêté pour le 15 juin. Comme il faisait excessivement chaud, on commença les préparatifs dès la pointe du jour, et tout fut prêt à sept heures et demie. Une salve d'artillerie annonça le moment du départ. L'ascension fut majestueuse; le ballon 's'éleva perpendiculairement à

sa plus grande hauteur, estimée à 600 toises; puis il se dirigea vers le nord, jusqu'au-dessus de la Falaise de la Crèche, lorsqu'un courant des régions supérieures de l'air le reporta doucement vers le continent. Un quart d'heure était écoulé depuis le moment où les cordes qui retenaient toute la machine avaient été làchées; tous les vœux et tous les regards étaient dirigés vers les voyageurs, lorsque tout à coup les cris d'effroi de la population indiquèrent assez l'affreux malheur dont on était témoin. Une lumière plus vive que l'éclair, sortie du ballon, une fumée qui lui succéda, et la chute qui s'ensuivit, répandirent partout l'effroi et la consternation. On ne saurait dépeindre avec quelle rapidité furent précipités du haut des airs la galerie et les infortunés voyageurs qu'elle contenait : l'œil ne pouvait en suivre l'accélération toujours croissante. Un frissonnement général s'était emparé des spectateurs; on ne calculait plus rien; la pensée était troublée par toute l'horreur de cette scène déchirante; les ames les plus fortes étaient anéanties!... Après la première impulsion de terreur, un grand nombre de personnes, espérant encore porter des secours aux malheureux aéronautes, coururent d'un trait à la garenne de Wimereux, distante d'une lieue du point de départ. Mais, hélas! que virent ils ?... Pilâtre, fracassé par la chute, les os brisés sortant des chairs, avait cessé de vivre! Romain, meurtri en mille endroits, vécut encore quelques secondes! Ainsi périt à l'âge de vingt-huit ans Pilâtre de Rozier, physicien distingué; ainsi périt Romain, son compagnon d'infortune, qui ne lui cédait ni en courage, ni en désintéressement, puisqu'il refusa deux cents louis du marquis de Maisonfort, pour lui céder sa place! Leurs restes furent inhumés dans le cimetière de Wimille, sur le bord de la grande route de Boulogne à Calais, où un mausolée fut élevé afin d'honorer leur mémoire. On consacra également le souvenir de cette catastrophe à jamais déplorable par un obelisque placé dans la garenne de Wimereux, à l'endroit même où l'on trouva les deux corps gisants par terre.

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Parmi les voyages aérostatiques qui furent entrepris pour des recherches scientifiques, on distingue celui exécuté par MM. Gay-Lussac et Biot. Dans une première ascension, ces deux physiciens, parvenus à la hauteur de 4,000 mètres, firent des expériences importantes sur l'intensité magnétique de la terre, sur l'électricité de l'air et sur la température de ces hantes régions. Dans une seconde ascension, M. Gay-Lussac, seul, s'éleva à la hauteur de 7,000 mètres, la plus grande à laquelle l'homme

soit jamais parvenu. MM. de Humbolt et Bonplan se sont élevés à 6,100 mètres sur le Chimborazo au-dessus du volcan de Cotopaxi. A cette grande hauteur on éprouve un froid très-vif; le thermomètre de M. Gay-Lussac descendit à 10° au-dessous de glace, tandis qu'à la surface de la terre il marquait 30°. La sécheresse de l'air est si grande, et les corps hygrométriques perdent si rapidement leur humidité, qu'on les voit se distordre et se tourmenter dans tous les sens. Le ciel paraît d'un bleu très-foncé et mêlé d'une teinte noire. Suspendu au milieu de ces espaces, dans un air si raréfié, à une si grande distance de la terre et de tous les corps résistants, aucun bruit ne vient frapper l'oreille, aucun objet ne se présente à la vue, et l'on éprouve alors un sentiment de solitude que M, Gay-Lussac seul peut décrire. Après une navigation aérienne de six heures, dans laquelle il avait parcouru plus de trente lieues en ligne horizontale, M. Gay-Lussac descendit lentement et aborda à la terre dans les environs de Rouen.

Blanchard a rendu un immense service à la science par l'invention du parachute, à l'aide duquel un aéronaute peut sans danger se séparer de son ballon et redescendre à terre en traversant

librement l'atmosphère.

Quelque importante que soit la découverte des aérostats, elle n'a cependant pas encore amené de bien grands résultats pour les sciences et pour la vie pratique. On n'a pu guère en tirer parti que pour des expériences sur la composition de l'air des régions supérieures. Pendant la révolution de 1789, le gouvernement français avait établi à Paris et à Meudon des écoles d'aéronautes destinées à observer l'ennemi en temps de guerre; mais les essais tentés réussirent si rarement, parce qu'il fallait toujours attendre un vent favorable, que l'on renonça à employer les aérostats à cet usage.

Les aérostats ont une forme à peu près sphérique et sont ordinairement construits en taffetas gommé; ils doivent avoir à leur partie supérieure une soupape en cuivre garnie en cuir, qui s'ouvre en dedans, et est munie d'un ressort qui tend à la tenir fermée; un cordon part de cette soupape, traverse le ballon, sort par un trou fait dans un morceau de bois fixé à la partie supérieure, et descend dans la nacelle pour que l'aéronaute puisse laisser échapper une portion du gaz lorsque cela est nécessaire. Un ou deux tubes en soie sont attachés à la partie inférieure du ballon, et servent à l'introduction du gaz.

La nacelle dans laquelle se place l'aéronaute est ordinairement d'osier recouvert de cuir peint on

verni. Elle est suspendue à des cordes attachées au filet qui recouvre le ballon; ces cordes aboutissent à un cercle placé à environ deux pieds au-dessous du ballon; de ce cercle partent les mêmes cordes ou d'autres qu'on attache au bord de la nacelle. Les mailles du filet sont plus petites au sommet, et s'élargissent en descendant. Cette disposition renforce le ballon dans l'endroit ou le gaz exerce sa plus grande force.

On a reconnu que, pour emplir de gaz un ballon qui ait trente pieds de diamètre, il faut 3,900 livres de ferraille, 3,900 livres d'acide sulfurique, et 19,500 livres d'eau. La force ascensionnelle du gaz est évaluée à environ une once par chaque pied cubique.

AFFABILITÉ. PHILOSOPHIE, MORALE. Caractère de douceur, de bonté et de bienveillance, qui fait qu'un homme reçoit et écoute, d'une manière gracieuse, ceux qui ont affaire à lui ou qui lui sont inférieurs.

L'affabilité naît de l'amour de l'humanité, du désir de plaire et de s'attirer l'estime publique. C'est une des vertus les plus nécessaires dans un homme en place. Elle lui ouvre le chemin à la vérité, par l'assurance qu'elle donne à ceux qui l'approchent.

AFFECTATION. PHILOSOPHIE, MORALE. Manière de manifester ses pensées, ses sentiments, ses goûts, qui s'éloigne du naturel, et marque le dessein d'en faire parade. C'est le dehors de la contrainte et du mensonge.

L'affectation dans le langage et dans la conversation, est un vice assez ordinaire aux gens qu'on appelle beaux parleurs; elle consiste à dire en termes bien recherchés, et quelquefois ridiculement choisis, des choses triviales ou communes.

L'affectation dans le style est à peu près la même chose que l'affectation dans le langage, avec cette différence que ce qui est écrit est un peu plus soigné que ce que l'on dit.

AFFECTION. PHILOSOPHIE, MORALE. Sentiment vif de plaisir profondément gravé dans l'ame, qui attache une personne à une chose. Impression que les objets exercent sur notre ame.

AFFINAGE. CHIMIE. Procédé au moyen duquel on obtient un métal à l'état de pureté. On purifie l'or et l'argent en faisant fondre l'un ou l'autre de ces métaux avec du plomb, et en les tenant pendant quelque temps dans cet état dans un petit vaisseau creusé en forme de coupe plate, nommé coupelle, fait avec des os calcinés et pulvérisés ou avec des cendres de bois. Le plomb se

vitrifie par degré, il scorifie les métaux étrangers au métal essayé; dans cet état, il passe avec eux au travers des pores de la coupelle, et laisse dans son bassin l'or et l'argent à l'état de pureté. Ce procédé particulier d'affinage s'appelle coupellation.

AFFINITÉ. PHYSIQUE, CHIMIE. On nomme ainsi la force qui s'exerce sur les molécules des corps et tend à les unir entre elles. Cette force varie dans chaque espèce de molécules, et c'est sur ce principe que sont fondés tous les phénomènes, tous les changements spontanés ou accidentels auxquels ces corps sont assujettis..

Les corps infiniment variés, dont l'ensemble constitue le monde, résultent d'un nombre peu considérable de substances simples unies les unes aux autres dans des proportions diverses, par des forces particulières qu'on appelle affinités. Ces affinités sont de deux sortes: l'une, en vertu de laquelle les molécules des corps adhèrent ensemble, porte le nom d'affinité d'agrégation ou de cohésion. Des divers degrés dont elle est susceptible dépendent les différences qu'on remarque dans la résistance des corps. Lorsqu'elle est considérable, ces corps sont durs et solides : quand elle est plus faible, ils deviennent liquides; si elle diminue encore davantage, ils se convertissent en air ou gaz. L'antre sorte d'affinité a reçu le nom d'affinité de composition; elle ne s'exerce que dans les corps composés, et entre les substances simples qui concourent à leur composition. Par elle, deux corps peuvent se réunir et en former un troisième, nouveau, qui souvent ne conserve pas une seule des propriétés inhérentes à ceux dont il est formé. C'est pourquoi, en décrivant les deux sortes d'affinités, on est dans l'usage de dire que la première, celle d'agrégation, s'exerce sur des corps homogènes; tandis que la seconde, l'affinité chimique ou de composition, s'exerce entre des corps hétérogènes. Voyez CORPS.

On peut représenter l'affinité chimique des corps comme un désir qu'ils cherchent à satisfaire, et en vertu duquel ils tendent à se combiner les uns avec les autres, jusqu'à ce qu'ils se trouvent unis dans la proportion dans laquelle ils sont saturés, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'ils perdent leur affinité mutuelle et entrent dans un repos parfait. Ainsi, si l'oxigène, le soufre et le baryum se rencontraient peu à peu, ils conserveraient de la tendance à se combiner jusqu'à ce qu'ils soient unis dans la proportion qui constitue le sulfate de baryte; arrivés à ce point, ces corps seraient indifférents les uns pour les autres, et le jeu des affinités cesserait. Ainsi, la manifestation de l'affinité

chimique est une tendance vers le repos, après une activité plus ou moins prolongée. Voy. COHÉSION.

AFFLICTION. PHILOSOPHIE, MORALE. Sentiment douloureux auquel l'ame se livre à cause de la perte d'un objet qui lui était cher, ou de quelque mal qu'elle regarde comme irréparable; état de tristesse et d'abattement où nous jette un grand accident, et dans lequel la mémoire de cet accident nous entretient. Les affligés ont besoin d'amis qui les consolent en s'affligeant avec eux; les personnes chagrines, de personnes gaies, qui leur donnent des distractions.

L'affliction est au chagrin ce que l'habitude est à l'acte. La mort d'un père nous afflige; la perte d'un procès nous donne du chagrin; le malheur d'une personne que nous affectionnons nous fait de la peine.

AGAMES (PLANTES). HISTOIRE naturelle. Nom que quelques botanistes donnent aux plantes qui, comme les champignons, les lichens, n'out point d'organes sexuels apparents.

AGATE. Voyez PIERRES PRÉCIEuses, etc.

AGE, AGES. PHYSIOLOGIE, HYGIÈNE. Nombre d'années déterminé; différents degrés de la vie de l'homme, depuis sa naissance jusqu'à sa mort.

La vie des hommes est communément partagée en périodes, qui reçoivent les noms de première enfance, d'adolescence, de jeunesse ou de puberté, d'âge adulte ou de virilité, et de vieillesse.

La première enfance date du premier instant de la naissance jusqu'à celui où l'on est susceptible de raison, et dure par conséquent six ou sept ans.

L'adolescence est le temps où le corps et l'esprit se disposent à prendre de la consistance; elle commence à sept ans et se prolonge jusqu'à onze ou douze ans pour les femmes, et quinze ans pour les hommes.

La jeunesse ou la puberté succède à l'adolescence et dure, chez les hommes, dans les climats tempérés, jusqu'à vingt-cinq ans, et chez les femmes jusqu'à vingt. C'est l'âge de la grâce et de la beauté. - Pendant cet espace de temps, le corps prend son accroissement entier. A cette époque de la vie, une grande révolution s'opère chez les individus de l'un et de l'autre sexe. Confondus jusqu'à ce moment par la similitude de leurs goûts, le petit garçon et la petite fille commencent à se distinguer l'un de l'autre par la différence de leurs inclinations. La physionomie du jeune homme prend une apparence non équivoque de force et de hardiesse; celle de la jeune fille exprime déja visiblement sa faiblesse

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relative, et la réserve qu'elle lui impose et l'instinct des pudibondes appréhensions. Toute l'organisation éprouve un surcroît d'activité particulière; le système osseux achève son développement complet; les fonctions de la circulation, de la respiration et de la locomotion, acquièrent une prédominance marquée sur celles des systèmes nerveux et lymphatiques. Chez les deux sexes, les facultés morales ét intellectuelles augmentent d'énergie; l'imagination l'état d'inactivité et de sommeil dans lequel ils se développe; les organes générateurs sortent de étaient restés comme ensevelis; des désirs vagues de choses souvent inconnues font pressentir des tions. L'homme se sent alors animé de dispositions besoins nouveaux, préludes de nouvelles sensades femmes, il a le besoin de plaire; il parvient au aimantes; il est involontairement ému par la vue terme de la croissance de sa taille, et il approche enfin du moment assigné par la nature pour la perfection que pourront atteindre, pendant la vie, son organisation et ses facultés; sa voix devient plus forte; il est plus décidé, plus audacieux; et, loin de dissimuler ses besoins, il recherche avec activité tout ce qui peut les satisfaire. Si le jeune homme possède des qualités brillantes, est mu par de belles inspirations, la jeune fille n'est pas moins riche que lui. Elle se montre avec un fond inépuisable de tendresse ; elle est incomparablement plus dévouée, et parée d'une innocence et d'une pureté virginales, dont l'influence irrésistible se répand autour d'elle comme un parfum suave, qui laisse partout où il pénétre la trace embaumée de son passage. Sans perdre sa franchise et son ingénuité, elle réfléchit davantage, elle devient plus réservée, acquiert un tact exquis, et, dans ses mouvements et ses manières, déploie une grâce ravissante. D'un autre côté, la finesse et la coloration de sa peau nous frappent à cet âge d'un éclat particulier; les seins se développent, se gonflent, et présentent, au plus haut degré, le double intérêt d'un charme ineffable et de la plus touchante utilité; l'embonpoint se répartit au cou, aux épaules, aux membres, autour des hanches, et donne à toutes les formes qui s'arrondissent un nouveau caractère. La vie prend également, chez la femme, un plus vaste essor, elle agrandit son domaine, et la nature commence à révéler à la jeune fille nubile, qu'à la fonction nouvelle dont elle va la doter se trouvent attachées la souffrance et la maladie. C'est à cette époque que se fait l'apparition d'une hémorragie périodique qui doit se reproduire tous les mois, signe qui annonce que bientôt la femme sera apte à devenir mère.

L'âge adulte, qu'on nomme aussi l'âge de maturité, et virilité, quand il s'agit de l'homme, commence ordinairement chez lui à vingt-cinq ans, et chez la femme, à vingt-un. Il s'étend, chez cette dernière, jusqu'à cinquante ans environ, et chez l'homme, jusqu'à soixante. Jusqu'à trente et trente-cinq ans, l'accroissement des organes s'achève; le corps cesse de grandir, la physionomie prend un caractère prononcé. A quarante ans chez la femme et à cinquante chez l'homme, l'impétuosité, l'étourderie de la jeunesse, font place au sang-froid, à la prudence et à la réflexion; enfin le goût des occupations sérieuses succède à la légèreté, à la franchise, à la générosité qui caractérisent les premiers temps de la virilité.

L'homme parvenu à l'âge adulte a acquis toute la plénitude de ses facultés physiques et intellectuelles. Son imagination n'est plus aussi vive, mais ses pensées sont plus fortes, son jugement plus solide. L'expérience des hommes et des choses l'a désabusé des rêves brillants de la jeunesse. C'est alors qu'il exécute les grands travaux du corps et de l'esprit. La virilité est la période de vie la plus longue; pendant la plus grande partie de son cours, l'homme possède ces prérogatives qui forment l'attribut le plus brillant des dernières années de la jeunesse. La taille perd cependant une partie de sa gråce; elle est moins svelte, moins élancée, mais elle offre l'image de la force; et, quoique moins élégante peut-être, elle a un type de beauté qui lui est propre, et conserve long-temps encore, chez les femmes, beaucoup de charme. Dans l'âge précédent, la femme se faisait admirer surtout par les grâces et la beauté de sa personne; dans l'âge adulte, c'est par des qualités, c'est par des vertus d'autant plus méritantes, qu'elles sont modestes et plus cachées, qu'elle nous force à l'aimer et à l'admirer. A mesure que les années s'écoulent et que l'on avance vers le terme de la virilité, on remarque des changements successifs; la peau perd sa fraicheur, sa finesse, et commence à se couvrir de rides; les cheveux blanchissent et tombent, les forces musculaires s'affaiblissent, et la sensibilité générale diminue; les organes des sens perdent de leur perfection, les nerfs auditifs s'émoussent, le cristallin épaissi intercepte le passage des rayons lumineux; les battements du cœur sont plus rares; les fonctions digestives plus lentes, plus pénibles. L'affaiblissement des facultés génératrices chez l'homme, et leur disparition chez la femme, marquent l'époque de la maturité qu'on nomme virilité décroissante.

La dernière portion de vie, qu'on nomme vieillesse, est ordinairement divisée en trois périodes:

la verte vieillesse, qui s'étend chez l'homme de soixante à soixante-dix ans, et, chez la femme, de cinquante à soixante; la caducité, qui se prolonge jusqu'à quatre-vingts ans, et qui fait place à la décrépitude.

Le passage de la virilité décroissante à la vieillesse se fait d'une manière insensible : les changements qui caractérisent la première se prononcent davantage. La peau devient plus sèche, l'absorption s'y fait bien moins et ne tarde pas à y être nulle; l'embonpoint diminue, le tronc se courbe, la faculté génératrice cesse complétement; les cheveux blanchissent tout-à-fait, la tête s'en dépouille; les cartilages s'ossifient, les digestions se détériorent, les dents tombent, les facultés intellectuelles s'affaiblissent et se perdent peu à peu ; les sources de la chaleur animale se tarissent; enfin, plus l'homme avance dans la caducité, plus on voit ses fonctions s'anéantir et ses organes se dessécher.

La décrépitude est le dernier terme de la vieillesse. « La vieillesse, dit M. Orfila, finit à la quatr-evingt-cinquième année ; depuis cette dernière époque jusqu'à la mort, on la désigne plus particulièrement sous le nom de décrépitude. »

PHILOSOPHIE, MORALE. La jeunesse est l'âge de l'enthousiasme; l'âge viril, celui du doute; la vieillesse, celui du désenchantement. Partout où nous trouvons ces sentiments exprimés dans un livre', nous pouvons, à peu d'exceptions près, juger de l'âge de celui qui l'a écrit.

Toutes les grandes idées partent de la jeunesse, parce que c'est l'enthousiasme qui saisit les premières lueurs en toutes choses: aussi Bailly observet-il sagement, à l'occasion des fameuses découvertes de Kepler, que si tous les hommes qui ont le plus avancé la science par leurs travaux voulaient revenir sur leurs premiers pas, ils verraient que leurs idées les plus heureuses ont été celles de leur jeunesse. Tous les grands travaux de l'esprit humain, ajoute cet historien philosophe, sont renfermés dans les essais de la jeunesse, comme les fruits de l'automne dans les fleurs du printemps. A l'exemple de Kepler, on peut ajouter celui de Newton qui, à vingt-quatre ans, était en possession de la découverte la plus importante, celle de la pesanteur universelle, et l'exemple du Tasse qui, à vingt-deux aus, avait composé son poëme immortel.

La jeunesse est donc l'âge le plus convenable pour se livrer à toutes les études qui exigent plus d'ame que d'esprit, plus d'exaltation que de réflexion, plus de génie enfin que d'expérience. C'est l'age qui convient le mieux pour sentir et juger la nature, pour apprécier l'homme et ses facultés,

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