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gras, par exemple, les graisses ne se dissolvent pas dans l'eau. L'alcool se mêle facilement avec elle. Les éthers, les résines, présentent une propriété tout-à-fait opposée. Les matières animales y sont en général peu solubles.

A l'état de glace, on emploie l'eau pour faire des froids artificiels, pour graduer les thermomètres, pour déterminer le calorique spécifique des corps, et en général pour estimer la quantité de calorique qui se dégage dans leur combinaison; quelques médecins la considèrent comme un puissant sédatif; c'est un rafraîchissant et un tonique fort utile dans les pays chauds.

A l'état de vapeur, nous avons vu qu'on l'emploie comme force motrice dans les pompes à feu, qu'on s'en sert pour chauffer les appartements, en la faisant circuler par des conduits en cuivre ou en fonte; on commence aussi à en faire un grand usage dans quelques fabriques pour échauffer des masses d'eau plus ou moins considérables; et l'on prétend que les viandes et les légumes cuits à la vapeur d'eau sont beaucoup plus tendres et plus savoureux que ceux qu'on fait cuire dans l'eau liquide. Sous forme de bains, et surtout de boissons, elle est, dans le traitement des maladies, d'un usage aussi étendu qu'indispensable.

A l'état liquide, l'eau est employée dans les arts pour séparer les substances dont la pesanteur spécifique est très-différente: c'est ainsi qu'en lavant les mines de fer limoneuses, on enlève une grande partie de l'argile que des mines contiennent; plus souvent encore on l'emploie comme une force capable de produire les plus grands effets; c'est un aliment indispensable pour les animaux et les végétaux; c'est un agent dont les médecins tirent le plus de parti en l'administrant intérieurement et extérieurement; sans cesse elle se vaporise spontanément et passe dans l'atmosphère, d'où elle se précipite pour se vaporiser encore et se précipiter de nouveau; elle s'écoule à travers les terres, se rassemble dans de grandes cavités souterraines, et en sort pour former les sources, les rivières et les mers: mais, de tous les usages de l'eau liquide, les plus nombreux sont ceux qu'elle remplit comm dissolvant. Les chimistes s'en servent pour dissoudre une foule de corps et les faire agir les uns sur les autres; ils opèrent ainsi des séparations, des décompositions, et produisent enfin une foule de phénomènes qu'il leur serait impossible de produire d'une autre manière : aussi, dans un labora. toire de recherches, consomme-t-on une grande quantité d'eau distillée, quoique, la plupart du temps, ou n'opère que sur quelques grammes de

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matière. C'est sur la propriété dissolvante de l'eau que sont fondés un grand nombre d'arts, par exemple, ceux qui ont pour objet d'extraire, 1o le nitre, le sel marin, l'alun, le sulfate de fer, etc., et en général la plupart des sels du sein de la terre; 2° le sucre, la gomme, les couleurs, des végétaux qui les recèlent; 3o la colle-forte, des matières animales qui la contiennent. C'est aussi sur cette propriété que repose en partie l'art de préparer le bleu de Prusse, l'acide nitrique, l'acide sulfurique, l'art du blanchiment, celui de préparer les médicaments, et tant d'autres que nous ne nommerons point.

Si l'on jugeait de l'utilité d'un corps par la profusion avec laquelle il est répandu dans la nature, on conçoit sans peine que l'eau, après l'air, le fluide peut-être le plus abondant, devrait être considérée comme l'un des plus nécessaires à notre globe et à ceux qui l'habitent. L'eau est, en effet, tellement indispensable aux corps organisés, que sans elle nous ne saurions concevoir aucune organisation, et que même beaucoup de corps inorganiques ne sauraient subsister. L'eau est le principal agent de la végétation, qui est elle-même la source de la vie des animaux. De plus elle agit sur ces derniers, par son mélange avec l'air atmosphérique (elle agit alors sur les organes de la respiration et sur la peau); par son ingestion dans le canal alimentaire, elle favorise notre réparation et notre accroissement. L'eau est la principale base des boissons non fermentées, dont on fait en France un fréquent usage en état de sauté; mais en général elle n'a besoin d'aucune préparation préliminaire; elle sort des mains de la nature plus pure et plus convenable à l'homme que lorsque l'art lui a fait subir quelque opération pour l'améliorer.

L'eau pure est mauvais conducteur du fluide électrique, et celui-ci la décompose difficilement; cependant un appareil énergique en opère la décomposition. Si elle est mêlée à un sel ou à un acide, elle conduit facilement le fluide électrique, et celuici la décompose rapidement.

L'eau est le grand agent que la nature emploie soit dans le sein de la terre, soit à sa surface, pour dissoudre les corps. Elle nous apporte, des profondeurs du globe, les substances qui entrent dans la composition des caux minérales. Tantôt ce sout simplement des oxides, telles que la rouille de fer, la silice, la soude, etc.; tantôt c'est un acide libre, tel que l'acide carbonique, par exemple; enfin, et c'est le cas le plus général, elle nous amène en même temps et les acides et les oxides : c'est ainsi qu'à Vichy et au Mont-d'Or elle entraîne avec elle du bi-carbonate de soude, du sulfate de soude, etc.;

à Bourbonne-les-Bains, c'est du sel marin ordinaire, du sulfate de soude, etc., etc.

L'eau, considérée comme agent chimique, exerce une très-grande action sur les masses solides qui sont susceptibles de s'y dissoudre, ou dans la composition desquelles entrent des portions solubles. Les premières, comme les masses de sel gemme, sont entièrement détruites; les autres, perdant leurs parties solubles, se désagrégent et tombent par morceaux. C'est ainsi que l'eau détruit les roches dans lesquelles la potasse entre comme élément, les masses ferrugineuses qu'elle fait passer à l'état d'hydrate, etc.

A la température de 4o,1+0° (centig.), un centimètre cube d'eau distillée pèse un gramme, d'où il s'ensuit que sa pesanteur est 781 fois plus considérable que celle de l'air ; à toute autre température, ce liquide est moins pesant.

La pesanteur spécifique de l'eau est admise pour 1,000, et sert de terme comparatif pour celle de tous les corps liquides et solides.

EAUX MINÉRALES. CHIMIE, HYGIÈNE. Nom générique des eaux naturelles qui tiennent en dissolution des matières minérales, ou qui sont imprégnées de substances gazeuses.

Toutes les eaux naturelles pourraient être regardées comme des eaux minérales, car il n'en est point qui ne tiennent en dissolution plus ou moins de substances minérales; mais on n'entend, par cette expression, que celles qui contiennent une suffisante quantité de ces matières pour produire des effets sensibles sur l'économie animale, de manière à pouvoir être employées comme médicament.

On désigne donc, sous le nom d'eaux minérales, des sources naturelles qui sortent du sein de la terre, chargées de divers principes propres à opérer la guérison de quelques maladies.

Comparées aux eaux douces, les eaux minérales ont une saveur particulière, soit saline, soit acide, soit ferrugineuse, soit d'hydrogène sulfuré, qui les fait reconnaître au goût; leur température est souvent plus élevée que celle de l'air, et elle approche

Densité et volume de l'eau de oo à 30° centig. quelquefois de près de 100 degrés; elles sortent de la

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terre avec un volume peu considérable, et ne donnent jamais lieu à des cours d'eau puissants, comme sont les rivières ou les fleuves; les plantes et les animaux ne se rencontrent ordinairement que dans celles qui se rapprochent des eaux douces par la faible portion des principes étrangers qu'elles contiennent, et ces êtres alors ressemblent à ceux des eaux douces. Les eaux minérales sont presque toutes courantes; mais l'effet produit par leur mouvement progressif est proportionné à leur peu de volume; elles exercent quelquefois, dans le sein de la terre et à sa surface, une action chimique décomposante et reproductive, qui est plus sensible; ainsi celles de ces eaux qui contiennent un acide, l'acide carbonique, par exemple, peuvent dissoudre et dissolvent en effet une quantité plus ou moins grande des substances minérales, solubles dans cet acide, sur lesquelles elles passent; si, à leur sortie de la terre, la pression à laquelle elles étaient soumises devient moins forte, si leur température diminue, si elles s'évaporent, les molécules dont elles étaient chargées se déposent; elles forment des couches. quelquefois très-puissantes, et incrustent les corps qu'elles touchent.

On voit des eaux minérales sortir de toute espèce de terrains, depuis les plus anciens jusqu'aux plus modernes; mais ces eaux peuvent venir d'un terrain très-différent et quelquefois très-éloigné de celui qui leur donne issue; il n'est pas facile de remonter à leur véritable origine. M. Dubuisson, dans son excellent Traité de géognosie, donne un

grand nombre d'observations de température des mines, qui prouvent que plus on s'enfonce dans l'intérieur du globe, plus la chaleur devient intense. Il rapporte que les eaux qui filtrent dans ces profondeurs ont la même température que le sol environnant. Si ces eaux, pour remonter à la surface du globe, traversaient des couches, mauvaises conductrices du calorique, elles y arriveraient certainement à un degré supérieur à celui de l'air ambiant, et seraient regardées comme des eaux thermales. Il est bien probable, d'après cette remarque, que celles de ces eaux qui portent 50, 60 et jusqu'à 78 et 80 degrés de température, proviennent de profondeurs considérables. Ces observations ont été recueillies tant en Europe par différents géologues, qu'en Amérique par M. de Humboldt.

M. Alexandre Brongniart a essayé de distribuer les eaux minérales connues d'après l'époque de formation des terrains d'où elles sortent. Il résulte clairement de son travail, que les matières dissoutes dans les eaux minérales n'ont souvent aucun rapport avec les matériaux qui entrent dans la composition des roches qu'elles traversent; que les eaux des terrains primordiaux sont presque toutes thermales, et possèdent même en général une haute température; que les matières qui dominent dans leur composition sont le gaz hydrogène sulfuré, l'acide carbonique libre, des sels à base de soude, de la silice, peu de sels à base de chaux, excepté le carbonate, et peu de fer; que les eaux des terrains intermédiaires et secondaires participent des propriétés des eaux inférieures, et qu'on y trouve peu de silice, peu d'acide carbonique libre, beaucoup de carbouate de soude et de sulfate de chaux; que les eaux des terrains tertiaires sont froides, c'est-à-dire n'ont que la température moyenne du lieu d'où elles sourdent; qu'elles appartiennent aux assises inférieures de ces terrains, et renferment principalement du carbonate de chaux, du carbonate de fer, du sulfate de chaux et du sulfate de magnésie.

Afiu de mettre à même d'apprécier la nature des substances que renferment les eaux minérales de ces différentes classes de terrains, nous indiquerons ici les principaux résultats de l'analyse de quel ques-unes des plus célèbres.

Eaux minérales sortant des terrrains primitifs. 1° Eaux de Barèges (Hautes-Pyrénées) : température, 38 centigrades; substances dominantes : hydrogène sulfuré, acide carbonique, sulfate et carbonate de chaux, et hydrochlorate de soude. 2o Eaux de Bagnères de Luchon (Haute-Garonne):

température au-dessus de 30° centigrades : substances dominantes : hydrogène sulfuré, acide carbonique, sulfate de chaux, sulfate de magnésie, hydrochlorate de magnésie, silice. 3o Eaux de Carlsbad (Bohême): température, 74° centigrades; substances dominantes acide carbonique, sulfate de soude, carbonate de chaux, silice.

Eaux sortant des terrains intermédiaires et secondaires. 1o Eaux de Vichy (Allier ) : température, de 22o, à 460 centigrades; substances dominantes: acide carbonique, carbonate de soude, carbonate de chaux. 2o Eaux de Plombières (Vosges): 38° à 67° centigrades; substances dominantes sulfate de soude, carbonate de soude, silice, hydrochlorate de soude. 3o Eaux de Pyrmont (Westphalie): température moyenne ; substances dominantes acide carbonique, hydrochlorate de soude, sulfate de soude, hydrochlorate de magnésie, carbonate de magnésie, carbonate de chaux.

Eaux sortant des terrains tertiaires. 1o Eaux d'Enghien, près Paris : température moyenne; substances dominantes : hydrogène sulfuré, sulfate et hydrochlorate de magnésie, sulfate et carbonate de chaux. 2o Eaux d'Epsom (comté de Surrey): température moyenne; substance dominante sulfate de magnésie.

La nature semble avoir prodigué les eaux minérales dans tous les pays pour le bonheur et la conservation de l'espèce humaine. Dans la seule province d'Auvergne, on compte plus de quatre-vingts sources minérales, et plus de trois cents en France. Les Français ne sont pas les seuls qui, dans leurs maladies, aient recours à ce remède. L'Angleterre s'enorgueillit, avec juste raison, des bains de Bath, de Bristol, de Tunbridge, de Buxton et de Matlok. On estime les eaux minérales de Cheltenham, de Scarboroug, qui sont le refuge des Anglais mélancoliques. Qui ne sait que l'Allemagne contient à elle seule plus d'eaux minérales que tout le reste de l'Europe? On connaît les eaux de Wisbaden, de Pyrmont, de Carlsbad, de Saint-Charles, de Tœplitz, de Vildungen, de Gastein, etc.; Vernet en indique cent en Hongrie. La Suisse possède les bains de Louesche, de Bade, de Pffefers, les eaux acidules de Saint-Maurice, et l'eau ferrugineuse d'Évian. L'Italie vante ses eaux de Gurgitelli, de Pisciarelli, de Citara, de Capoue, de Castiglione, d'Olmitello, etc. L'Espagne abonde en sources minérales on y trouve les bains d'Armédillo, d'Alhama, de Sacedon, de Ledesma, etc.; les eaux chaudes de Séville, de Cordoue, de Burgos et d'Antequerre; les eaux minérales de Bejar, de Trille et d'Archena, sans parler de celles qui se trouvent

en grande quantité dans les Pyrénées espagnoles et dans les autres chaines de montagnes. Beaucoup d'autres sont salées, et fournissent aux besoins journaliers des habitants. Mais les Espagnols, nos voisins, viennent eux-mêmes, de préférence, faire usage des eaux thermales françaises, les leurs étant presque toutes négligées, mal tenues ou sans établissement. La Russie célèbre les eaux d'Olonitz.

Les nations les moins instruites, les Persans, les Mogols, les Égytiens, les Abyssins, ont leurs sources minérales où ils vont puiser la santé. Comment tant de peuples, qui ont des opinions diverses, des préjugés propres, des maximes opposées, des tempéraments différents, des manières de vivre contraires, peuvent-ils n'avoir qu'une seule opinion sur l'emploi des eaux miuérales? N'est-ce pas une preuve irrefragable de leurs vertus médicinales?

Les eaux minérales ont été regardées, dans tous les temps, comme un bienfait de la nature; les anciens les appelaient sacrées; ils n'en approchaient qu'avec respect, persuadés qu'une divinité présidait à l'épanchement de chacune de leurs sources. C'est d'après cette opinion que les poëtes, ainsi que les peintres, nous les ont représentées sous la figure de nymphes julies, qui inclinent avec grâce des urnes bienfaisantes, pour faire boire et guérir les hommes et les animaux.

Les médecins grecs, dont les connaissances furent au-dessus de celles des médecins des autres nations, conseillaient les eaux minérales dans certaines maladies, telles que l'éléphantiasis, la paralysie, les affections nerveuses, etc., etc., en boissous, en bains, en douches et en frictions. Hippocrate fait mention d'eaux chaudes, chargées de fer, de cuivre, d'argent, d'or, de soufre, de bitume, de nitre; les interdit comme boisson ordinaire, et les prescrit, dans un autre endroit, en bains, dans plusieurs espèces de maladies.

Les Romains, imitateurs des Grecs, faisaient habilement usage de celles d'Italie, et, dans tous les pays où ils portaient leurs armes triomphantes, ils cherchaient avec beaucoup de soin les eaux minérales, s'arrêtant de préférence aux sources d'eaux thermales, à cause qu'ils avaient sans doute reconnu qu'elles avaient la propriété de guérir les plaies. Telles furent celles d'Aix en Provence, de Bourbon, de Néris et du Mont-d'Or. Les sources des Pyrénées furent au nombre de celles qui furent le plus fréquentées par ces vainqueurs des nations, qui y allaient pour rétablir leur santé et se délasser des fatigues de la guerre.

Galien, médecin et ami intime de Marc-Aurèle,

donna plus de développement à ce qu'avait écrit Hippocrate sur les eaux médicamenteuses. Celse conseille aux hommes en bonne santé de prendre alternativement, tantôt le bain tiède, tantôt le bain froid, et donne quelques préceptes sur l'usage de ces derniers. Pline, dans son Histoire naturelle, en parlant des eaux minérales, dit que l'eau sulfureuse est bonne pour les nerfs; que celle qui est alumineuse convient aux paralytiques, et que l'eau de mer dissipe les tumeurs. Les Gaulois, plus occupés d'idées religieuses, dédaignaient le luxe des Romains pour les bains, et attachaient moius d'importance qu'eux aux eaux minérales. Dans le XIIe siècle, où la médecine fut cultivée par les Arabes, les eaux minérales eurent un peu plus de faveur, et Avicenne les conseilla dans les obstructions et autres maladies internes. En France, les sources minérales commencèrent à être fréquentées sous Charlemagne, qui fit construire, à Aix-laChapelle, un grand bassin pour s'y baigner avec sa famille; mais ce n'est que sur la fin du XVe siècle que quelques médecins s'en occupèrent d'une manière plus particulière, et que l'Italie revendiqua, en faveur des fontaines minérales, son antique célébrité. Henri IV, qui avait fréquenté dans sa jeunesse les eaux des Pyrénées, nomma, en 1603, des intendants et surintendants généraux, chargés de surveiller les eaux, les bains et les sources minérales du royaume. Sur la fin du XVII siècle, on s'occupa beaucoup d'eaux miuérales dans toute l'Europe. En 1780, les découvertes de Lavoisier, Fourcroy, Bertholet, Vauquelin et autres, ayant opéré une révolution générale dans la chimie, on parvint à avoir les notions les plus précises sur les eaux minérales.

de l'utilité DES EAUX MINÉRales et de leurs PROPRIÉTÉS.

Les eaux minérales naturelles sont un des moyens curatifs les plus anciennement en usage; tous les peuples ont cru à leurs vertus, et l'observation justifie journellement la confiance qu'ils leur ont accordée.

Lorsqu'on prend toutes les précautions convenables, les eaux minérales deviennent une ressource très précieuse pour l'art de guérir; en tempérant leurs vertus et leurs forces, la nature les a proportionnées à une infinité de tempéraments. Combien de malades, abandonnés de tous les médecins, ont trouvé la santé à des sources minérales! En général, elles raniment la circulation languissante, rétablissent les sécrétions viciées ou supprimées, provo

quent des évacuations salutaires, soit par les urines, les selles ou la transpiration; elles produisent dans l'économie un changement profond, et impriment une nouvelle direction à l'énergie vitale. Néanmoins il est utile de faire observer que ces eaux, jouissant de propriétés particulières, ne conviennent pas à toutes les maladies, ni à tous les degrés de ces mêmes maladies, et qu'elles ne sauraient être administrées à tous les sujets indistinctement. Dans les maladies chroniques et dans les maladies cutanées on les emploie avec succès, mais elles peuvent être très-nuisibles dans les maladies aiguës, et surtout dans les phlegmasies un peu vives.

« Les eaux minérales, dit M. Alibert, sont par ticulierement utiles à ceux qui ont l'habitude des travaux intellectuels; car elles impriment une certaîne énergie à l'âme en guérissant les maux du cœur. Montaigne, Voltaire, Alfiéri se plaisaient à les fréquenter, et semblaient y puiser des inspirations. L'action des sources thermales développe un état febrile, d'ailleurs très-favorable aux conceptions de l'esprit. »

Les bains d'eaux thermales minérales sont trèsrecommandés pour les blessures; ils réussissent parfaitement à assouplir les parties ligamenteuses et tendineuses, à rendre plus libres les mouvements des membres qui ont éprouvé des contusions, des entorses, des fractures, à déterger les vieux ulcères, les plaies fistuleuses. Ils sont spécialement indiqués contre les douleurs rhumatismales, les engourdissements, les tremblements des membres, et contre les paralysies, qu'ils guérissent souvent et dont ils préviennent les rechutes. Indépendamment de ces propriétés générales, les eaux thermales jouissent chacune de vertus particulières, dont nous ferons mention dans le cours de cet ouvrage.

Le moyen le plus efficace pour assurer les bons effets qu'on doit attendre de l'administration des eaux minérales, c'est d'observer un régime couvenable pendant leur usage, d'éviter les excès en tout genre, et d'adopter une nourriture mixte, animale et végétale.

L'observation d'un régime alimentaire, analogue à l'état de la maladie, n'est pas la seule précaution nécessaire pendant l'usage des eaux minérales; il faut encore y joindre celles qui concernent les autres points de l'hygiène, tels que les boissons, les effets de l'air, le mouvement et le repos, le sommeil et la veille, les passions et les affections de l'âme, etc.

La plupart des sources d'eaux minérales sont situées dans les pays de montagnes, dont le climat

est sujet à des variations continuelles; les malades doivent done avoir soin de se prémunir contre les intempéries, afin de ne pas s'exposer, par des imprudences, à aggraver leur état, ou tout au moins à perdre les avantages qu'ils avaient droit d'attendre des eaux auxquelles ils ont recours.

Ces précautions sont surtout nécessaires aux personnes sujettes aux affections catarrhales, aux fluxions, aux maladies cutanées, aux douleurs rhumatismales, goutteuses, etc., principalement près des sources d'eaux thermales où l'on fait usage des bains chauds.

Pendant l'usage des eaux minérales, comme dans le cours de tout autre traitement, la plupart des malades ont besoin de repos, et surtout d'un sommeil réparateur; ils doivent donc éviter les veilles qui se prolongent dans la nuit ou qui sont accompagnées d'agitation, telles que celles qu'on passe à danser, à jouer, etc.

Les plaisirs bruyants et tumultueux, que l'on rencontre fréquemment aux eaux minérales, ne conviennent pas à tous les malades. Celui qui veut qu'elles soient utiles à sa santé doit en conséquence s'en priver. Toutes les personnes souffrantes ne sauraient supporter, sans un préjudice notable pour leur susceptibilité nerveuse, le tourbillon et la gène des assemblées nombreuses. Il en est dont l'âme a besoin de calme et de tranquillité, tandis qu'il en est d'autres auxquelles la plus grande dissipation et les distractions continuelles sont infiuiment salutaires.

Le calme de l'esprit, des distractions agréables sont des auxiliaires puissants dans le traitement des maladies chroniques; les voyages, le changement de climat, de manière de vivre et d'habitudes, produisent souvent d'aussi bous effets que l'usage des eaux. Mais on ne saurait atteindre ce but que lorsque ces voyages fournissent le moyen de faire trève avec les passions: c'est alors qu'ils sont véritablement utiles aux malades, surtout à ceux aftaqués de mélancolie, aux femmes dont le genre nerveux pèche par excès de sensibilité, aux malheureux qu'une passion forte tient sous sa dépendance.

On ne saurait donc trop répéter aux malades, qu'en allant faire usage de ces sources salutaires ils doivent oublier les habitudes, les passions, les chagrins qui causent ou entretiennent leur état maladif, et suivre un nouveau genre de vie capable de changer le genre vicieux de leur sensibilité.

Les divers établissements d'eaux minérales ne sont pas uniquement destinés à relever une nature

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