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projeter derrière elles une ombre conique. Si la terre est entre le soleil et la lune, celle-ci est enveloppée dans le cône d'ombre, elle cesse de recevoir la lumière du soleil et de la réfléchir, et il y a éclipse de lune. Si c'est la lune qui est entre le soleil et la terre, alors l'ombre de la lune intercepte les rayons du soleil, les empêchent de tomber sur la partie de la terre qu'ils devraient éclairer sans cette opposition, et il y a pour la terre éclipse de soleil. On voit donc que l'interposition d'une planète principale entre le soleil et un autre corps opaque quelconque du système solaire donne lieu à des éclipses qui ont entre elles une parfaite analogie : c'est toujours un corps opaque qui perd pour quelque temps la lumière du corps qui l'éclaire, c'est toujours un autre corps qui l'en prive, et toutes ces éclipses ont des caractères de grandeur et de durée qui sont les mêmes pour tous les lieux de l'espace.

Les éclipses de lune sont plus fréquentes que celles de soleil, par la raison que quand la lune est éclipsée, elle perd réellement sa lumière, et l'éclipse est vue de tout l'hémisphère tourné vers la lune. Au contraire, si c'est le soleil qui parait éclipsé, il ne perd rien de sa lumière; la lune seule nous en dérobe l'éclat. Or, cette dernière étant beaucoup plus petite que la terre, son ombre n'est qu'une tache qui ne couvre qu'une partie de l'hémisphère éclairé. La lune fait alors à peu près l'effet que produisent souvent les nuages qui nous dérobent la vue du soleil, tandis qu'à quelques pas on voit les édifices parfaitement éclairés.

ÉCLIPTIQUE. ASTRONOMIE. Grand cercle de la sphère que décrit la terre dans son mouvement annuel autour du soleil. L'écliptique ou l'orbite terrestre est une ellipse dont le soleil occupe l'un des foyers.

D'après la théorie du double mouvement de la terre, il résulte que son centre décrit autour du soleil, immobile dans l'espace, une courbe plane et fermée, de 365o 4 d'occident en orient, tandis qu'en même temps elle fait chaque jour et dans le même sens un tour sur elle-même; son axe est emporté dans le vide et demeure à peu près parallèle dans toutes ses positions, formant avec le plan de son orbite, qui est l'écliptique, un angle de 66° 32'.

L'écliptique est partagé en douze signes ou arcs de 32°, que le soleil semble décrire successivement chaque année, auxquels on a imposé les noms de Bélier, Taureau, etc. Ces noms sont ceux des constellations les plus remarquables de la zone

zodiacale, qui autrefois ont servi à dénommer les arcs d'écliptique qui les traversaient; le signe du Bélier était alors un arc de cercle ayant 30°, et traversant la constellation du Bélier, et ainsi des autres. Mais depuis cette époque, qui remonte à plus de deux mille ans, la précession des équinoxes a paru reporter le ciel entier de 30° vers l'orient, ce qui fait que les sigues ne se trouvent plus dans la région des constellations du même nom. Le signe du Bélier est maintenant dans la constellation des Poissons, et le signe du Taureau dans celle du Bélier, etc.; de manière qu'à l'équinoxe du printemps, le soleil semble correspondre près de la constellation du Verseau; par la suite des temps, il passera successivement du Verseau au Capricorne, de là au Sagittaire, etc. On ne doit donc pas confondre les signes avec les groupes d'étoiles qui portent le même nom; les signes étant maintenant plus éloignés vers l'occident d'environ 30o que leurs constellations correspondantes.

Le plan de l'équateur terrestre est incliné de près de 23° 28' sur celui de l'écliptique, dans ce siècle; si cette inclinaison diminuait toujours, il arriverait probablement une époque où l'équateur et l'écliptique coincideraient; alors il y aurait un printemps perpétuel, puisque le soleil décrirait l'équateur; mais cet état de choses ne pourrait durer très-long-temps. Le célèbre géomètre Laplace a démontré que cette conjonction ne peut avoir lieu, et que le balancement d'un des cercles sur l'autre ne saurait excéder les limites de 2 à 3 degrés.

ÉCOLE. BEAUX-ARTS. Les amateurs des arts du dessin entendent par ce mot une suite d'artistes qui ont une origine commune, et dont le caractère des ouvrages offre quelque ressemblance. Les différentes écoles modernes qu'on distingue en peinture sont :

L'ÉCOLE FLORENTINE, qui commence par Léonard de Vinci et Michel-Auge; elle compte une suite assez nombreuse d'artistes, et surtout de sculpteurs célèbres, et en partie vraiment distingués. L'école florentine est caractérisée par la fierté, le mouvement, une certaine austérité sombre, une expression de force qui exclut peut-être celle de la grâce, un genre de dessin qui est d'une grandeur en quelque sorte gigantesque.

L'école florentine, après l'importante découverte de la peinture à l'huile, produisit Pisanello, qui se distingua dans la peinture, la sculpture, et la gravure des médailles; Ghirlandaïo, qui fut maître de MichelAnge, puis le maître d'André Verrochio, qui en

seigna l'art de la peinture à Léonard de Vinci. Verrochio introduisit la science dans le dessin, et, nouveau Polygnote, il sut donner de la grâce aux têtes de femmes. On lui doit en outre les moyens de mouler en plâtre le visage des personnes mortes et vivantes, pour donner aux portraits plus de ressemblance.

L'ÉCOLE ROMAINE est la plus importante de toutes les écoles des arts du dessin. C'est par l'étude des antiques que ses artistes ont trouvé la science du dessin, la justesse de l'expression, les principes de l'art de draper et de la composition. Elle s'est livrée tout entière aux principales parties de l'art, à celles qui constituent le génie et la majesté, et ne s'est occupée du coloris qu'autant qu'il le fallait pour établir une différence entre la peinture et la sculp

ture.

Les artistes les plus célèbres de l'école romaine sont Pierre Pérugin, Raphaël d'Urbain, Jules Romain, Le Poussin, etc.

L'ÉCOLE VÉNITIENNE. De toutes les écoles c'est celle qui s'est le plus distinguée par le coloris. La vivacité et la variété des couleurs, la parfaite distribution de la lumière et de l'ombre, la hardiesse -de la touche, le véritable ton de la nature, telles sont les qualités principales de cette école, qu'on peut appeler l'école de la nature. Le principal maître de l'école vénitienne est sans contredit Le Titien, regardé comme le plus grand coloriste qui ait jamais existé. Paul Véronèse est aussi un des plus grands génies par la sage disposition de ses tableaux, par rapport soit à l'habile liaison de toutes les parties, soit à la distribution de la lumière; son coloris a toujours de la force et de la vérité, son pinceau est extrêmement léger et facile, et la magnificence des vêtements de ses personnages donne à ses tableaux une richesse qui leur est toutà-fait particulière. Mais il manque de grandeur dans les caractères; il a toujours fidèlement imité la nature, mais il n'y a pas de peintre qui ait autant négligé les convenances.

L'ÉCOLE LOMBARDE, désignée quelquefois sous le nom d'École de Bologne, florissait au commencement du XVe siècle; elle se distingua par la grâce, par un goût de dessin agréable, mais peu correct, par un pinceau moelleux et par une belle fonte de couleurs. Antonio Allegri, dit Le Corrège, fut le père et l'ornement de cette école; il purgea le dessin de toutes les parties tranchantes et angulaires, agrandit les contours, et donna du grandiose à ses compositions. Il étudia également les effets de lumière, et parvint à l'emploi le plus heureux des couleurs dans les jours, dans les om

bres et dans les reflets; ayant toujours la grâce pour objet, il affaiblissait ce qui aurait pu l'altérer; enfin, il chercha plus les masses que l'expression, et préféra l'agréable au beau. Les plus célèbres maîtres de cette école sont, après Le Corrège : Caravage, Anibal et Louis Carrache, Salvator Rosa, etc., etc.

L'ÉCOLE FRANÇAISE. Il y a eu, pour ainsi dire, tant de différentes écoles dans cette école, qu'il est bien difficile de la caractériser.

Le plus ancien des peintres français qui ait laissé un nom est Jean Cousin, qui exerça le plus souvent son talent sur des vitraux, mais qui s'est aussi distingué par des tableaux. Il était correct, mais peu élégant dans son dessin.

Le Poussin est un des plus grands peintres que la France ait produits; mais on ne saurait le compter parmi les maîtres de l'école française, parce qu'il a presque toujours exercé ses talents en Italie; aussi le place-t-on ordinairement au nombre des peintres de l'école romaine.

Simon Vouet, l'un des persécuteurs du Poussin, fut le fondateur de l'école française; mais s'il jeta les fondements de cette école, il était donué à Lebrun, son élève, d'en achever l'édifice. Lesueur, contemporain et rival de Lebrun, eut aussi pour maitre Vouet, ou plutôt il fut l'élève des antiques qui avaient été apportés en France, des tableaux et des dessins des grands maîtres de l'école romaine. Claude Lorrain, Mignard, Coypel, Vernet, Jouvenet, illustrèrent la fin du XVIIe siècle.

Si quelque temps après ces grands maîtres, les nombreux artistes qui parurent ne produisirent que des ouvrages d'un mérite médiocre, l'école française ne tarda pas à se relever de la décadence dont elle était menacée.

Aux fausses beautés et aux talents de parade du commencement du XVIIIe siècle, succéda, vers la fin de ce siècle, une restauration qui fit remonter l'école française du goût factice et éblouissant de Boucher à un système de beautés simples et sévères.

Les premiers succès de Vien lui méritèrent l'honneur d'être envoyé à Rome : là, dans une étude approfondie des plus parfaits modèles, il puisa la connaissance du vrai beau, et prépara cette restauration de l'école française, à laquelle il était réservé à David de rendre tout son lustre. Ge grand peintre se fit connaître de bonne heure par ses tableaux de Bélisaire, des Funérailles de Patrocle, de la Mort de Socrate. En conservant la pureté des formes sans rien outrer, sans rien affecter, David fit renaître cette nature sublime et calme qu'Apelles

avait montrée à la Grèce, et il ressuscita dans ses tableaux toute la beauté surnaturelle de la statuaire antique. Ses nombreux élèves se sont élancés dans des routes différentes, et ont porté la pureté du goût de leur maître dans la diversité de leurs productions. Le talent correct, moelleux et spirituel de Gérard, le style fin et suave de Guérin, le brillant coloris de Gros, le pinceau audacieux et classique de Girodet, semblent être les fils du génie de David; ils ont perpétué ce génie, et ils se sont efforcés à faire passer dans leurs élèves tout le talent de leur maître. A ces noms on doit ajouter ceux de Drouais, de Granet, dont les arts regrettent la perte ; d'Isabey, de Gudin, d'Horace Vernet, de Prudhon, d'Hersent, de Le Thiers, d'Ingres, etc., etc., etc., qui promettent à l'école française une longue existence.

L'ÉCOLE FLAMANDE. Cette école, à laquelle on doit l'invention de la peinture à l'huile, a porté à

ture basse et commune pour objet d'imitation, on peut dire qu'ils ont rendu cette nature avec la plus grande vérité, et cette vérité a toujours le droit de plaire. Les ouvrages de l'école hollandaise sont de la plus grande propreté, du fini le plus précieux : elle réussit surtout à reproduire les effets les plus piquants du clair-obscur. Dans la peinture du paysage, considéré comme le portrait fidele d'une campagne particulière, les Hollandais ont porté à un degré éminent l'idéal du genre dans lequel ils n'ont pas de rivaux.

Parmi les principaux maîtres de cette école, on cite Lucas de Leyde, Jean de Laër, Wouvermans, les deux Van-Der-Velde, Gerard-Dow, Rembrandt, Van-Huyssum, Paul Potter, etc., etc.

L'ÉCOLE ALLEMANDE. L'Allemagne offre plutôt des artistes isolés qu'une filiation d'artistes qu'on puisse faire remonter à un seul maître, ou du moins à un petit nombre de maîtres. Parmi les pein

première place appartient à Albert Durer; on cite aussi Cranach, Holbein, Bauer, R. Mengs, etc.

L'ÉCOLE ESPAGNOLE. Depuis quelques années on ne fait plus difficulté de tenir compte de l'école espagnole, dont mème on établit la division en écoles de Madrid, de Séville et de Valence, lesquelles reconnaissent pour chefs, Velasquez, Murilo et Vincent Joanes.

la plus grande perfection cette partie de l'art quitres qu'on assigne ordinairement à cette école, la concerne l'emploi et le traitement des couleurs. Elle compte pour premier maître Jean Van-Eyck, appelé depuis de Bruges. Il peignait le portrait, le paysage et l'histoire; son goût était sec; son dessin et sa manière de draper, gothiques. Si Jean de Bruges fut le fondateur de la peinture en Flandre, Rubens en fut sans contredit la gloire. Le nombre de ses ouvrages est immense; tableaux d'histoire, portraits, paysages, tableaux de fruits, de fleurs et d'animaux, étaient autant de genres dans lesquels il se montrait habile; il inventait facilement, et exécutait de même. Il était anatomiste; mais chez lui la science cédait à l'impétuosité de la conception et à la vivacité de l'exécution. L'école flamande joint à l'éclat de la couleur et à la magie du clair-obscur un dessin savant, une composition grandiose, une certaine noblesse dans les figures, des expressions plus fortes que naturelles, enfin une sorte de beauté nationale, qui n'est point celle de l'antique, ni celle de l'école romaine ou lombarde, mais qui est capable et même digne de plaire.

L'école flamande a produit un très-grand nombre de tableaux dans lesquels la lumière, la couleur et le ton approchent de la nature. Les artistes les plus célèbres de cette école sont: Van-Eyck, Rubens, Van Dyck, D. Teniers, Svanfeld, Brill, Breughel, Ph. de Champagne, etc., etc..

L'ÉCOLE HOLLANDAISE. Les peintres de cette école n'ont eu d'autre but que d'imiter par le dessin et le coloris la nature, sans s'occuper de la beauté des têtes et de la noblesse des formes. Ils ont excellé à peindre des tavernes, des forges, des fêtes grossières de paysans; etc. S'ils n'ont choisi qu'une na

L'ÉCOLE ANGLAISE. Une nouvelle école, celle d'Angleterre, se forma vers le milieu du XVIII siècle : la sagesse de la composition, la beauté des formes, l'élévation des idées et la vérité des expressions l'ont distinguée dès sa naissance. Reynols fut son fondateur. West, Copley, Gainsborangh, Brow, etc., s'étaient déjà fait connaître avantageusement, il y a trente-cinq ans. Un des artistes célèbres de cette école était Lawrens, dont on a pu admirer les tableaux à l'exposition de 1827.

ÉCONOMIE ANIMALE. PHYSIOLOGIE. Terme vague dont on se sert pour désigner l'ordre et l'enchainement des phénomènes qui s'observent dans les animaux, l'ensemble des lois qui régissent leur organisation.

ÉCONOMIE DOMESTIQUE. Sage administration des affaires privées et des intérêts de la famille.

Sans être marchand ou négociant, tout le monde vend, achète, place de l'argent, emprunte, afferme, prend terme pour des paiements, contracte de mille manières, s'engage de mille façons; il n'est point d'homme qui, s'il n'administre sa propre fortune, n'ait du moins à gérer celle de sa femme ou de ses enfants; qui ne puisse devenir tuteur, curateur,

fondé de procuration, membre d'une société de bienfaisance ou d'un conseil municipal. Dans toutes ces situations diverses, l'esprit d'ordre, l'aptitude à tenir des comptes en règle, sont d'une haute utilité, non-seulement pour l'individu qui en profite directement et qui a plus de chance de réussite, mais encore pour la société en général, parce que le malheur ou les fautes d'un seul touchent toujours plus ou moins ceux qui l'entourent. Il est donc dans les règles d'une prévoyante éducation d'initier les jeunes gens aux principes de la comptabilité et à l'administration des affaires de famille.

ÉCONOMIE POLITIQUE. Science qui a pour objet le bien-être matériel des hommes.

Les âmes ardentes, exaltées, poétiques, artistes; le hommes opulents qui s'épanouissent en ronflantes maximes de désintéressement et de générosité; ceux qui, vivant, se gorgeant d'abus, redoutent les lumières comme la plus terrible des menaces; une foule de gens enfin, honnêtes mais peu éclairés, pour qui le mot richesse est à peu près synonyme d'orgueil, d'insolence, de dureté, d'immoralité et d'oppression; toute celle masse, aveuglée, prévenue ou corrompue, s'efforce de nier l'économie politique; ils la repoussent et la calomnient, ils la méprisent, parce qu'ils ne la connaissent pas.

Le bien-être matériel est cependant l'objet légitime des vœux et de la poursuite de tous. L'homme bon et honnête, s'il pouvait atteindre une honorable aisance, en userait si bien! D'abord, il faudrait cultiver l'intelligence de ses jeunes enfants, leur ouvrir les portes de la science, et plus tard les bien établir. Il serait si doux ensuite de pouvoir soulager un ami dans l'infortune, de faire quelques avances à son pauvre voisin, de donner du travail à ses pauvres ouvriers! On verrait, après cela, à réparer sa maison, à l'assainir; on serait heureux d'encourager l'instruction primaire, on s'honorerait en se mêlant aux souscriptions patriotiques. On travaille donc, on travaille encore; on s'ingénie à multiplier les chances de gain; on spécule même avec probité, mais on spécule; et puisque personne ne rougit d'un bénéfice clair, produit des démarches actives, des efforts, sueurs, des veilles, pourquoi cette incroyable indifference ou ces vertueux dédains pour des études qui enseignent à multiplier le travail, et à répandre par lui l'aisance et le bien-être ?

des

D'un autre côté, qui comprendra les chefsd'œuvre de l'art et les chants du poète? qui s'élèvera jusqu'aux sublimes conceptions du génie pour admirer et battre des mains? Sera-ce le malheureux

que la misère dévore, flétri, brisé sous la serre cruelle de l'indigence et du désespoir ? Qui donnera la vie à l'art en encourageant l'artiste ? Un peuple ignorant et grossier, des campagnes incoltes, des visages hâves et livides, huttes misérables, haillons, mendicité, tout cela donne-t-il de brillantes et poétiques inspirations? Non! L'économie politique ne dessèche point le cœur, ne désenchante point la vie. Elle ne s'oppose point à ce que l'art embellisse les monuments utiles; elle pousse les populations au travail, c'est-à-dire à la vertu ; elle jette les fondements d'un état de choses tel, que les hommes n'auront plus tant à se maudire, quand ils comprendront qu'ils sont tous intéressés au bonheur les uns des autres. « Ceux qui, pleins

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« Quelle haute considération doit encore frapper « les esprits ! Ce n'est point dans une seule contrée, « au préjudice des autres, que l'économie politique « veut répandre l'aisance. Dès long-temps la religion et la philosophie disent aux hommes de « vivre en paix, de s'entr'aider pour recueillir les « biens que leur destine la nature; et dès long<< temps on traite de chimériques leurs désirs généreux. Voici qu'une science, occupée de travaux «<les plus matériels, vient, en nous enseignant les moyens d'accroître nos richesses et nos jouissan« ces, démontrer que notre intérêt doit nous porter à suivre les conseils pacifiques de la religion et de la philosophie. Plus les lumières se répan«dront, mieux on jugera que le plus puissant auxi« liaire de la morale est l'économie politique.»

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Quand un homme de ce caractère élève la voix en faveur de l'économie politique, on se sent fier de faire écho à cette voix vénérable et pure. On se demande pourquoi, dans notre patrie, la science n'a point de tribune; pourquoi notre jeune génération, appelée à résoudre de si grandes questions posées par le temps et les révolutions sociales, est ainsi abandonnée sans guide aux inspirations du hasard et aux stupides préoccupations de l'in

térêt privé. C'est l'ignorance qui éternise, après les avoir mulipliées, les barrières qui gènent encore la production et le commerce; c'est elle qui précipite la cupidité dans tant d'entreprises folles, au bout desquelles sont les désastres et les faillites; elle, encore, jette les populations souffrantes sur la place publique, endurcit le cœur des maîtres, et inscrit sur la bannière des ouvriers ces éloquentes et terribles devises auxquelles les faibles gouvernements ne savent répondre que par le triste appareil des armes, et auxquelles la science seule est capable de donner satisfaction. Qui peut calculer les suites d'une mesure imprévoyante, d'une étourderie administrative, d'une loi proposée par la fatuité et votée par l'ignorance? L'établissement d'un nouvel impôt, l'affaiblissement ou la suppression d'une taxe, un traité de commerce, un simple réglement de police, touchent aux intérêts les plus délicats, et peuvent léguer à l'État de grandes perturbations, aux citoyens un long avenir de souffrances. Vraiment, il faut admirer ces intrépides qui ne doutent jamais d'eux-mêmes en maniant de telles choses, et qui, plus puissauts que Jupiter, n'ont besoin du secours de personne pour faire sortir de leur cerveau une Minerve armée de toutes pièces.

L'économie politique est une science nouvelle ; à peine Aristote et Platon en entrevirent-ils quel ques faibles éléments. Dès le XVI siècle et au commencement du XVII, deux ou trois Italiens étudièrent les véritables sources de la prospérité publique. Ce fut pendant le cours du XVIII que des savants, ayant pour chef Quesnay, médecin de Louis XIV, se livrèrent à des travaux plus suivis en économie politique. Le ton dogmatique et prétentieux de ces écrivains, leur obscurité, les firent écraser de dédains et d'épigrammes; et quoiqu'ils fissent fausse route, ils éclairèrent cependant ceux qui devaient les suivre. Honnètes et bienveillants, ils ne se sont jamais écartés de la plus pure morale, appuyés sur ce grand principe, trivial aujourd'hui, mais alors fort contesté, que chaque citoyen doit disposer à son gré de sa personne, de ses talents et de ses biens. En 1776, l'Écossais Adam Smith, qui avait eu d'intimes relations avec les économistes français, publia ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. Smith est le père de la science, c'est un grand génie. Ses travaux le placent au premier rang des bienfaiteurs de l'humanité. David Ricardo et Malthus, en Angleterre, contribuèrent ensuite à l'avancement de la science par leurs controverses et leurs découvertes.

En France, J. B. Say, bon écrivain, logicien rigoureux, esprit net et patient, rendit à l'école

anglaise un service semblable au bon office que nos vieux économistes avaient reçu d'Adam Smith. Il rassembla les faits épars, les observations détachées, et présenta la science en corps de doctrine. Armé d'une critique inflexible, il fonda de brillantes théories, rejeta l'inutile et l'inapplicable, et lutta, avec une persévérance infatigable, contre l'erreur et les préventions. La postérité placera J. B. Say au rang des grands hommes.

Ses élèves sauront remplir la mission qu'il leur légua. Ils dégageront la science de quelques indécisions, de quelques obscurités qui la rendent encore l'effroi des esprits superficiels; regardant la théorie comme fondée, ils entreront dans le vaste champ des applications, ils populariseront leur noble science.

ÉCONOMIE RURALE. L'homme grossier et ignorant, imitant ce qu'il a vu faire, creuse le sol, y jette la semence, attend la récolte, la consomme ou la vend, et recommence chaque année, sans plus de recherche, le même cercle de travaux. Le savant agronome observe les phénomènes de la production agricole, tente des essais, multiplie les expériences, sacrifie généreusement ses intérêts à l'avancement de la science, et cependant fournit au vulgaire de stupides arguments contre toute amélioration en matière d'agriculture. L'économie rurale tire partie des découvertes de la science; elle utilise les machines vivantes et les instruments perfectionnés, dirige les cultures avec calcul, produit en vue des besoins qu'elle sait prévoir, administre enfin dans un intérêt plus direct, et se rend un compte mathématique des résultats.

Aucun homme éclairé ne devrait être complétement étranger aux faits agronomiques. Mais que dire des agriculteurs qui ne possèdent en économie rurale que les connaissances acquises au hasard, dans une pratique personnelle et à force de mécomptes? Tel est cependant l'état bien constaté de l'agriculture en France; avec un territoire et un soleil tels que les nôtres, souvent nous mourons de faim; on voit encore de pauvres femmes faire des émeutes sur les marchés pour avoir du pain. Métayers et fermiers se ruinent et ruinent le propriétaire qui leur a fourni d'admirables instruments de travail, et, parmi ces braves gens, c'est à qui rira le plus fort des agriculteurs de cabinet. C'est aux hommes de sens à se mettre au-dessus des gaietés de l'ignorance, à demander pour notre patrie ce que possèdent depuis long-temps l'Angleterre, la Saxe et quelques autres contrées de l'Allemagne, des cours élémentaires d'agriculture, depuis le collège de pre

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