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chrétiens, ainsi que tout ce qui aurait paru les rap- par laquelle les êtres vivants impriment aux subprocher du culte et des usages païens.

Comme aucun autre édifice n'offrait une plus vaste étendue ni une plus belle décoration que les basiliques, on en imita la forme, et on donna cette dénomination aux églises qu'on bâtit dans la suite. Les plus belles de celles qu'on voit à Rome portent encore aujourd'hui ce nom, et datent du règne de Constantin. Depuis Constantin, tous les édifices chrétiens, en Occident, furent construits, à quelques différences près, dans la forme des basiliques, Cette forme avait tellement prévalu, qu'on la reconnait même dans les constructions gothiques; plusieurs, telle que la cathédrale de Paris, nous en offrent une réminiscence assez exacte jusque dans ces galeries supérieures qu'on appelle travées et qui environnent tout l'intérieur de l'édifice.

ÉGLOGUE. BELLES-LETTRES. Églogue, poésie bucolique, poésie pastorale, sont trois termes qui ne signifient qu'une même chose, l'imitation, la peinture des mœurs champêtres. Cette sorte de poésie pleine de charmes, plait également aux philosophes et aux hommes du monde; elle ne rappelle point à l'esprit les images terribles de la guerre et des combats; elle ne remue point les passions tristes par des objets de terreur; elle ne frappe et ne saisit point notre malignité naturelle par une imitation étudiée du ridicule: mais elle rappelle les hommes au bonheur d'une vie tranquille. Rien n'est plus propre que ce genre de poésie à calmer leurs inquiétudes et leurs ennuis : les événements les plus gracieux lui fournissent le sujet de ses tableaux ; tout ce que la campagne a de plus charmant fait l'objet de ses peintures; la naïve simplicité, la belle nature délaient ses couleurs et conduisent son pinceau. Des passions douces, des mœurs innocentes, une société aimable sans inégalités de conditions, une vie tranquille et sans ennui, telles sont les sources précieuses où l'églogue choisit ses portraits

et ses caractères. Voy. POÉSIE PASTORALE.

ÉGOISME. PHILOSOPHIE, MORALE. Amour-propre, amour de soi, qui fait que l'on n'est conduit que par son intérêt personnel.

L'égoïsme est un défaut qui consiste à parler de soi avec complaisance, à se citer perpétuellement, et å rapporter tout à son individu. Ce défaut prend sa source dans un amour-propre désordonné, dans la vanité, la suffisance, la petitesse d'esprit, et vient quelquefois d'une mauvaise éducation. Voyez AMOUR-PROPRE.

ÉLABORATION. HISTOIRE NATURELLE. Action

stances du dehors, et même aux matériaux puisés dans leur intérieur, des modifications qui les rendent capables de servir aux usages que la nature leur a assignés.

ÉLASTICITÉ. PHYSIQUE. Propriété que possèdent certains corps de conserver d'une manière permanente un volume et une forme déterminée, et en vertu de laquelle ils tendent à se rétablir dans leur premier état quand ils en ont été dérangés par une cause quelconque. Le retour à la position primitive se fait ordinairement par des oscillations plus ou moins nombreuses autour de cette même position. Ainsi, une tige d'acier fixée d'une manière invariable par une de ses extrémités, courbée et abandonnée à elle-même, revient à sa position initiale qu'elle dépasse par sa vitesse acquise, pour y revenir ensuite en faisant autour d'elle des oscillations semblables à celles d'un pendule qui a été écarté de sa position d'équilibre. Ce mouvement oscillatoire est la conséquence immédiate de la con

tinuité d'actions qui se développent pendant toute

la durée du mouvement de la tige; et à cet égard les vibrations d'une corde musicale qui vient d'être

pincée donnent une idée exacte de ce qui se passe.

L'élasticité en vertu de laquelle un corps qui en frappe un autre rebondit, rejaillit, se réfléchit, prouve la compressibilité d'une manière péremptoire; car cet effet ne peut se concevoir et s'expliquer nettement qu'en admettant que la rencontre des deux corps, en rapprochant outre mesure les molécules, les a placées dans un état forcé d'où elles cherchent à sortir. Ces molécules agissent alors comme une multitude de petits ressorts bandés par le choc, et qui, par leur détente simultanée, font jaillir le corps avec plus ou moins de force selon la vitesse de la chute, la puissance du choc, le degré de compressibilité et d'élasticité des deux corps qui se rencontrent. Ainsi le marbre, l'agathe, l'i

voire, le verre, tous les solides, rebondissent avec d'autant plus de force qu'ils sont moins ductiles, plus durs.

L'élasticité a différents degrés dans les corps, quoiqu'ils jouissent tous plus ou moins de cette propriété. On nomme élasticité parfaite celle dans laquelle le corps dont on a changé la forme revient complétement a son état primitif, comme il arrive à une bille d'ivoire, à un ressort d'acier; et élasticité imparfaite celle que présente la plupart des corps ductiles, qui exigent un assez long temps pour revenir à leur forme première quand elle a été modifiée.

Le changement de forme de corps nécessaire au développement de l'élasticité, se manifeste d'une manière très-évidente dans les lames et les tiges élastiques; mais il est des circonstances dans lesquelles ce changement ne s'aperçoit pas : par exemple, quand une bille d'ivoire tombe sur un plan de marbre, elle remonte presque à la hauteur du point de départ, ce qui indique une très-grande élasticité dans la bille; mais rien ne fait connaître qu'à l'instant du choc elle a été aplatie. On peut cependant s'assurer par l'expérience que ce changement a eu réellement lieu; en couvrant la plaque d'une légère couche d'huile, on reconnaît, après le choc, que l'huile a été enlevée sur une étendue circulaire d'un assez grand diamètre, ce qui ne peut s'expliquer qu'en admettant une forte dépression de la bille à l'instant du choc.

tions et des répulsions électriques et magnétiques. C'est encore au moyen de cet appareil que Cavendish est parvenu a découvrir que les corps s'attirent, et à mesurer la densité de la terre; c'est l'élasticité qui produit et propage les sons; enfin, dans les arts on emploie la force élastique des corps dans une multitude de circonstances.

Les liquides ne paraissent jouir que d'une trèsfaible élasticité; les gaz et les fluides aériformes, au contraire, en jouissent au plus haut degré; c'est pourquoi on les nomme souvent fluides élastiques : chez eux l'élasticité est évidemment due à la force de répulsion des particules du calorique. Lorsque l'on comprime un gaz il diminue de volume en raison de la pression; mais si cette pression cesse, il reprend aussitôt la totalité du volume qu'il occupait avant.

ÉLECTRICITÉ. PHYSIQUE. On appelle électricité une série de phénomènes que présentent les corps de la nature, et qu'on attribue à l'existence en eux d'un être invisible, impalpable, impondé

cette raison fluide électrique. Ce fluide fait que les corps s'attirent et se repoussent, se décomposent et deviennent lumineux. Tous les corps contiennent une certaine quantité de fluide électrique; mais ce n'est que dans certaines circonstances que ce fluide y manifeste sa présence par ses effets.

On parvient, dans les arts, à produire dans certains corps une très-grande élasticité par un brusque changement de température. Ainsi l'acier chauffé à une température plus ou moins élevée, et refroidi brusquement par l'immersion dans l'eau ou dans un liquide quelconque, devient dur, élas-rable, qu'on suppose fluide, et qu'on appelle pour tique et cassant. Il est difficile de rendre raison d'une manière satisfaisante de ce développement subit d'élasticité, par le seul effet de la trempe. Voici cependant l'explication qu'on en donne ordinairement. L'acier plongé subitement dans l'eau se refroidit d'abord à sa surface: ce refroidissement ayant lieu avant que les couches intérieures soient revenues à la température ordinaire, il en résulte que cette croûte extérieure solide, qui se forme d'abord, empèche les molécules intérieures de se rapprocher comme elles l'auraient fait si l'abaissement de température avait eu lieu graduellement; la masse intérieure est donc maintenue dans un état forcé de dilatation. L'expérience indique effectivement que l'acier, par un refroidissement brusque, conserve un plus grand volume que par un refroidissement lent, et, par conséquent, que cette dilatation forcée dont nous venons de parler a réellement eu lieu. Mais comment la trempe ne développe-t-elle pas dans les autres métaux des propriétés analogues? et comment expliquer que l'alliage de cuivre et d'étain, qui sert à construire les cymbales et les tams-tams, acquiert par le refroidissement lent une grande dureté et une grande élasticité, tandis que la trempe le rend au contraire ductile et malleable?

La force élastique des corps a de nombreuses applications; c'est au moyen de la force élastique développée dans un fil par la torsion que Coulomb est parvenu à déterminer les lois des attrac

Deux hypothèses principales se partagent, mais non également, l'assentiment général pour rendre raison des phénomènes électriques. L'une, la moins généralement admise aujourd'hui, est due au génie de Frauklin: elle consistait à considérer le fluide électrique comme unique, et ne donnant aucun sigue de sa puissance dans les corps, tant qu'il était en équilibre dans ces corps; mais aussitôt que, par une circonstance quelconque, cet équilibre venait à être rompu, soit que le fluide fût en plus grande quantité dans les corps, soit qu'il fût en quantité. moindre, alors il manifestait sa présence par divers phénomènes. Il disait que les corps étaient électrisés positivement lorsqu'ils étaient sur-électrisés, et électrisés négativement dans le cas de sub-électrisation. Cette théorie simple et ingénieuse a fait place à celle de Dufay, perfectionnée par Symmer. Cette dernière consiste à regarder le fluide naturel, généralement répandu dans la nature, comme composé de deux principes, auxquels on a donné le nom de fluide vitré et de fluide résineux, parce que P'un est ordinairement développé par le verre, et l'autre par les résines (ce qui n'est pas toujours exact). On a aussi donné au fluide vitré le nom

de fluide positif, et celui de fluide négatif au fluide résineux, mais dans une acception purement géométrique, et par conséquent bien différente de celle de Franklin. Au moyen de cette hypothèse, on rend compte de la manière la plus satisfaisante de tous les phénomènes électriques; on peut même les soumettre à l'épreuve rigoureuse du calcul.

Tant que le fluide électrique est à l'état naturel, il ne manifeste nullement sa présence; mais aussitôt que, par l'effet de quelques circonstances, l'un ou l'autre des fluides vitreux ou résineux, positif ou négatif, ou tous deux, deviennent libres, ils donnent aux corps qui les recèlent, ou à la surface desquels ils se trouvent, la propriété de s'attirer ou de se repousser. Les corps se repoussent quand ils sont électrisés de la même manière, c'est-à-dire par le même fluide, soit positif, soit négatif; au contraire, ils s'attirent quand ils sont électrisés, l'un positivement, l'autre négativement. Ces effets ont lieu hors du contact, et suivant la loi de la raison inverse du carré des distances.

Le mot électricité vient d'un mot grec, par lequel les anciens désignaient le succin ou ambre jaune, espèce de résine fossile, jaunâtre et transparente, qui, étant frottée sur une étoffe de laine, par exemple, acquiert la propriété d'attirer les corps légers, comme de petits morceaux de papier découpé, de petits brins de paille, ou des fragments de barbe de plume. Cette expérience trèssimple est le premier fait d'une série immense de phénomènes où l'électricité joue un rôle très important. Le succin n'est pas la seule substance qui jouisse de la propriété électrique; toutes les résines, par exemple la cire à cacheter ordinaire, le verre et toutes les substances analogues, peuvent être électrisés par le frottement; mais on peut aller plus loin, et reconnaitre que tous les corps isolés par des corps non conducteurs sont susceptibles de manifester cette propriété.

Eu général, lorsqu'un corps a été électrisé par lefrottement, si on le touche avec la main, un métal quelconque, de l'eau, etc., il perd la faculté d'attirer les corps légers, et rentre dans l'état où il était avant le frottement; mais, si on le touche avec du verre, du soufre, des résiues, de la soie, il conserve sa faculté électrique. Les corps qui laissent échapper l'électricité se nomment pour cela conducteurs; ceux qui ne laissent aucun passage à l'électricité, ni au travers de leur substance, ni le long de leur surface, ont reçu le nom de non-conducteurs ou isolants, parce qu'ils isolent ainsi l'électricité que l'on dépose sur eux, ou plutôt les corps électrisés

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Lorsqu'un corps est bon conducteur, l'électricité le parcourt avec une rapidité extrême. En 1745 et 1750, on fit, en Angleterre, des expériences pour apprécier la vitesse avec laquelle l'électricité parcourt des corps conducteurs; on reconnut que des fils isolés, dont la longueur était de plus d'une lieue, transmettaient instantanément l'électricité.

Les effets de l'électricité sur l'action chimique des corps sont d'une grande importance; on peut même, avec M. Berzelius, supposer que toute action chimique est due à l'état électrique des corps qui se combinentet se séparent. Lorsqu'on fait agir deux fils métalliques chargés de fluides positif et négatif sur un corps composé binaire, par exemple sur l'eau, il arrive que l'un des deux éléments se porte vers le pôle positif et l'autre vers le pôle négatif. On remarque, dans chaque corps simple, une tendance particulière à se porter vers l'uu des pôles, ce qui pourrait faire croire que les corps sont naturellement doués d'une électricité opposée : ainsi, l'oxigène, le chlore, l'iode, se portent toujours au pole positif; on peut donc les considérer comme naturellement électro-négatifs, tandis que la plupart des métaux se portent au pôle négatif, et peuvent être considérés comme électro-positifs. Il est à propos de remarquer que cette propriété n'est absolue que pour l'oxigène, qui se porte

toujours au pôle positif, tandis que les autres corps vont tantôt à l'un, tantôt à l'antre pôle, suivant la substance à laquelle ils sont unis: ainsi, le chlore va au pôle négatif quand il est uni à l'oxigène, et au pôle positif quand il est uni à un métal; d'où l'on peut conclure que les corps sont électro-positifs ou négatifs par rapport les uns aux autres, mais non d'une manière absolue. Voy. Corrs.

Lorsque l'électricité passe d'un corps dans un aatre, subitement et à distance, c'est par étincelle ou explosion, et par conséquent avec dégagement de lumière. L'éclat de cette lumière et la force du bruit qui accompagne l'explosion dépendent de la quantité du fluide. La couleur de l'étincelle est le plus ordinairement légèrement violâtre; mais elle change selon les milieux que le fluide traverse; dans un air très-comprimé, cette étincelle a une blancheur éblouissante; elle se produit également dans l'eau. La distance à laquelle on peut tirer une étincelle d'un corps électrisé dépend de la conductibilité de la substance, de l'étendue de la surface, et de l'épaisseur de la couche électrique dont il est chargé; car la seule condition pour que l'étincelle parte, c'est que la tension de l'électricité puisse vaincre la pression atmosphérique; et la tension, à la même distance, croît évidemment dans le même sens que ces différents éléments.

L'électricité répand une odeur assez semblable à celle du phophore ou de l'hydrogène impur. Reçue sur la langue, elle cause la sensation d'un goût particulier. Traversant une partie quelconque de notre corps, elle produit un frémissement plus ou moins désagréable, une sensation pénible plus ou moins vive en raison de la force de la décharge et de la sensibilité de la personne; mais, quand cette décharge est considérable, elle produit dans les organes une secousse violente et très-pénible, et peut même, sur-le-champ, frapper de mort les animaux et les végétaux. Cette sensation douloureuse, que l'on nomme commotion on choc électrique, est produite par la brusque contraction des muscles, à travers lesquels s'établit un courant dirigé de l'une à l'autre face; elle se fait principalement sentir dans la poitrine et aux articulations.

L'électricité joue un très-grand rôle dans la plupart des phénomènes naturels, et son action sur la plupart des corps est incontestable; ainsi l'eau soumise à des décharges répétées dégage de l'hydrogène et de l'oxigène, ce qui indique qu'elle est décomposée. On trouve que l'électricité active la végétation, augmente la transpiration des animaux, l'évaporation des fruits, des feuilles, et en général

de tous les corps. Les décharges électriques changent aussi la couleur de certaines fleurs délicates, et produisent une multitude de combinaisons et de décompositions chimiques; une très-petite étincelle suffit pour enflammer plusieurs substances inflammables, et pour faire détonner les mélanges fulminants. Enfin ce fluide présente une multitude d'autres phénomènes qu'on n'est point encore parvenu à soumettre à l'analyse, et qu'il serait trop long de mentionner.

L'accumulation de l'électricité s'obtient au moyen des appareils connus sous le nom de machines électriques. Ils sont formés de cylindres métalliques, isolés par des supports en verre, et placés près des corps résineux ou vitrés, dont la surface est très grande, et qui produisent par le frottement une électricité très-énergique. Celle-ci se répand dans les cylindres métalliques, auxquels elle adhère plus ou moins, et les quitte aussitôt qu'on les touche, ou qu'on les fait communiquer avec le globe terrestre, qui est désigné souvent sous le nom de réservoir commun de l'électricité, parce qu'en raison de ses immenses dimensions relativement à celles des petits corps sur lesquels on expérimente, il leur soutire en apparence toute l'électricité qu'ils contiennent. Cette machine ne donne que l'électricité vitrée.

Pour qu'une semblable machine fournisse le plus d'électricité possible dans les mêmes circonstances, il y a plusieurs conditions à remplir, qu'il est inportant de connaître : 1o les coussins doivent être frottés d'or mussif, ou d'un alliage formé avec deux parties d'étain, quatre de zinc et sept de mercure; car l'expérience a fait reconnaître que le frottement du cuir nu sur le verre développait beaucoup moins d'électricité que quand il avait été recouvert des substances dont on vient de parler; 2° les coussins doivent communiquer avec le sol, car c'est encore un fait d'expérience que deux corps isolés donnent beaucoup moins d'électricité par leur frottement que quand l'un d'eux communique avec le sol; 3° il doit y avoir autant de branches garnies de pointes qu'il y a de paires de coussins, afin que la portion du plateau qui se présente au frottoir soit toujours à l'état naturel; 4° le conducteur, excepté l'extrémité des branches qui enveloppent le plateau, ne doit renfermer aucune pointe, ni aucun corps aigu, car la tension y deviendrait beaucoup plus grande que dans le reste du conducteur, et le fluide s'écoulerait continuellement dans l'air par leurs extrémités; 5° le conducteur doit être supporté par des corps très-isolants, tels que des cylindres de verre enduits de gomme laque; 6o pour

éviter la déperdition d'électricité du plateau par l'air, dans le trajet du frottoir aux pointes du conducteur, on fixe contre les montants qui en supportent l'axe, des quarts de cercle de taffetas gommé, ou bien on incline les tiges du conducteur, de manière que les pointes soient voisines des frottoirs.

Pour obtenir de fortes étincelles, qui s'élancent à de grandes distances sur les corps environnants, on emploie souvent des conducteurs isolés, que l'on met en communication avec ceux de la machine, et qu'on désigne sous le nom de conducteurs secondaires; il faut évidemment donner à ces conducteurs des formes telles, qu'ils se recouvrent d'une couche électrique la plus épaisse possible, comparativement à celle du conducteur. Volta employait un système de douze cylindres de six ligues de diamètre et de huit pieds de longueur, communiquant ensemble, mais assez éloignés pour qu'ils ne se nuisissent point par leur influence mutuelle; ce système, qui renferme douze pieds carrés de surface, lance de très-grandes étincelles, et produit sur les organes des sensations très-énergiques.

Pour réunir une certaine quantité de fluide électrique, on fait usage de conducteurs, dont le plus ordinairement employé est connu sous le nom de bouteille de Leyde ( voyez ce mot). Mais comme il serait difficile et surtout dispendieux de se procurer des vases de verre qui fussent assez grands pour produire de puissants effets, on a imaginé de rassembler un nombre plus ou moins considérable de bouteilles de Leyde, dont les faces externes communiquent ensemble, ainsi que les intérieures. Ces appareils, nommés batteries électriques, s'emploient exactement comme une simple bouteille de Leyde; mais, en raison de l'étendue de leur surface, ils produisent des actions très-énergiques, qui imitent en petit les effets de la foudre. Ainsi, quand on en fait usage, on peut tuer des animaux, déchirer ou briser de mauvais conducteurs, enflammer les matières combustibles, et fondre les métaux.

L'atmosphère se montre dans un état presque constant d'électricité positive. Les nuages sont pour cette électricité autant de vastes conducteurs, d'où le fluide se porte vers la terre, en s'élançant d'abord sur les corps les plus voisins. C'est particulièrement par les éminences qui hérissent la surface du globe, par les pointes déliées des arbres, que s'opere cette communication de l'électricité atmosphérique avec la terre; c'est ce que confirme l'expérience, puisque nous voyons les orages n'être nulle part aussi fréquents que dans les pays entreeoupés de montagnes et de forêts, et la foudre tomber ordinairement sur les objets élevés, et sur

tout sur ces arbres qui menacent les nuages de leurs flèches. Il existe la plus grande analogie entre les effets produits par la décharge des fortes batteries électriques et ceux de la foudre. Comme la foudre, l'électricité est accompagnée d'une vive lumière, qui apparait sous la même forme; elle produit, comme elle, la fusion des métaux, l'inflammation des matières combustibles, et la mort des animaux. La connaissance expérimentale de cette maniere d'agir de l'électricité a conduit à l'une des plus belles découvertes dues au génie de l'homme. C'est d'après la tendance des deux fluides à suivre les corps conducteurs, et d'après la propriété qu'ont les pointes de les soutirer, que Franklin a conçu l'idée des appareils destinés, en favorisant la transmission de l'électricité des nuages au réservoir commun, à préserver de leurs effets foudroyants. Ce fut le 10 mai 1752, que l'homme osa tirer volontairement les premières étincelles de la foudre, et cet honneur est dû à Dalibard, savant français, qui construisit à Marly, près Paris, un appareil presque semblable à celui que Franklin avait indiqué, et qui consistait en une cabane, au-dessus de laquelle était fixée une barre de fer de quarante pieds de longueur, et isolée dans sa partie inférieure. Cette expérience connue, on voulut la répéter; on crut qu'il n'était pas absolument indispensable de ne point communiquer directement à la barre, quelle que fût l'intensité de l'électricité des nuages, et Richmanu fut victime, à Pétersbourg, de cette erreur de physique. L'inexactitude de la théorie faillit aussi enlever à la science, à la philosophie et à la liberté, celui dont le génie semblait créer des prodiges, et qui, par une sublime application des connaissances physiques, nous apprit à braver le plus redoutable des phénomènes de la nature. Franklin, en Amérique, imagina de tirer l'électricité des nuages, au moyen d'un cerf-volant dont il tenait la corde entre ses mains. Sa joie fut extrême quand, après une légère pluie, cette corde ayant acquis une faculté conductrice, il réussit à en tirer des étincelles; mais le danger eût été imminent si la corde eût été mouillée davantage, et s'il se fut développé une plus forte dose d'électricité. Romas, en France, exécutant, en 1759, la même expérience, mais en donnant à son appareil toute la perfection que suggère une prudence éclairée, réussit à faire jaillir, pendant des heures eutières, des jets de feu de plus de trois mètres de longueur, et qui faisaient un bruit analogue à des coups de pistolet. Sa Lettre à Nollet contient les détails d'un spectacle terrible et majestueux, dont il fut témoin dans ses expériences.

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