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n'est plâtré; point de beau froment, s'il n'est précédé d'un beau trèfle. Le gypse fait son plus grand effet la première année; mais la seconde, il offre encore des récoltes très-riches. On peut le semer au printemps, pendant le courant de l'été, et en automne. Il est singulièrement propre à réveiller les trèflières et les luzernes éteintes. On sème communément autant de mesures de gypse que d'avoine.

Les fumiers de cheval et de mouton font la base des engrais nécessaires aux terres fortes et froides, argileuses, glaiseuses, humides, etc. Les fumiers de bœuf et de vache, auxquels on joint celui de cochon, forment un bon engrais froid, qui convient aux terres légères, sablonneuses, sèches, marneuses, etc.; il est possible de grossir la masse de cet engrais, en joignant à la litière de ces animaux une partie des feuilles dont on doit s'approvisionner pendant l'automne. Ces feuilles, imprégnées de fientes et d'urines, amoncelées et fermentées ensemble, produisent un excellent engrais froid. On peut profiter encore de la ressource des mauvais foins et fourrages gâtés, qu'on emploiera de préférence au chaume. Les marcs de bière et de pomme; le limou des fossés, des étangs, des mares de bois; les gazons des marais fangeux, qu'on fait pourrir, sont encore des ressources qui suppléent aux fumiers, ainsi que la braise des fours à chaux, à plâtre, à cuire le pain, le poussier des charbonnières et des bateaux, objets qui entretiennent l'humidité pendant de longues années, et excitent beaucoup la végétation; ils sont de plus d'une importance majeure pour les terres les moins susceptibles d'humidité.

ÉCONOMIE POLITIQUE. Les économistes, qui calculent l'action des subsistances sur la population des États, et qui recherchent avec soin tout ce qui peut accroître la richesse publique, ne doivent point dédaigner l'examen des questions, humbles en apparence, mais réellement très-importantes, de la science agronomique. Ils y rencontreront parfois la solution de plus d'un probleme épineux. Il faut insister sur la nécessité de ne laisser se perdre aucune parcelle d'engrais, de les multiplier, de les soumettre à un judicieux emploi. La somme des engrais négligés et perdus, en France, est incalculable; les engrais liquides, si énergiques, si utilement répandus en Angleterre et en Suisse, non's sont inconnus. Nous jetons au hasard les animaux morts, nous en infectons les campagnes, lorsqu'il serait facile d'en tirer un grand parti, comme l'a démontré M. Payen. Les substances minérales enfin, marnes, plâtres, etc., répandues

par la nature avec une si riche profusion, gisent souvent ignorées sous le champ mème qu'elles fertiliseraient par un judicieux mélange. De là, la nécessité d'éclairer notre agriculture et nos agriculteurs du plus humble degré, nécessité qu'il faut démontrer partout où cette démonstration peut trouver sa place, sur tous les tons, sous toutes les formes, jusqu'à ce qu'elle soit comprise et qu'on s'y soit soumis.

ÉNIGME. BELLES-LETTRES. C'était, chez les anciens, une sentence mystérieuse, une proposition qu'on donnait à deviner, mais qu'on cachait sous des termes obscurs, et le plus souvent contradictoires en apparence. L'énigme, parmi les modernes, est un petit ouvrage ordinairement en vers, où, sans nommer une chose, on la décrit par ses causes, ses effets et ses propriétés, mais sous des termes et des idées équivoques, pour exciter l'esprit à la déconvrir. Souvent l'énigme est une suite de comparaisons qui caractérisent une chose, par des noms tirés de plusieurs sujets différents entre eux, qui ressemblent à celui de l'énigme, chacun à sa manière, par des rapports particuliers.

ENNUI. PHILOSOPHIE, MORALE. Langueur d'esprit; dégoût accablant de la position dans laquelle on se trouve. Nous éprouvons nécessairement cet état fàcheux, si notre âme n'est intéressée par aucun sentiment qui la remplisse; si nos sens ne sont occupés de rien d'agréable, ou s'ils sont livrés à l'oisiveté; si notre esprit languit dans l'inertie, ou si nous sommes contraints de vivre absents d'un objet essentiel à notre existence. L'ennui naît encore de la trop fréquente habitude d'une même chose, Laquelle, ayant cessé de nous offrir un attrait qui nous avait charmé, se dénature insensiblement à nos yeux, et n'est plus pour nous qu'un poids fatigant. L'état d'inertie répugne aussi à tout ce qui fait partie de l'espèce humaine: il faut une occupation à notre esprit, à notre cœur, à nos sens, et que cette occupation soit de leur choix, ou du moins conforme à leurs desirs.

Une des plus grandes sources de malheur, a dit un écrivain judicieux, pour ceux que la nature et la fortune semblent avoir voulu mettre hors des limites de la misère commune, c'est l'ennui, cette espèce d'atonie de l'âme, cette cessation de sentiment et de vie, qui naît de l'inutilité de tout besoin d'efforts, et par qui la justice divine semble avoir tellement compensé les dons de l'aveugle fortune, qu'on peut douter peut-être que l'homme le plus pauvre ne soit pas plus heureux que celui qui possède une fortune immense.

La mort est la cessation des mouvements du cœur, l'ennui en est le ralentissement; c'est la lassitude de l'âme, suite inévitable de l'excès de son activité. La Providence, qui a créé le sommeil pour reposer l'épuisement de nos forces, a créé en même temps l'ennui pour reposer l'épuisement de nos sensations: c'est en vain; l'homme ne cède qu'à l'extrémité à cet état réparateur; il repousse le repos comme il repousse un ennemi; il se livre avec transport à tout ce qu'il croit pouvoir exciter son activité et lui donner du mouvement ou de nouvelles sensations.

L'ennui est, dans l'univers, un ressort plus général et plus puissant qu'on ne l'imagine.. De toutes les douleurs, c'est sans contredit la moindre; mais enfin c'en est une. Le désir du bonheur nous fera toujours regarder l'absence du plaisir comme un mal. Nous voudrions que l'intervalle nécessaire qui sépare les plaisirs vifs, toujours attachés à la satisfaction des besoins physiques, fût rempli par quelques-unes de ces sensations qui sont toujours agréables lorsqu'elles ne sont pas douloureuses. Nous souhaiterions donc, par des impressions toujours nouvelles, être à chaque instant averti de notre existence, parce que chacun de ces avertissements est pour nous un plaisir. Voilà pourquoi le sauvage, dès qu'il a satisfait ses besoins, court au bord d'un ruisseau, où la succession rapide des flots qui se poussent l'un l'autre font à chaque instant sur lui des impressions nouvelles; voilà pourquoi nous préférons la vue des objets en mouvement à celle des objets en repos; voilà pourquoi l'on dit proverbialement, le feu fait compagnie, c'est-à-dire qu'il nous arrache à l'ennui.

Pour connaître encore mieux tout ce que peut sur nous la haine de l'ennui, et quelle est quelquefois l'activité de ce principe, qu'on jette sur les hommes un œil observateur, et l'on sentira que c'est la crainte de l'ennui qui fait agir et penser la plupart d'entre eux; que c'est pour s'arracher à l'ennui qu'on risque de recevoir des impressions trop fortes, et par conséquent désagréables; que les hommes recherchent avec le plus grand empressement tout ce qui peut les remuer fortement ; que c'est ce désir qui fait courir le peuple aux exécutions, les gens du monde au théatre; que c'est ce même motif qui, dans une dévotion triste et jusque ,dans les exercices austères de la pénitence, fait souvent chercher aux vieilles femmes un remède à l'ennui.

Dans les cours, autour du trône, c'est la crainte de l'ennui jointe au plus faible degré d'ambition, qui fait des courtisans oisifs de petits ambitieux,

qui leur fait concevoir de petits désirs, leur fait faire de petites intrigues, de petites cabales, de petits crimes, pour obtenir de petites places proportionnées à la petitesse de leurs passions; qui fait des Séjan et jamais des Octave; mais qui, d'ailleurs, suffit pour s'élever jusqu'à ces postes où l'on jouit à la vérité du privilége d'être insolent, mais où l'on cherche en vain un abri contre l'ennui.

Il y a deux moyens d'éviter l'ennui: sentir et penser. Mais comme il est rare et comme impossible de pouvoir toujours remplir l'âme par la seule méditation, et qu'il est quelquefois dangereux de se livrer aux passions qui nous affectent, cherchons contre l'ennui un remède particulier, à portée de tout le monde, et qui n'entraîne aucun inconvénient ce sera celui des travaux du corps, réunis à la culture de l'esprit, par l'exécution d'un plan bien concerté, que chacun peut former et remplir de bonne heure, suivant son rang, sa position, son âge, son sexe, son caractère et ses talents. Vivre avec les gens qu'on aime, s'occuper des fonctions de son état, ou, si l'on n'est pas occupé, se prescrire un travail suivi; choisir d'ailleurs un genre de vie qui puisse être de quelque utilité pour autrui ou pour soi, voilà les moyens de prévenir toujours l'ennui. Savoir le prévenir, c'est éviter un des maux les plus insoutenables, et dont l'effet est le plus propre à conduire à tous les vices.

ENTÊTEMENT. PHILOSOPHIE, MORALE. Attachement obstiné à son opinion, à ses sentiments, qui rend insensible aux raisons de ceux qui veulent nous persuader le contraire. L'entètement naît de l'amour-propre, c'est-à-dire de la trop bonne opinion qu'on a de soi-même, ou d'un défaut de capacité dans l'esprit, quelquefois aussi d'une dialectique vicieuse.

ENTHOUSIASME. PHILOSOPH., мOR. Transport qui s'empare de l'âme, la maîtrise et la met hors de sa situation ordinaire. De là cette chaleur dans le sentiment qu'imprime l'enthousiasme, cette vivacité, ce feu dans le discours, qui s'applique à le peindre, à le faire connaître, à exciter l'admiration, à la communiquer. S'il n'appartient qu'au beau moral et au beau physique, supérieurement déterminés, de produire l'enthousiasme, encore, pour en être affecté, faut-il avoir en partage une âme assez élevée pour appécier et pour saisir la juste valeur du beau.

L'enthousiasme est un sentiment noble et généreux, qui ne se fait sentir que dans un petit nombre d'âmes privilégiées de la nature. Impalpable dans ses formes, son passage est brûlant; et, s'il

laisse une trace, c'est une trace légère, mais vive, dont le trait extatique peut, pour un moment, faire oublier la vie. Son entrée dans le cœur est brusque et inattendue; sa présence appelle le trouble; son souvenir a quelque chose de calme, qui semble préparé pour réparer une agitation désordonnée qui eût pu compromettre le système organique.

.

L'enthousiasme est un sentiment exalté; il est précédé de tout ce que l'âme peut sentir de généreux et d'élevé. Détaché de ce qui est ordinaire, il termine d'ailleurs ce qui tient à un sentiment ou à une manière d'être que les événements ont préparée.

Le bien est le propre d'une âme qu'a échauffée la contemplation de l'univers, et uu sentiment exact de tout ce qui existe : l'enthousiasme, en sortant d'une source plus élevée, semble un point de contact entre ce qui existe et ce qui n'est point périssable. C'est, à bien dire, une émauation de la vie, mais plus active que le principe de cette existence; son objet est ce qui est supérieur à la vie; cet objet est sans terme, il comprend tout. Ce qui est bien est son commencement, ce qui est sublime est sa manière d'être. Mais tous les hommes ne sont point propres à recevoir cette active chaleur de l'enthousiasme. Les supputations du raisonnement n'y conduisent pas; les spéculations de l'esprit ne suffisent pas pour la reconnaître; les élans de l'imagination y arrivent à peine, et son foyer semble être fixé à un sejour plus noble. C'est du cœur que s'échappe cette flamme; c'est sur elle-même qu'elle se replie, et c'est en tourbillonnant autour du siége de la vie et de la pensée qu'elle acquiert ce degré d'intensité qui la produit au-dehors. Son élan est prompt; le premier objet qui se présente a servi son impatience. Alors, comme un feu qui s'empare d'une matière combustible, il se produit, pour le cœur, sous des formes impalpables, qui remplis sent l'âme d'une substance légère et appropriée à

sa nature.

ENTOMOLOGIE. HISTOIRE NATURELLE. Science qui traite particulièrement des insectes.

ENTREPOTS. ÉCONOMIE POLITIQUE. Magasins publics où sont déposées les marchandises sujettes à des droits, jusqu'à ce que ces droits aient été acquittés. On nomme aussi vulgairement entrepôts les places situées dans des conditions assez favorables pour que les produits de l'industrie rurale et manufacturière, y étant déposés, soient plus à la portée des consommateurs.

L'entrepôt est réel, quand le versement a lieu dans

les magasins publics; il est fictif, quand le versement se fait dans les magasins du commerçant, sous la condition de représenter à toute réquisition, aux agents du fisc, les produits entreposés, ou de payer l'impôt de ceux qu'il ne peut représenter.

L'objet de l'un et de l'autre entrepôt est de n'exiger les taxes assises sur les produits entreposés, que lorsqu'ils sortent de l'entrepôt pour être livrés à la consommation, et de les exempter de tout impôt quand ils sont réexportés.

Il est démontré, pour tous les esprits attentifs, que le droit frappé sur une marchandise étrangère, à son entrée sur le territoire, retombe, en définitive, sur le consommateur. La vente ne s'opère pas toujours à l'arrivée du produit; elle peut être retardée par une multitude de causes, et si la taxe a été exigée sur-le-champ, l'intérêt de cette taxe s'accroît de jour en jour, et renchérit d'autant le produit, ou diminue d'autant les bénéfices du vendeur. Le fisc, en cette circonstance, a fait preuve d'une notable condescendance, en permettant à l'importateur de déposer les marchandises en lieu déterminé et sous bonne garde, et de n'acquitter les droits qu'au moment de la vente. De là les entrepôts dans les villes maritimes et de frontières; c'est ainsi qu'une partie des dommages, inutilement occasionnés par des lois restrictives, se trouvent adoucis.

Cet adoucissement a conduit à un autre, qui, lui-même, sera certainement suivi de plusieurs, car nous avons une foi très-robuste dans la puissance de la raison. Le négociant qui achète par masses, pour mettre à la portée des détaillants chargés de distribuer les produits aux consommateurs ; le négociant, disons-nous, ne vend pas toujours à son arrivée à Paris, par exemple, ce qu'il vient d'acheter au Havre. Autant de jours de retard, autant d'intérêt de la somme acquittée en droits de douane à ajouter au prix d'achat; pourquoi l'acquittement de ces droits, déjà retardé jusqu'à la première vente, ne le serait-il point aussi jusqu'à la seconde? Les marchandises, ainsi mises à la portée des consommateurs, mieux connues, mieux choisies, n'auraient-elles pas la chance d'être plus rapidement écoulées ? Pourquoi multiplier les déplacements couteux, les pertes d'un temps précieux pour tout le monde, plus précieux peut-être pour le négociant? Ces considérations ont amené l'établissement des entrepôts dans les villes de l'intérieur, où les taxes ne s'acquittent, pour ainsi dire, qu'au moment de la consommation des produits. Les avantages réels de cette mesure sont d'une évidence palpable; cependant ce n'est que depuis 1832 que la question des entrepôts intérieurs a

été résolue selon les véritables principes. La lutte a été vive contre les efforts de l'intérêt local, contre les ports de mer, contre les sophismes de l'ignorance. Le parti opposé aux entrepôts de l'intérieur ne s'est pas montré moins âpre, moins éloquent surtout dans ses doléances, que ne le sont, en cas semblable, les manufacturiers monopoleurs, si célèbres en fait de plaintes pathétiques : « Tout allait être perdu. On verrait la population des villes maritimes réduite à la plus affreuse misère. On tendait vers la tribune et le trône des mains suppliantes. La France en larmes... etc., etc. » Cette fois, le bon sens a prévalu sur les déclamations. La consommation devenant plus active et plus considérable à la moindre diminution dans le prix des marchandises, les ports de mer auront plus de travail. La prospérité générale séchera toutes ces larmes, et bien d'autres encore qui se préparent à couler par torrents.

ENTREPRENEURS D'INDUSTRIE. ÉCONOMIE POLITIQUE. Tous les frais qu'a coûtés un produit, c'est-à-dire l'intérêt des capitaux engagés, l'achat des marchandises premières, le salaire des services consommés, les taxes de toute nature, les pertes éventuelles, etc., se résument dans le prix d'acquisition d'une épingle, comme dans celui d'un vase de vermeil. Ces prix représentent donc les avances qu'a dû faire un travailleur en chef jusqu'au moment où le produit est mis en vente. Ce chef d'un grand atelier est l'entrepreneur d'industrie; il a rassemblé des matériaux, il a loué ou acheté un terrain, construit des bâtiments, monté des outils et des machines, réuni, payé, gouverné des ouvriers, couru des risques, multiplié les soins et les démarches: un salaire, à lui aussi, lui est légitimement dû.

Il est une classe de philanthropes qui, émus d'une pitié assurément fort respectable, mais peu réfléchie, se prennent à l'entrepreneur de la détresse des ouvriers, et poussent ceux-ci à faire la loi à leur chef, à le quitter même, à le laisser s'arranger tout seul : « Que ferait-il sans vous ? Rien, bien sûr; mais, à votre tour: Que feraient-ils sans lui? »

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Les entrepreneurs, les patrons, si une coalition d'ouvriers se lève contre eux, et les condamne, comme on dit en style d'atelier, courent tout au plus le risque de faire faillite; leur infortune retombe en majeure partie sur les créanciers et ayant-cause, qui, perdant beaucoup, n'en consommeront pas plus, et n'en feront pas mieux aller les affaires. Et les ouvriers? Ils iront trouver un

Bien; mais cet autre patron n'a

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autre patron. t-il pas son monde? Une coalition semblable l'a ruiné ou doit le ruiner.—Que les ouvriers fabriquent à leur tour! Et des capitaux, et des matières premières, et les connaissances requises, et les correspondances, et l'étude des goûts si changeants des consommateurs, et les agents pour placer les produits au-dehors ! C'est exactement comme si vous disiez à un pauvre homme qui n'a pas de pain de manger des pâtisseries.

L'entrepreneur est aussi utile à l'industrie que l'ouvrier lui-même. Il est le premier, le plus indispensable des ouvriers; c'est lui le plus exposé. Il lui faut une plus grande dose d'intelligence. It est le moteur; eux sont les rouages. S'il s'enrichit, ce n'est pas à leurs dépens; il doit sa prospérité à son travail, à son adresse, à son activité, au bonheur des circonstances; il n'est même pas libre de diminuer ou d'augmenter leur salaire à son caprice (voyez SALAIRE ). Leur détresse n'est point son ouvrage; elle tient à des causes dont il souffre tout le premier (voyez OUVRIERS ). Cette détresse est l'effet de mille causes différentes, que la science économique s'applique à révéler et à combattre. Ameuter l'ouvrier contre l'entrepreneur, c'est simplement accroître la détresse de l'ouvrier, et ruiner l'entrepreneur par compensation.

Il est vrai que l'entrepreneur fait quelquefois fortune; pas toujours, notez bien! Car combien se perdent, et en perdent d'autres à force de témérité et d'ignorance! Ceux qui prospèrent peuvent se jeter dans un luxe fort insolent, en présence des malheureux qui souffrent ; mais qu'y faire ? Ceci est une question de morale, et non d'industrie ou d'économie publique. Cette classe n'est pas la seule, j'imagine, dans laquelle on puisse signaler d'extravagantes profusions. Qu'on leur prêche donc la modération; qu'on attendrisse leur cœur par des paroles éloquentes et par le spectacle de la détresse qui les entoure; mais prêchons aussi l'ouvrier: peut-être nos bienveillants conseils d'ordre et d'économie lui seront-ils plus directement utiles que des déclamations contre son maître.

On ne saurait trop insister, dans ces temps de concurrence et de liberté progressive, et surtout de paroles étourdies, sur les services que rendent à la société les entrepreneurs d'industrie, sur les innombrables difficultés qui les attendent, et sur la nécessité de faire un sérieux apprentissage avant de se jeter dans leur aventureuse carrière.

L'entrepreneur doit parfaitement connaître le produit qu'il se propose de confectionner, les matières qui le composeront, et tous les procédés de

fabrication. Il lui faut prévoir toutes les chances, se livrer avec habileté à des calculs infinis; il lui faut un esprit ferme, hardi, patient, persévérant. Réparer les pertes n'est pas le plus difficile, mais bien ne pas se laisser éblouir par de premiers succès. Les inventions, les perfectionnements, les achats, les ventes à propos et à gens solvables, les nouveaux débouchés, la direction des commis, le commandement d'une armée d'ouvriers, la confiance des bailleurs de fonds à soutenir: tout cela ne demandeil pas une grande sagacité, des dispositions toutes spéciales? Si la fortune vient sourire aux travaux de l'entrepreneur, il ne faut point que cela surprenne, car le nombre est limité sans cesse par la difficulté de réunir les deux conditions que cette profession réclame : capacité et capitaux. Seulement il faut se tenir en garde contre la disposition que manifestent ordinairement les entrepreneurs d'industrie, à demander des priviléges, des monopoles, deguisés avec adresse sous le nom d'encouragements pour l'industrie.

ÉNUMÉRATION. BELLES-LETTRES. Figure de rhétorique, qui consiste à parcourir les parties d'un tout, les principales circonstances d'un fait, ou à diviser un tout en ses parties. Cette figure est surtout admirable en poésie, parce qu'elle rassemble, daus un langage harmonieux, les traits les plus frappants d'un objet qu'on veut dépeindre, afin de persuader, d'émouvoir et d'entraîner l'esprit, sans lui donner le temps de se reconnaître.

ENVIE. PHILOSOPHIE, MORALE. Désir d'avoir, d'acquérir ce dont jouit une autre personne; sentiment qui fait naître en nous le chagrin de voir posséder par un autre un bien que nous désirons. L'envie est une passion triste, qui devient le tourment de ceux qu'elle possède et de ceux qu'elle attaque. En général, l'envie a quelque chose de bas; car d'ordinaire cette sombre rivale du mérite ne cherche qu'à le rabaisser, au lieu de tâcher de s'élever jusqu'à lui: froide et sévère sur les vertus d'autrui, elle les nie, ou leur refuse les louanges qui leur sont dues. Les objets qui donnent le plus de satisfaction aux hommes bien nés, causent à l'envieux les plus vifs déplaisirs ; les bonnes qualités de ceux de son espèce lui deviennent amères; la jeunesse, la beauté, la valeur, les talents, le savoir, etc., excitent sa douleur.

Lorsque l'envie se joint à la haine, toutes deux se fortifient l'une l'autre ; ces deux passions ne sont reconnaissables entre elles, qu'en ce que la dernière s'attache à la personne, et la première à l'état, à la condition, aux avantages, aux lumières et au gé

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nie. Toutes deux multiplient les objets, et les rendent plus grands qu'ils ne sont; mais l'envie est un vice pusillaņime, plus digne de mépris que de ressentiment, dont les ressources se bornent à mettre en évidence les petites taches, les légers défauts, dont ne sont pas exemptes les personnes les plus illustres. Voyez ÉMULATION.

ÉPACTE. ASTRONOMIE. Nombre de jours dont l'année solaire commune surpasse l'année lunaire. Cenombre est de près de 11 jours pour un an ; ces II jours sont l'épacte de la 2o année : la différence de la 3o année est de 22 jours; celle de la 4o, de 33. On forme de ce nombre un mois intercalaire, en retranchant trois unités, qui sont l'épacte de la 4 année. Celle de la 5 est 14; de la 6°, 25. La en donnant 36, on en retranche 6 pour ajouter à 11, ce qui donne 17, et ainsi de suite.

Le cycle des épactes expire avec le Nombre d'or, on le cycle lunaire de 19 ans, et il recommence dans le même temps. Les valeurs de l'épacte correspondantes à chaque Nombre d'or s'expriment ainsi :

NOMBRE D'OR : I - II - III — IV — V-VIÉPACTES: —0—1—22 314 — 25

VII-VIII – IX — X — XI — XII — XIII

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-XV-XVI — XVII

17

289- -20

4 15

26

12

XVIII-XIX.

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18.

XIV 23 Cette correspondance doit changer avec les siècles: de 1900 à 2100, il faudra ôter 1 à chaque épacte; 13 répondra au nombre d'or IV, 16 à VII, etc., la période de 19 ans n'étant pas rigoureusement exacte. Il faudra aussi chauger cette correspondance tous les 300 aus.

Les épactes servent à indiquer, pendant toute l'année, le jour de la nouvelle lune.

ÉPANORTHOSE. BELLES LETTRES. Figure de rhétorique,par laquelle l'orateur rétracte ou corrige quelque chose de ce qu'il a déjà avancé, et qui lui paraît trop faible: il y ajoute quelque chose de plus énergique et de plus conforme à la passion qui l'occupe ou le transporte.

ÉPHÉMÉRIDES. ASTRONOMIE. Recueil périodique de tables à l'usage des astronomes et des navigateurs, qui contiennent, jour par jour, les calculs des lieux des corps célestes et de leurs mouvements. Les meilleures éphémérides connues sont la Connaissance des Temps, que publie le Bureau des Longitudes de Paris, et l'Almanach nautique, publié à Londres: ces deux ouvrages paraissent tous les aus. Ces éphémèrides fournissent à l'astro

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