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loppement prodigieux qu'a acquis la culture de certaines plantes alimentaires, inconnues avant la découverte de l'Amérique, la rapidité des moyens actuels de transport par eau et par terre, out rendu les famines impossibles. Les peuples modernes peuvent encore, sur quelques points, souffrir de la disette des céréales, quand des luttes armées surgissent et ravagent glorieusement les campagnes, quand les législations apportent des entraves au Jibre commerce des grains; mais ce qui est consolant à dire, et ce qui est hors de toute discussion, c'est que, chez les nations civilisées, des provinces entières ne mourront plus de faim, comme dans les siècles de barbarie.

On s'est livré à des études fort savantes sur les approvisionnements; des controverses très-vives se sont élevées à ce sujet, mais elles avaient en vue l'abondance des moyens d'alimentation, plutôt que leur absence totale; et s'il est prudent de parer aux variations trop brusques dans le prix des céréales, de prévoir l'effet d'un siége prolongé, d'une guerre générale, d'une navigation longue et malheureuse, il parait superflu d'entasser, de thésauriser des subsistances, partout où le commerce peut en trois semaines faire disparaître toutes les causes d'inquiétude. Voyez GRAINS.

FANATISME. PHILOSOPHIE, MORALE. Zèle aveugle et passionné, qui fait commettre des actions injustes et cruelles, non-seulement sans honte et sans remords, mais encore avec une sorte de joie et de consolation. La vérité, la religion, l'amitié, l'amour de la patrie ont leurs fanatiques. Le fanatisme religieux est un délire qui naît de la superstition; le fanatisme politique naît de la persécution ou du désir exagéré de faire triompher son parti ou son opinion.

Le fanatisme porte naturellement à des résolutions extrêmes. Il a sa source dans le tempérament, dans un caractère présomptueux et hardi. Les hommes à imagination forte et les mélancoliques y sont naturellement portés; et l'on remarque que l'esprit n'a pas toujours assez de force pour nous en préserver, puisque tant de grands hommes n'ont pu s'en garantir.

FANTAISIE. PHILOSOPHIE, MORALE. Goût passager; passion d'un moment, qui n'a sa source que dans l'imagination. Cette passion promet à ceux qu'elle occupe, non un grand bien, mais une jouissance agréable; elle s'exagère moins le mérite que l'agrément de son objet : elle en désire moins la possession que l'usage. C'est la ressource d'un instant

contre l'ennui, qui suspend les passions sans les détruire. Les hommes qui ont plus d'imagination que de bon sens sont esclaves de mille fantaisies; elles naissent du désœuvrement, dans un état où la fortune a donné plus qu'il ne faut à la nature, où les désirs ont été satisfaits aussitôt que conçus : elles tyrannisent les hommes indécis sur le genre d'occupations, de devoirs, d'amusements qui conviennent à leur état et à leur caractère; elles tyrannisent surtout les âmes faibles, qui sentent par imitation.

FARCE. BELLES-LETTRES. Espèce de bas comique, où toutes les règles de la vraisemblance, de la bienséance et du bon sens sont également violées.

L'exemple des anciens, qui faisaient toujours succéder des mimes aux représentations des tragédies et des comédies, est peut-être ce qui a donné lieu à l'établissement des farces parmi nous. Le caractère des Français, plus porté en général à l'enjouement qu'au sérieux, a fait sentir aux auteurs dramatiques la nécessité de distraire les spectateurs de la tristesse du tragique par une farce ou pièce mimique, dont l'unique objet est d'amuser et de faire rire.

Le but de la farce est de critiquer les vices par les traits les plus chargés et les plus risibles; mais les idées, pour être comiques, n'en doivent être ni basses, ni grossières; elles doivent toujours tenir à une action simple ou vraisemblable.

Depuis le commencement du XIXe siècle, les petites comédies en un acte ont remplacé les farces sur nos grands théâtres. Ce genre de spectacle est aujourd'hui relégué aux théâtres secondaires des boulevards.

FATUITÉ. PHILOSOPHIE, MORALE. Défaut ou plutôt vice de caractère et d'éducation d'un homme qui ne fait rien par goût, qui n'agit que par ostentation, et qui, en voulant s'élever au-dessus des autres, descend presque toujours au-dessous de lui-même.

Le fat est une espèce de sot vain et maniéré, qui, par son ton, son assurance, affecte beaucoup plus de mérite et d'esprit qu'il n'en possède réellement, et qui n'en a que pour imposer à des sots.

FAUNE. HISTOIRE NATURELLE. On donne le nom de faune aux ouvrages d'histoire naturelle destinés à présenter l'énumération des animaux d'un pays.

FAUSSETÉ. PHILOSOPHIE, MORALE. Imposture naturelle qui engage à feindre les sentiments qu'on n'a.pas. Témoigner de l'attachement à ceux qu'on déteste, louer des choses qu'on méprise, faire pa

raitre un grand amour pour la vertu quand on n'aime que le vice, c'est avoir le cœur faux. La fausseté prend sa source dans l'amour-propre, dans l'ambition et quelquefois dans la timidité.

FAVEUR. PHILOSOPHIE, MORALE. Bienveillance ou complaisance gratuite d'un supérieur pour un inférieur; action que l'on fait pour plaire à quelqu'un, pour lui rendre service.

Faveur se dit, par extension, des complaisances qu'ont les femmes pour les hommes, en matière de galanterie.

FELD-SPATH. Voyez PIERRES Précieuses.

FÉLICITATION. PHILOSOPHIE, MORALE. Démonstration de joie exprimée par écrit, ou verbalement, à l'occasion du succès d'autrui. C'est une manière de persuader à une personne quelconque qu'on prend beaucoup de part aux choses heureuses qu'elle éprouve. Bien souvent la félicitation n'est qu'un cérémonial de politesse, réglé par les usages du monde; et telles gens félicitent en termes très-flatteurs, qui sont au fond de l'âme fort contristés et fort aigris de tout avantage qui ne leur est pas personnel.

FÉLICITÉ. PHILOSOPHIE, MORALE. Jouissance intime d'événements heureux qui se succèdent; état permanent, du moins pour quelque temps, d'une âme contente.

Tout sentiment de peine est inséparable du désir de s'en délivrer; toute idée de plaisir est inséparable du désir d'en jouir : tout désir suppose privation; et toutes les privations qu'on sent, sont pénibles. C'est donc dans la disproportion de nos désirs et de nos facultés, que consiste notre misère. Un être sensible, dont les facultés égaleraient les désirs, serait un être absolument heureux. Voyez BONHEUR.

FEMME. PHILOSOPHIE, MORALE. Être donné à l'homme pour partager ses travaux, adoucir sa douleur, doubler ses jouissances et embellir sa vie; le plus bel œuvre de Dieu, le second créateur de l'homme, l'appui de ses premiers pas, le protecteur de son enfance, le consolateur de sa vie.

En tout ce qui ne tient pas au sexe, la femme est homme elle a les mêmes organes, les mêmes besoins, les mêmes facultés; la machine est construite de la même manière, les pièces en sont les mêmes, le jeu de l'une est celui de l'autre, la figure est semblable; et, sous quelque rapport qu'on les considère, ils ne different entre eux que du plus au

moins. En tout ce qui tient au sexe, la femme et l'homme ont partout des rapports, et partout des différences la difficulté de les comparer vient de celle de déterminer, dans la constitution de l'une et de l'autre, ce qui est du sexe et ce qui n'en est pas. Ces rapports et ces différences doivent influer et influent nécessairement sur le moral, et montrent la vanité des disputes sur la préférence et l'inégalité des sexes.

Outre la différence des organes sexuels, la femme présente d'autres caractères qui la distinguent de l'homme sa stature est généralement moins élevée, mais sa taille est plus légère et plus élégante; sa tête est proportionnellement moins volumineuse, sa poitrine plus étroite, son bassin beaucoup plus large; sa peau est remarquable par sa blancheur, sa finesse, son éclat, sa souplesse et sa douceur; ses épaules, son sein, et généralement tous ses membres, offrent des contours souples et arrondis et des formes gracieuses, qui sont l'apanage de ce sexe chez la plupart des peuples, et surtout chez les nations placées dans les climats tempérés. Plus de grâce et de souplesse dans les mouvements, la douce expression du regard, l'accent enchanteur d'une voix moins grave et plus sonore, un irrésistible attrait d'abandon et de faiblesse qui demande un appui tels sont les caractères principaux auxquels l'homme, dès le premier aspect, reconnaît la céleste compagne qui doit partager avec lui les plaisirs et les peines de la vie.

Les femmes paraissent arriver plus tôt que les hommes à leur véritable état de perfection. Leur accroissement étant moindre que celui de l'homme, doit être et est en effet beaucoup plus prompt: à vingt ans, elles ont acquis tous leurs charmes; elles sont à cet age tout ce qu'elles peuvent espérer d'étre. Conservant long-temps les contours arrondis de l'enfance, les femmes doivent en partie la douceur de leurs traits et le charme de leurs formes aux systèmes cellulaire et lymphatique, qui donnent à leur peau la souplesse et l'éclatante blancheur qui la caractérisent. Chez elles, le système musculaire est peu développé : aussi ne sont-elles pas destinées à partager les pénibles travaux de la campagne et les fatigues de la guerre. Leur voix, d'une octave plus aiguë que celle de l'homme, est d'un timbre plus agréable. Doués d'un système nerveux prédominant, leurs sens ont une finesse extrême; elles jouissent d'un sensibilité exquise, qui rend leurs sensations plus multipliées, plus vives et plus rapides, mais d'une courte durée, parce qu'une impression en efface bientôt une autre. Le système sanguin n'a pas chez les femmes autant

d'énergie qu'il en présente chez les hommes. Il est bien rare aussi d'observer chez elles la constitution bilieuse nées pour éprouver et pour faire naître tous les sentiments tendres, toutes les affections douces, elles devaient être exemptes des habitudes graves et des passions tristes et concentrées qui appartiennent à ce tempérament. L'amour, et la jalousie qui en naît souvent, sont les passions les plus violentes qui assiégent le cœur des femmes; passions auxquelles il faut ajouter l'amour maternel, qu'elles portent jusqu'au dévouement le plus grand, souvent même jusqu'à l'héroïsme.

La femme tient évidemment de son organisation une constitution en tout plus délicate que la nôtre; quelque modification que d'ailleurs elle puisse recevoir du climat, de l'éducation, de la manière de vivre, de l'exercice, elle porte toujours essentiellement avec elle le caractère d'un degré de force inférieur à celui de l'homme.

Dans le cours des premières années, les deux sexes paraissent se confondre sous quelques-uns de leurs rapports extérieurs; mais cette trompeuse ressemblance s'évanouit à l'instant même où la nature révèle à chacun le secret de sa destination. Les deux individus se séparent, et se distinguent par des oppositions frappantes, par des contrastes aussi prononcés que le sont ceux de leurs goûts et de leurs penchants. Ainsi l'homme achève de perdre en peu de temps ces formes primitives qui paraissent lui être communes avec la femme: tandis que, pour celles-ci, on les voit, en continuant de se développer, se coordonner entre elles d'une manière ravissante: toutes ces formes semblent ne tendre qu'à ce but unique d'attraits, de beauté, dont la femme est essentiellement douée, et qui, selon le vœu de la nature, est un de ses premiers attributs.

La sûreté, la finesse de cette faculté de l'esprit à laquelle nous donnons par excellence le nom de tact, cette excessive sensibilité dont la femme est douée ne sont dues, comme il est important de le rappeler, qu'à la faiblesse même de son organisation. Il est rare que cette faculté la trompe jamais dans l'application même qu'elle doit en faire aux objets qui paraissent d'abord lui être les plus étrangers: elle possède au plus éminent degré tout ce qui tient au goût et au sentiment des convenances. Nous sommes obligés d'étudier long-temps dans ce genre ce qu'elle saisit sûrement au premier aspect. C'est à elle seule qu'il appartient de soigner cette partie de notre éducation. Ainsi, dans les relations les plus ordinaires de la société, un mot, un regard qui nous auront presque toujours échappé, ou dont nous n'aurons pas compris l'expression, lui ont

déjà fait connaître avec certitude ce que nous cherchons avec beaucoup de peine à entendre par nos seuls moyens, et le plus souvent sans aucun succès. Ne doutons point que ce ne soit à l'influence habituelle de ce goût si sûr, que les hommes qui ont le bon esprit d'en profiter, et qui passent pour les mieux élevés, doivent toute leur réputation.

Cet esprit naturel qui fait les délices de leur société, qui remplace quelquefois ce qu'elles ignorent,' et qui ajoute un nouveau prix à ce qu'elles savent, qui devine si juste tout ce qui ne se dit pas, et qui donne le sens qui lui plaît à ce qui se dit le mieux; cet esprit naturel est pour elles, au moral, ce que leur grâce en tout est au physique : l'un et l'autre sont de la même légèreté; ils exigent, dans les soins propres à les faire valoir, les mêmes ménagements. La timidité est une des particularités caractéristiques des femmes. Laissons-leur, sans tenter jamais de les en corriger, cette intéressante timidité, et jusqu'à ces petites frayeurs qu'il est si doux pour nous de calmer. Non, elles ne sont pas faites pour avoir notre courage, mais pour nous l'inspirer : il s'élève pour nous du sentiment de leur faiblesse, et de ce noble instinct qui nous porte sans cesse à nous rendre dignes d'ètre leur appui. C'est à elles qu'il appartient, après l'avoir fait naître, d'en couronner les généreux efforts. De toutes leurs qualités, celle qui s'allie le mieux à tous leurs charmes, est cette timidité, compague naturelle de la modestie, et de cette ravissante faiblesse dans laquelle seule elles prennent toute leur puissance. Jamais elles n'ont tant de force que lorsqu'elles savent y recourir. Quel serait l'homme assez barbare pour les repousser, soit qu'elles en implorent le secours, soit qu'elles veuillent en fléchir la colère; ou pour demeurer insensible à la touchante expression de leurs regards voilés de pleurs, au doux accent de leurs plaintes? Ah! c'est alors qu'il devient impossible de leur résister, et de ne pas partager tous les sentiments qui les agitent!

L'influence des femmes se porte sur tout ce qui tient pour nous à la gloire, de quelque geure qu'elle soit. Quoique nous ne nous en rendious pas compte dans chacun des instants où cette influence se fait sentir, pour peu que nous voulions réfléchir sur ce qui se passe en nous, il nous sera facile de reconnaître que le désir d'obtenir leurs suffrages se mêle toujours à nos désirs de succès. Quelque carrière que nous parcourions, c'est ce désir qui, à notre insu même, nous anime et nous soutient, et notre joie n'est parfaite qu'autant qu'elles applaudissent à nos succès. Soyons tous de bonne foi; savants, poètes, artistes, moralistes même, aux théâtres, aux lycées,

à la tribune, il n'en est pas un de nous qui n'ait ce désir de mériter leur approbation, et d'y trouver le premier dédommagement de ses veilles. C'est à nous de mériter la gloire; c'est à elles de nous en inspirer et d'en combler le désir.

Mais ces avantages de grâces, de goût, qu'elles nous apportent en dot, ne sont pas les seuls dont nous devious, pour elles et pour nous, remercier la nature. Elle ne s'est pas uniquement occupée de nos plaisirs, elle leur en a donné qui sont d'un plus grand prix encore, et qui doivent assurer notre bonheur. Sous ces charmes dont elle les a revêtues, elle a caché des qualités solides, qui souvent nous manquent elle a en même temps ajouté quelques degrés de plus, en perfection, à quelquesunes de celles qu'elles partagent avec nous. Tels sont cette sensibilité aux plus légères peines des autres; cette douce bienfaisance, qui semble être en elles un instinct nécessaire; cette grâce dans la manière d'obliger; cette attention à cacher le bienfait afin que rien ne puisse en diminuer le plaisir pour celui qui le reçoit; enfin ce sentiment exquis des égards les plus scrupuleux, même dans les plus petites choses. Non, la nature ne nous a trompés en rien de ce que nous pouvions attendre du soin qu'elle a mis à les former. Aux charmes de ces images que nous nous faisons des êtres célestes, elle a uni en elles toutes les douces vertus dont nous pouvons avoir l'idée. Elle leur a prodigué tous les moyens de calmer, d'adoucir le sentiment de nos maux; elle leur a confié, et à elles seules, le soin de nous diriger dans les premiers sentiers de la vie, de nous en alléger le travail et la fatigue au milieu de notre course, et d'en rendre encore pour nous la sortie moins douloureuse. Les passions sont chez elles plus vives et plus opiniâtres que chez les hommes; par la même raison, elles poussent plus loin le degré des vertus. Toute femme qui se pique de délicatesse et de générosité est capable d'en soutenir le caractère dans des occasions où des hommes estimables échoneraient.

En examinant de près l'espèce humaine, on remarque cependant que la femme n'a pas été la mieux

montre supérieur à celui de la plupart des hommes parcourant la même carrière, malheur à elle! an lieu de rivales, la voilà exposée à des ennemies: les femmes la haïssent, l'accusent; les hommes louent ses talents, en déplorant l'usage qu'elle en fait: ils ne sont pas assez généreux pour l'absoudre de sa célébrité. Ainsi donc la nature, la société ont d'avance condamné la femme à une vie obscure, dont elle ne peut sortir saus danger pour sa réputation. Esclave par la pensée, elle ne l'est pas moins dans ses habitudes, dans ses besoins physiques. Les lieux publics, les spectacles, les promenades lui sont interdits si elle n'est accompagnée d'une personne d'un autre sexe; il n'est pas d'amusements pour une femme sans la présence des objets qui signalent sa dépendance.

La première et la plus importante qualité d'une femme est la douceur. Faite pour obéir à un être aussi imparfait que l'homme, souvent si plein de vices, et toujours si plein de défauts, elle doit apprendre de bonne heure à souffrir même l'injustice; ce n'est pas pour lui, c'est pour elle qu'elle doit être douce. L'aigreur et l'opiniâtreté des femmes ne font qu'augmenter leurs maux et les mauvais procédés des maris : ils sentent que ce n'est pas avec ces armes-là qu'elles doivent les vaincre. Le ciel ne les fit point insinuantes et persuasives, pour devenir acariâtres; il ne les fit point faibles, pour être impérieuses; il ne leur donna point une voix si douce, pour dire des injures; il ne leur fit point des traits si délicats, pour les défigurer par la colère. Quand elles se fàchent, elles s'oublient: elles ont souvent raison de se plaindre; mais elles ont toujours tort de gronder. Chacun doit garder le ton de son sexe.

Faibles et timides par leur constitution naturelle, les femmes sont élevées d'une manière qui confirme en elles ces deux imperfections. De ces deux causes résulte leur dépendance. Elles en jugent des leur première jeunesse; ce sentiment les humilie, et tous leurs soins se dirigent à suppléer, par l'art et la finesse, à ce qui leur manque du côté de la force et du courage. L'autorité que donnent les places et les em

partagée dans la somme des biens et des maux dispen-plois, dont elles sont exclues, choque leur vanité.

sés par le Créateur. Sujette à une foule d'incommodités, d'infirmités qui nous sont étrangères, elle a reçu, pour condition première de son organisation, l'inévitable loi de ne goûter le plaisir qu'au prix d'une douleur. Les jouissances, même les plus pures, elle ne les obtient qu'aux dépens de ses forces, de sa santé, quelquefois de sa vie. Si la femme, sortant des habitudes qui lui sont imposées par nos mœurs, cultive les sciences et les lettres; si son génie se

Elles n'y voient d'autre dédommagement que celui de subjuguer le sexe à qui la domination et l'administration des affaires appartiennent. Pour remplir leur projet, elles emploient, selon les nuances de leurs qualités, des moyens différents. Mais quelque opposés que soient à leur caractère la souplesse et le manége, elles y excellent dès l'instant que leur intérêt l'exige.Il n'est point de détail de toilette ou de maintien, il n'est pas un ton de voix, pas un re

gard par lesquels elles n'aient en vue d'en imposer ou de plaire; l'objet qui les occupe est celui sur lequel elles dissimulent d'abord davantage.

La nature a doué les femmes d'une disposition particulière de l'âme qui leur inspire sans cesse et à chaque moment le désir de paraitre aimables; sans songer à donner une espérance, la femme la plus honnête ne résiste pas à la tentation de paraitre séduisante, et n'est pas fachée de laisser un regret. Les grâces de la personne, la douceur de la voix et celle du regard, sont des armes dont ellesse servent avec succès, et dont chacune d'elles a été gratifiée pour l'attaque sans qu'on puisse en quelque façon s'y soustraire; mais si en cela la femme a l'avantage, d'un autre côté, de telles armes, au lieu de servir, nuisent le plus souvent à la défense.

Les observations précédentes peuvent, en général, s'appliquer aux femmes de tous les pays civi. lisés; mais il est entre les femmes des diverses contrées de l'Europe des différences particulières qui caractérisent chacune d'elles, et qu'il n'est peut-être pas indifférent de signaler.—Les Françaises sont aux autres femmes ce que les femmes sont à la société en général. Elles sont vives, enjouées, sémillantes, pétries de grâce et d'esprit, sensibles sans être ni fades ni pédantes, bienveillantes pour tout le monde, vertueuses autant par caractère que par principes, capables des plus grandes et des plus sublimes ac. tions, quoique portées naturellement à une excessive gaieté. Chez elles, le plaisir s'unit à l'exercice de la vertu, le badinage au sérieux de la vie, le charme de l'esprit à la raison, le ton, le port gracieux et imposant à ces attraits qui font leur apanage exclusif. Habituées à un ciel modéré comme leurs passions, elles sont plus gaies, plus gracieuses, plus libres d'influences étrangères à elles-mèmes que les femmes d'aucun pays.-Les Espagnoles sont tendres, passionnées, commandées par leur sang, et cette influence est tellement extérieure qu'elle semble ne jamais venir des sentiments du cœur. On doit cependant excepter de cette règle générale les Andalouses, qui joignent à la grâce, à l'esprit, à l'âme d'une Française, à l'imagination ardente et fière des femmes de l'Espagne, cette pudeur rêveuse qui fait passer dans le regard des filles de la Grande-Bretagne, tout ce qu'il y a de tendre et de pur dans le cœur des femmes.-Les Allemandes sont franches et bonnes, plus instruites, plus pensantes que les Françaises, mais froides et systématiques. — Les Italiennes sont vives, ardentes, plus délicates que les Espagnoles, et obéissent comme malgré elles à la maligue influence du climat. — Les Anglaises sont mélancoliques et sentimentales; leur beauté plaît moins

qu'elle n'étonne; à une certaine distance on est frappé de son éclat, à mesure qu'on approche on est fâché de ne pas la trouver plus aimable et plus animée; mais quand, dans le secret du tête à tête, l'Anglaise dépouille sa longue réserve, ce n'est plus une femme, c'est une déesse.-En résumé, les Espagnoles ont plus de fougue et d'abandon que les Italiennes ; celles-ci sont plus sensibles réellement; les Allemandes, plus raisonnables; les Hollandaises, plus solides et plus naturelles. Les passions d'un moment, mais furieuses, doivent être endémiques en Espagne; en Italie, l'amour doit être mieux senti; en Allemagne, il y a moins d'abandon; en France, il est plus aimable; en Hollande, plus paisible et plus heureux. Voilà les caractères généraux; mais, de même que les tempéraments, ils sont sujets à se modifier et à s'entreméler. Les Françaises exigent des soins, des attentions; les Espagnoles veulent un culte et des adorateurs; les Allemandes se contentent de simples prévenances; les Italiennes demandent du transport et du zèle; il faut aux Anglaises des soupirs et de la coustance. Par suite de ces manières d'être et de sentir, les Françaises se rendent, les Espagnoles cèdent, les Allemandes donnent, les Italiennes se livrent, et les Anglaises accordent.

FÉODALITÉ. HISTOIRE. Gouvernement despotique et arbitraire des grands, des seigneurs et des nobles, qui dut son origine au droit du plus fort.

La faiblesse des rois, et surtout la profonde ignorance dans laquelle étaient plongés les peuples, ont donné naissance au gouvernement féodal sous les premiers successeurs de Charlemagne. Semblable à tous les gouvernements oppressifs qui intervertissent l'ordre naturel, et dont on serait porté à croire que les peuples ne tolèrent l'établissement que pour confondre l'orgueil de l'homme, la féodalité ne se forma que par degrés, en s'appropriant lentement aux localités, aux habitudes populaires, aux croyances religieuses. Elle partagea la société en deux classes, celles des oppresseurs et des opprimés, dégrada ces derniers de la dignité d'hommes en les assimilant à de vils troupeaux, dont un maître pouvait disposer suivant son caprice ou sa volonté, et n'offrit, sous ce rapport comme sous beaucoup d'autres, aucune analogie avec les institutions des peuples anciens.

Lorsque les batailles de Soissons et de Tolbiac assurèrent à Clovis la domination des Gaules, il n'y avait plus dans ce pays ni droit public, ni cité régulièrement gouvernée. Les victoires des Francs, en répandant les hommes de cette nation sur un

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