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ces des particuliers vinrent ceux des corps, des villes et des provinces: les jurandes et les maîtrises furent abolies. Un député du Dauphiné prononça au nom de cette province une renonciation solennelle de ses priviléges. Les autres provinces imitèrent le Dauphiné, et les villes suivirent l'exemple des provinces. Cette nuit fameuse déblaya les décombres de la féodalité : elle délivra les personnes, des restes de la servitude; les terres, des dépendances seigneuriales; les propriétés roturières, des ravages du gibier et de l'exaction des dimes. En détruisant les justices seigneuriales, restes des pouvoirs privés, elle conduisit au régime des pouvoirs publics; en détruisant la vénalité des charges de la magistrature, elle présagea la justice gratuite. Elle fut le passage d'un ordre de choses où tout appartenait aux particuliers, à un autre ordre où tout devait appartenir à l'état. Cette nuit changea la face du royaume; elle rendit tous les Français égaux, ils purent tous parvenir aux emplois, aspirer à la propriété et exercer l'industrie; enfin, elle fit une révolution aussi importante que le soulèvement du 14 juillet, dont elle était la conséquence.

FER. Voyez Métaux, Fers.

FERMAGE. ÉCONOMIE RURALE, ÉCONOMIE POLITIQUE. Le fermier est le locataire d'un fonds de terre, le fermage est le prix annuel qu'il paie au propriétaire du fonds. Le fermier est un entrepreneur d'industrie, qui emprunte à ses risques et périls un instrument de production, un capital, et qui fait la rente de ce capital. La durée de sa jouissance porte le nom de bail, nom que reçoit encore l'acte notarié qui fixe la durée et les conditions du prêt.

Les propriétaires de biens ruraux sont rarement en état de se livrer eux-mêmes à l'exploitation de leurs possessions, soit que l'étendue de ces biens dépasse la limite ordinaire de surveillance à laquelle une seule personne peut se consacrer, soit que le possesseur opulent veuille se livrer en repos à la consommation de ses revenus, ou s'adonner à des travaux d'un ordre plus élevé; il confie alors, avec toutes les garanties légales, ses domaines à un locataire, qui les fera valoir comme s'ils étaient siens, et qui bénéficiera de l'excédant du produit sur les frais, dans lesquels est compris la rente ou fermage.

Au fonds de terre se trouvent ordinairement attachés des bâtiments d'exploitation, des animaux domestiques indispensables aux travaux agricoles et à l'engrais des terres, etc. L'intérêt de ces valeurs capitales dont jouit également le fermier, fait partie du fermage qu'il paie au propriétaire. Le taux des

fermages se calcule sur les profits que rend, année moyenne, le fouds de terre; le fermier n'a souvent dans la répartition de ces profits que le simple salaire de son travail personnel.

En Angleterre, où les propriétés sont peu divisées, où la science agronomique est très-répandue, où les capitaux vont d'eux-mêmes au-devant de l'industrie, toutes les fois qu'elle offre des chances de succès, la classe des fermiers est riche, considérée, et jouit d'une certaine influence; on y est fermier de père en fils; on hérite d'un bail, comme d'autre chose, attendu que les baux peuvent durer vingtcinq ans et plus. Qui ne voit les conséquences de cette longue durée? Le fermier n'administre plus en pillard, il n'a point à forcer les cultures; il consacre à l'amélioration des terres, les capitaux sans lesquels il lui paraîtrait absurde de prendre une ferme; il est certain de recouvrer les avances qu'il fait, et, dans cette industrie comme dans toute autre, il n'y a de réussite possible que par des dépenses reproductives. Pour le dire en passant, et parce que cela n'est guère compris en France lorsque nous jugeons l'état social de l'Angleterre, cette longue durée des baux est un obstacle qui gène sans cesse l'amélioration des lois sur l'introduction plus facile des céréales dans la Grande-Bretagne. Les engagements pris pour la rente des terres font reculer devant la ruine des fermiers ou l'abaissesement de cette rente, et donnent à la haute aristocratie, maitresse presque exclusive des propriétés rurales, cette force de résistance qui se puise dans l'intérêt personnel.

Si nous jetons les yeux sur la situation de nos fermiers français, nous serons affligés par le plus déplorable contraste. Qui ose tenter cette carrière? De pauvres gens ignorants et routiniers, possédant bien juste de quoi garantir au propriétaire la valeur d'un cheptel, et un terme de loyer. On les enserre dans un bail fabriqué par quelque notaire, plus ignorant qu'eux encore des choses agricoles, dans un bail dressé sur de vieux formulaires, dont le moindre vice est de sacrifier complétement le preneur et de disposer exclusivement dans les intérêts du propriétaire. Le cœur saigne à la lecture de ces actes insensés! C'est de la féodalité pure, c'est fréquemment la plus grotesque niaiserie. Nous ne parlerons pas des redevances en beurre et volailles; nous ne dirons rien des trois années à l'issue desquelles on peut expulser le pauvre fermier, au moment juste où il lui serait possible de rentrer dans ses avances, s'il avait pu faire des avances; mais nous demanderons à quiconque possède la plus faible dose de sens commun, si, au XIXe siècle, il est encore possible

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d'ordonner à un fermier, sous peine de résiliation, de cultiver selon les sols et tournures, sans pouvoir jamais en intervertir l'ordre. De consommer dans la propriété toutes les pailles et tous les fourrages, sans pouvoir disposer autrement de la moindre partie. » Ce qui veut dire en français, que les jachères seront soigneusement maintenues, et que si, par son industrie, le fermier récolte plus de fourrage, s'il trouve à la ville voisine un bon prix de ses pailles, prix destiné à des améliorations, à des engrais minéraux, à des semences plus belles, à des acquisitions d'instruments perfectionnés, etc., il doit s'abstenir; ce qui signifie, en un mot, que le pauvre homme doit se ruiner: aussi, il se ruine, et cela parait peu propre à enrichir son bailleur. Voilà cependant ce qui se passe à une époque où les découvertes de la science ont changé à peu près complétement les systèmes de culture. On ne s'en inquiète guère, après tout; et si l'agriculture fran çaise souffre, on en convient avec un visage fort triste, sans plus s'occuper des moyens de la guérir.

On demandera sans doute quels sont ces moyens,

FERMENT. CHIMIE. Substance féculente, grisâtre, ferme et cassante, insoluble dans l'eau et l'alcool, qui, étant mêlée en petite quantité dans une masse de matière fermentescible, y détermine le mouvement de la fermentation; qui perd cette propriété quand on l'a traitée par l'eau chaude, et qui se sépare, sous la forme de flocons, de tous les sucs des fruits soumis à la fermentation vineuse. Les chimistes sont partagés sur la question de savoir si le ferment est identique partout, ou si la nature de ce principe varie dans des matières différentes, quoique tous conviennent qu'il renferme une certaine quantité d'azote.

FERMENTATION. CHIMIE. La fermentation est un mouvement spontané qui s'excite dans les corps, et qui donne naissance à des produits qui n'y existaient pas jusqu'alors. Par exemple, si l'on expose des substances végétales à l'influence de l'air, avec la précaution d'empêcher qu'elles ne perdent l'eau qu'elles contiennent naturellement, ou

qu'elles ne se dessèchent, elles commencent peu

et quel topique les économistes prétendent appli-à-peu à se décomposer, et cette destruction, qu'on

quer au mal.

Nous ferons une réponse claire et précise, une réponse qui consiste dans un seul mot, et ce mot nous le dirons, nous l'écrirons, nous l'imprimerons tant qu'un souffle de vie animera notre voix et guidera notre plume: Instruisez!

N'est-il pas vrai que l'industrie agricole est la première et la plus importante de toutes, dans l'ordre des besoins de l'homme? Pourquoi donc n'enseignerait-on pas l'agriculture? Pourquoi donc, dans

peut appeler spontanée, a reçu le nom de fermentation. Cette décomposition offre plusieurs périodes. Les corps qui contiennent du sucre fournissent d'abord de l'alcool et de l'acide carbonique; ils deviennent ensuite acides, et donnent naissance à l'acide acétique (vinaigre ); enfin, la plupart des substances végétales se transforment lentement en terreau, et entrent ainsi en putréfaction. Il y a donc trois sortes de fermentations: la fermentation vineuse, spiritueuse ou alcoolique; la fermentation

une loi sur l'instruction primaire, loi qui stipule acide, et la fermentation putride. La première est

avec grand soin toutes les connaissances qui seront données au peuple des campagnes, ne trouve-t-on pas un seul mot de ce qu'il y a de plus important pour la classe agricole ? C'est que ceux qui font de semblables lois, fort savants, fort éloquents d'ailleurs, ignorent eux-mêmes le véritable point de la question. Eh bien! si l'on commençait par ces hommes-là? Si des cours élémentaires étaient faits et bien faits à la jeunesse des classes dites supérieures? D'abord, cette jeunesse y prendrait un vif intérêt, et cela ne l'ennuierait pas plus que bon nombre d'autres choses que nous ne voulons pas dire. Croyez bien, ensuite, que cette jeunesse arrivée à la virilité, n'oublierait pas l'agriculture dans les lois d'instruction primaire. Tout est là, il faudra bien tôt ou tard y venir: on y viendra, parce que les propriétaires sont encore plus intéressés que les fermiers aux améliorations agricoles quelles qu'elles soient.

celle dans laquelle il se forme de l'alcool; la seconde, celle dont le principal résultat est de l'acide acétique; la troisième est distincte des précédentes en ce que les produits auxquels elle donne lieu sont nombreux et plus ou moins infects. Deux au- tres espèces de fermentations complètent la série de ce phénomène, ce sont la fermentation panaire et la fermentation saccharrine. La première est composée de la fermentation vineuse et de la fermentation acétique; la seconde est cette fermentation produite par la germination, ou par la macération des graines céréales ou de la fécule. Voyez PUTRÉ

FACTION.

FERMETÉ. PHILOSOPHIE, MORALE. Courage de suivre avec persévérance ses desseins et sa raison; détermination invariable de l'esprit et de l'âme dans le parti qu'ils ont embrassé. On doit toujours supposer que la fermeté est dirigée par une raison éclairée, sinon la persévérance prendrait la déno

mination et le caractère d'opiniâtreté. L'élévation et la force de l'âme sont le principe de la fermeté; l'étendue de l'esprit influe aussi à constituer cette qualité. Elle n'existe point dans les cœurs que la séduction ou les périls peuvent effrayer. Les poètes comparent les hommes fermes aux rochers battus des vents et de la tempête, et autour desquels l'orage gronde sans qu'ils éprouvent la moindre secousse.

Il n'est point de vertu plus essentielle que la fermeté dans un homme en place; sans cette vertu, il ne remplit qu'imparfaitement les devoirs que son état lui impose.

FERS. ÉCONOMIE POLITIQUE. La question du commerce des fers, pour tous les hommes qui s'occupent des intérêts matériels de la société, sans dédaigner pour cela les intérêts moraux, est une de celles qui méritent la plus sérieuse attention. On sait combien est précieux ce métal; mais l'on ne sait pas assez de quel intérêt il serait pour l'industrie en général, pour l'agriculture, pour la navigation, les constructions de toute espèce, les chemins, que le fer fût au prix le plus bas possible. Le fer est horriblement cher en France, et voici pourquoi.

Le sol de notre pays renferme de riches et abondantes mines de fer, que l'on traite avec le charbon de bois. Or, les forêts françaises, si vastes, si inultipliées autrefois, ont cédé à l'action des défrichements successifs, commandés par le besoin des subsistances, le plus impérieux de tous; elles sont partout réduites à une faible étendue, à peine suffisante pour fournir au chauffage, à la construction des habitations et à celle des navires. La rareté du bois en élève considérablement le prix, et ce combustible, indispensable à la confection des fers français, les met hors d'état de lutter avec les fers étrangers, fabriqués dans des conditions plus favorables. Éloigués des usines, les mines et les charbons ne peuvent y être transportés qu'à grands frais, dans des chemins impraticables pendant les trois quarts de l'année. Éloignées des villes, les usines ne peuvent y envoyer leurs produits qu'à frais énormes sur des routes vicinales, honte d'un peuple civilisé (voy. ROUTES). Faut-il parler des procédés de fabrication? Celui qui écrit ces courts articles et qui les adresse à la jeunesse française, sans avoir la prétention d'y approfondir ce qui demanderait d'autres développements, mais dans l'espoir qu'ils lui inspireront du moins le goût des études sérieuses sur l'économie sociale, science trop négligée dans notre système d'éducation; celui qui écrit ces lignes a vu de près et long-temps les forges de France et les maîtres de forges français; il en parle sans

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préventions fâcheuses, et même de délicieux souvenirs, des affections de cœur, des intérêts de famille, peuvent encore lutter chez lui avec la voix sévère de la science; mais la vérité doit être le premier intérêt de l'honnête homme, sa première amie. L'auteur de cet article dira donc que l'industrie des fers ressemble parfaitement, sauf de récentes et brillantes exceptions, à ce petit caveau dont parle quelque part Châteaubriand, « muré, fermé, scellé, sans issue, ouverture, ni soupirail; « sans que le plus faible rayon de lumière y puisse « pénétrer. » Cette industrie est ce qu'elle était chez nos aïeux : les ouvriers les plus ineptes fabriquent le charbon, et consomment infiniment plus de bois qu'il ne serait nécessaire; l'importante construction du creuset dans les fourneaux à fonte de fer, est abandonnée à un chef-ouvrier qui ne sait pas lire, et qui ne possède pas même les premiers éléments de la géométrie! Tout marche ailleurs, tout avance appuyé sur la mécanique et la chimie ; ici tout reste stationnaire. A voir travailler ces gens, vous diriez d'une tribu de ces êtres ingénieux, enfermés par la nature dans un cercle magiquement tracé par elle, et dont ils ne peuvent franchir la limite; sortant, rentrant, bourdonnant, faisant d'admirables choses par instinct, une fois comme l'autre, guidés qu'ils sont par une habitude nécessaire et forcée.

Il faut donc, pour que les forges françaises se soutiennent, pour que les maîtres de forges fassent de brillantes fortunes, pour que les propriétaires des forêts vendent leur bois au poids de l'or, il faut frapper les fers étrangers d'un droit d'entrée équivalent presque à une prohibition. L'Angleterre et la Suède ne demeurent pas en reste, et usent amplement de représailles en taxant nos vius qui ne se vendent pas. Cette protection accordée aux fers, et conséquemment aux bois, ruine notre agriculture: eu premier lieu par l'avilissement de ses vins; en second lieu par la prime de treute à trente-cinq millions qu'elle paie aux forges pour le trop haut prix des fers qu'elle consomme. Si l'on calcule ensuite le sur-enchérissement que le haut prix du fer occasionne dans les produits d'une multitude innombrable d'industries et de constructions de toute nature; si l'on calcule encore tout ce qui se vendrait aux nations étrangères, dans le cas où nous leur permettrions de prendre nos produits en échange de leur fer, on comprendra combien le monopole et les prohibitions enrichissent un état.

Cela veut-il dire qu'il faut lever toutes les barrières et ruiner les forges en inondant tout-à-coup la France de fers étrangers? Pareille prétention éga

lerait tout au plus en absurdité l'accusation lancée aux économistes de l'avoir. Les forges françaises sont utiles à la France; elles occupent un nombre infini de bras; en cas de guerre maritime, elles sont indispensables; des capitaux énormes y sont engagés. Mais des priviléges ne sont dus à personne : ils ont disparu plus ou moins de la scène politique ; il est temps qu'ils disparaissent graduellement de la scène industrielle: les travailleurs ne doivent pas plus longtemps opprimer les travailleurs. Que chacun s'éclaire, s'instruise, perfectionne, simplifie ses procédés; que chacun ait part égale de véritable protection. Quant aux temps, aux délais, c'est une simple règle de proportion à établir.

FÊTE. RELIGION, POLITIQUE. En général les fêtes sont des jours consacrés au repos, à des réjouissances publiques, et, par certaines personnes, à l'accomplissement de différents devoirs religieux. Les fètes sont religieuses, politiques, mixtes; elles sont encore publiques ou particulières.

Les fêtes produisent, sous le rapport politique, des effets salutaires : elles servent à unir les hommes entre eux; elles leur procurent un repos nécessaire; elles font disparaître momentanément les inégalités sociales; elles prémunissent les serviteurs et les ouvriers contre l'avarice des puissants et des riches. Voyez FÊTES PUBLIQUES.

Les fêtes sont hebdomadaires, mensuelles, annuelles; quelquefois elles ont lieu après le cours périodique d'un certain nombre d'années; il arrive aussi qu'elles sont célébrées pour une circonstance particulière, et qu'elles ne se renouvellent pas. Le samedi pour les Juifs, le dimanche pour les Chrétiens, le vendredi pour les Mulsumans, sont des fêtes hebdomadaires. Il parait que ce n'est que dans les religions judaïque, chrétienne, mahométane, que chaque septième jour est fèté.

Les fêtes chrétiennes sont mobiles ou immobiles: les premières sont celles qui avancent ou reculent, selon que le jour de Pâques tombe en mars ou en avril; les fètes immobiles sont celles qui sont fixées à certains jours du mois. Voyez Calendrier.

FÊTES PUBLIQUES. POLITIQUE. Solennité ou réjouissance, et quelquefois l'une et l'autre, établie par l'usage ou occasionnée par quelque évément extraordinaire qui intéresse un État, et dont l'objet est propre par lui-même à répandre la joie.

Les fêtes publiques, quand elles sont ce qu'elles doivent être, sont de la plus grande utilité. Elles servent à développer l'énergie d'une grande masse

d'hommes, et à déjouer les complots ou les projets des ennemis de la liberté, peu accoutumés à de grands spectacles. On ne peut pas plus braver tout un peuple réuni, que fixer le soleil quand il rassemble tous ses rayons dans un seul foyer: il n'y a point de tyrannie qui puisse peser sur tout un grand peuple assemblé. Les fètes, chez les peuples libres, sont surtout très-utiles, parce qu'elles sont propres à rappeler au peuple sa souveraineté. Sans elles, il se laisserait endormir, ou se blaserait sur ses droits les plus chers. La célébration de ces solennités, en devenant une leçon ou un stimulant pour les citoyens, est en même temps une réponse à certaines gens qui ne parlent de la souveraineté nationale que comme d'une chimère et d'un leurre ; à ces esclaves par système, qui ont besoin d'un maître, et qui ne savent plus où ils en sont quand ils n'ont que la loi au-dessus d'eux. Le sentiment de l'égalité ne se développe bien d'ailleurs que dans une pompe solennelle; c'est là que le peuple en jouit, et s'aperçoit de ce qu'il est et de ce qu'il doit toujours être.

Rien n'est plus grand, plus beau, plus majestueux que le spectacle d'un peuple immense, rassemblé dans une fête paisible pour y exercer sa souveraineté et sa toute-puissance; ce n'est que là que le peuple se montre dans tout son éclat.

Magistrats, qui ordonnez des fêtes publiques, appliquez-vous à faire sentir au peuple toute sa dignité, à lui donner une haute idée de ses droits. Qu'il se respecte en vous, comme vous devez vous respecter en lui. Ne mettez pas entre lui et vous une trop grande distance; qu'il vous voie de près, face à face. Il vous bénira, si vous vous maintenez dignes des honneurs qu'il se rend dans votre personne. Le peuple n'est ingrat que quand on l'induit en erreur. Rendu à lui-même, abandonné à sa propre impulsion, il aime à se montrer reconnaissant, et n'est pas aveugle dans les récompenses qu'il décerne. Qu'on se rappelle avec quelle dignité il assista aux funérailles des Manuel, des Foy, des La Rochefoucauld-Liancourt, des Benjamin Constant et de plusieurs autres défenseurs de ses droits; avec quelle respectueuse sollicitude il entourait les victimes tombées sur le champ d'honneur dans les mémorables journées de juillet; comment il sut apprécier, reconnaître, honorer les services de ceux qui se sont voués à la défense de ses droits.

Magistrats, surtout ne donnez point de fêtes pour vous seuls et vos amis; n'oubliez pas que c'est l'universalité du peuple qui paie les frais de tout, et que d'ailleurs point de fètes qui puissent être belles en

l'absence du peuple. Il ne faut jamais se cacher de lui; il est comme le soleil, il échauffe, il anime et vivifie tout.

FÊTES RELIGIEUSES. POLIT., LÉGISL. Des nombreuses fêtes religieuses que l'on chòmait avant la révolution de 1789, quelques-unes seulement ont été conservées; d'autres ont été transférées au dimanche le plus prochain; d'autres enfin ont été entièrement supprimées. Il n'y a, d'après les dispositions de l'art. 41 de l'arrêté du 29 germinal an X, que quatre fètes religieuses conservées, outre les dimanches; savoir : la Naissance de Jésus-Christ, l'Ascension, l'Assomption, la fête de tous les Saints.

Les fêtes transférées sont l'Épiphanic, la FêteDieu et son octave, la Saint-Pierre et la Saint-Paul, et les patrons de chaque paroisse. Leur translation au dimanche a été ordonnée par un arrêté du gouvernement, du 29 germinal an X, sur l'indult du 9 avril 1802.

Les fêtes supprimées peuvent être annoncées, mais non comme fétes d'obligation, par les ecclésiastiques, à qui il est permis d'en faire l'office le jour où elles tombent. Plusieurs fêtes ayant continué d'être chômées dans certains endroits, malgré leur suppression, le ministre des cultes a écrit à ce sujet, dans le mois de nivôse an XI, à l'évêque d'Avignon une lettre, dont voici quelques passages :

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Célébrer des fêtes dont la suppression est ordonnée est une infraction aux lois de l'État et de « l'Église. Dans un État comme la France, il ne faut pas distraire trop souvent les hommes des tra«vaux utiles et nécessaires. Ce que l'industrie perdrait, la religion ne le gagnerait pas : on sait que tout ce qui favorise l'oisiveté favorise le vice. Malheur aux prêtres qui, séduits par un faux zèle, ont la prétention d'être plus sages que la loi et plus chrétiens que l'Église! C'est en vain « qu'ils réclameraient les consolations de la piété; « les vraies consolations de la piété sont dans le culte intérieur qui n'est jamais interrompu....» Une loi fut rendue, le 18 novembre 1814, relativement à la célébration des fêtes et dimanches. Cette loi, dont l'abrogation à été réclamée plusieurs fois depuis la révolution de juillet, est ainsi conçue * :

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pus les dimanches et jours de fêtes reconnues par la loi de l'État.

Art. 2. En conséquence, il est défendu lesdits jours: -1° Aux marchands d'étaler et de vendre, les ais et volets ouverts; 2° aux colporteurs et aux étalagistes, de colporter et d'exposer en vente leurs marchandises dans les rues et places publiques; 3° aux artisans et ouvriers, de travailler extérieurement et d'ouvrir leurs ateliers; -4° aux charretiers et voituriers employés à des services locaux, de faire des chargements dans les lieux publics de leur domicile.

Art. 3. Dans les villes dont la population est audessous de cinq mille âmes, ainsi que dans les bourgs et villages, il est défendu aux cabaretiers, marchands de vins, débitants de boissons, traiteurs, limonadiers, maitres de paume et de billard, de tenir leurs maisons ouvertes, et d'y donner à boire et à jouer lesdits jours, pendant le temps de l'office.

Art. 4. Les contraventions aux dispositions cidessus seront constatées par procès-verbaux des maires et adjoints, ou des commissaires de police.

Art. 5. Elles seront jugées par les tribunaux de police simple, et punies d'une amende qui, pour la première fois, ne pourra pas excéder cinq francs. Art. 6. En cas de récidive, les contrevenants pourront être condamnés au maximum des peines de police.

Art.

7.

Les défenses précédentes ne sont pas applicables: 1° Aux marchands de comestibles de toute nature, sauf cependant l'art. 3 ; — 2° à tout ce qui tient au service de santé; - 3o aux postes, messageries et voitures publiques; — 4° aux voitures de commerce par terre et par eau, et aux voyageurs; -5° aux usines dont le service ne pourrait être interrompu sans dommages; —— 6o aux ventes usitées dans les foires et fêtes dites patronales, et au débit des mêmes marchandises dans les communes rurales, hors le temps du service divin; 7° aux chargements de navires marchands, et autres bâtiments de commerce mari-. time.

Art. 8. Sont également exceptés des défenses cidessus les meuniers et ouvriers employés, 1° à la moisson et autres récoltes; 2° aux travaux urgents de l'agriculture; 5° aux constructions et réparations motivées par un péril imminent, à la charge, dans ces deux derniers cas, d'en demander la permission à l'autorité municipale.

Art. 9. L'autorité administrative pourra étendre les exceptions ci-dessus aux usages locaux.

Art. 10. Les lois et réglements de police anté

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