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mulant la végétation d'une part, et en dissolvant le terreau, ou mucilage végétal, de l'autre. Parmi la nombreuse série des amendements que réclame l'attention du cultivateur, ceux qu'on emploie le plus généralement sont la chaux, la pierre calcaire réduite en poudre, le sable, la marne, le plâtre, les cendres de bois, les cendres de tourbes, et le sel. Voy. ENGRAIS.

une obligation pour chacun d'eux, celle de ne point se jouer de cette confiance, c'est-à-dire, non seulement de ne point nuire à l'autre, mais de lui être utile de toutes les manières possibles. On doit aller au-devant de ce qui peut plaire à son ami, chercher les moyens de lui être utile, lui épargner des chagrins, lui faire voir qu'on les partage quand on ne peut les détourner. On peut lui parler de choses qui le regardent, mais ce n'est qu'autant qu'il

AMÉTHYSTE. MINÉRALOGIE. Variété du quartz le permet, et on y doit garder beaucoup de mehyalin. Voy. PIERRES PRÉCIEUSES.

AMIANTE. Voy. ASBESTE.

sure. Il y a de la politesse, et quelquefois même de l'humanité, à ne pas entrer trop avant dans les

AMIDON. CHIMIE. Produit végétal blanc, rangé, replis du cœur; car souvent on a de la peine à laisser voir tout ce qu'on en connaît, et on en éprouve encore davantage quand on pénètre ce qu'on ne connaît pas bien.

en chimie, dans la classe des substances neutres. Il est insipide, inodore, d'un aspect cristallin, doux au toucher, insoluble dans l'eau froide, dans l'alcool et les éthers; l'acide nitrique faible le dissout à froid. L'eau bouillante le dénature et le transforme en un mucilage épais, connu sous le nom d'empois. C'est dans cet état qu'abandonné à lui-même pendant un certain temps, ou traité convenablement par l'acide sulfurique, il se transforme en sucre, qui, à son tour, peut subir la fermentation vineuse et passer à l'état d'alcool. L'iode forme avec lui des combinaisons colorées en bleu, et offre un moyen infaillible de reconnaître sa présence, même en quantité minime dans les corps.

L'amidon ou fécule est un des principes immédiats des végétaux très-répandus dans la nature. Il existe dans beaucoup de parties des plantes, comme dans les racines, les tiges, mais principalement dans les graines, surtout dans celles dites céréales. L'amidon paraît être la base de la substance nutritive du blé on le retrouve dans le manioc ou cassave, dans la pomme de terre, dans le sagou, le riz, le sarrasin, l'orge, l'avoine, etc.

AMITIÉ. PHILOSOPHIE, MOR. Tendre attachement de deux personnes l'une pour l'autre ; sentiment d'affection, qui porte à aimer quelqu'un par l'attrait du plaisir que nous nous promettons dans son commerce. Ce besoin du cœur, fondé sur l'égalité, naît de la sympathie, de l'humeur, des goûts, des esprits; il augmente par l'estime, s'entretient par des attentions réciproques et une confiance sans réserve, et finit ordinairement par le peu de ménagements que nous avons pour l'amourpropre de nos amis.

Quand l'amitié est mutuelle, il s'établit avec le temps un engagement tacite entre les deux amis, en vertu duquel l'un compte sur l'autre, et met en lui toute sa confiance de cet engagement naît

:

L'amitié est un des plus grands biens dont l'homme puisse jouir. Il est bien doux d'avoir quelqu'un à qui l'on communique toutes ses pensées et tous ses sentiments, et qui ressente nos plaisirs et nos peines. Le partage des biens nous en procure une jouissance plus sensible, et l'intérêt que l'on prend à nos afflictions les rend plus légères.

Les hommes les plus extrèmes ne sont pas les plus capables d'une constante amitié. On ne la trouve nulle part si vive et si solide que chez les timides individus et sérieux, dont l'ame modérée connaît la vertu; car elle soulage le cœur oppressé sous le mystère et sous le poids du secret, détend leur esprit, l'élargit, les rend plus confiants et plus vifs, se mêle à leurs amusements, à leurs affaires et à leurs plaisirs mystérieux : c'est l'âme de toute leur vie.

Les devoirs de l'amitié se réduisent à quatre chefs principaux, savoir: 1o La condescendance; 2o l'égalité de manières et d'humeurs; 3° le courage, qui ose donner des conseils; 4° le désintéressement, qui sait au besoin se résoudre à des sacrifices de temps, de plaisirs, de vanité et d'argent. Celui qui réunirait à un haut degré ces quatre vertus; celui qui, plein d'aménité et de grâces, céderait aux folles colères de son ami, mais l'empêcherait de céder à des vices ou à des passions, qui lui ferait partager son opulence, qui lui abandonnerait ou l'amante qu'il adore, ou le poste brillant qu'il ambitionne, celui-là ne serait pas encore un Pylade ou un Oreste, mais la postérité inscrirait son nom immédiatement au-dessous de ce couple célèbre.

Les fruits principaux de l'amitié sont de soulager les douleurs et de calmer les inquiétudes. Pour remettre le cœur dans son état naturel, il n'est pas de meilleur remède qu'un véritable ami, auquel on

puisse communiquer ses joies et ses afflictions. Un autre fruit de l'amitié est de calmer les passions de l'âme il est certain que celui qui a l'esprit agité de plusieurs pensées, sentira fortifier son entendement et sa raison, quand il ne ferait simplement, avec son ami, que lui rendre compte de ce qui l'occupe; car il débat ses pensées, il les range avec plus d'ordre, quand elles sont exprimées par des paroles; il devient plus prudent; et un raisonnement d'une heure fait plus d'effet sur son entendement, que la méditation d'un jour entier.

Cet épanchement du cœur que permet l'amitié, est d'autant plus sensible qu'il adoucit la contrainte du monde, où l'on vit presque toujours pour le spectacle. Cette communication, cet échange libre et sincère de pensées et de sentiments, est le plus doux plaisir de l'esprit : il n'en est pas comme de l'amour, qui est tumultueux et inquiet; l'amitié est plus calme, la raison en est le fondement c'est un feu qui éclaire l'esprit, et qui échauffe sans brûler.

Dans tous les temps, on a regardé l'amitié comme un des premiers biens de la vie : c'est un sentiment qui est né avec nous; le premier mouvement du cœur a été de s'unir à un autre. Les mœurs simples et pures conviennent à l'amitié : elle peut combattre et vaincre une grande passion comme l'amour; mais elle ne peut demeurer avec les petites passions qui se choquent : elle est opposée à tous ces vils intérêts, à ces vues bornées et particulières des âmes basses.

Quant à l'amitié entre les femmes, c'est, sans contredit, la plus rare de toutes, quoiqu'on puisse en citer des exemples .Les intérêts de l'amour, l'empire disputé de la beauté, la jalousie des conquêtes, sont autant d'obstacles qu'augmentent la mauvaise direction de leur éducation et l'importance trop grande que nous autres hommes attachons aux charmes de leur extérieur, à l'exclusion presque totale des qualités de l'esprit et du cœur. Il règne d'ailleurs entre elles toutes une jalousie inséparable de l'envie dominante de plaire. Comment pourraient-elles s'aimer avec cette cordialité, cette sincérité de la veritable amitié, elles qui se haïssent et se craignent réciproquement ? Les plus aimables sont les moins supportables et les plus dangereuses à leurs yeux; les autres ne valent pas la peine de s'y attacher. On voit se former, entre les jeunes personnes qui ont de l'honnêteté, de la candeur et du sentiment, des liaisons intéressantes; mais communément elles s'évanouissent avec la simplicité de l'âge, et disparaissent au temps des conquêtes.

Il est des hommes exempts de toute ambition, de toutes passions fortes, et qui font leurs délices de la conversation des gens instruits. Dans nos mœurs actuelles, les hommes de cette espèce, s'ils sout vertueux, sont les amis les plus tendres et les plus constants. Leur àme, toujours ouverte à l'amitié, en connaît tout le charme. N'ayant, par cette supposition, aucune passion qui puisse contreba lancer en eux ce sentiment, il devient leur unique besoin aussi sont-ils capables d'une amitié trèséclairée et très-couragense, sans qu'elle le soit néanmoins autant que celle des Grecs et des Scythes.

Par la raison contraire, on est, en général, moins susceptible d'amitié, qu'on est plus indépendant des autres hommes. Aussi les gens riches et puissants sont-ils communément peu sensibles à l'amitié; ils passent même ordinairement pour durs. En effet, soit que les hommes soient naturellement cruels toutes les fois qu'ils peuvent l'être impunément, soit que les riches et les puissants regardent la misère d'autrui comme un reproche de leur bonheur, soit enfin qu'ils veuillent se soustraire aux demandes importunes des malheureux, il est certain qu'ils maltraitent presque toujours le misérable. La vue de l'infortuné fait, sur la plupart des hommes, l'effet de la tête de Méduse; à son aspect les cœurs se changent en rocher.

Il est encore des gens indifférents à l'amitié; et ce sont ceux qui se suffisent à eux-mêmes. Accoutumés à chercher, à trouver le bonheur en eux, d'ailleurs trop éclairés pour goûter encore le plaisir d'être dupes, ils ne peuvent conserver l'heureuse ignorance de la méchanceté des hommes (ignorance précieuse qui, dans la première jeunesse, resserre si fort les liens de l'amitié); aussi sont-ils peu sensibles aux charmes de ce sentiment, non qu'ils n'en soient susceptibles. Ce sont souvent, comme l'a dit une femme de beaucoup d'esprit, moins des hommes insensibles, que des hommes désabusés.

La force de l'amitié est toujours proportionnée au besoin que les hommes ont les uns des autres, et ce besoin varie selon la différence des siècles, des mœurs, des formes de gouvernement, des conditions et des caractères. Le charme de la conversation d'un ami tient au plaisir d'y parler de soi. La fortune nous a-t-elle placé dans un état honnête? on s'entretient avec son ami des moyens d'accroître ses biens, ses honneurs, son crédit et sa réputation. Est-on dans la misère? on cherche avec ce même ami les moyens de se soustraire à l'indigence; et son entretien nous épargne du moins, dans le malheur, l'ennui des conversations indifférentes. C'est donc toujours de ses peines et de ses plaisirs

qu'on parle à son ami. Or, s'il n'est de vrais plaisirs et de vraies peines que les plaisirs et les peines physiques; si les moyens de se les procurer ne sont que des plaisirs d'espérance qui supposent l'existence des premiers, et qui n'en sont pour ainsi dire qu'une conséquence, il s'ensuit que l'amitié, ainsi que l'avarice, l'orgueil, l'ambition et les autres passions, est l'effet immédiat de la sensibilité physique.

AMMONIAQUE. CHIMIE. Gaz alcalin, incolore, transparent, élastique, invisible, d'une odeur vive et pénétrante, d'une saveur âcre et urineuse, verdissant les teintures bleues végétales, attaquant et dissolvant les matières animales, très-soluble dans l'eau, s'unissant aux huiles et aux graisses qu'il saponifie, se combinant avec des acides, formant avec eux des sels, etc. Cette substance, regardée pendant long-temps comme simple, sous le nom d'alcali volatil fluor, a été analysée, en 1785, par Berthollet, qui l'a trouvée composée en volume d'environ trois parties de gaz azote et une d'hydrogène. L'ammoniaque, quoique se formant spontanément dans la nature par la décomposition des matières animales, ne s'y rencontre jamais à l'état de pureté; il est toujours combiné avec les acides carbonique, sulfurique, muriatique, phosphorique, acétique, etc.

Les effets de l'ammoniaque liquide sur l'économie animale sont très-énergiques ; on s'en sert pour rappeler à la vie les personnes qui tombent en syncope, pour cautériser les piqûres des insectes et les morsures des animaux enragés. Quelques gouttes d'ammoniaque dissipent l'ivresse. Ses usages dans les arts sont très nombreux. Il est souvent employé comme réactif dans les laboratoires; il sert en teinturé à aviver les couleurs; on l'emploie pour dissoudre le carmin, l'écaille des ablettes pour la fabrication des perles fausses, etc.

Pour obtenir l'ammoniaque, on fait chauffer dans une cornue parties égales d'hydrochlorate d'ammoniaque (sel ammoniaque) et de chaux éteinte; au moyen de tubes, on fait passer le gaz qui se dégage dans des flacons au tiers remplis d'eaμ, où il se dissout.

AMOUR. PHILOSOPHIE, MORALE. Sentiment vif de plaisir, le plus universel dans la nature, qui se développe en nous à l'aspect d'un individu qui nous plaît; penchant naturel des deux sexes l'un pour l'autre, qui fait naitre en eux un désir ardent de se rapprocher et de s'unir, un besoin impérieux de possession délicate et mystérieuse; sentiment de pré

férence pour un objet aimable ou qu'embellit les illusions de l'imagination.

Le principe moral de l'amour est le sentiment de l'ordre, des proportions, de l'élégance; c'est l'attrait inséparable de tout indice de perfections. Profondément senti, l'amour suppose le goût de ce qui est beau, de ce qui est honnête, sincère, généreux.

L'amour est le lien du monde, une force active, une chaleur inépuisable qui rajeunit les êtres, qui les embellit des couleurs de l'espérance. Aussi bien que le feu, il ne peut subsister sans mouvement continuel; il cesse de vivre dès qu'il cesse d'espérer ou de craindre. C'est une passion parfois impétueuse et si nécessaire au genre humain, que sans elle il retomberait bientôt dans le néant. Le goût d'un sexe l'un pour l'autre sert à les perfectionner tous les deux; il forme des unions délicieuses, des alliances et des sociétés aimables, anime et perpétue les familles. L'instinct de la conservation, éclairé par la sagacité comparative, aurait suffi pour préserver les êtres créés de la destruction immédiate; mais une autre loi était indispensable à la propagation des espèces, qui sans elle eussent disparu de la surface de la terre. La nature, toujours bienfaisante, a pourvu avec prudence à la conservation des genres, par un instinct qu'on peut appeler sentiment de propagation. Cet instinct, dégagé de ce qu'il a de trop matériel chez les animaux, et combiné avec les autres principes de la nature humaine, produit ce sentiment vif et délicieux, ce charme séducteur qui nous attire vers l'autre sexe, qui nous attache à un individu de ce sexe, nous rend heureux de son bonheur, et identifie notre existence avec celle de l'être que nous aimons.

L'amour naît brusquement, sans autre réflexion, par tempérament ou par faiblesse : un trait de beauté, un sourire, un coup-d'œil, un son de voix, une tournure agréable, suffit souvent pour nous fixer, pour nous déterminer. Tant que l'amour dure, il subsiste de soi-même, et quelquefois par les choses qui semblent le devoir éteindre; par les rigueurs, par l'éloignement, par la jalousie. L'amour sensuel ne peut se passer de la possession et s'éteint par elle. Le véritable amour ne peut se passer du cœur, et dure autant que les rapports qui l'ont fait naître; mais quand ces rapports sont chimériques, il dure autant que l'illusion qui les a fait imaginer, et les illusions de l'amour sont si aimables, que ses flatteries sont en un sens des vérités : le jugement se tait, mais le cœur parle. L'amant qui loue dans son amante des perfections qu'elle n'a pas, les voit, en effet, telles qu'il les

représente; il ne ment point en disant des mensonges; il flatte sans s'avilir; et l'on peut au moins l'estimer sans le croire.

L'amour a sa source dans le penchant naturel, fortifié par de certaines idées, excité par les circonstances; il a tous les inconvénients des grandes passions parce qu'il est lui-même la passion la plus susceptible d'excès. Il aveugle la raison, trouble le jugement, s'empare de l'âme tout entière; et de là les erreurs, les actions blâmables. Néanmoins, il se modifie dans chaque personne, suivant son caractère propre, il tient à notre tour d'esprit, à nos principes, à nos préjugés, à notre humeur; dans chaque pays, il suit le caractère dominant. Des mœurs simples, une vie uniforme, des idées de tranquillité, dans les campagnes de la Grèce, y firent chanter les sentiments de l'amour. Un luxe extrême, dans Rome enrichie et corrompue, une recherche excessive de la volupté, y firent régner les plaisirs des sens, et les rendirent les seuls objets de l'amour. Enfin, l'idée de force et de protection, jointe à celle de beauté, de vertu et de faiblesse, introduisirent en France l'esprit de galanterie.

Dans toutes les régions, le plaisir de l'amour est le premier des plaisirs ; mais le désir n'en est pas aussi ardent dans une zone que dans une autre. Tandis que les peuples du septentrion usent si modérément de ce délicieux présent de la nature, ceux du midi s'y livrent avec une fureur qui brise tous les ressorts. L'amour varie donc suivant les heux; il varie aussi suivant les gouvernements, et même selon les rangs divers de la société. Tout autre en Orient qu'en Occident, la coupe du plaisir est-elle présentée ? le paysan s'y désaltère, l'homme de la société s'y enivre; et, bien ou mal traité, c'est à l'homme du monde qu'il appartient de mieux connaître et de mieux analyser cet être moitié réel, moitié factice, ce tissu des affections les plus contraires, ce mélange incompréhensible de fureur et de tendresse, de confiance et de soupçons, de ruse et de candeur, d'espoir dans l'angoisse, et d'inquiétude dans le succès; enfin ces peines mêlées de délices et ces délices mèlées de peines que l'on appelle amour.

Chez les anciens, l'amour consistait plutôt dans des jouissances corporelles, que dans celles des plaisirs de l'âme. Chez les modernes, l'amour a son foyer dans le cœur; il se refuse quelquefois au té moignage des sens, et parvient à embellir jusqu'à la laideur même. L'amour, comme Rousseau l'a conçu, comme Heloise l'a ressenti, est un concert de l'âme, de l'esprit, du cœur et des sens, qui exalte jusqu'au délire toutes les facultés humaines. L'amour, tel que les Allemands le représentent sous les traits de Wer

ther, vit de souvenirs, de rêves, de pressentiments. Il est à l'amour ardent et vrai ce que la lumière pâle de la lune est aux rayons fécondants de l'astre du jour. Madame de Staël le nomme amour métaphysique, et le compare à des roses fanées qui conservent encore leur parfum. — L'amour, figuré par les artistes, est l'image de l'amour chez les anciens : c'est une espèce d'adoration des belles formes, un culte du beau idéal, où l'amour moral est au moins pressenti. Marc-Aurèle a défini l'amour physique une petite convulsion. -- Enfin, l'amour mystique confond l'ivresse de l'amour terrestre et les extases de l'amour divin.

Quand une femme joint aux inclinations d'un cœur droit, et à la candeur de l'inexpérience, l'impétuosité de la jeunesse; quand elle réunit toutes les facultés de l'amour, il faut qu'elle aime, tous les moyens de plaisir sont en elle, il faut qu'elle soit aimée. L'homme qu'elle rencontre est à ses yeux\ l'homme qui lui est destiné; ce sera une justice de lui consacrer sentiment et beauté, énergie de l'àme, et grâces de l'esprit. On entre dans la vie ; qu'y faire sans amour, sans union? Pourquoi l'harmonie de ces mouvements, et cette voix habile à tout dire, et ce sourire si puissant sur le cœur de l'homme? Pourquoi ces goûts ingénieux, et ces tendres impressions? C'est à l'amour qu'appartiennent cette main formée pour les plus douces caresses; cet œil dont l'art inépuisable resterait inutile; ces formes qui changeraient sans avoir été connues; ce sein qui un jour se flétrirait sans avoir été admiré! Les émotions profondes ou impétueuses, l'ambition du cœur, l'héroïsme de la persévérance, tout favorise, tout commande l'amour. Il faut écouter ce que l'univers redit sans cesse, il faut remplir ce rôle flatteur qu'on sait si bien, que tout rappelle, que le jour prépare, et que la nuit prescrira. Quelle femme sensible imaginerait d'y renoncer! Pour une femme ordinaire, tout homme est toujours un homme; mais pour celle dont le cœur aime, il n'y a point d'homme que son amant. Pour elle cet amant est plus qu'un homme; c'est un être sublime, elle et lui sont les seuls de leur espèce. Ils ne désirent pas, ils aiment. Le cœur ne suit point les sens, il les guide; il couvre leur égarement d'un voile délicieux.

L'amour doit une grande partie de son pouvoir à la mobilité même des désirs, et peut-être à une sorte d'attention nécessaire pour éviter des sujets de crainte, ou des occasions de répugnance. Cette incertitude qui excite l'amour et qui l'entretient dans ses premiers temps, produit la délicatesse, sans laquelle il ne pourrait être durable.

Le véritable amour est le plus chaste de tous les

liens; c'est lui, c'est son feu divin qui sait épurer nos penchants naturels, en les concentrant dans un seul objet. Toujours modeste, il n'arrache point les faveurs avec audace; il les dérobe avec timidité. Le mystère, le silence, la honte craintive, aiguisent et cachent ses doux transports; sa flamme honore et purifie toutes ses caresses; la décence et l'honnêteté l'accompagnent au sein de la volupté même; et lui seul sait tout accorder, sans rien òter à la pudeur. L'accord de l'amour et de l'innocence semble être le paradis sur la terre; c'est le bonheur le plus doux et l'état le plus délicieux de la vie. Nulle crainte, nulle honte ne trouble la félicité des amants qui jouissent; au sein des vrais plaisirs de l'amour, ils peuvent parler de la vertu sans rougir.

L'amour est un sentiment si exclusif, et qui anéantit tellement les autres, qu'il exige naturellement un retour semblable de la part de son objet : voilà pourquoi il produit la jalousie, qui n'est autre chose que la crainte d'être troublé dans la pos session de ce qu'on aime.

L'amour est le sentiment le plus doux que nous connaissions, et en même temps le plus terrible par les malheurs dont il est la source. De toutes les passions, c'est celle qui jette le plus de trouble dans l'organisation, et qui, par sa continuelle et violente influence, y cause plus de désordres, parce qu'elle est véritablement la seule qui agite à la fois toutes les puissances physiques et morales. L'âme et le corps y réagissent sans cesse l'un contre l'autre, dans un tel tumulte, que la raison ne peut guère trouver un seul instant de calme pour. se faire entendre.

Cette passion réunit en elle seule presque toutes les autres. On reconnaît dans ses accès les tourments de la jalousie, les emportements de la colère, les fureurs de la vengeance, et les sombres, projets du désespoir. Il n'est pas une seule affection vive de l'âme qu'elle manque de s'associer. Aussi, portée à ce degré de violence, est-elle une source effrayante de maux physiques et moraux, tous également funestes.

Ses effets, dans l'organisation, sont d'en troubler presque immédiatement toutes les facultés, en y excitant par secousses un mouvement impétueux et ardent, qui a tous les caractères de la fièvre. L'appétit se perd, le sommeil fuit: lorsque, rappelé par l'excessive fatigue de cette continuelle agitation, il paraît revenir pour quelques instants, des rêves brûlants le tourmentent et ne lui permettent pas de rien réparer. Ce désordre dans les fonctions naturelles se fait bientôt sentir dans les

fonctions vitales; la poitrine s'affecte, la tête s'échauffe de plus en plus, le délire survient par intervalles, et finit quelquefois par se fixer dans un état absolu de folie. La maigreur, la prostration des forces ne tardent pas d'annoncer un profond épuisement impossible à réparer; toutes les humeurs s'altèrent et se dépravent; enfin la consomption, si un accès de furie ne l'a prévenue, termine cet état de souffrance.

Les moralistes et les médecins ont assez vainement recherché les moyens de calmer la passion qui a une fois pris, dans le désespoir, ces terribles caractères. Tout ce qu'ils peuvent faire, c'est d'indiquer ceux qu'ils croient propres à la combattre dans le moment de son invasion, et à l'empêcher de faire plus de progrès. Les remèdes qu'ils conseillent alors sont l'éloignement de l'objet qui l'a inspirée ensuite des occupations forcées qui, en causant à l'âme de continuelles et vives distractions, fatiguent le corps. Il est rare qu'on éprouve deux fois cette passion avec la mème violence, et que l'on en soit tourmenté à cet excès dans un autre âge que celui de l'adolescence.

L'amour soutient l'âme dans la jeunesse, dans l'âge où on se croit incapable de renoncer à ce qui plaît généralement. Plus tard, l'amour redonne quelque énergie à ceux qui ne sauraient être émus sans des circonstances favorables. Seul guide pour les uns, seul moyen de consolation chez d'autres, il peut tout entraîner; rien ne le remplace sans effort, et on se persuade qu'il remplacera toute chose.

L'amour fondé sur l'estime élève les hommes dans une région supérieure et les rend capables des plus belles actions. Celui qui veut plaire à une femme vertueuse, ne trouve au fond de son cœur que des sentiments généreux. Pour mériter un regard, il voudra se distinguer, quelque carrière qu'il ait à parcourir, et la société retirera mille avantages de ce sentiment. Voy. GALANTERIE.

AMOUR CONJUGAL. PHILOSOPHIE, MORALE. L'amour conjugal est une vertu, parce que la concorde et l'union qui résultent de l'amour des époux établissent au sein de la famille une foule d'habitudes utiles à sa prospérité et à sa conservation. Les époux unis aiment leur maison, et ne la quittent que peu; ils en surveillent tous les détails et l'administration; ils s'appliquent à l'éducation de leurs enfants; ils maintiennent le respect et la fidélité des domestiques; ils empêchent tout désordre, toute dissipation; et, par leur bonne conduite, ils vivent dans l'aisance et la considération; tandis que les époux qui ne s'aiment point remplissent

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