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de l'humanité, l'histoire des arts, l'histoire sacrée, agrégation; ils n'ont pas une fin, une cessation d'être l'histoire profane, etc., etc.

L'histoire se compose d'une infinité de sciences partielles. La science des événements, des époques ou dates, se nomme chronologie; celle des lieux s'appelle géographie; la science qui s'occupe spécialement des institutions, des mœurs, des lois du culte, etc., est la science des antiquités, dont dépend l'archéologie, qui embrasse les objets matériels, tels que l'architecture, les inscriptions, la glyptographie, la numismatique, etc. Les sources de l'histoire sont ou parlées, ou écrites, ou monumentales, ou traditionnelles : les sources écrites sont les archives, les relations, les bulletins, les rapports, les correspondances, les journaux, les recueils et dépôts, les écrits philosophiques et littéraires, les mémoires; les sources monumentales sont les monuments d'architecture, les médailles et les inscriptions; les sources parlées ou traditionnelles sont les traditions populaires et les légendes, les hymnes, fêtes, usages, étymologies, etc., les témoignages proprement dits.

HISTOIRE NATURELLE. Considérée comme science, l'histoire naturelle, prise dans toute l'étendue de cette dénomination, est une grande division de la physique générale, ou de la connaissance de la nature, qui comprend quatre autres parties, savoir: la physique proprement dite, laquelle expose les phénomènes qui se passent sur notre globe, ét les propriétés des corps qui les produisent; la chimie, qui fait connaître la composition des corps et l'action réciproque de leurs éléments; la physiologie, qui, après avoir développé la structure de certains corps, expose les fonctions qu'ils exercent; enfin l'astronomie, qui s'occupe des corps situés hors de la terre et dans l'immensité des cieux. Toutes ces parties de la science de la nature, ou de la connaissance des corps, ont avec l'histoire naturelle les relations les plus intimes.

Restreinte dans ses véritables limites, l'histoire naturelle est une science qui a pour objet la connaissance des corps soit bruts, soit organisés, qui composent l'ensemble de notre globe.

Tous les corps de la nature sont susceptibles d'être rangés dans deux grandes classes ou règnes. Le premier règne, appelé inorganique, comprend généralement la matière inerte, et spécialement les minéraux. Le second, appelé organique, comprend la matière vivante, c'est-à-dire les végétaux et les animaux.

Les corps qui appartiennent au règne inorganique doivent leur origine à l'affinité; ils croissent par

déterminée; enfin ce sont des masses de figure variable, de composition simple, qui peuvent être divisées sans cesser d'être, et qu'on peut rapprocher et reconstituer après leur division. Ceux qui appartiennent au règue organique doivent l'existence à la génération. Les minéraux croissent, les végétaux croissent et vivent, les animaux croissent, vivent et sentent telle est l'indication, selon l'aphorisme de Linné, des propriétés essentielles et caractéristiques des trois grandes divisions de l'histoire naturelle.

Tous les êtres de la nature ont été distribués par groupes, qui en renferment successivement plusieurs autres. Ces divisions prennent le nom de règnes, de classes, d'ordres, de genres, d'espèces et de variétés, dans les systèmes. Les méthodes admettent à peu près les mêmes dénominations; mais elles ont adopté celle de familles, qui groupent les genres, et qui correspondent à peu près aux ordres. Voyez, pour la division des diverses branches de l'histoire naturelle, les mots ANIMAL, BOTANIQUE, MINERALOGIE.

L'histoire naturelle est une des plus vastes sciences dont le sage se puisse occuper. La variété des objets qui compose son domaine est infinie: il n'est pas besoin d'en peindre emphatiquement les beautés pour la rendre aimable; et prétendre en prouver l'importance à qui ne la conçoit pas, n'est qu'une puérilité. L'utilité de cette science est dans l'appui que prète son étude à la sagesse humaine, pour détruire des préjugés honteux qui l'obscurcissent depuis si long-temps, et dans la recherche des idées justes, qui doivent nécessairement résulter de sa connaissance. L'erreur ne lui saurait résister; elle est la plus importante des sources de vérités. Son avatcement a, depuis vingt-cinq ans, détruit peut-être plus d'absurdités que n'en avaient osé attaquer tous les philosophes ensemble.

Le nombre des objets dont s'occupe l'histoire naturelle est infini, et celui des êtres de nature différente, soit végétaux, soit animaux, qui couvrent la surface du globe, ne peut être évalué que très-imparfaitement. Les catalogues systématiques de ces ètres sont trop incomplets; les collections publiques des peuples qui cultivent l'histoire naturelle renferment tant d'espèces non décrites, les découvertes journalières en ajoutent un si grand nombre, qu'on ne peut considérer les évaluations qui ont été publiées jusqu'à ce jour que comme approximatives. Voici le tableau qu'en donne M. Balbi, dans son excellent Abrégé de Géographie, imprimé en 1830.

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HIVER. ASTRONOMIE. Quatrième et dernière saison de l'année.

L'hiver commence lorsque le soleil, s'éloignant de plus en plus du zénith, est parvenu à sa plus petite hauteur méridienne, c'est-à-dire lorsqu'il est arrivé au point de l'écliptique qui coupe le colure des solstices; il finit lorsque le soleil, se rapprochant de plus en plus du zénith, a atteint une hauteur méridienne moyenne entre sa plus grande et sa plus petite, c'est-à-dire, lorsqu'il est arrivé au point de l'écliptique qui coupe l'équateur. Ainsi, pour ceux qui habitent l'hémisphère septentrional, l'hiver commence lorsque le soleil arrive au premier point du signe du Capricorne -(le 21 ou 22 décembre), et il finit lorsque le soleil arrive au premier point du signe du Bélier (le 20 ou 21 mars); mais, pour les habitants de l'hémisphère méridional, l'hiver commence lorsque le soleil arrive au premier point du signe du Cancer (le 21 ou 22 juin), et il finit lorsque le soleil arrive au premier point du signe de la Balance (le 22 ou 23 septembre). L'hiver naturel commence, pour le climat de Paris, le 1er décembre.

L'éloignement du soleil u'influe pas beaucoup sur le froid que l'on ressent en hiver, puisque le soleil est plus près de la terre le 1er janvier que le 1 juillet de plus d'un million de lieues; on trouve la raison du froid dans la direction oblique des rayons solaires, et du peu de temps de la présence du soleil sur notre horizon à cette époque.

Le jour où l'hiver commence est celui qui est le plus court de l'année, et la nuit la plus longue, c'est-à-dire que le soleil demeure au-dessus de l'horizon le moins de temps, et au-dessous le plus longtemps qu'il est possible pour chaque lieu; et la différence de la longueur du jour à celle de la nuit est d'autant plus grande que le lieu dont il s'agit a une plus grande latitude.

L'hiver est l'époque de la mort apparente des végétaux vivaces, de la cessation de toute végétation. L'hiver est le deuil de la nature; tout est triste et silencieux; l'homme partage cette tristesse, et les plaisirs qu'il se crée ne suffisent pas toujours pour en détourner l'influence. Cependant l'hiver rend à la terre l'excès d'humidité qu'elle a perdu pendant l'été, et la portion d'humus soluble qui a été consommé par les plantes; et c'est en conséquence à lui qu'on doit la végétation du printemps et de l'été suivant. Tous les pays ont leur hiver. En France, il est accompagné de neiges, de glade pluies, de brumes; entre les tropiques, il est indiqué par des pluies continuelles.

ces,

L'hiver est le règne des maladies; il semble qu'a

lors la nature ait abandonné l'homme, et que celui-ci ait cessé d'être sous son influence médiatrice. L'influence de la température d'hiver aggrave les souffrances morales et l'état de tristesse et de désespoir des malheureux; les suicides sont plus fréquents en cette saison qu'en été. En général, la difference extrême des constitutions atmosphériques et de la température en produisent de très-grandes sur l'économie physique et morale de l'homme. Quand l'atmosphere devient froide, que le ciel se couvre de sombres nuages, que le vent souffle du nord, tout dans la nature devient triste et silencieux : que la température s'adoucisse, que le soleil paraisse, tout s'anime, tout reprend une nouvelle vie.

L'hiver est la saison du repos; c'est l'époque de l'année où l'homme est plus actif, où il respire un air plus pur, où il digère le mieux. Oh! l'hiver! l'hiver! Les douces causeries du coin du feu dans une chambre bien close, sa mère d'un côté, sa jeune femme de l'autre; parfois un grave et bon ami vous écoutant, vous instruisant;' ces bavardages du cœur gais ou touchants; ces légères friandises, placées là par la jolie ménagère attentive à tous vos désirs... oh ! que de bonheur l'homme a sous sa main, et qu'il est fou à en poursuivre bien loin d'imaginaires!

HOMME. HISTOIRE NATURELLE, PHILOSOPHIE. Être doué de raison; animal raisonnable. Sous cette dénomination on comprend également les deux sexes, c'est-à-dire toute l'espèce humaine.

L'homme est un être doué de facultés physiques comme les autres animaux, et de facultés intellectuelles et morales qui lui sont propres. Comme animal, la nature lui a donné tous les organes internes et externes propres à sa conservation: mais il se distingue des autres animaux par un port noble et majestueux; par des traits expressifs et pleins de force; par une chevelure qui orue agréablement sa tete; par des yeux vifs et perçants, éloquents interprètes des sentiments de l'ame; par une bouche, siége du rire et de la parole ; par la délicatesse extrême d'une ouïe qui saisit jusqu'à une nuance de ton; enfin, par des maius, source principale de ses intarissables productions. De même que tous les animaux, l'homme se trouve en rapport avec le monde matériel par ses organes extérieurs, et est soumis, comme eux, à des lois physiques qui sont indépendantes de son existence morale. Ainsi, s'il veut conserver sa vie, il faut qu'il se garautisse du froid comme de la chaleur excessive; qu'il se mette à l'abri des intempéries de l'air; qu'il prenne chaque jour la quantité de nourriture nécessaire à sa

antrition, etc. La nature lui a donné tous les organes nécessaires aux fonctions vitales; mais si ces organes sont attaqués, la vie cesse immédiatement.

La nature, en favorisant l'homme d'une existence morale toute particulière, a également pourvu à la conservation et au développement des précieuses facultés de l'intelligence. Le cerveau, cette portion admirable de l'homme, est le siége de ses sensations et de ses facultés immatérielles, l'organe de sa pensée. L'âme, ou la partie sensitive de notre être, se compose de deux puissances principales, l'intelligence et la volonté. C'est par la voie de l'intelligence que Thomme est capable de comparer des idées entre elles, et d'en tirer des conséquences; de joindre le passé au présent, et de pénétrer jusque dans l'avenir; de rechercher la cause des phénomènes; de connaître le mérite ou le démérite des actions: de se tracer des règles de conduite. La volonté, ou libre arbitre, est cette puissance qui porte l'âme, en vertu d'un principe inhérent à sa nature, à rechercher ce qui peut lui être utile, à agir ou ne pas agir, suivant son intérêt. L'àme est susceptible de mille modifications: la satisfaction et le mécontentement, le plaisir et la douleur, la joie et la tristesse, le désir et le chagrin, la crainte et la honte, sont autant d'états de l'âme, que l'on ressent avant d'y avoir songé; ils sont indépendants de notre volonté. L'homme a le libre arbitre; mais sa faculté de vouloir n'est pas illimitée, elle est circonscrite dans les bornes de son organisation. Le Créateur a tracé autour de lui un cercle d'où il ne peut pas plus sortir qu'il ne peut s'éloigner des lois de son organisation physique. Quels sont les points de ce cercle, quelle est son étendue? C'est ce que nous ne pouvons encore assigner qu'imparfaitement. Les organes physiques de l'homme sont connus, leur destination est évidente: ceux de la pensée sont encore incertains, malgré les belles expériences et les recherches persévérantes d'un médecin philosophe, le célèbre docteur Gall, et celles nou moins importantes du docteur Spurzheim; et l'on doute encore si les différentes parties du cerveau sont les sièges particuliers de facultés individuelles, ou si les facultés intellectuelles sont le résultat de l'action de toute la masse cérébrale. Si les sièges de nos facultés étaient parfaitement connus, leur destination bien évidente, les lois de la nature intellectuelle de l'homme seraient aussi faciles à établir que les lois de sa nature matérielle.

Seul entre tous les animaux, l'homme jouit du don de la parole; il revêt ses idées de termes et de signes arbitraires, et par cette admirable prérogative il met entre elles une liaison qui fait de son

imagination et de sa mémoire un trésor inestimable de connaissances. Par là, l'homme communique ses pensées et perfectionne toutes ses facultés; par là, il atteint à tous les arts et à toutes les sciences; par là, la nature entière lui est soumise. Tantôt, d'une voix forte et harmonieuse, il chante dans un poëme les vertus d'un héros; tantôt, d'un coup de pinceau, il change une toile ingrate en une perspective enchantée; tantôt, le ciseau ou le burin à la main, il anime et fait respirer le bronze; tantôt, prenant le plomb et l'équerre, il se construit un palais magnifique ; tantôt, à l'aide d'un microscope de sou invention, il découvre de nouveaux mondes dans des atomes invisibles, ou pénètre le jeu de quelque organe; tantôt, faisant de ce microscope un télescope, il perce jusque dans les cieux, étudie les lois des corps célestes, marque leur route, mesure la terre, pèse le soleil. Dirigeant ensuite sa pensée vers les hautes régions de la métaphysique, il recherche la nature des ètres, examine leurs rapports et l'adinirable harmonie qui en résulte. D'autres fois, moins sublime, mais non moins estimable, l'homme s'occupe des arts, qui peuvent pourvoir à ses besoins ou augmenter ses commodités. Sa raison se fléchit à tout. La terre cultivée par ses soins enfante chaque jour de nouvelles productions; le chanvre et le lin se dépouillent de leur écorce pour lui fournir le vêtement; la brebis lui abandonne sa riche toison, et le ver à soie file pour lui sa précieuse trame; le métal docile se moule dans ses mains; les arbres les plus grands et les plus forts tombent à ses pieds et prennent un nouvel être. Tous les animaux sont soumis à ses lois; il fait servir les uns à sa nourriture, il attache les autres à son char; il condamne ceux-ci à sillonner ses guérets, il fait de ceux-là ses porte-faix, ses chasseurs, ses gardiens, etc. etc. Enfin l'homme se fraie une route hardie à travers le vaste océan, et unit par la navigation les deux extrémités de la terre.

Tel est l'homme, considéré dans le plus haut degré de sa perfection. Mais si nous ne considérons que l'homme purement corporel, si nous étudions sans préjugé sa conformation interne et ses formes extérieures, il ne nous paraîtra qu'un animal peu favorisé au physique, en le comparant au reste des ètres. Il n'est pourvu d'aucune des armes défensives et offensives que la nature a distribuées à chacun des animaux. Sa peau nue est exposée à l'ardeur brûlante du soleil, comme à la froidure rigoureuse des hivers, et à toute l'intempérie de l'atmosphère; tandis que la nature a protégé d'une écorce les arbres eux-mêmes. La longue faiblesse de notre enfance, notre assujettissement à une foule de ma

et

ladies dans tout le cours de la vie, l'insuffisance individuelle de l'homme, l'intempérance de ses appétits et de ses passions, le trouble de sa raison et son ignorance originelle le rendent peut-être la plus misérable de toutes les créatures. Le sauvage traine en languissant, sur la terre, une longue carrière de douleur et de tristesse; rebut de la nature, il ne jouit d'aucun avantage sans l'acheter au prix de son repos, et demeure en proie à tous les hasards de la fortune. Quelle est sa force devant celle du lion, la rapidité de sa course auprès de celle du cheval? a-t-il le vol élevé de l'oiseau, la facilité de nager comme le poisson, l'odorat du chien, l'œil perçant de l'aigle, et l'ouïe du lièvre ? s'enorgueillira-t-il de sa taille auprès de l'éléphant, de sa dextérité devant le singe, de sa légèreté près du chevreuil? Chaque être a été doué de son instinct, et la nature a pourvu aux besoins de tous: elle a donné des serres crochues, un bec acéré et des ailes vigoureuses à l'oiseau de proie; elle arme le quadrupède de dents et de cornes menaçantes; elle protége la lente tortue d'un épais bouclier; l'homme seul ne sait rien, ne peut rien sans l'éducation; il lui faut enseigner à vivre, à parler, à bien penser; il lui faut mille labeurs et mille peines pour surmonter tous ses besoins; la nature ne nous instruisit qu'à souffrir la misère, et nos premières voix sont des pleurs. Le voilà gisant à terre, pieds et poings liés, cet être superbe, né pour commander à tous les autres. Il gémit, on l'emmaillote, on l'enchaîne, on commence sa vie par des supplices, pour le seul crime d'ètre né. Les animaux n'entrent point dans leur carrière sous de si cruels auspices; aucun d'eux n'a reçu une existence aussi fragile que l'homme; aucun ne conserve un orgueil aussi démesuré dans l'abjection; aucun n'a la superstition, l'avarice, la folie, l'ambition et toutes les fureurs en partage. C'est par ces rigoureux sacrifices que nous avons acheté la raison et l'empire du monde, présents souvent funestes à notre bonheur et à notre repos; et l'on ne peut pas dire si la nature s'est montrée envers nous, ou plus généreuse mère par ses dons, ou marâtre plus inexorable par le prix qu'elle en exige. Si l'homme n'est qu'un instrument nécessaire dans le système de vie, tout ce qui existe n'est donc pas formé pour son bonheur, et il serait également faux de prétendre que les sujets furent formés exprès pour le souverain, et que toute la nature ait été créée exclusivement pour l'homme. La mouche qui l'insulte, le ver qui dévore ses entrailles, le vil insecte dont il est la proie, sont-ils nés pour le servir? Les astres, les saisons, les vents obéissent-ils aux volontés de ce roi de la terre, aliment d'un frêle vermisseau ?

tout nu,

Quelle démence de croire que tout est destiné à notre félicité, que c'est l'unique pensée de la nature! Les pestes, les famines, les maladies, les guerres, les passions des hommes, leurs infortunes et leurs douleurs, prouvent que nous ne sommes pas plus favorisés au physique que les autres ètres; que la nature s'est montrée équitable envers tous; que pour être élevés au premier rang, nous ne sommes pas à l'abri de ses lois; elle n'a mis aucune distinction entre tous les individus; et les rois, les bergers naissent et meurent comme les fleurs et les animaux. L'homme physique n'est donc pour elle qu'un peu de matière organisée, qu'elle change et transforme à son gré, qu'elle fait croître, engendrer et périr tour-à-tour. Ce n'est pas l'homme qui règue sur la terre, ce sont les lois de la nature dont il n'est que l'interprète et le dépositaire : il tient d'elle seule l'empire de vie et de mort sur l'animal et la plante; mais il est soumis lui-même à ces lois terribles, irrévocables; il en est le premier esclave; et toute la puissance de la terre, toute la force du genre humain se tait en la présence du maître éternel des mondes.

L'homme, a dit Daubenton, ne peut rien sur le produit de sa création; il ne peut rien sur les mouvements des corps célestes, sur les révolutions de ce globe qu'il habite; il ne peut rien sur les animaux, les végétaux, les minéraux en général; il ne peut rien sur les espèces; il ne peut que sur les individus, car les espèces et la matière en bloc appartiennent à la nature, ou plutôt la constituent; tout se passe, se suit, se succède, se renouvelle et se meut par une puissance irrésistible; l'homme, entraîné lui-même par le torrent des temps, ue peut rien pour sa propre durée; lié par son corps à la matière, enveloppé dans le tourbillon des ètres, il est forcé de subir la loi commune, il obéit à la même puissance, et, comme tout le reste, il nait, croit et périt.

L'homme, l'objet le plus complexe et le plus jeune de la création, prit naissance sur les plateaux élevés de notre planète; ses essaims variés et typtiques s'irradierent de ce centre et descendirent successivement dans les vallées, en s'avançant par de hautes latitudes. Son existence une et indivisible est loin d'offrir les especes qu'on a voulu admettre, et rien ne légitime cette multiplication de noms caractéristiques appliqués à de simples variétés. Partout l'homme s'est plié aux climats auxquels il a été soumis, et ses mœurs, sa manière de vivre, et jusqu'à son intelligence en ont été influencées et modifiées. Pasteur ou pêcheur, nomade ou sédentaire, vivant en familles indépendantes ou en corps de nations, l'homme peut produire avec toutes les va

riétés de son espèce répandues dans le monde, et les individus qui proviennent de ce croisement ont leurs caractères de race adoucis, et leurs traits natifs s'effacent. Les noms de races ne peuvent donc servir qu'à désigner des modifications de l'espèce soumises aux lois de la distribution géographique. Le savant M. Link ne reconnaît dans le genre humain que trois races éminemment distinctes: la blanche ou caucasique, la jaune ou mongolique, la nègre ou éthiopique; le célèbre Blumenbach en compte cinq, en ajoutant aux trois précédentes la race malaise et la race américaine. M. Desmoulins en comptait onze. M. Bory de Saint-Vincent compte quinze espèces de races différentes, qui sont : l'espèce japétique; l'espèce arabique; l'espèce hindoue; l'espèce scythique; l'espèce hyperboréenne; l'espèce neptunienne; l'espèce australasienne ; l'espèce colombique; l'espèce patagone; l'espèce éthiopienne; l'espèce cafre; l'espèce mélanieune et l'espèce hottentotte.

Lorsqu'on examine attentivement la constitution de l'homme, ses qualités physiques et inorales, il devient évident qu'il a été créé pour vivre en société. Hors de l'état social, nous avons vu qu'il est le plus faible des animaux ; il ne peut même se préserver de leurs attaques que par son intelligence; mais cette faculté lui donne l'empire sur tous les ètres créés, lorsqu'elle est cultivée par les relations qu'ila avec ses semblables. D'ailleurs, si l'homme n'était pas né pour vivre en société, pourquoi la nature lui aurait-elle accordé le don merveilleux de la parole, la faculté non moins précieuse de joindre et de comparer des idées entre elles, d'où naît la perfectibilité presque infinie de son esprit, la conscience ou sentiment du devoir, un toucher si délicat, une adresse si admirable, et un génie capable des découvertes les plus sublimes ? L'état social est donc son véritable état de nature; c'est le seul où il peut mettre en action ses facultés, et jouir de tous les avantages que lui procure la civilisation. Isolé, l'homme est faible et timide; réuni à ses semblables, ses facultés se développent, il s'empare de la nature, la plie à ses besoins, la façonne à ses jouissances. La société n'est pas pour lui un simple penchant, l'ordre de la nature n'est pas promulgué d'une manière équivoque; c'est une nécessité à laquelle il ne peut se soustraire, sans devenir le plus misérable des ètres.

La paresse est naturelle à l'homme. L'attention le fatigue et le peine; il gravite sans cesse vers le repos, comme les corps vers un centre; attiré sans cesse vers ce centre, il s'y tiendrait fixement attaché, s'il n'en était à chaque instant repoussé par

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