صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

lablement déterminé. Les substances les plus avides d'eau sont l'acide sulfurique concentré, la potasse caustique, le chlorure de calcium; mais celle qui jouit au plus haut degré de la faculté de faire connaître la plus légère trace d'humidité contenue dans l'air, est le gaz phthoroborique. Il répand des vapeurs blanches dans l'air humide, et ne trouble nullement la transparence de l'air parfaitement sec. Voyez POROSITÉ, HUMIDITÉ, AIR.

HYMNE. BELLES - LETTRES. Louange en l'honneur de quelques divinités; sorte de poëme en usage chez les anciens pour célébrer les Dieux et les héros. Chez les modernes, on entend par hymne une ode, un petit poëme consacré à la louange de Dieu ou des mystères.

HYPERBOLE. BELLES-LETTRES. Exagération soit en augmentant, soit en diminuant. Figure de rhétorique qui mène à la vérité par quelque chose de faux, d'outré, et affirme des choses incroyables, pour en persuader de croyables. L'hyperbole exprime au-delà de la vérité pour mener l'esprit à la mieux connaître.

HYPOCRISIE. PHILOSOPHIE, MORALE. L'artifice de l'esprit et des manières pour annoncer l'extérieur des vertus qu'on n'a point dans le cœur, et par le motif de surprendre la confiance et d'en mésuser, est ce qu'on nomme hypocrisie. Un mauége continuel de mensonge, de fouberie, constitue donc l'hypocrite, qui se montre constamment avec un caractère qui n'est pas le sien.

Le nom d'hypocrite est donné plus particulière ment à ces hommes constamment faux et pervers, qui, sans vertus et sans religion, prétendent faire respecter en eux les plus grandes vertus et l'amour de la religion. Ils sont zélés, pour se dispenser d'être honnêtes; héros, ou saints, pour se dispenser

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

d'être bons. Des fanges du vice ils élèvent une voix respectée, pour accuser le mérite, ou de crime ou d'impiété.

L'ame vile et rampante de l'hypocrite est semblable à un cadavre où l'on ne trouve plus ni feu, ni chaleur, ni retour à la vie. On a vu de grands scélérats rentrer en eux-mêmes, mais, ce que personne n'a jamais vu, c'est un hypocrite devenir homme de bien. Le scélérat est moins à craindre que l'hypocrite: on ne s'attend qu'à de méchantes actions de la part du scélérat, ce qui fait qu'on s'en défie; au lieu qu'on ne peut parer les coups de l'hypocrite, parce qu'on ne s'y attend pas.

HYPOTHÈSE. Belles-lettres. Supposition que l'on fait de certaines choses pour rendre raison de ce que l'on observe, quoiqu'on ne soit pas en état de démontrer la vérité de ces suppositions.

PHYSIQUE. On appelle hypothèse en physique une supposition dont on n'a pas la preuve, mais qui s'accorde plus ou moins bien avec le phénomène qu'on veut expliquer. Quand l'hypothèse satisfait à un grand nombre de circonstances qui accompagnent le phénomène qu'on se propose d'expliquer par son moyen, elle acquiert par là un grand degré de probabilité: si elle satisfait à toutes les circonstances, elle devient une certitude morale, et bientôt une vérité. On fait souvent en physique des hypothèses, pour rendre raison des faits qu'on observe; on en tire des conséquences qui donnent lieu à de nouvelles observations, par lesquelles on reconnaît ou la vérité ou la fausseté des hypothèses. Il arrive souvent que ces hypothèses sont très-utiles, puisqu'elles conduisent à expliquer des phénomènes, et à en découvrir les causes; ce qu'on ne pourrait faire ni par l'expérience, ni par le raisonnement. Mais on ne doit pas les faire trop légèrement, et encore moins les admettre comme des vérités, sans les avoir soumises à l'examen le plus rigoureux.

ICONOLOGIE.

ture hieroglyphique, que savent lire toutes les nations, pourvu que la mythologie des Grecs et des Romains, et certaines conventions, ne leur soient pas inconnues. Les premières sources et les plus fécondes du langage iconologique sont l'histoire fabuleuse et les poésies d'Homère, de Virgile, d'Horace, d'Ovide, et de beaucoup d'autres; tous les monuments de l'antiquité, comme médailles, pierres gravées, statues, tombeaux, etc.: mais on

les airs de tête, les mouvements des mains, des pieds, de tout le corps même, selon le tempérament qu'on doit leur donner, afin qu'ils produisent un bon effet et des variétés dans le tableau. En général, on peut dire de tout objet de l'art qui n'a pas été formé d'après un autre qui existe dans la nature, mais dont la forme et la nature sont une création du génie de l'artiste, qu'il a été travaillé d'après un idéal.

L'idéal est toujours l'ouvrage du génie, et souvent le fruit d'un moment heureux, lorsque les facultés de l'âme, exaltées par l'enthousiasme, se réunissent, pour ainsi dire, subitement pour le créer.

doit s'attacher particulièrement au goût sage et sévère des Grecs, qui, dans leurs ouvrages, joignent aux attributs ordinaires des êtres allégoriques ou poétiques, les caractères propres à les faire distinguer. Il n'est pas moins nécessaire d'étudier les productions des poètes et des artistes modernes les plus célèbres et les plus ingénieux. La lecture des premiers peut aider beaucoup quiconque se propose d'étendre la langue des images, quoique cependant on y trouve moins de richesses que chez les anciens, et que leur style, en ce genre, soit plus diffus et moins expressif. Il y a bien des moyens de parler la langue iconologique : tantôt on n'emploie qu'une seule figure de la mythologie; ainsi le dieu Mars peut signifier la guerre tantôt on en rassemble plusieurs; ainsi Minerve tenant l'Amour enchaîné signifie que l'amour peut être vaincu par la sagesse. Quelquefois on prend un sujet historique : pour signifier la constance, on peut représenter Mutius Scévola se brûlant la main sur un autel. Quelque-plètes et claires, ou incomplètes et obscures; disfois c'est un animal qui exprime l'idée que l'on veut peindre: le loup, par exemple, exprime la fureur;

IDÉE. IDÉOLOGIE. Connaissance que l'âme prend des objets dont l'usage lui est transmis par les sens. Nos idées peuvent se diviser en plusieurs classes; elles sont absolues ou relatives; singulières ou universelles, ou particulières; simples ou composées, ou collectives; concrètes ou abstraites; com

tinctes ou confuses; sensibles ou intellectuelles; vraies ou fausses. Les idées absolues sont celles

mêmes; les idées relatives sont celles qui ont pour objet les rapports que les choses ont entre elles.— Lorsqu'on se représente à part ce qu'il y a de semblable, de commun dans un certain nombre d'ob

le lion, la générosité. On peut aussi prendre pour qui ont pour objet les choses considérées en ellessymbole une chose imaginée : une charrue représentera l'agriculture; une bêche, le jardinage; une lyre, la musique. Tout ce qui peut s'exprimer par des figures est donc du ressort de l'iconologie. C'est une langue dont on ne pourra jamais donner le dictionnaire complet, parce que l'imagination a le droit de l'enrichir tous les jours.

IDÉAL. BEAUX-ARTS. L'idéal, dans la peinture, consiste dans le choix des choses les plus belles que nous offre la nature dépourvue de toute imperfection et de toutes les parties gratuites et inutiles. Il y a donc de l'idéal dans toutes les parties de la peinture. Dans le dessin, c'est la beauté des formes au-dessus de la nature, et l'art d'unir de belles parties qui soient bien agencées ensemble. Dans le clair-obscur, ce sont les masses ou les accidents supposés ou recherchés pour accroître la beauté d'un ouvrage. Dans le coloris, c'est le choix du ton qu'on donne aux objets représentés, et des couleurs locales plus fières ou plus tendres, avec la connaissance de celles qui sont plus ou moins propres à recevoir les rayons de lumière. L'idéal du coloris consiste donc à donner en général à un tableau une belle harmonie de tons. Dans la composition, c'est l'invention de choses qu'on n'a point vues, et d'expressions qu'on ne peut copier d'après la nature, enfin l'emploi d'accidents et d'idées purement poétiques. L'idéal s'étend même sur le caractère des personnages qu'on veut représenter, sur les attitudes,

jets, ou dans tous les objets, l'idée qu'on se forme alors, convenant à plusieurs individus, ou à tous les individus, se nomme idée générale ou universelle, par opposition à celle de chaque individu, laquelle prend le nom d'idée individuelle ou singulière. — Une idée simple est une idée unique; on ne saurait la décomposer en plusieurs autres idées différentes; les idées que nous acquérons par l'action des sens isolés sont simples. L'idée composée est celle qui résulte de la réunion de plusieurs idées simples et différentes, on l'appelle aussi idée concrète. L'idée collective représente plusieurs objets distincts et séparés, mais considérés comme s'ils ne formaient qu'un tout. - Les idées des objets composés sont appelées idées concrètes, quand on les considère relativement aux idées abstraites; c'est par elles que les divers éléments des idées des corps, éléments transmis séparément à l'esprit par les sens, sont réunis pour ne former qu'un tout, qu'une seule idée. L'idée abstraite est l'opposée de la précédente lorsque nous voyons une pomme, l'idée qu'elle fait naître en nous renferme tout ce que nous connaissons dans ce fruit, sa forme, sa couleur, etc.; mais nous pouvons considérer l'une de ces choses seulement sans penser aux autres, lui

--

[ocr errors]
[ocr errors]

donner par la pensée une existence à part. L'idée que nous nous formons ainsi de cette partie se nomme abstraite. Lorsque la connaissance que nous avons d'un objet ne laisse rien à désirer, l'idée que nous avons de cet objet est complète, et par conséquent claire; l'idée de cet objet est incomplète ou obscure dans le cas contraire. Toute idée simple, étant complète, est donc claire. Une idée est distincte lorsqu'elle embrasse un grand nombre des qualités de son objet. Si le nombre de ces objets est peu nombreux, on dit que l'idée qu'on ́a est confuse. On appelle idées sensibles celles des objets qui tombent sous les sens : par opposition, les idées intellectuelles sont celles des objets qui ne sont pas accessibles aux sens. - Si nous considérons nos idées en elles-mêmes, elles sont toutes vraies, puisque toutes représentent ce qu'elles représentent; mais c'est relativement aux objets tels qu'ils existent dans la nature qu'il faut les considérer. Alors nos idées ne seront vraies que lorsqu'elles seront conformes à ces objets; dans les autres cas, elles seront fausses. Toutes les idées simples sont nécessairement vraies.

--

IDÉOLOGIE. PHILOSOPHIE. Science des idées, ou plutôt des facultés intellectuelles de l'homme. Voyez PSYCHOLOGIE.

IDES. CHRONOLOGIE. C'était un des noms par lesquels les Romains distinguaient les jours des mois. Dans chaque mois, il y avait trois sortes de jours, les jours des ides, les jours des calendes et les jours des nones. Dans chaque mois, il y avait huit jours des ides, qui se comptaient en rétrogradant. Dans les mois de mars, de mai, de juillet et d'octobre, les ides tombaient au quinzième jour du mois les sept autres jours, en remontant jusqu'au huit, s'appelaient jours avant les ides; de sorte que le 8 jour du mois se marquait ainsi : VIII idus, c'est-à-dire die octavá ante Idus. Dans les huit autres mois de l'année, les ides tombaient au 13e jour du mois, et se comptaient aussi en rétrogradant jusqu'au 6, de sorte que c'était le 6o jour du mois qui était marqué par VIII idus. Voyez Mois.

IDIOSYNCRASIE. PHYSIOLOGIE. Disposition particulière, qui résulte du plus ou moins d'énergie vitale départie à tel ou tel organe chez certains individus, et qui fait que ceux-ci présentent, soit dans les actions de ces organes, soit dans la manière dont eux-mêmes sont affectés par les agents du dehors, des phénomènes plus ou moins différents de ceux qu'on observe, en pareille circonstance, chez la plupart des autres hommes. C'est ainsi que le vin le plus exquis provoque des vo

missements chez certaines personnes; que les odeurs les plus suaves déterminent des convulsions et même des attaques de nerfs chez certaines autres; que telle personne se ressent très-mal d'un médicament, qui, dans la même maladie contre laquelle on l'emploie, obtient des succès certains chez le plus grand nombre des individus, etc. On peut encore rapporter à l'idiosyncrasie cette disposition qui fait que certains individus ne sont point atteints de maladies contagieuses, quoiqu'ils soient, et même plus que tous les autres, exposés aux circonstances qui favorisent la contagion. Ces diverses propriétés, innées ou acquises, de l'économie animale dépendent, sans nul doute, d'un état particulier de l'organisation; mais, dans l'état actuel de la science, il est impossible d'en spécifier la nature; il est même douteux qu'on puisse jamais la déterminer.

IDIOTISME. Belles-lettres. Façon de parler éloignée des usages ordinaires, ou des lois générales du langage, adaptée au génie propre d'une langue particulière. C'est un terme général dont on peut faire usage à l'égard de toutes les langues; idiotisme grec, latin, français, etc.

IDOLATRIE. RELIGION. Culte des symboles; adoration des idoles; amour extrême. Voyez RELIGION, SABÉISME.

IDYLLE. BELLES-LETTRES. Petit poëme champêtre, qui contient des descriptions ou narrations de quelques aventures agréables. L'idylle est une poésie qui peint naturellement les objets qu'elle décrit elle diffère peu de l'églogue. Cependant l'usage veut plus d'action, de mouvement dans l'églogue; dans l'idylle, on se contente d'y trouver des récits ou des sentiments seulement.

Théocrite est le premier auteur qui ait fait des idylles; les Italiens l'ont imité, et en ont ramené l'usage. Les idylles de Théocrite, sous une simplicité toute naive et toute champêtre, renferment des agréments inestimables; elle paraissent puisées dans le sein de la nature, et dictées par les Grâces elles

mêmes.

IGNÉ. CHIMIE. Qui est produit par le feu. On dit fluide igné, pour calorique; fusion ignée, pour indiquer celle qui est produite par la chaleur. Voy. IGNITION.

IGNITION. CHIMIE. Incandescence d'un corps, produite par des moyens extérieurs, et sans que la constitution chimique du corps soit changée en aucune manière. Toutes les substances, excepté les gaz, deviennent lumineuses lorsqu'elles sont échauffées

à 600 degrés centigrades, ou à la chaleur rouge; elles sont alors en ignition. Le mot ignition est souvent synonyme de combustion; cependant on ne s'en sert généralement que pour indiquer l'état d'un corps chaud, dans lequel il commence à devenir lumineux sans produire de flamme, et souvent sans brûler réellement; ainsi un charbon placé dans le vide, et traversé par un courant électrique puissant, paraît dans un état d'ignition, quoiqu'il n'éprouve aucune altération.

IGNOMINIE. PHILOSOPHIE, MORALE. Dégradation du caractère d'un individu par une action condamnable, ou par le châtiment. L'ignominie d'une action est une tache qui ne s'efface jamais; tandis que l'innocence reconnue efface l'ignominie du châtiment.

IGNORANCE. PHILOSOPHIE, MORALE, Défaut de science, d'instruction; privation des connaissances nécessaires pour motiver la justesse de nos juge

ments.

L'ignorance est une source de nos erreurs. Ses causes procedent du manque de nos idées, de ce que nous ne pouvons découvrir la connexion qui existe entre elles, et de ce que nous ne réfléchissons point assez sur ces mêmes idées; enfin notre paresse, notre négligence et notre peu d'attention à réfléchir, sont aussi des causes de notre iguo

rance.

L'ignorance volontaire ou que l'on peut vaincre, est impardonnable, parce qu'elle entraîne ordinairement à sa suite la présomption, et que de la réunion de ces deux vices résultent des inconvénients fâcheux pour soi, et souvent funestes pour autrui. L'ignorance invincible, ou involontaire, est excusable. Il y a, dit J.-J. Rousseau, une sorte d'ignorance raisonnable, qui consiste à borner sa curiosité à l'étendue des facultés qu'on a reçues; une ignorance modeste, qui naît d'un vif amour pour la vérité, et n'inspire qu'indifférence pour toutes les choses qui ne sont point dignes de remplir le cœur de l'homme, et qui ne contribuent point à le rendre meilleur; une douce et précieuse ignorance, trésor d'une âme pure et contente de soi, qui met toute sa félicité à se replier sur elle-même, à se rendre témoignage de son innocence, et n'a pas besoin de chercher un faux et vain honneur dans l'opinion que les autres pourraient avoir de ses lumières.

ILE. GEOGRAPHIE PHYSIQUE. Portion de terre entourée de tous côtés par les eaux de la mer, d'un lac, d'une rivière. Les îles different beaucoup entre elles; il y a des îles maritimes très-considé

rables par leur étendue, telles que Madagascar, Haiti, Borneo, Java, l'Angleterre, l'Irlande, la Sicile, etc.; d'autres, au contraire, ont à peine une lieue de diamètre. Les iles formées dans les lacs et dans les rivières sont en général peu considérables.

Une réunion de plusieurs îles maritimes, placées à peu de distance les unes des autres, ou bien une île principale environnée de plusieurs autres, tantôt rapprochées, tantôt mème à d'assez grandes distances, forment un archipel. Tout le monde connait l'archipel grec, que, par antonomase, on appelle l'Archipel : nous citerons encore l'archipel des Antilles, l'un des plus grands et des plus peuplés du monde, et le plus important de toute l'Amérique; l'archipel de Bahama, ou îles Lucayes; l'archipel de Falklan, ou iles Malouines, etc., etc.

ILLUSION. PHILOSOPHIE, MORALE. Mensonge des apparences; effet nécessaire des passions, dont la force se mesure presque toujours par le degré d'aveuglement où elles nous plongent; erreur où nous induisent les apparences trompeuses que nous négligeons d'approfondir.

Nos passions nous font illusion, lorsqu'elles nous dérobent l'injustice des actions ou des sentiments l'on craint ou parce que l'on désire. L'illusion augqu'elles nous inspirent. Alors l'on croit, parce que mente en proportion de la force du sentiment, et de la faiblesse de la raison; elle flétrit ou embellit toutes les jouissances, elle pare ou ternit toutes les vertus: au moment où l'on perd les illusions agréables, on tombe dans l'inertie et dans le dégoût.

Il y a des illusions douces et agréables qu'il serait cruel d'ôter aux hommes. L'amour-propre est le père des illusions; la nature a les siennes : une des plus fortes, est celle du plaisir momentané, qui expose la femme à perdre sa vie pour la donner; et celle qui arrête la main de l'homme malheureux et le détermine à vivre. C'est le charme de l'illusion

qui nous aveugle, en une infinité de circonstances, sur la valeur du sacrifice que l'on exige de nous, et sur la frivolité de la récompense qu'on y attache.

Nos sens, notre esprit et notre cœur sont également sujets à l'illusion. L'optique et les distances trompent les yeux en faisant paraître les objets sous des formes et avec des couleurs qui n'existent point réellement. La peur produit des illusions effrayantes. Une imagination vive enfante les illusions les plus ridicules; les chimères qu'elle a conçues lui semblent des idées combinées par une profonde intelligence: un cœur fortement épris d'une passion impérieuse se livre à toutes les illusions qui la flattent. C'est

l'illusion qui fait répandre des larmes à la représentation d'une tragédie. Si nous voulions juger à la rigueur les motifs et les objets qui font mouvoir les hommes pour atteindre à leurs projets de grandeur et de fortune, nous n'y trouverions qu'illusions.

IMAGE. BELLES LETTRES. Description courte et vive qui présente les objets aux yeux autant qu'à l'esprit. En parlant du style, on entend par image cette espèce de métaphore qui, pour donner de la couleur à la pensée et rendre un objet sensible s'il ne l'est pas assez, le peint sous des traits qui ne sont pas les siens, mais ceux d'un objet analogue.

L'entendement humain, dit Marmontel, a trois facultés bien distinctes: la raison, le sentiment et l'imagination. La vérité toute nue suffit à la raison: le style philosophique n'a besoin, à la rigueur, que d'être simple, clair et précis ; mais le sentiment demande à être ému, l'imagination à être frappée. Tout langage qui ne peint rien étant, le compour mun des esprits, un langage inintelligible, on a eu recours à l'image, dont la principale propriété est de bien peindre les choses, de les faire voir clairement, d'être comme la preuve de la pensée, par les rapports qu'elle fait sentir et par les inductions qu'elle facilite. Doit-on alors s'étonner si les hommes intéressés à se persuader, à s'émouvoir mutuellement, ont tâché de revêtir leurs idées d'une enveloppe matérielle que l'imagination pût saisir ? Faut-il s'étonner si l'éloquence et la poésie, ces deux arts qui aspirent à dominer les esprits, ont eu recours à l'illusion des images? On a long-temps mais attribué les figures du style oriental au climat ; on a trouvé des images aussi hardies dans les poésies des Irlandais, dans celles des anciens Écossais, et dans les harangues des sauvages du Canada, que dans les écrits des Persans et des Arabes. Les images sont partout le langage de la nature; mais l'art de les employer a ses règles.

Toutes les images doivent être justes, claires, sensibles et d'accord avec elles-mêmes. Elles doivent être du ton général de la chose, élevées dans le genre noble, simples dans le familier, sublimes dans l'enthousiasme, et toujours plus vives, plus frappantes que la peinture de l'objet même, sans quoi l'imagination écarterait ce voile inutile.

IMAGINATION. PHILOSOPHIE, IDÉOLOGIE, BELLES-LETTRES. Faculté primitive de l'entendement, qui fait qu'on se retrace des idées, qu'on se représente les objets comme s'ils étaient présents; propriété de l'esprit qui, réunissant dans un seul et mème objet des idées éparses dans plusieurs, ou

qui, s'appuyant sur l'apparition et les contrastes, forme des idées nouvelles qui n'ont pas de type dans la nature; c'est une faculté éminemment créatrice. Dans ce sens, cette belle propriété annonce le feu et la fécondité de l'esprit, elle est le plus haut degré des facultés qui donnent naissance à la poésie, à la peinture, à la musique, etc.

Tous les sens fournissent des secours à l'imagination; mais celui de la vue l'enrichit plus que tous les autres, parce que rapprochant les distances ou franchissant les intervalles, multipliant nos rapports avec l'extérieur, embrassant presque dans le même moment le ciel et la terre, il nous fait toucher à un plus grand nombre de choses qui se gravent dans notre intérieur et y déposent leur image.

L'imagination est le principe des beaux-arts; c'est elle qui fournit à la poésie ses brillantes images. L'artiste qui veut peindre une beauté parfaite chercherait vainement son modèle dans la nature; aucun de ses ouvrages ne renferme toutes les perfections que nous pouvons y concevoir. Ce qui est bien sous un rapport est défectueux sous un autre. Mais si la nature n'a réuni dans aucun objet tous les caractères de perfection dont on le conçoit susceptible, elle les a dissémiués dans différents objets de la mème espèce: en les détachant, en les réunissant dans un même objet, on le rend parfait. C'est là l'office de l'imagination, et la belle nature est celle qu'elle crée.

L'éloquence comme la poésie est du ressort de l'imagination; la philosophie mème doit emprunter ses couleurs, toutes les fois qu'elles ne nuisent pas à la clarté du sujet qu'elle traite; c'est un moyen de faire goûter ses leçons en jetant plus d'agrément sur les principes. L'imagination, qui cherche à revêtir d'images sensibles les idées abstraites et les principes des sciences, prête donc infiniment de clarté et d'agrément à la philosophie. Elle n'embellit pas moins les ouvrages de sentiment. Quand l'Arioste conduit Roland dans la grotte où doit se rendre Angélique, avec quel art ne décore-t-il pas cette grotte? Ce sont partout des inscriptions gravées par l'amour, des lits de gazon dressés par le plaisir; le murmure des ruisseaux, la fraîcheur de l'air, les parfums des fleurs, tout s'y rassemble pour exciter les désirs de Roland. Le poète sait que plus cette grotte embellie promettra de plaisir et portera d'ivresse dans l'âme du héros, plus son désespoir sera violent lorsqu'il y apprendra la trahison d'Angélique, et plus ce tableau excitera dans l'âme des lecteurs de ces mouvements tendres auxquels sont attachés leurs plaisirs.

« السابقةمتابعة »