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des déterminations, sont des instincts; les facultés intellectuelles le sont elles-mêmes, puisque au moins elles font sentir le besoin d'être mises en jeu : quelquefois d'ailleurs ne sont-elles pas assez énergiques pour entrainer presque impérieusement l'individu aux actes extérieurs auxquels elles ont trait? Il n'y aurait donc de différence entre les facultés intellectuelles et les instincts proprement dits, que le degré de l'impulsion intérieure que les unes et les autres font éprouver. Dans la seconde acception, qui est au contraire la plus restreinte, on n'appelle instincts que celles de ces facultés intérieures qui sont assez prédominantes pour entrainer, indépendamment de toute réflexion et volonté, les animaux et l'homme à certains actes; de manière même que souvent ces ètres n'ont une idée distincte ni du but de ces actes, ni des moyens par lesquels ils y arri

vent.

Les instincts, faisant partie des facultés intellectuelles et morales, n'étant autres que ces mêmes facultés considérées comme commandant les actions des animaux et de l'homme, ont pour organe le

cerveau.

L'instinct n'est pas plus une faculté unique que l'intelligence, et c'est aussi une expression géné rique désignant toute impulsion intérieure quelconque. Il y a en effet dans chaque être animé autant d'instincts divers que de facultés intellectuelles et affectives primitives.

Suivant M. Bory de Saint-Vincent, dont les écrits sur l'histoire naturelle sont empreints de la plus haute philosophie, « dans l'instinct consiste la pre mière conséquence vitale de tout mode d'organisation, et, pour ainsi dire, l'essence de l'individualité. Ce sont les animaux communément regardés comme les moins parfaits qui nous offrent l'apparence de la plus grande sûreté d'instinct; non que l'instinct soit, chez plusieurs d'entre eux, absolument le mobile de pratiques singulières, mais parce que, étant toujours, en raison de la complica tion des organes qui en déterminent les limites, dans certaines proportions subordonnées, ces limites mêmes y réduisent l'instinctivité, s'il est permis de s'exprimer ainsi, à des actes que nulle cause extérieure d'aberration ne saurait troubler, et qui sont conséquemment toujours identiques autant qu'inaltérables. En considérant, par exemple, la nombreuse classe des insectes, où chaque nouveauné, n'ayant reçu d'enseignement que des inclinations résultantes de la contexture qui lui est propre, imite exactement l'industrie de ses devanciers, avec lesquels il ne fut jamais en rapport, on dirait de petites machines construites à telle ou telle fin,

comme une montre l'est, en vertu du nombre et du jeu respectif des rouages qui lui furent donnés par l'horloger, pour marquer les heures et les minutes seulement, ou les heures et les minutes, plus les secondes, les jours de la semaine, les phases de la lune, ou toute autre complication tirée des diverses évaluations de la marche du temps. A mesure què l'être organisé s'élève en complication, et que des sens s'y viennent cumuler en plus grand nombre, les effets constants très-prononcés, qui seraient résultés en lui de la combinaison de peu d'organes essentiels, se fondent, pour ainsi dire, dans de nouvelles facultés, où le nombre apporte des modifications variées : facultés à l'aide desquelles l'instinct, comme fécondé par la perception d'un plus grand nombre d'objets extérieurs, devient de plus en plus attentif à ces objets, et susceptible alors, par la combinaison des incitations qui lui sont propres, et des idées venues du dehors, de comparaison, de jugement et de combinaisous, pour s'élever insensiblement, par la mémoire, et devenir cette intelligence, qui n'est pas l'attribut de l'homme seul, puisqu'il est des hommes à qui la nature la refusa, et qu'on la voit se développer dans toutes les autres créatures, en proportion des sens dont celles-ci furent dotées, ou de l'usage qu'il leur est donné d'en faire. »

INSTRUCTION PUBLIQUE. On nomme instruction tout moyen propre à nous donner des lumières sur un objet que nous ignorons, ou sur lequel il nous reste des connaissances à acquérir. L'instruction fait partie de l'éducation, qui est l'art de cultiver l'esprit et le cœur. M. Châteaubriand, auquel nous empruntons une partie de cet article, distingue trois sortes d'éducation : « 1o l'éducation de l'espèce ou de l'homme proprement dit, tant moral que physique; 2° l'éducation des individus, ou l'éducation des peuples; 3o l'éducation publique de l'homme privé, ou l'éducation domestique de ce même homme.

« L'éducation de l'espèce est une éducation qui vient de la nature. L'éducation des individus, ou l'éducation des peuples, qui n'a presque jamais eu pour objet que l'enseignement de la religion et de la famille, ne peut appartenir qu'à une société naissante, ou à une très-petite société. L'éducation publique est celle que l'on reçoit dans les universités, dans les colléges, dans les institutions particulières, où l'on réunit toujours ensemble un certain nombre d'élèves.

« L'instruction publique se divise en instruction primaire, en instruction secondaire et en haute

instruction. L'instruction primaire doit être générale; les enfants de toutes les classes, riches comme pauvres, doivent participer à ses bienfaits elle consiste principalement dans l'étude de la lecture, de l'écriture, du calcul, des éléments de la langue maternelle et des principes élémentaires de la musique. L'instruction élémentaire, répartie à l'individu, améliore l'espèce: l'ouvrier, pouvant s'instruire par la lecture des méthodes qui rendent ses travaux plus parfaits et plus faciles, sort des routines de la tradition orale afin d'accroître son aisance; en augmentant son aisance, il multiplie les richesses de l'état; et à ce premier anneau de la chaine se rattache une longue suite d'améliorations. L'instruction primaire élémentaire est nécessaire au peuple comme le pain, et la méthode la plus courte est toujours celle qu'il faut employer, parce que l'enfant du pauvre n'a pas de temps à perdre. »

Après l'instruction primaire vient l'instruction secondaire, aujourd'hui si négligée, et qui par cela même a besoin des plus grands encouragements, car c'est elle qui fait participer les masses aux bienfaits toujours croissants de la civilisation. Au nombre des objets dont elle doit s'occuper, nous citerons en première ligne l'étude des mathématiques, de la géographie, de l'histoire, de la logique, de l'histoire naturelle, de la physique, de la chimie, de l'économie politique, des sciences agricoles, de la composition française, des langues étrangères, etc.

Autant l'instruction primaire doit être générale, antant on doit chercher à faire participer le plus grand nombre possible d'individus aux bienfaits de l'instruction secondaire, autant on doit mettre de justes bornes à l'enseignement des hautes sciences, à l'enseignement complet des sciences et des lettres. «Que quiconque se peut livrer à l'étude avec une fortune indépendante s'y livre; mais il n'est personne qui ne soit frappé du danger de détourner d'une carrière qu'ils étaient appelés à parcourir, une multitude de jeunes gens auxquels la carrière des lettres ne pourra offrir aucune ressource. Lorsque leur éducation est achevée, ces jeunes gens, en qui l'on a fait naître des goûts, des besoins incompatibles avec leur position réelle, aspirent naturellement aux emplois qui, il est pénible de le dire, sont dévolus aux fils on anx parents des fonctionnaires et des puissants du jour : ceux qui ne sont pas assez protégés pour obtenir les places qu'ils sollicitent et auxquelles leurs talents leur donnent réellement droit de prétendre, tombent dans une affreuse misère, et meurent souvent de désespoir. »>

Quant à la haute instruction publique, nul pays n'offrant plus de ressources que la France pour l'étude de toutes les sciences, nous croyons inutile d'indiquer, même sommairement, les branches dont elle se compose, et quelles sont celles qu'il est utile d'étudier de préférence; nous dirons seulement, que les jeunes gens doivent s'appliquer principalement à l'étude des sciences qui ont le plus de rapport à la carrière à laquelle ils se destinent.

INSURRECTION. POLITIQUE, Du latin insurgere, s'élever contre. Ce mot, dont notre langue s'est enrichie depuis la glorieuse révolution de l'Amérique septentrionale, signifie le soulèvement d'un peuple entier contre les magistrats qui le gouvernent, lorsqu'ils transgressent les lois ou qu'ils abusent de leur puissance.

L'insurrection n'est point la révolte; celle-ci, effet de l'égarement du peuple, ou de la mutinerie de quelques factions, est un acte de rébellion contre les lois; l'autre, fruit d'un mouvement naturel d'indignation, est un acte de défense; c'est la résistance à l'oppression,

L'homme nait libre, et doit l'être toujours; nonseulement la nature lui donne le droit de s'opposer à tout ce qui enchaînerait sa liberté, mais elle lui en fait un devoir: on se rend coupable envers elle, criminel envers soi-même, en se laissant dépouiller des dons qu'elle nous a faits. Lors donc que les magistrats, à qui le peuple a remis une portion de son autorité pour veiller à la conservation de ses droits, portent l'oubli de leur institution jusqu'à usurper cette autorité, en convertissant, par une étrange métamorphose, leurs devoirs en droits, c'est-à-dire en faisant de l'obligation où ils sont d'exercer cette autorité, une prérogative qui leur appartient exclusivement, ou lorsqu'ils se servent de leur pouvoir pour opprimer le peuple, l'insurrection contre ces tyrans est le plus saint des devoirs. Voyez

DEVOIRS.

Les représentants du peuple français ont placé an nombre des droits sacrés du peuple l'insurrection, sous le nom de résistance à l'oppression. (Déclaration des Droits, art. 11.) Voj, Droits.

C'est de l'excès de l'oppression que nait la liberté. Un peuple à moitié asservi est plus loin d'elle que sous le plus absolu despotisme. De même que souvent l'instant où nous croyons toucher au tombeau est celui qui nous rend à la vie, souvent aussi le peuple n'est plus près d'être libre que lorsqu'il est esclave. Le poids des fers réveille en lui le sentiment de la liberté, il s'agite pour les rompre, et lorsqu'il y est parvenu, son premier devoir est, pae

des garanties écrites, de mettre sa liberté à l'abri de nouveaux attentats.

Si toutes les insurrections des peuples n'ont pas toujours été couronnées d'un plein succès, c'est que les lumières de la philosophie n'avaient pas, comme aujourd'hui, éclairé les hommes ; à mesure qu'elles se propageront; les nations apprendront à connaitre leurs droits, s'empresseront de les reconquérir, et d'en garantir la durée par une sage constitution.

INTÉGRITÉ. PHILOSOPHIE, MORALE. Assemblage de vertus persévéramment soutenues, et à l'occasion desquelles on est à l'abri du reproche. C'est aux juges à qui appartient spécialement la qualité d'intègres, quand le respect de la justice et des lois forme leur caractère invariable, et qu'aucun intérêt personnel, aucune considération possible ne sauraient l'affaiblir dans leurs cœurs. Cette vertu chez eux ne peut recevoir la moindre altération sans qu'ils se rendent odieux et qu'ils soient déshonorés. Il n'y a point de milieu entre être juste et injuste.

INTELLIGENCE. PHILOSOPHIE, MORALE. Nom donné à la réunion des quatre facultés, de l'attention, de la formation des idées, de la mémoire et du jugement, facultés organiques de premier ordre et les plus éminentes de toutes.

Cette faculté de l'âme sensitive, par laquelle

nous

concevons, nous acquérons la connaissance de nous-mêmes et de toute la nature, dérive de la pluralité des idées imprimées dans le cerveau; c'est à l'intelligence à les combiner, à en faire le discernement avec sagacité, d'après les principes de la conscience et les lumières de l'expérience. Considérée comme faculté unique par les gens du monde, l'intelligence n'est, au contraire, pour les physiologistes et les philosophes, qu'une expression générique, désignant l'ensemble de toutes les facultés intellectuelles.

Le mot intelligence, dans un sens très-étendu, exprime un ensemble de lumières, de talents, de sagacité, d'adresse, lesquels rendent celui qui en est doué propre à exceller dans la chose qu'il entreprend; c'est même dans ce sens qu'il faut interpréter ce mot, lorsqu'on dit d'un homme qu'il est plein d'intelligence, que c'est avec intelligence qu'il s'acquitte de ses fonctions.

INTEMPÉRANCE. PHILOSOPHIE, MORale. On entend, en général, par ce mot, tout excès opposé à la modération dans les appétits sensuels, et spécialement le vice contraire à la sobriété.

INTENTION. PHILOSOPHIE, MORALE. Volonté, désir de faire telle ou telle chose; but que l'esprit

et le cœur se proposent. L'intention est souvent un secret impénétrable aux yeux d'autrui. Quelle qu'elle soit, elle constitue la valeur d'une action. Quoi que fassent les hommes, c'est par leur intention qu'il faut les juger. Quand l'intention est droite et bonne, les effets fàcheux ne doivent point être imputés au cœur, qui s'était proposé une fin différente. C'est l'intention qui fait le mérite des actions des hommes, autant et souvent plus que l'action elle-même, qui souvent n'est empêchée que par des obstacles indépendants de la volonté, qui se rencontrent dans l'exécution. INTÉRÊT. Voyez USURE.

INTERROGATION. BELLES-LETTRES. Figure de rhétorique, par laquelle celui qui parle avance une chose en forme de question, non pour obtenir une réponse, mais pour presser plus vivement ceux à qui il adresse la parole. L'orateur peut, en plusieurs occasions, employer cette figure avec avantage: 1o quand il parle d'une chose d'un ton affirmatif et comme ne pouvant souffrir aucun doute; 2o quand il veut montrer les absurdités où l'on tomberait en entreprenant de combattre ses sentiments; 3° quand il veut démêler les réponses captieuses ou les sophismes de son adversaire; 4° quand, souvent pressé lui-même, il veut à son tour presser vivement son antagoniste. On emploie aussi l'interrogation pour exprimer l'indignation, ou pour exciter la compassion de ceux qui nous entendent.

L'interrogation ne contribue pas peu à donner de la vivacité au style, à y jeter de la variété. C'est de toutes les figures celle dont il est permis de se servir le plus souvent; cependant on ne doit pas la prodiguer. Il faut de la variété partout, et rien d'affecté nulle part.

INTERRUPTION. BELLES-LETTRES. Figure de rhétorique, par laquelle l'orateur, ou distrait par un sentiment plus violent qui s'élève dans son âme, ou honteux de ce qui lui reste à dire, s'interrompt lui-même, et s'élève à d'autres idées. On emploie aussi l'interruption lorsque, saisis d'étonnement, de douleur, de crainte, d'aversion, etc., nous nous arrêtons quelques moments, comme pour respirer avec plus de liberté.

INTESTIN. PHYSIOLOGIE. Canal musculo-membraneux, replié sur lui-même, qui s'étend depuis l'estomac jusqu'à l'anus, et qui est situé dans la cavité abdominale, dont il remplit la plus grande partie. Chez l'homme, sa longueur égale six ou huit fois celle du corps. On le partage en deux portions, appelées intestin grêle et gros intestin. Le premier,

formant à peu près les quatre cinquièmes de la longueur totale, commence à l'estomac, et finit dans la région iliaque droite: on le divise à son tour en duodénum, jéjunum et iléon. Le gros intestin, beaucoup plus court et plus volumineux que le précédent, s'étend de la région iliaque droite à l'anus, en décrivant plusieurs circuits, dont l'un des plus considérables le fait passer transversalement sous l'estomac en manière d'arcade, du moins chez la plupart des sujets : il se compose du cœcum, du colon et du rectum. C'est dans les intestins que s'achève la chymification, que l'absorption s'empare des matières propres à la confection du chyle, et que se rassemblent les résidus de la digestion, pour être enfin expulsés au dehors.

INTRÉPIDITÉ. PHILOSOPHIE, MORALE. Fermeté inébranlable dans le péril; courage vertueux que le danger ne peut étonner; force extraordinaire de l'âme, qui s'élève au-dessus des troubles, des désordres et des émotions que la vue des grands périls pourrait exciter en elle. C'est par cette force que les héros se maintiennent dans un état paisible,

et conservent l'usage libre de leur raison dans les accidents les plus surprenants et les plus terribles.

et

La différence qu'il y a entre l'intrépidité et la bravoure, c'est que cette dernière ne connaît pas la peur, qu'elle court au danger sans réflexion, que l'intrépidité affronte de sang froid le péril le plus évident; la bravoure fait qu'on s'expose, l'intrépidité fait qu'on se sacrifie.

INTRIGUE. BELLES-LETTRES. On entend par intrigue, dans un poëme dramatique ou un roman, une combinaison de circonstances et d'incidents, d'intérêt et de caractères, d'où résultent, dans l'attente de l'événement, l'incertitude, la curiosité, l'impatience, l'inquiétude, etc.

PHILOSOPHIE, MORALE. Combinaison de moyens plus ou moins louables pour arriver à un but; conduite détournée de gens qui cherchent à parvenir, à s'avancer pour obtenir des faveurs, des honneurs, etc.

L'intrigue n'est pas précisément odieuse par ellemême, mais par la nature des moyens malhonnêtes qu'elle emploie. La dénomination d'intrigant est toujours prise en mauvaise part; elle annonce le caractère de ces âmes qui adoptent pour maxime: Tout moyen est bon, pourvu qu'il mène au succès. Cette maxime a fait des progrès bien étendus; c'est un poison affreux et subtil qu'on respire dans les cercles. On n'en peut être à l'abri qu'en nourrissant dans son cœur le plus grand respect des vertus, en y conservant cette noble fierté de l'honueur, qui con

naît assez la supériorité de ses avantages pour ne les sacrifier à nul autre.

INVASION DU TERRITOIRE. POLITIQUE. Tout droit établi par la force est une injustice; toute conquête à main armée est une usurpation. Éclairée par la philosophie et par les souvenirs tour-à-tour glorieux et funestes du passé, la nation française est résolue de n'entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes, et à 'employer jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple. Mais, en renonçant aux conquêtes, elle ne prétend pas renoncer à celles qui ont pour cause une juste défense: une nation, quand elle en a le pouvoir, a aussi le droit de s'emparer des possessions d'un peuple ennemi qui usurpe les siennes ; conquérir ainsi c'est se défendre, et la défense est de droit naturel. Malheur donc au peuple qui tenterait de violer le territoire français ! il nous donsailles, et s'exposerait à devenir la victime de nos nerait le droit d'exercer contre lui de justes repréphalanges victorieuses; et si dans une guerre d'inva

sion légitime la fortune nous était contraire, la France se lèverait en masse pour repousser une injuste agression. L'ennemi n'aurait pas plutôt mis le pied sur notre territoire, que la France deviendrait son tombeau; car, lorsque cet attentat serait consommé, les Français jureraient, non de vaincre ou de mourir, mais de vaincre ; et ils vaincraient. Ils comprendraient que la nation française doit devenir la première des nations, sous peine d'être la dernière ou de n'être plus. Le sentiment de la dignité nationale prévaudrait sur toutes les considérations de justice : ce point d'honneur deviendrait général, il rendrait légers tous les sacrifices; on supporterait tout, réquisition des hommes et des propriétés, terreur, meurtres, famine, perte de l'agriculture, destruction du commerce et de l'industrie. L'horreur de la domination étrangère, l'appréhension de l'avilissement aux yeux de l'Europe, obtiendraient la renonciation de tous les intérêts privés. Une nation de trente millions d'hom mes, renommée par sa bravoure et par son amour de la liberté et de l'indépendance, éparse sur une surface de vingt-sept mille lieues carrées, emploierait tous les extrêmes moyens de défense, comme une simple garnison de quelque place assiégée. Les volontés seraient à tel point résolues, que les esprits seraient pénétrés de l'infaillibilité du succès, et, quelque terrible que pourrait être le combat, pas un Français ne douterait que le pays ne triomphât. Il se confierait en la justice de la cause commune; il compterait sur la coopération de tout autre Fran

çais. Voilà ce que produirait la seule apparition d'un étranger en armes sur le sol français.

INVENTAIRE, ÉCONOMIE RURALE ET DOMESTIQUE. État comparatif de tout ce que possède un individu, une association. Exposé des dettes actives et passives.

Les lois françaises imposent au négociant l'obligation d'établir annuellement, par un inventaire, sa situation de fortune; une grande pensée de prévoyance a dicté cette injonction. Mais si le Code ne l'adresse point à l'agriculteur et aux citoyens de toutes les classes, la raison parle aussi hautement et n'est pas moins impérieuse. N'est-il pas prudent, en effet, que chacun se mette devant les yeux, au moins une fois par an, la situation de ses affaires, pour se rendre un compte exact de son revenu, de ses ressources, de ses dépenses? Cette étude ne doit-elle pas agir puissamment sur les déterminations futures, arrêter des profusions, exciter au travail, et contraindre à marcher dans les voies de l'ordre et de la sagesse? Le peuple dit: on ne sait qui vit, ni qui meurt; le peuple a raison. Il arrive qu'un chef de famille, tenant la suite de ses affaires dans sa tête, disparaît de ce monde, laissant les siens dans d'étranges embarras. On ne sait où prendre les éléments nécessaires pour établir sa position de fortune; le magistrat chargé de ce soin ne s'y reconnaît plus; les erreurs se multiplient, les soupçons, les doutes s'élèvent, les divisions éclatent, les haines suivent les reproches, et tout cela pourrait être évité par quelques heures d'un travail qui servirait de base à l'inventaire définitif, et qui enlèverait tout prétexte à la cupidité malveillante. Ceci est une considération de grave importance, un devoir d'honneur.

L'inventaire doit présenter un aperçu très-clair et très-explicatif de l'avoir actuel, des dettes actuelles, sans illusions, sans exagérer, comme cela a quelquefois lieu, l'estimation de ce qu'on possède. En agriculture, surtout, l'évaluation doit avoir pour base, non pas le prix d'achat, comme M. Mathieu de Dombasle l'a avancé, non pas l'utilité d'un instrument aratoire, mais la valeur vénale des choses, le prix qu'on en tirerait par une vente immédiate.

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emploie à un édifice, il le dispose; et l'idée de cette disposition, il l'emprunte encore de différents modèles qu'il fond dans son imagination, pour former un nouveau tout. De même un poète ne crée pas les images de sa poésie; il les prend dans le sein de la nature et les applique à différentes choses pour les figurer aux sens: de même encore le philosophe saisit une vérité souvent ignorée, mais qui existe éternellement, pour joindre à une autre vérité et en former un principe. Ainsi se produisent en différents genres les chefs-d'œuvre de la réflexion et de l'imagination. Tous ceux qui ont la vue assez bonne pour lire dans le sein de la nature, y découvrent, selon le caractère de leur esprit, ou le fond et l'enchaînement des vérités que les hommes effleurent, ou l'heureux rapport des images avec les vérités qu'elles embellissent.

INVENTIONS (BREVETS D'). Droit public, ÉCONOMIE POLITIQUE. Acte par lequel l'état doune à l'inventeur d'un produit le droit exclusif et temporaire d'exploiter sa découverte.

La révolution de 1789, en faisant disparaître les corporations industrielles privilégiées, assura à chacun le libre exercice du travail. Le génie prit un essor rapide et prouva tout ce que peut l'industrie aidée du patriotisme et de la liberté. Mais la perfection ne saurait être de prime-abord le partage des législations improvisées, et l'expérience fit bientôt reconnaître une foule de défauts dans la loi nouvelle sur les brevets et patentes. Le ministère de 1828 ouvrit une sorte d'enquête sur cette matière importante, et des jurisconsultes, des industriels célèbres, donnèrent à cette époque des conseils qui , n'obtinrent aucun résultat définitif.

Le brevet assure à l'inventeur, pour un temps. limité, la jouissance exclusive de sa propre découverte, de la découverte importée de l'étranger, ou des perfectionnements introduits dans certains produits et dans le mécanisme des instruments de travail. Mais si on n'établit point de classifications lumineuses et bien limitées dans tous les actes du génie inventif, une large voie s'ouvre à la fraude, au charlatanisme des mélanges et des panacées qui offensent autant le goût, qu'ils exposent souvent la santé des citoyens. Les patentes de perfectionnement offrent surtout le scandale du pillage le plus effronté; elles dépouillent toujours l'inventeur qui n'a pas su s'envelopper de mystères impénétrables. Cependant, celui-là seul a le droit de nommer un monde, dit un de nos premiers fabricants, qui le premier a crié: Terre !

D'un autre côté, la découverte la plus insigni

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