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IRONIE.

fante entre les mains de son auteur, peut acquérir
une immense utilité par le perfectionnement d'un
plus habile. Le hasard préside aux plus brillantes
inventions, que le génie feconde ensuite, et qu'il
applique aux besoins sociaux. Il est évident alors
que le brevet exclusif de quinze ans prive la société
de ce qui peut soulager quelques-uns de ses mem-
bres, ou étendre le bien-être de tous. Des conseils
spéciaux de prud'hommes peuvent seuls régler ces
intérêts si graves et si compliqués; cela se fait
avec avantage en Angleterre, et il est probable que
le temps viendra en France, où pareilles institutions
se fonderont pour la sécurité des inventeurs et les
jouissances du public. Il est hors de doute qu'en
certains cas,
l'état a le droit, en indemnisant l'in-
venteur, de publier l'invention. Dans l'état actuel
des choses, le premier venu demandant un brevet
d'invention, l'obtient sans examen, moyennant
finance; c'est un désordre qui alimente les tribunaux
de procédures infinies, et qui ne profite qu'à la fri-
ponnerie, ou bien encore aux geus de loi d'une
certaine classe.

INVOCATION. belles-lettres. Action par laquelle on appelle à son secours une divinité, une puissance surnaturelle, pour en être inspiré. Les invocations sont déplacées dans les épîtres familières, les contes, les fables et autres petites pièces qu'on nomme fugitives. Mais l'invocation est permise dans l'ode, la cantate, les petits poëmes, soit héroïques ou badins; elle est absolument nécessaire dans le poëme épique, parce que le poète y dit des choses qu'il ne saurait pas, si quelque divinité ne les lui avait inspirées.

IRONIE. PHILOSOPHIE, MORALE. Raillerie mordante et équivoque, dont le sens offensant est rendu bien intelligible, soit par le choix des termes, soit par l'expression du geste.

BELLES-LETTRES. Figure de rhétorique, par laquelle on dit, par plaisanterie, le contraire de ce qu'on veut faire entendre; figure qui cache un sens opposé au sens naturel que les paroles expriment, et qu'on emploie pour jeter du ridicule sur les discours ou les actions de quelqu'un. Ce sont principalement les idées accessoires, les circonstances, le ton de la voix, et plus encore la connaissance du mérite ou du démérite de la chose ou de la personne qui est l'objet de l'ironie, qui servent à en déterminer le sens, c'est-à-dire, à faire connaitre si l'on doit le prendre littéralement. On distingue deux sortes d'ironie: l'une enjouée, légère, qui plaisante avec finesse; l'autre mordante, aigre,

qui répand l'amertume et le fiel. On donne à cette dernière le nom de sarcasme.

IODE. CHIMIE. Corps simple non métallique, qui n'existe pas dans la nature à l'état de pureté. On

l'obtient en versant de l'acide sulfurique sur les eaux mères de la soude de varechs, et en faisant bouillir lentement le mélange. L'iode se vaporise à 175° sous une belle couleur violette, inaltérable à la lumière, entraînant une certaine quantité d'acide, et se cristallise en lames d'un gris bleuâtre ayant l'éclat métallique comme la plombagine. Il est sous forme solide à la température ordinaire. Sa saveur est âcre; sa pesanteur spécifique, de 4,946; son odeur est celle du chlorure de soufre. Il détruit les couleurs végétales et colore en jaune la peau et le papier. Trituré avec l'amidon, il colore cette substance en un très-beau bleu; combiné avec l'oxigène, il forme l'acide iodique; avec l'hydrogène, l'acide hydriodique; il se combine aussi avec le soufre, le phosphore, le chlore, et avec tous les métaux pour former des iodures. L'iode a été découvert, en 1813, par M. Courtois; mais c'est à M. Gay-Lussac que nous devons la connaissance de la plupart de ses propriétés.

L'iode s'emploie dans les laboratoires pour plusieurs préparations, et pour reconnaître l'amidon, qui forme une belle couleur bleue en s'unissant à lui. Comme médicament, M. Coindet s'en est servi le premier avec succès contre les goîtres, soit en dissolution dans l'alcool, soit à l'état d'hydriodate de potasse ou d'hydriodate de potasse ioduré; c'est depuis cette époque que l'on a observé que la plupart des eaux minérales auxquelles on attribue la vertu de guérir cette excroissance, contiennent de l'iode.

par

IRRÉSOLUTION. PHILOSOPHIE, MORALE. État de l'âme, lorsque, également affectée différents avantages ou différents inconvénients, elle ne sait quel parti prendre dans une affaire; suspension de la volonté, qui ne trouve pas de motif assez puissant pour se déterminer à une action. L'irrésolution se rapporte principalement aux choses pour lesquelles on se détermine par goût, par sentiment. L'homme irrésolu est ordinairement indolent, pu sillanime; il sait ce qu'il doit faire, mais il hésite sur ce qu'il fera, il ne peut vaincre son indifférence; son âme n'est affectée d'aucun objet assez fortement pour l'adopter de préférence. Aussi l'on remarque que les esprits irrésolus ne suivent jamais ni leurs vues, ni leurs sentiments; tout ce qui est interlocutoire leur paraît sage, parce que leurs inclinations les portent à ne point prendre de résolutions finales.

IVRESSE. PHILOSOPHIE, HYGIÈNE. Dans le sens le plus étendu, le mot ivresse exprime toute espèce d'exaltation passagère des facultés intellectuelles, dans laquelle la volonté a perdu plus ou moins ses droits. Réduit à la signification beaucoup plus restreinte que l'usage lui donne ordinairement, il s'applique aux phénomènes variés et nombreux que détermine l'ingestion des boissons fermentées, des narcotiques, et de quelques poisons, à partir du moment où leur action commence à ébranler la volonté, jusqu'à celui où elle amène le délire le plus prononcé, un sommeil involontaire, le coma le plus profond, et même la mort.

Les boissons spiritueuses fermentées, et principalement le vin, prises en quantité modérée, ont pour effet habituel d'activer la circulation, et de produire une exaltation générale, ordinairement signalée par une facilité plus grande dans l'exercice des facultés intellectuelles, et une sorte de satisfaction intérieure, accompagnée de dispositions bienveillantes pour les autres. Bues avec moins de réserve et jusqu'à l'excès, elles amènent la loquacité, arrachent des aveux intempestifs, font naître une agitation physique et morale très-grande, qui éclate par des cris, des chants, une joie extravagante, et des dispositions tout aussi déraisonnables à se quereller. Déjà l'homme n'est presque plus guidé par sa raison; plus tard, un véritable délire l'entraîne et le maîtrise; enfin l'accablement, un sommeil irrésistible s'empare de lui, et quelquefois même il tombe dans un coma profond qui peut conduire à la mort, si les liqueurs alcooliques ont été prises en quantité excessive.

Les causes qui produisent l'ivresse ont pour principe commun l'alcool, qui s'imprègne avec une grande facilité dans le sang, lequel dépose, par la circulation, le principe enivrant sur chaque molécule du système nerveux, l'imbibe, le pénètre, agit sur sa totalité, et porte de cette manière le trouble dans ses fonctions. Un très-grand nombre de faits confirment la vérité de cette opinion sur le mode d'action des boissons fermentées. Par exemple, rien n'est plus fréquent que de voir l'ivresse occa

JACHÈRE.

JACHÈRE. ÉCONOMIE RURALE. État d'une terre arable qu'on laisse reposer pendant un an dans le système d'assolement triennal. L'assolement alterné repousse cet usage.

sionnée par la respiration de la vapeur du vin et surtout de l'alcool qu'on soutire, lorsque, l'opération ayant lieu dans des emplacements peu aérés, les personnes qui la font se trouvent plongées dans une atmosphère surchargée d'émanations enivrantes que leurs poumons ne peuvent manquer d'absorber. En injectant de l'alcool dans les veines d'un chien, on produit très-promptement une ivresse, qui cesse aussitôt que la transpiration insensible a laissé échapper les particules les plus volatiles de la liqueur; et cette dernière circonstance nous explique pourquoi des personnes qui, après avoir beaucoup bu, n'étaient pas notablement ivres, le devienuent presque subitement lorsqu'elles sortent de table et s'exposent au grand air. C'est que l'arrêt brusque de la transpiration, devenu inévitable dans cette occasion, retient dans le sang les particules enivrantes qui, jusque-là, s'en échappaient d'une manière continue. L'ivresse dure jusqu'à ce que les liquides ingérés aient été digérés, absorbés, puis rejetés de l'économie par ses divers émonctoires. Or, suivant leur nature, les boissons doivent être plus ou moins promptement digérées et absorbées, et leurs principes actifs portés hors du corps. Dès lors on conçoit sans peine la longue durée de l'ivresse produite par la bière; la brièveté de celle déterminée par le vin de Champagne; la cessation, ordinairement trèsprompte, des accidents, lorsque l'estomac et les intestins se débarrassent presque sur-le-champ des matières qui les surchargent; leur prolongation, au contraire, lorsque rien de semblable n'a lieu, et qu'il faut, comme on dit, cuver son vin.

J.

IVROGNERIE. PHILOSOPHIE, MORALE. Intempérance habituelle des boissons, dont la quantité prive de l'usage de la raison et détruit la santé. L'ivrognerie est un vice grossier et brut, qui ôte la vigueur à l'esprit, et au corps une partie de ses forces. C'est une brèche faite à la loi naturelle, qui défend à l'homme d'aliéner sa raison, le seul avantage qui le distingue des autres animaux qui peuplent le globe. Voyez IVRESSE.

JACHÈRE.

de génie, a dit que les arbres se nourrissent à la fois par les feuilles et par les racines, et que l'air contribue souvent plus que la terre à leur accroissement. La physique a confirmé cette importante Hippocrate, quia parlé de l'agriculture en homme observation par des épreuves exactes et suivies, en

telle sorte qu'aux yeux de l'agronome éclairé elle n'offre plus le moindre doute. Mais les grands végétaux n'ont pas seulement cette propriété, les plus faibles plantes, cela est prouvé, puisent dans l'air atmosphérique les principes les plus abondants de leur constitution. Aiusi, lorsque leur feuillage est développé, large, épais, les végétaux absorbent les principes fertilisants suspendus dans l'air; et plus leur tige est grêle et leur feuillage rare et étroit, plus elles prennent au sol par leurs racines, plus elles l'appauvrissent. Au lieu de faire succéder à une récolte épuisante de céréales qui se trouvent dans ce dernier cas, une série de cultures analogues, qui forcent bientôt à donner une année de relâche au sol, et qui font perdre au cultivateur une année de revenu; la culture variée et alternée des légumes, des fourrages et des céréales, culture bien entendue, non pas partout et toujours la même, ce qui serait absurde, mais subordonnée avec talent à la nature des terres, du climat et des besoins locaux, est donc un pas immense dans la carrière des perfectionnements dont l'agriculture n'est pas moins susceptible que les autres industries. Voy. AssOLEMENTS.

Cependant, les jachères affligent encore les regards des voyageurs en France, et privent la nation d'une masse énorme d'aliments; mais il ne faut pas attribuer uniquement ce désordre à l'ignorance et au stupide et moqueur entètement : l'extrême division des propriétés y est bien pour quelque chose, quoique d'ailleurs nous lui reconnaissions d'immenses avantages; et l'absence d'un code rural en harmonie avec l'état actuel des mœurs et de la science est une des causes qui perpétuent nos déplorables jachères. Le libre parcours des bestiaux sur les terres non cultivées où ils ramassent çà et là quelques brins d'herbe qui croissent au hasard, est à peu près généralement consacré par l'usage. Que fera donc le petit propriétaire de sa parcelle de champ égarée au milieu de cent autres aussi petites que la sienne? La cultiver en récoltes alternes sous la dent d'une légion d'ennemis? Impossible! Il faudrait creuser des fossés, planter des haies, établir une clôture; tout cela est coûteux, cela prend une forte part de la superficie.... On reste en jachères comme les autres.

JALOUSIE. PHILOSOPHIE, MORALE. Inquiétude de l'âme qui la porte à envier la gloire, le bonheur, les talents d'autrui. Fille de l'amour-propre et sœur de l'envie, la jalousie est un sentiment malheureux qui fait que l'on convoite le bonheur et la possession des autres. Elle est toujours accompagnée de la haine, marche souvent avec la fureur, quelque

fois même avec la calomnie, et il n'est pas rare qu'elle donne naissance au crime.

La jalousie en amour est cette douleur qu'un homme sent lorsqu'il craint de n'être pas autant aimé qu'il aime la personne qui fait l'unique objet de ses désirs. Quelquefois c'est une disposition ombrageuse d'une personne qui aime et qui craint que l'objet aimé ne fasse part de son cœur, de ses sentiments, et de tout ce qu'elle prétend lui être réservé exclusivement; s'alarme de ses moindres démarches; voit dans ses actions les plus indifférentes des indices certains du malheur qu'elle redoute; vit en soupçons, et fait vivre un autre dans la contrainte et le tourment. Rien ne peut contenter le jaloux qu'un amour aussi vif que le sien: les assurances les plus fortes, les expressions les plus tendres, les complaisances les moins équivoques ne sauraient calmer son esprit, s'il n'est persuadé que la satisfaction est réciproque. Il voudrait s'ériger en une espèce de divinité à l'égard de la personne qu'il aime; il voudrait être l'unique objet de son cœur, de ses yeux, de ses pensées. Il est toujours sur le point de se plaindre et de se fâcher, si elle loue ou admire quelque autre chose que lui. Lorsque la jalousie est poussée à ce point, il est impossible que le jaloux se guérisse entièrement de ses soupçons, parce qu'il est toujours dans le doute et l'incertitude, et qu'il ne peut recevoir aucune satisfaction du côté avantageux, c'est-à-dire, que ses recherches sont plus heureuses lorsqu'il ne découvre rien : son plaisir naît de son mauvais succès, et il passe sa vie à la poursuite d'un secret qui ruine son bonheur s'il vient à le trouver. Chez les personnes douées d'une grande sensibilité, la jalousie est souvent provoquée par la défiance de leur propre mérite, ou par le défaut de confiance dans la personne aimée.

L'amour est inséparable de la jalousie: on n'est point attaché à une personne d'un sexe différent sans être jaloux. Ce sentiment, loin d'être odieux, est au contraire la plus grande preuve de l'amour: on veut régner aussi entièrement qu'on est subjugué. Il faut cependant distinguer les nuances: si la jalousie n'est que sensible et tendre, c'est un sentiment délicat; mais si elle devient ombrageuse, sielle est noire et tourmentante, elle ne peut qu'offenser; et si elle dégénère en passion que tout effraie, qui ne peut plus être modérée par la raison, elle conduit à des excès funestes.

JEU. PHILOSOPHIE, MORALE. Espèce de récréation, d'exercice, qui a le gain pour objet, de convention fort en usage, dans laquelle l'habileté, le hasard pur, ou le hasard mêlé d'habileté, selon la

diversité des jeux, décident de la perte ou du gain stipulés par cette convention entre deux personnes ou un plus grand nombre.

Lorsque le jeu cesse d'être simplement une récréation, il devient une passion excitée par le désir de gagner, que l'oisiveté rend, pour ainsi dire, nécessaire. Toute passion a pour but un plaisir : quand le plaisir est honnête et modéré, non-seulement il est permis, mais nécessaire: il faut donc distinguer et la nature du jeu, et le temps qu'on y donne, et l'argent qu'on y risque. —Le jeu est de pur hasard, ou mélé de hasard et de combinaison, ou mêlé de hasard, de combinaison et d'habileté, ou de pure habileté. Jouer aux dés, à pair ou non, au trente et quarante, etc., ce sont là des jeux de pur hasard. Le trictrac, où il ne s'agit pas seulement d'amener des dés favorables, mais encore d'avoir l'intelligence de les placer daus les cases; les jeux de la bouillote, de l'écarté, sont des jeux de hasard et de combimaison, parce que l'on tient ou l'on se retire, selon les cartes que l'on a sous les yeux, et selon certains calculs combinés d'après ces cartes et le nombre des personnes qui tiennent ou se retirent. Le piquet, le wisk, etc., sont des jeux de hasard, de combinaison et d'habileté, parce qu'il ne s'agit pas d'avoir un certain nombre de cartes favorables, il faut encore savoir les jouer à propos. Les jeux de pure habileté sont les échecs, les dames, etc; il est certain que le sort n'y influe point; l'intelligence du jeu décide seule du gain; par conséquent, le joueur qui le possède le mieux est assuré de gagner.

Le jeu, inventé dans l'origine comme un pur amusement, devient une passion, lorsqu'on en fait une affaire sérieuse, lorsqu'on s'y livre avec excès. Aucune passion n'est plus effrayante, plus atroce, plus folle et plus fatale que celle du jeu qui a le gain pour objet. Elle n'attaque directement que les biens; mais elle les attaque si puissamment, qu'elle les annihile ou les fait changer de maître en un instaut. Jamais joueur, à moins d'appeler la friponnerie à son secours, ne dut en dernière analyse la moindre augmentation de richesse à la table funeste sur laquelle il risqua ses biens. Les Romains avaient défendu les jeux de hasard, excepté pendant les saturnales: si cette loi n'eût rendu rares les victimes de cette passion, trop commune de nos jours, leurs poètes auraient placé dans le Tartare, parmi les êtres les plus misérables, cet homme au teint håve, aux joues caves, à l'œil hagard, aux paroles brèves, qui, à la lueur des lampes mourantes ou des bougies usées, risque sur une carte le pain du lendemain. Vrai Tantale, il voit rouler et bruire devant lui les flots dorés du Pactole, et il ne

peut les atteindre. Que dis-je? il ne l'espère pas. Ce n'est plus l'illusion qui l'égare, c'est la fatalité qui l'entraîne: il voit l'abîme, et s'y précipite; l'écueil, et il s'y brise. La fortune le hait, il le sait, il la bait lui-même, et il veut l'avoir; aveugle, sourde, insaisissable, inflexible, il veut l'éclairer, la prêcher, l'arrêter, l'attendrir; semblable à l'homme en délire, qui, près de l'infidèle qu'il méprise et qu'il désire, qu'il injurie et qu'il implore, qu'il déteste et qu'il idolâtre, se consume aux pieds de celle qu'il n'espère pas voir dans ses bras, et obsède le cœur qu'il sait d'avance ne devoir jamais posséder.

JASPE. Voyez PIERRES PRÉCIEuses.

JOIE. PHILOSOPHIE, MORALE. Satisfaction entière qui fait sentir le bonheur d'exister; plaisir que l'âme ressent lorsqu'elle considère la possession d'un bien présent, ou d'un bien futur, qu'elle regarde comme assurée.

La joie naît du complément de ce qui flatte nos désirs, et ne peut être complète que par une disposition égale et un rapport immédiat dans les sensations. La joie de l'âme est douce et tranquille; lorsqu'elle s'exalte et se manifeste violemment au dehors, elle prend un caractère convulsif et provoque le rire forcé. Dans son exaltation au dernier degré, la joie peut causer la mort. Le rire est l'exaltation de la joie, mais il n'est pas toujours le résultat d'une complète satisfaction de l'âme; souvent il est provoqué par la vue d'un objet grotesque ou par l'audition d'un discours bouffon. Le rire forcé ou poussé à l'excès est convulsif et tient de la démence, aussi l'appelle-t-on le fou-rire.

La joie est le plus grand bien physique qui intéresse également l'âme et les sens. Autant le chagrin est le poison de la vie, autant la joie répare ou maintient la santé : c'est un baume qui s'insinue dans les veines. Les premiers moments de la possession d'un bien ardemment désiré, ou la certitude d'en jouir, remplissent l'âme de cette satisfaction délicieuse qui comble ses vœux. Toute douleur cesse, toute inquiétude s'évanouit. Ni le souvenir d'un passé rigoureux, ni la frayeur d'un avenir incertain, ni les contrariétés présentes sur d'autres objets, ne font réfléchir. Livrée tout entière au charme de son émotion, elle en est transportée, elle le goûte, s'en entretient; il se peint dans ses yeux, il s'exprime par tous ses mouvements, il lui serait pénible d'en taire le motif... Il est malheureux que la joie soit un bien de si courte durée!

La joie differe de la gaité en ce qu'elle est dans le cœur, et la gaité dans les manières. L'une con

siste dans un doux sentiment de l'àme; l'autre, dans une agréable situation de l'esprit. La joie est ordinairement le prix de l'innocence; et la gaîté, du caractère et du tempérament.

JOLI. PHILOSOPHIE, MORALE. Le joli flatte les sens par des qualités gracieuses, qui font éprouver à l'âme des sensations d'autant plus agréables, qu'elles l'agitent doucement sans l'émouvoir, et qu'elles semblent plutôt la caresser qué la faire agir. Le joli a son empire séparé de celui du beau; l'un étonne, éblouit; l'autre séduit, amuse et se borne à plaire; le beau s'adresse à l'âme, c'est aux sens que parle le joli; ils n'ont qu'une règle commune, c'est celle du vrai. Si le joli s'en écarte, il se détruit et devient maniéré, petit et grotesque.

JOUISSANCE. PHILOSOPHIE, MORALE. Possession qui plaît ou qui intéresse; sentiment réfléchi de la possession.

Pour bien jouir des choses, il faut en connaître le prix, et ne pas les désirer trop ardemment. L'ardeur des désirs, et l'imagination qui exagère la valeur des choses, portent le trouble dans la jouissance et entraînent le dégoût après elle, aussi bien que l'excès qui l'accompagne et l'abus qu'on en fait. Il y a un grand nombre de personnes qui possèdent sans jouir; il y en a encore un plus grand nombre qui ne savent pas jouir.

JOUR. ASTRONOMIE. Clarté produite par la lumière que le soleil répand par sa présence sur l'horizon; espace de temps par lequel on divise les mois et les années; durée d'une révolution entière de la

terre sur son axe.

Le temps que la terre emploie à faire un tour entier sur son axe est toujours exactement de 23 heures, 56 minutes, 4 secondes; mais le temps pendant lequel le soleil nous parait faire une révolution entière autour de la terre, celui, par exemple, qui s'écoule entre l'instant où le centre du soleil est dans le plan du méridien d'un lieu, et l'instant auquel il est retourné au même méridien, après une révolution entière, ce temps n'est pas toujours de la mème durée. C'est ce qui a donné lieu à la distinction des jours en jour sidéral ou astronomique, et jour civil ou solaire.

Le jour sidéral est la durée qui s'écoule de l'instant où une étoile passe au méridien supérieur à celui où elle y revient, et qui est la même pour tous ces corps. Il est nécessairement égal au temps qu'emploie la terre à accomplir une révolution entière sur son axe. Le jour sidéral commence à midi du temps vrai, c'est-à-dire à l'instant où le soleil

est au méridien, et finit au moment où le soleil, après une révolution entière, arrive au même méridien. Les astronomes sont dans l'usage de compter les 24 heures de suite d'un midi à l'autre; de sorte qu'à une heure après minuit, ils comptent 13 heures, à 2 heures, 14, et ainsi des autres jusqu'à 24 heures.

Le jour civil, que l'on désigne aussi sous le nom de jour vrai ou solaire, se prend de minuit, passage du soleil au méridien inférieur, et se trouve partagé en deux parties de douze heures chaque, commençant à minuit et à midi. En remarquant à une pendule sidérale l'heure du passage du centre du soleil au méridien, on voit que chaque jour le soleil arrive environ 4 minutes plus tard qu'une étoile prise à volonté, ce qui a lieu en raison du retard de la terre sur le soleil, occasionné par son mouvement écliptique. Le soleil s'écartant de 4 minutes par jour relativement à l'étoile qui a passé avec lui au méridien, s'en éloigne de plus en plus. Lorsque la terre a effectué go révolutions, l'intervalle est de go fois 4 minutes ou à peu près 6 heures: donc le cercle horaire du soleil est porté vers l'orient à 90 degrés de celui de l'étoile. Après 180 révolutions, les deux astres sont distants de 12 heures, ou situés sur le mème cercle horaire de part et d'autre du pôle; le soleil passe au méridien 12 heures après l'étoile. Les retards du soleil continuant à s'accumuler, on trouve qu'après 365 jours un quart, la différence est de 24 heures, c'est-à-dire, qu'à l'expiration de l'année, le soleil est revenu dans le cercle horaire de l'étoile, laquelle a passé une fois de plus au méridien, précisément dans le même sens qu'un voyageur qui a fait le tour entier du globe, compte un jour de plus ou de moins que nous, suivant qu'il s'est dirigé vers l'est ou l'ouest. L'avance des étoiles sur le soleil est donc l'excès du jour civil sur le jour sidéral, ou le temps qu'une étoile emploie chaque jour de moins que le soleil, pour revenir au méridien. C'est ce qui donne lieu à la distinction du temps. vrai et du temps moyen. Voyez HEURES, TEMPS.

On donne le nom de jour artificiel à la durée de la présence du soleil sur l'horizon. Cette durée n'est pas égale partout ni dans tous les temps; elle varie suivant les différents climats et les différentes saisons. Elle est toujours exactement de douze heures pour ceux qui habitent précisément sous l'équateur, et qui sont dits avoir la sphère droite, parce que dans cette position, l'équateur et tous ses parallèles, que le soleil paraît décrire, sont coupés par l'horizon en deux parties égales. Pour les habitants des pôles qui sont dits avoir la sphère paral

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