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berté notre haine contre eux. Au bruit des chaînes qui se brisent, il nous semble que celles des peuples encore asservis vont devenir plus légères; et nous croyons respirer un air plus pur, en apprenant que l'univers compte des tyrans de moins. D'ailleurs ces grandes révolutions de la liberté sont des leçons pour les despotes elles les avertissent de ne pas compter sur une trop longue patience des peuples et sur une éternelle impunité. Ainsi, quand la société et les lois se vengent des crimes des particuliers, l'homme de bien espère que le châtiment des coupables peut prévenir de nouveaux crimes. La terreur quelquefois tient lieu de justice au brigand, et de conscience à l'assassin; telle est la source de ce vif intérêt que font naître en nous toutes les guerres de la liberté.

pénétrer dans les lois. Cette triste observation n'est assurément pas moins juste que le principe de la liberté commerciale lui-même; et la conséquence que nous prétendons en tirer, c'est qu'il faut avant tout faire naître la conviction: telle est la marche logique, nous n'en concevons point d'autre, et on remarquera que, dans ces faibles essais d'économie sociale, nous ne sommes que les monotones échos du grand Leibnitz : « Laissez-moi réformer l'éducation, disait-il, je réformerai le monde ! » A la vérité on a prétendu ruiner cette mémorable parole en la présentant comme un cercle vicieux. Mais pour qui connaît toute la puissance qui réside dans la volonté ferme et persévérante des esprits avancés, quand ils ne se proposent point pour but unique ce qui n'est que de spéculation, et quand ils s'entendent pour appliquer le bien et le répandre, le mot de Leibnitz sera toujours la clef de tout progrès, de tout avancement rapide chez une nation. En ce qui concerne la no

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pandre les vérités économiques et les enseigner avec régularité : toute autre considération à part, elle ne s'adresse guère qu'à la génération agissante, trop occupée d'autres soins pour s'attacher ainsi à des études qui l'effraient par leur apparente sécheresse. Le calme des études classiques, la naïve et puissante curiosité du jeune homme, voilà ce qu'il faut exploiter, ce qui seul amènera, plus rapidement qu'on ne se l'imagine, l'énergique application des principes et des vérités économiques.

Mais si l'homme est prompt à s'enflammer au récit des combats que livrent les défenseurs de la plus noble des causes, souvent aussi il est prompt à les oublier. Le gazon ne s'est encore renouvelé que trois fois sur les tombes des martyrs de la litre, il est évident que la presse seule ne peut réberté, et déjà ceux à qui la révolution de 1830 a le plus profité, ne parlent des mémorables événements de juillet que comme on parle de choses passées, avec une indifférence impie, un sang-froid qui indigne les cœurs généreux; et cependant plusieurs places sont restées vides autour des foyers où le souvenir de ces glorieux événements est journellement évoqué; il y manque un père, un mari, une épouse, un fils qui aurait été la joie de sa mère et l'espérance de sa famille. Une année seulement s'est écoulée depuis que la veuve a quitté sa robe de deuil; les enfants ont à peine partagé l'héritage paternel, et déjà on parle légèrement, ou l'on affecte d'oublier ces jours de gloire, de joie et de douleurs!.... Amour sacré de la liberté! Sublime patriotisme! tu es la vertu qui fait le plus d'ingrats; voilà pourquoi tu es la plus noble des vertus!

LIBERTÉ. ÉCONOMIE POLITIQUE. La liberté d'industrie et de commerce est une des vérités que la science économique a démontrées avec le plus de suc cès; elle découle de tous les genres de liberté; ou plutôt elle n'est qu'une des faces de ce tout harmonieux vers lequel tend l'humanité depuis des siècles. L'homme, pour qui ce grand principe est incontestable, s'irrite de voir qu'il est encore méconnu et blessé sans cesse par les gouvernements; mais on oublie les difficultés immenses qui paralysent la volonté de ceux qui devancent à cet égard l'esprit public. On oublie que tant qu'un principe n'est pas entré dans les convictions du plus grand nombre, et surtout des individus les plus puissants par le génie et la fortune, il est à peu près impossible de le faire

Il faut reconnaître aussi un fait consolant qui frappe tous les yeux : la discussion des questions d'intérêt positif s'étend de jour en jour, et excite de plus en plus les sympathies; les extravagances mêmes qui se débitent à ce sujet sont un symptôme très-remarquable d'avancement, et révèlent des améliorations prochaines. Tant de systèmes fous, tant de superbes synthèses sociales, qui viennent parader tour-à-tour sur la scène, et qui tombent écrasés de ridicule, prouvent combien la société se sent tourmentée de besoins, qu'il faudra tot ou tard satisfaire. En résumé, un certain nombre de vérités économiques sont en ce moment solidement établies; elles suffiraient, dès ce jour même, à un enseignement classique qui porterait les plus heureux fruits; leur démonstration successive et dépouillée de prétentions dogmatiques dans cet ouvrage, n'a point d'autre but que de prouver la possibilité d'un pareil enseignement, réglé par la raison, renfermé dans les limites du possible. Voyez DOUANES, ÉCONOMIE POLITIQUE, Entrepôt, FRAUDE, IMPORTATION.

LIBERTÉ DE LA PRESSE. POLITIQUE. Palladium de toutes les libertés. Avec la liberté de la presse, presque rien ne se fait en secret, rien d'intéressant ne reste ignoré; la moindre anecdote, comme l'événement le plus grave, est aussitôt répétée par cent journaux de diverses couleurs : elle produit surtout un bien immense, en éclairant sans cesse le peuple sur ses intérêts, en opérant une fusion continuelle d'idées entre les citoyens, en éclairant le gouvernement lui-même sur l'état des choses et des esprits. Un des plus précieux avantages de cette liberté est l'usage que l'on en peut et que l'on en doit faire pour signaler les abus, les actes arbitraires, les fautes des ministres et des autres dépositaires du pouvoir. C'est elle qui souvent fait avorter les mauvais desseins, et qui détruit les projets les mieux concertés. Le ministre le plus effronté, qui, dans le cabinet et dans les chambres, ne rougit pas de proposer les plans les plus pernicieux à la nation, et qui sait essuyer de sang-froid les contradictions et les reproches les plus outrageants, est arrêté tout à coup dans ses projets audacieux par le seul frein de la voix publique. Aussi, quelques inconvénients qu'il puisse résulter de l'usage de la liberté de la presse et mème de ses excès (excès que les lois sont toujours assez fortes pour réprimer), les véritables amis de leur pays doiventils employer tous leurs efforts pour en maintenir le libre exercice. Une vérité d'ailleurs qu'on ne peut trop répéter, c'est que les entraves mises à la manifestation de la pensée privent le souverain de la connaissance, si nécessaire dans les moments critiques, des véritables sentiments de la nation. Comme l'opinion publique, a dit un écrivain anglais, le chien peut alarmer son maitre en aboyant mal-àpropos et à contre-temps; mais, quand vient l'instant critique, nulle autre sentinelle ne peut suppléer à son manque de vigilance.

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La liberté de la presse est une des plus importantes parmi les conventions sur lesquelles repose actuellement la société; la mettre en question, ce serait menacer toutes les existences, et surtout celle du gouvernement. « C'est une chose reconnue désormais, a dit un magistrat dans un procès célèbre*, que l'indépendance absolue de la presse. Plus de regard en arrière pour y chercher des obstacles. La censure ne pourra plus étre rétablie, « a dit notre pacte fondamental. Voilà donc une « nouvelle puissance qui aspire à gouverner le « monde ! Il faut en prendre son parti. Quels que soient la licence et les excès de la presse, on ne

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'M. Persil, Procès du National, août 1832.

doit plus en chercher le remède dans sa suppres«sion : nous n'en avons pas le droit, nous n'en «< avons pas la puissance: ce serait une révolution « nouvelle que de le tenter. Il ne faut donc pas « dire, comme certaines gens, que l'on ne gouver« nera jamais avec la presse. Il faut, au contraire, « avouer qu'on ne peut désormais gouverner qu'a«vec elle et par elle. C'est difficile sans doute; mais «<le contre-poids, le remède à ces excès sont dans << les lois répressives; ces lois, nous les avons : « elles sont assez sévères, il n'est nul besoin d'en << demander d'autres : la preuve c'est que, dans au«< cun cas, quelque graves qu'ils se soient présentés, les peines n'ont jamais été portées à leur << maximum. »

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La liberté de la presse existe-t-elle donc réellement en France? Quelque étrange que cette question puisse paraitre après les paroles que nous venous de citer, on ne peut cependant y répondre affirmativement. La liberté de la presse est, il est vrai, écrite en toutes lettres dans la loi fondamentale; mais les cautionnements énormes, mais les frais considérables de timbre et de poste, mais surtout la nécessité d'avoir recours à la coopération d'un imprimeur breveté, ne rendent-ils pas illusoires, pour la plupart des Français disposés à en faire usage, l'exercice de cette liberté.

Beaucoup de lecteurs cependant, éblouis par les belles phrases de certains orateurs sur la liberté de la presse, croient à son existence. Pour les désabuser, nous pensons qu'il suffira de citer ce qui se pratique dans un gouvernement où le mot de liberté n'a rien d'illusoire. Aux États-Unis, où la propagation des lumières parmi les classes inférieures est une fonction essentielle du gouvernement, une dette du pouvoir, aussi rigoureuse, aussi incontestée que les rentes sur l'état, la presse périodique, comme le moyen d'enseignement le plus actif, le plus universel, est environnée de toutes les facilités, de toutes les faveurs administratives. Là, point de cautionnement, point de brevet d'imprimeur. Non-seulement les journaux jouissent de l'exemption du timbre, mais ils circulent par la poste aux frais de l'état et francs de port. Cette sage mesure porte ses fruits. En aucun autre point de la terre l'éducation des masses n'est aussi avancée la politique pratique, la science de l'homme social, sont familières au dernier.citoyen, et la société tout entière, sans populace et sans aristocratie, sans commotions, sans tiraillements, marche dans une carrière de prospérité dont le développement tient, à nos yeux, du roman. Voyez

:

JOURNAL.

LIBERTINAGE. PHILOSOPHIE, MORALE. Licence de mœurs qui entraîne la licence des opinions, la satiété des plaisirs, et qui détruit dans l'esprit et dans le cœur toute délicatesse; habitude de céder à l'instinct qui nous porte aux plaisirs des sens, et de se livrer à ces plaisirs sans délicatesse et sans respect pour les mœurs.

De la passion du libertinage résulte des maux nombreux pour l'existence physique et morale. L'homme qui s'y livre s'énerve, s'allanguit; il ne peut plus vaquer à ses études et à ses travaux; il contracte des habitudes oiseuses, dispendieuses, qui portent atteinte à ses moyens de vivre, à sa considération publique, à son crédit : ses intrigues lui causent des embarras, des soucis, des querelles, des procès; sans compter les maladies graves et profondes, la perte de ses forces par un poison intérieur et lent, l'hébétude de son esprit par l'épuisement du genre nerveux, et enfin une vieillesse prématurée et infirme. Voyez GALANTERIE.

LICENCE. PHILOSOPHIE, MORALE. Abus de la

liberté, essor désordonné des opinions et des gouts. BELLES-LETTRES. Faute heureuse, faute qu'on n'a pas faite sans la sentir, mais qui était préférable à une froide régularité.

On nomme licence poétique une incorrection, une irrégularité de langage permise en faveur du nombre, de l'harmonie, de la rime ou de l'élégance du vers. C'est une licence, par exemple, que de placer de suite deux vers masculins ou deux vers féminius qui ne riment pas. Chapelle, Chaulieu, La Fontaine, et quelques autres poètes de ce mérite, se sont permis ces petites licences; mais ce n'est pas de ce côté qu'il faut les imiter.

LIGAMENTS. PHYSIOLOGIE. Les ligaments consistent en des faisceaux d'un blanc nacré, tantôt arrondis et tantôt aplatis, peu élastiques, très-durs et très-résistants, lesquels concourent à maintenir les os en place dans presque toutes les articulations. Les ligaments, comme il est facile de le pressentir, s'attachent de part et d'autre, par leurs deux extrémités, aux différents os rapprochés pour former l'articulation: tel est le caractère qui les distingue des tendons, lesquels font toujours suite aux muscles, dont ils ne sont que des prolongements.

LIQUIDE. CHIMIE. Corps fluide, qui jouit en outre de la propriété d'humecter ou de mouiller les corps qui y sont plongés. Les liquides prennent toujours la forme sphérique quand ils sont libres de toute influence étrangère, parce que, dans cette forme, chacune de leurs molécules est placée le

plus près possible du centre de la masse; c'est un effet de la cohésion, qui tend à rapprocher leurs parties. C'est ainsi que du plomb fondu ou de l'eau qu'on laisse tomber librement dans l'espace prennent la forme de gouttes sphériques.

LITHOGRAPHIE. BEAUX-ARTS. On a donné ce nom à un procédé inventé sur la fin du XVIII siècle, au moyen duquel on multiplie, par contreépreuve, un dessin tracé sur la pierre au crayon, à la plume ou au lavis.

La manière dont la lithographie a été découverte est, en général, fort peu connue, et le nom de son ingénieux inventeur n'a pas acquis toute la célébrité qu'il mérite: nous allons rapidement en tracer l'histoire, afin de réparer cette espèce d'injustice.

La lithographie diffère de l'art d'imprimer au moyen de la gravure sur cuivre ou de caractères en fonte, en ce que ce dernier procédé est purement mécanique, au lieu que la lithographie repose sur des principes entièrement chimiques, et elle a été, pour cette raison, appelée en Allemagne imprimerie chimique. Les principes sur lesquels cet art est fondé sont, en premier lieu, la propriété qu'a la pierre calcaire granulée et compacte de s'imbiber de graisse ou d'humidité, et en second lieu, l'antipathie que la graisse et l'eau ont l'une pour l'autre. Voici le procédé et sa théorie. On trace un dessin sur la pierre, soit avec de l'encre, soit avec un crayon composé d'une matière grasse. On lave ensuite la pierre avec de l'eau, et le liquide pénètre dans tous les endroits auxquels le crayon ou l'encre n'a pas touché. On fait alors passer sur la pierre un rouleau cylindrique chargé d'encre à imprimer. Le dessin s'imbibe de cette encre, et le reste de la pierre demeure intact, au moyen de l'eau qui remplit ses pores et qui repousse la matière grasse dont l'encre est composée. Cette utile invention est en partie le produit du hasard.

Alois Senefelder, fils d'un acteur du théâtre royal de Munich, et étudiant en droit à l'université d'Ingoldstadt, s'était aussi consacré au théâtre après la mort de son père; mais ayant eu peu de succès dans cette carrière, il l'abandonna pour embrasser celle des lettres à cette occasion, la nécessité devint chez lui la mère de l'invention; car étant trop pauvre pour pouvoir faire imprimer ses écrits, il s'ingénia pour découvrir quelques moyens de les imprimer lui-même, et dans ce but, il employa, au lieu de caractères en fonte, des planches de cuivre, sur lesquelles il traçait des lettres avec une substance particulière de sa composition. Dans le cours de ses diverses expériences, il trouva qu'un

composé de savon, de cire et de noir de fumée formait une encre excellente pour écrire sur le cuivre, par la raison que, lorsque cette matière était sèche, elle prenait une si grande consistance, que l'eau forte n'avait pas même de prise sur elle.

Cependant, pour remplir entièrement ce but, il lui manquait la faculté d'écrire à rebours sur la planche, et afin de l'acquérir, il se procura quelques carreaux de pierres de Killem, matière qui a fort peu de valeur dans le pays qu'il habitait, et sur laquelle il écrivait, après en avoir bien poli la surface. Ayant été chargé un jour, par sa mère, de faire une note du linge qu'elle voulait envoyer au blanchissage, et n'ayant point de papier sous la main, il écrivit la note sur un de ces morceaux de pierre avec le composé dont il a été parlé plus haut; puis, lorsqu'il voulut effacer ce qu'il avait écrit, il réfléchit qu'il serait possible d'en retirer des empreintes. Il en fit aussitôt l'expérience après avoir légèrement diminué l'élévation de la pierre, au moyen d'un acide, tout autour des caractères qu'il avait tracés, et il trouva, comme il l'avait pressenti, qu'il lui serait facile de prendre des impressions successives de ce qui y était écrit. Il lui parut alors que ce nouveau mode d'impression pourrait avoir quelque importance, et il s'occupa dès ce moment de le perfectionner et d'en faire des applications à divers objets. Il s'aperçut bientôt que, pour obtenir des impressions des caractères tracés sur la pierre, il n'était pas nécessaire que ces derniers s'élevassent au-dessus de la surface; mais les propriétés chimiques qui appartiennent à l'eau et à la graisse et qui empêchent qu'elles ne se mêlent l'une à l'autre, suffiraient seules pour obtenir ces impressions. Il se mit donc à organiser une presse, et à disposer tout l'appareil convenable pour faire ses lithographies. Son premier essai dans ce genre fut quelques morceaux de musique qui parurent en 1796. Il tenta ensuite de lithographier également des dessins et de l'écriture, et quant à la nécessité de tracer des caractères à rebours, il rendit cette opération facile en les transportant sur la pierre après les avoir calqués. Un savon sec, qui laissait sur cette pierre des traces permanentes, fut le crayon qu'il employait alors, soit pour dessiner, soit pour écrire. En 1799, Senefelder avait beaucoup perfectionné son invention. Il demanda et obtint un brevet pour exploiter sa nouvelle branche d'industrie; puis, afin de donner plus d'extension à sa découverte, il associa à ses vues un capitaliste, et entreprit avec lui d'établir simultanément des imprimeries lithographiques à Paris, à Vienne et à Londres. Dans cette dernière capitale, il obtint un

brevet d'invention; mais, soit que son procédé ait été mal compris alors, soit que la rareté des pierres convenables pour ce mode d'imprimer en ait rendu l'exploitation difficile, les artistes anglais, après avoir fait quelques essais qui furent malheureux, se rebutèrent et abandonnèrent successivement la lithographie.

En 1806, Senefelder était retourné à Munich. Ce fut dans cette ville que son invention prit un peu de vogue par suite du besoin qu'eut M. Mitterer, professeur de dessin à l'école publique, de multiplier des copies de ses dessins pour ses élèves. Ce professeur eut recours pour cela à la lithographie, et il s'occupa de perfectionner lui-même cet art. C'est à lui, dit-on, qu'on doit la composition ou du moins l'amélioration du crayon dont on se sert aujourd'hui. L'exemple une fois donné par cet artiste, l'usage de la lithographie devint général en Bavière, et se répandit bientôt dans toute l'Allemagne. On créa, en 1809, une lithographie royale; Senefelder en fut nommé directeur, et il s'occupa dès-lors à écrire l'histoire de son invention. Dans ces dernières années la lithographie s'est généralement répandue en Europe. En Angleterre, elle ne fut jamais entièrement abandonnée, depuis son introduction en 1800; mais ce ne fut qu'en 1817 qu'il s'y forma de véritables établissements lithographiques. MM. André d'Offenbach essayèrent son importation en France en 1807; mais, à cette époque, les procédés relatifs à cet art étaient peu familiers à ceux-là même qui cherchaient à le propager: aussi les essais qui furent faits à Paris n'offrirent-ils que des résultats peu satisfaisants. Parıni les hommes qui se font un devoir d'être utiles à leur pays et de concourir aux progrès des lumières, M. de Lasteyrie fut le premier à comprendre toute l'importance d'un art que des essais malheureux avaient fait mal accueillir de ses

concitoyens; le premier il entrevit les différentes applications auxquelles on pourrait le soumettre, et il entreprit, à ses frais, plusieurs voyages en Allemagne, dans le seul but de recueillir lui-même tous les renseignements nécessaires à la naturalisation de la lithographie en France; il poussa le zèle jusqu'à s'astreindre aux travaux d'un simple ouvrier; il sacrifia des sommes considérables pour perfectionner cette ingénieuse invention; et en quelques mois de soins pénibles et assidus, il parvint aux plus heureux résultats. A peine fondé en France, son établissement devint le rendez-vous de nos artistes célèbres, et ses presses ne tardèrent pas à multiplier les spirituelles et gracieuses compositions des Vernet, Bourgeois, Michalon, Isabey, Villeneuve, etc., etc.

En 1815, M. Engelmann, qui avait à cette époque un établissement à Mulhausen, en transporta les éléments à Paris, et s'attacha à publier des collections assez intéressantes. Il est juste de le considérer comme ayant puissamment contribué aux progrès de la lithographie en France.

Depuis la formation des établissements de MM. de Lasteyrie et Engelmann, la lithographie a reçu une très-grande extension: maintenant elle rivalise pour un grand nombre de sujets avec la gravure sur cuivre, qu'elle surpasse même dans plusieurs cas.

LITTÉRATURE. Terme général qui désigne la connaissance des sciences, des belles-lettres et des beaux-arts: il signifie aussi les productions littéraires d'une nation. La connaissance des belleslettres suppose l'étude approfondie de toutes les parties de l'art d'écrire, et de tous les ouvrages dans lesquels cet art a été appliqué. On n'a point une véritable littérature, si l'on ne possède pas bien l'épopée héroïque et comique, la tragédie et la comédie, les diverses sortes de satires, les contes, les fables, les romans, les traités des moralistes, l'histoire ancienne et moderne, l'éloquence appliquée aux différentes espèces de composition et à chaque scène particulière de la vie humaine, la bibliographie, et la connaissance des traités élémentaires des beaux-arts, des sciences et de la technologie.

Plus le goût de la littérature est répandu dans une nation, plus cette nation sera florissante. C'est une vérité d'expérience, que la culture de l'esprit influe sur le cœur, et que la pratique des vertus morales nécessaire à la société rencontre plus ou moins de résistance, selon que les peuples sont plus ou moins éclairés. Parmi les causes qui concourent à faire fleurir les sciences et les arts, on doit inettre en première ligne les encouragements accordés par l'état aux savants. Les talents demandent à être encouragés par des récompenses; leurs productions ont des rapports trop intimes avec la félicité publique, pour que tout gouvernement sage ne s'intéresse pas à la fortune des particuliers qui les cultivent avec succès. Honorer et encourager les talents doit donc être une des maximes fondamentales de tout gouvernement qui vise à la solide grandeur, outre que la gloire d'un état est étroitement attachée à celle des hommes célèbres qui, par leurs écrits, transmettent à la postérité les noms et les exploits des héros : ces bienfaits germent et fructifient dans leurs temps: il en résulte entre les gens de lettres une noble émulation qui fait éclore, soutient et perfectionne

les talents; il en rejaillit sur l'art l'avantage présent de multiplier, d'étendre les connaissances utiles.

Tout dans la nature est sujet à des changements. L'esprit humain, comme les corps politiques, a eu ses révolutions. Si l'on suit d'un œil attentif sa marche, ses vicissitudes, on voit la lumière lutter contre les ténèbres, le savoir contre l'ignorance, le flambeau des arts briller et s'éteindre tour-à-tour, éclairer successivement différents peuples, dissiper pour un temps les ombres de la barbarie, et leur céder bientôt la place; semblables à ces astres errants qui répandent sur notre horizon un éclat passager, et se dérobent rapidement à notre vue, pour ne plus reparaitre qu'après des siècles. Il n'entre pas dans notre plan de retracer toutes les vicissitudes que les connaissances humaines ont éprouvées. Nous nous bornerons à signaler les progrès des lettres chez les Gaulois et les Français jusqu'au dix-huitième siècle, dont le tableau a été si habilement esquissé par l'auteur des Siècles littéraires de la France, auquel nous empruntons cet article.

«Presque tous les peuples ont annoncé leur civilisation en cultivant la poésie. Partout les poètes ont été les premiers littérateurs. Les Gaulois eurent leurs bardes qui étaient à la fois poètes et musiciens. Cependant le goût des lettres ne s'introduisit dans les Gaules qu'après plusieurs siècles d'ignorance et de barbarie. Cette heureuse révolution fut due à l'arrivée d'une colonie de Phocéens, qui bâtit la ville de Marseille et y jeta les fondements d'une république, qui ent des écoles publiques et une académie. Attirés par la douce influence des lumières, les Druides sortirent de leurs antres et abandonnèrent leurs bois pour aller à Marseille puiser le goût des lettres. Leurs progrès les égalèrent bientôt à leurs maîtres, et leurs écoles devinrent en peu de temps aussi célèbres que celles de Marseille.

« Les guerres que les Gaulois eurent à soutenir contre les Romains ne rallentirent point leur ardeur pour l'étude. Subjugués par la force des armes, ils eurent la gloire de subjuguer à leur tour leurs vainqueurs par la force de l'éloquence. Ils leur apprirent, en adoucissant les mœurs, en éclairant les esprits, que la gloire des armes est passagère, que la mémoire des conquérants est toujours sanglante et douloureuse, et que la puissance d'une nation, uniquement fondée sur la force et la terreur, une foi anéantie, tombe dans un éternel oubli; tandis qu'une nation qui met sa principale gloire à régner sur les esprits, par les sciences et les beaux-arts, laisse d'elle un long et doux souvenir. Les Gaulois devaient à leur goût pour les

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