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lettres un éclat envié par toutes les autres nations. On voyait dans toutes leurs villes des écoles célèbres, qui ne le cédaient en rien aux écoles de Rome; mais cet heureux état de paix et de tranquillité ne dura pas longtemps. Des barbares, venus du fond du Nord, fondirent sur les Gaules et les ravagèrent. Les Goths, entre autres, s'y établirent; mais ils en furent chassés par les Francs, qui à leur tour s'en emparèrent pour toujours. C'est alors que l'empire romain, en s'écroulant, entraîna dans sa ruine celle des lettres et des sciences. Sous le joug des barbares, qui n'aimaient que les armes et méprisaient les lettres, les Gaulois n'eurent ni la facilité ni la liberté de se livrer à l'étude. La langue latine, qu'ils parlaient si purement, se corrompit peu à peu. Mêlée avec le jargon de leurs conquérants, il se forma de ce mélange un nouvel idiome, dont l'usage fit tellement perdre l'usage du latiu, qu'on fut obligé de l'enseigner comme une langue morte. C'est au christianisme, qui en prescrivit l'usage dans les monastères, qu'on doit sa couservation. Aussi, la langue latine ne fut-elle bientôt entendue que des ecclésiastiques.

«L'ignorance et la superstition, suites inévitables de tant de révolutions, couvraient encore la France de leurs ténèbres, quand Charlemagne monta sur le trône. Dès qu'il se vit maître absolu, il voulut joindre au titre de conquérant celui de restaurateur des lettres. Il arrêta partout les progrès et les ravages de la barbarie et de l'ignorance. Pour y parvenir, il attira à sa cour les hommes les plus éclairés et les plus instruits de tous les pays étrangers, et les fixa dans ses états par des récompenses. Celui qui lui rendit les plus grands services fut le célèbre Alcuin, qu'il combla de biens et d'honneurs. Par ses conseils, Charlemagne établit des écoles dans les principales villes de son empire; il l'en fit le modérateur, et le mit à la tête d'une académie qu'il forma dans l'enceinte même de son palais. Ses enfants et les grands de sa cour y venaient pour s'instruire. Le monarque donnant le premier l'exemple, l'émulation devint générale. Tel était l'état des lettres sous l'empire de Charlemagne : le bien qu'il a fait est inappréciable. Les sciences furent encore cultivées pendant quelques années après la mort de cet empereur; mais les invasions des Normands, des Hongrois, des Sarrazins ramenèrent la barbarie. Le latin, dont on avait repris l'usage depuis les beaux jours de Charlemagne, cessa entièrement d'être la langue vulgaire. On ne parla plus que la langue romane, dont le nom s'attacha à toutes les productions qui parurent depuis ces époques si funestes aux progrès des lettres.

<< Parmi les ouvrages qui eurent le plus de succés, les plus remarquables furent ceux qui retinrent plus particulièrement le nom de romans, où l'on s'attachait par des fictions à entretenir l'indolence, la crédulité et la paresse des grands et du peuple. Ce nouveau genre d'écrire eut une vogue prodigieuse. Les historiens mêmes, voyant avec quelle avidité les romans étaient reçus, ne se contentèrent pas de mêler les fables les plus absurdes avec la vérité; ils composèrent des histoires entièrement fabuleuses, et de ce nombre nous mettons cette multitude de légendes qui parurent alors. A ces pieuses rêveries succédèrent les romans de chevalerie et d'amour, qui prirent naissance dans ce climat de France, où tout porte à la langueur et au plaisir, et où parurent les premiers troubadours, c'est-à-dire, les premiers poètes français. De la Provence, le goût des romans passa bientôt dans toute la France; il pénétra jusqu'en Italie, dont les poètes empruntèrent et embellirent les fictions des Provençaux. Les troubadours employèrent les premiers l'art de la rime, et nous l'ont enseignée, soit qu'ils en fussent les inventeurs, soit qu'ils l'eussent imitée des anciennes poésies latines rimées, qui étaient en usage long-temps auparavant. Les troubadours parcouraient la France, allaient de châteaux en châteaux, et étaient reçus avec distinction par les princes et les seigneurs, qui les comblaient de présents. Ils avaient à leur suite des ménestrels, des cantadours, pour réciter, conter ou chanter leurs poésies; ils furent très-utiles à la langue romane, qu'ils perfectionnèrent, et à la poésie, dont ils étendirent le goût.

«L'institution de la chevalerie fit naître un nouveau genre d'amusement plus conforme au caractère des Français, et plus digne d'une nation guerrière qui jusqu'alors n'avait aimé d'autre gloire que celle des armes. Les tournois, images des combats, où la force, la valeur, le jeu et l'adresse triomphaient, mais où la victoire ensanglantée n'était que trop souvent suivie de deuil, firent néanmoins les délices de la noblesse. Le sang qu'on y répandait en éloigna long-temps un sexe dont la douceur et la sensibilité forment le principal caractère. Mais lorsque la galanterie se joignit à ces jeux, et qu'en leur ôtant ce qu'ils avaient de féroce et de barbare elle permit aux dames d'armer les chevaliers, de les parer de leurs couleurs, d'être les juges de leurs hauts faits, et de les couronner, ces spectacles s'embellirent de leur présence. Les tournois contribuėrent presque autant que les troubadours à faire fleurir la poésie. Mais la langue n'en conserva pas moins sa rudesse et sa barbarie. La plaie que l'igno

rance avait faite était trop profonde pour se guérir chel-Ange. Un pontife, illustre par son goût et par sitôt.

"On était loin alors de voir revivre les chefs-d'œuvre des théâtres d'Athènes et de Rome. Aucun homme de génie n'avait encore paru pour les imiter; aucun ne les avait tirés de la poussière où ils étaient ensevelis; personne même n'était en état de les étudier. Il fallait donc se contenter des productions barbares de l'ignorance. Les troubadours, par leurs jongleurs qui jouaient, chantaient ou récitaient leurs contes et leurs fabliaux, avaient donné l'idée d'une action dialoguée; mais les anathèmes de l'église lancés contre ces premiers comédiens, avaient jeté la terreur dans les esprits. Comme on était alors dévot et scrupuleux, et qu'on avait pris en horreur tout ce qui portait le nom de farceur et de jongleur, les poètes furent forcés de composer des pièces dont les sujets étaient tirés de la religion. Telle est l'origine des premières pièces représentées en France, sous le nom de mystères, qui firent long-temps l'amusement de nos aïeux. On se lassa cependant des sujets de dévotion. Un nouveau genre prit la place des mystères. On ne vit plus que moralités, satires, farces et sotties; pitoyables productions de l'ignorance, dont la nation n'avait pu sortir encore. Ce mauvais genre subsista jusque vers la fin du quatorzième siècle. La langue française, quoique ayant fait quelques progrès, était toujours rude et grossière. Cependant on touchait au moment où la barbarie allait être repoussée. Déjà l'admirable découverte de l'imprimerie répandait les premiers rayons de la lumière, présage des beaux jours qui devaient suivre; déjà les trésors de la littérature grecque et latine se multipliaient; un désir ardent de s'instruire succédait à la langueur mortelle qui tenait depuis si long-temps les esprits engourdis; tout enfin annonçait et préparait le retour des arts, des lettres et des sciences; mais les temps où le goût devait naître n'étaient pas encore arrivés.

Tandis que le génie français luttait ainsi contre l'ignorance et la barbarie, il se préparait une révolution célebre dans les annales de l'esprit humain, qui devait accélérer le retour des lettres en France. Quelques Grees fuyant la cruauté des Scythes, vinrent apporter à l'Italie, non pas leur génie, mais la connaissance de leur langue et des chefs-d'œuvre qu'elle avait produits. A l'aspect de ces grands modèles, tous les esprits s'enflammèrent. Le Tasse, échauffé par la lecture d'Homère, enfanta la Jérusalem delivrée. Les statues de Praxitèle enfouies par l'ignorance sous les débris de l'ancienne Rome, sortirent du sein de la terre pour former des Mi

sa politesse, invita et accueillit tous les arts. La France ne tarda pas à ressentir les effets de cette douce influence. Francois 1er régnait; la protection qu'il accorda aux savants, excita une émulation universelle. Le génie prit enfin son essor. La poésie, l'éloquence, la philosophie, l'histoire, tout reçut une nouvelle vie. A mesure que les chaînes de l'ignorance tombaient, l'esprit s'éclairait, la pensée se formait, les idées s'étendaient. Honteux du temps qu'on avait perdu, on s'empressait de le réparer. On se dévoua entièrement à l'étude des auteurs de l'antiquité; on les fit passer dans notre langue, tout informe qu'elle était encore; si ces traducteurs ne rendaient pas les beautés des originaux, ils en donnaient du moins l'idée, et faisaient naître le désir d'en juger par soi-même sur le texte. D'un autre côté, la poésie s'enrichissait des heureux larcins qu'elle faisait aux muses antiques. Elle épurait, elle ennoblissait, elle adoucissait insensiblement notre langue. Une foule de poètes, auxquels le monarque ne dédaignait pas de se joindre, parcouraient les sentiers fleuris du Parnasse, qui ne furent jamais plus fréquentés.

« Ce fut à des époques peu éloignées du même siècle que brillèrent deux hommes qui ont eu une grande influence sur les progrès des lettres et de la philosophie; nous voulons parler d'Amyot et de Montaigne: le premier, par sa traduction des Vies des hommes illustres de Plutarque, familiarisa, pour ainsi dire, les Français avec les héros de l'antiquité. Quoique son style porte l'empreinte de l'enfance de la langue française, il y a mis tant de naïveté et d'originalité, qu'on le lit encore avec plaisir. Quant aux Essais de Montaigne, c'est une production si supérieure au siècle qui l'a vu naître, qu'on douterait de sa véritable époque, si le style ne portait pas le cachet du temps où Montaigne a vécu. Malgré les progrès étonnants que la langue française a faits depuis, on lit et relit sans cesse l'ouvrage du philosophe du quinzième siècle; et ce qui prouve d'une manière bien frappante que l'originalité, la force des idées, et l'énergie du caractère, captivent toujours les suffrages, c'est qu'on donne encore aujourd'hui au livre de Montaigne la préférence sur une multitude d'ouvrages modernes: tant il est vrai qu'il n'appartient qu'aux productions du génie de faire époque dans l'histoire de l'esprit humain.

Quoique maniée par des écrivains habiles, la langue française conservait toujours une partie de son ancienne rudesse. Malherbe seul sut la rendre douce, flexible et harmoniense; il ne s'agissait plus que de continuer à l'enrichir, à la fortifier, à la

perfectionner, enfin à la fixer. L'établissement de l'académie française, dû aux soins du cardinal de Richelieu, hâta de beaucoup ses progrès. Pendant que cette académie s'occupait du soin de ce perfectionnement, Corneille la créait, et l'on peut dire que la gloire d'avoir commencé le siècle de Louis XIV appartient à ce grand homme. De tous les chefsd'œuvre, depuis le Cid, Cinna seul eût suffi pour immortaliser son nom et pour illustrer le siècle qui le vit naître. Il faut cependant avouer que la langue n'était pas encore digne de transmettre à la postérité les merveilles de ce siècle, et que si Corneille lui avait donné de la force et de la dignité, il fallait la polir. L'académie française, destinée par son institution à la fixer, n'en eut pas seule la gloire; elle fut en grande partie due à Pascal, qui, du fond de sa retraite, trouva l'art de perfectionner la langue. Ses lettres immortelles, pleines de sel attique, de gaîté, d'agrément et de finesse, sont le plus beau monument du génie de ce jeune solitaire, qui avait à peine trente ans quand il les publia. Tout fait époque dans ce siècle. Descartes, doué d'un grand génie pour les sciences, joignit l'exemple au précepte, en donnant la méthode de reconnaître la vérité. Peu de temps auparavant, l'éloquence, presque encore au berceau, sans âme et sans vie, dénuée de grâce et sans élévation, n'était qu'un assemblage de mots vides de sens. Bossuet parut, et l'éloquence se montra dans toute sa splendeur. Moius sublime que Bossuet, mais plus égal, plus tendre, Fénelon vint ensuite. Son éloquence insinuante, persuasive, pleine d'onction, respirait une sensibilité exquise. Fléchier et Bourdaloue parcoururent successivement la même carrière; et s'ils n'eurent par la gloire d'y être entrés les premiers, ils se montrèrent dignes du siècle qui avait produit Bossuet et Fénelon. Jamais l'amour de la gloire n'enflamma davantage les esprits qu'à cette époque; jamais les lettres, les sciences et les beaux-arts ne firent des progrès aussi prodigieux et aussi rapides. Si la tragédie avait été créée par Corneille, il était réservé à Molière de créer la comédie; habile dans l'art de saisir les ridicules et les caractères, de démasquer le vice, philosophe profond, observateur attentif, il a su peindre les mœurs et les corriger.

« Corneille touchait à son déclin, lorsque Racine se montra tout-à-coup, non pour lui disputer la palme du génie, mais pour la partager. Quel poète en effet l'égalera jamais pour la richesse de l'expression, la clarté, la précision, la beauté des images et le brillant de son coloris ? Si la langue un jour se corrompait au point de devenir tout-à

fait barbare, elle se retrouverait tout entière dans Racine. Cet heureux génie fut redevable de sa gloire aux anciens et à la critique sévère de Boileau, qui fut son ami. Ce législateur du Parnasse, par ses satires seules, se serait fait un nom; mais son génie ne se borna pas à ce geure; il donna le Lutrin, qui, quoiqu'un badinage, est un poëme parfait. Mais son plus beau titre de gloire est son Art poétique. L'inimitable La Fontaine, en paraissant imiter les anciens fabulistes, créa un genre nouveau, qui fera longtemps le désespoir des fabulistes modernes, et l'admiration de la postérité. Bayle, par ses profondes recherches, par sa dialectique subtile, et surtout par sa critique ingénieuse, offre un modèle dans le genre d'écrire auquel il s'est consacré : il a eu des continuateurs, mais peu de rivaux. Chaulieu, le chantre de la volupté et de l'épicurisme, peut être regardé comme l'Anacréon des Français. Tout écrivain qui crée un genre, quelque frivole qu'il paraisse au premier coup-d'œil, a droit d'être cité comme ayant contribué au progrès des lettres: avant Quinault, la scène lyrique était dans la plus profonde barbarie; le recueil de ses opéras forme un théâtre particulier, qui, malgré l'injustice de Boileau, est le premier et le seul dans ce genre qui réunisse les beautés de la poésie aux charmes de l'invention. Si La Bruyère n'a pas créé le genre d'écrire qui lui assure un rang distingué parmi les philosophes moralistes français, il l'a embelli de tant de charmes, que ses Caractères sont devenus un modèle qui passera à la postérité la plus reculée. Deux femmes célèbres se distinguèrent par des talents différents à la même époque, madame Deshoulières et madame de Sévigné, la première par les poésies pleines de cette belle simplicité qui fait le charme de la nature; l'autre par ses lettres qui seront à jamais un monument de l'urbanité et de la délicatesse française. Quoique le siècle de Louis XIV ait été fécond en grands hommes de tous les genres, il faut avouer néanmoins qu'il n'a produit qu'un très-petit nombre de physiciens et de géomètres. Nous devons cependant rappeler que Gassendi, le marquis de l'Hôpital, Vauban et le premier des Cassini appartiennent à ce siècle.

«Le dix-huitième siècle a eu ses richesses particulières, dont nous allons tracer rapidement le tableau général. La France déplorait encore la perte de Racine, quand Crébillon prouva que la scène française pouvait se glorifier d'avoir, comme le théâtre d'Athènes, son Eschile, son Sophocle et son Euripide. L'auteur de Rhadamiste jouissait de toute sa gloire lorsque Voltaire donna son OEdipe. Le succès brillant et mérité de cette tragédie annonça un

élève digne de marcher sur les traces de Corneille. Pendant un demi-siècle, cet écrivain célèbre a enrichi la littérature française; mais, avant de rappeler tous les titres de sa gloire, nous devons parler de Fontenelle, dont la jeunesse appartient au dixseptième siècle, et la maturité au dix-huitième. Ses Mondes lui firent une réputation brillante; mais ses Éloges des Académiciens et son Histoire de l'Académie des Sciences forment les principaux titres de sa gloire.

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« Quoique Voltaire fût plus jeune que Fontenelle, il fut long-temps son contemporain; et si l'auteur des Mondes s'est essayé dans une multitude de genres différents, on peut dire que Voltaire s'est distingué dans tous. Aucun esprit, avant Voltaire, D'a peut-être embrassé plus d'idées à la fois, n'a pénétré avec plus de sagacité tout ce qu'un seul instant peut saisir, n'a montré même plus de profondeur dans tout ce qui n'exige pas une longue analyse ou une forte méditation. Comme poète, il s'est distingué dans tous les genres où il s'est essayé; c'est à lui que la France doit son premier poëme épique; l'art tragique lui doit des progrès, et l'auteur de Mérope, de Zaïre, de Mahomet, etc., sera mis au premier rang des auteurs dramatiques du dix-huitième siècle. C'est encore à Voltaire que nous devons d'avoir conçu l'histoire sous un point de vue plus vaste et plus utile que les anciens. Enfin, si le dix-septième siècle peut citer Corneille, Racine, Boileau, La Fontaine, le dix-huitième s'honore d'avoir produit Voltaire; il s'honore également de J.-J. Rousseau, le plus éloquent des écrivains du dixhuitième siècle ; de Crébillon, Piron, Gresset, Destouches, La Chaussée, J.-B. Rousseau, Le Franc de Pompignan, le cardinal de Polignac, Racine fils, SaintLambert, Gentil Bernard, Delille, Lebrun, Rochefort, Fontanes, Colardeau, La Harpe, Duresnel, Clément, Palissot, les deux Chénier, Ducis, Lemierre, Collin d'Harleville, Andrieux, Picard, Cailhava, Legouvé, Peyre, François de Neufchâteau, Demoustiers, Fabre d'Églantine, SaintAulaire, Desmahis, Nivernois, Dorat, Bertin, Bernis, Boufflers, Parny, etc. A ces noms célèbres dans l'art dramatique et dans la poésie, on doit ajouter ceux des littérateurs Le Batteux, Dumarsais, l'abbé d'Olivet, Beauzée, De Brosse, Bouhier, Desfontaines, Fréron et Palissot, La Harpe et Marmontel, déjà cités. A la tête des philosophes se présentent Malebranche, Montesquieu, Voltaire, de Saint-Pierre, Mably, Helvétius, Diderot, J.-J. Rousseau, Delille, Cabanis, Condorcet, Raynal, Dupuis, Volney, etc., etc. Le barreau s'honore des l'Aguesseau, Cochin, Le Normand, Gerbier, Se

guier, Servan, Loiseau, Mauléon, Élie de Beaumont, etc.; l'éloquence de la chaire, des Massillon, des Élisée, des Boulogne, etc.; l'éloquence académique, des productions de Thomas; celle de la tribune, de Mirabeau, Vergniaud, Barnave, Cazalès, etc.., etc. L'érudition, quoique négligée, a eu des succès brillants sous la plume de Mabillon, Lamounoye, Montfaucon, Caylus, La Croze, Fréret, Sainte-Palaye, Boze, Caperonier, Bréquigny, Dacier, Brottier, Barthélemy, Deguines, Court de Gébelin, Villoison, Sainte-Croix, Anquetil-Duperron, Dupuis, Silvestre de Sacy, etc. L'histoire générale, et particulière a été traitée avec des talents et des succès divers par Daniel, Voltaire, Rollin, Vertot, Le Beau, Vély, Millot, Condillac, Raynal, Dulaure, Ségur, Touret, Daru, Rulhières, etc.; la biographie, par Fontenelle, de Boze, d'Alembert, Le Beau, Vicq-d'Azir, Condorcet, etc. L'histoire naturelle, malgré les heureux essais de Pluche, n'était encore qu'au berceau lorsqu'elle a rempli l'Europe entière de l'utilité de ses découvertes; c'est au génie de l'immortel Buffon que cette révolution est due. A côté de son nom on doit placer ceux de Daubenton, Adanson, Lacépède, Cuvier, Bernardin de Saint-Pierre, Tournefort, Jussieu, Chomel, Bulliard, L'Héritier, Duhamel, Rozier, Thouin, etc. La géographie dut beaucoup aux travaux de Danville, La Martinière, Lacroix, Expilly, Robert, Grenet, Mentelle, Barbier, Delisle, Buache, Gosselin, etc. La physique est redevable de nombreuses découvertes à Réaumur, Nollet, Brisson, SigaudLafond, etc. La chimie a, pour ainsi dire, été créée par Lemery, Rouelle, Maquer, Lavoisier, Banmé, Cadet, Bertholet, Fourcroy, Chaptal, Darcet, Gay-Lussac, Thénard, etc. La médecine fut enrichie des travaux de Bordeu, Bayen, Helvétius, Bouvart, Petit, Lieutaud, Vicq-d'Azir, Astruc, Senac, Portal, etc. La chirurgie a fait des progrès étonnants sous la Peyronnie, Lecat, La Martinière, Louis, Ferran, Moreau, Desault, Sue, Pelletan, etc. Dans l'astronomie, Cassini, Lacaille, Chappe, Maupertuis, La Condamine, Lalande, Dionis du Séjour, Méchin, Bailly, etc., ont agrandi cette science. Toutes les branches des mathématiques ont été cultivées avec le plus grand succès par Clairault, Lacaille, la marquise du Châtelet, d'Alembert, Condorcet, Bezout, Bossut, Borda, Legendre, Lagrange, Laplace, Lacroix, Montucla, etc. Enfin un nombre infini de traductions, de voyages, de romans, etc., ont été publiés par plusieurs savants distingués, dont il serait trop long de citer les noms. Voyez Lettres, Langues, LIVRES.

LIVRES. BELLES-LETTRES, TYPOGRAPHIE. On distingue sous le nom de livres des ouvrages d'esprit, soit en vers, soit en prose, d'assez grande étendue pour faire au moins un volume. L'objet des livres est de perpétuer et d'étendre les connaissances, d'exposer les principes des sciences, des arts, de la morale, de la philosophie, etc. Les livres sont les dépositaires des lois, de la mémoire, des événements, des inventions, des découvertes, des usages, des mœurs, des coutumes, etc., etc. Ce sont des conseillers désintéressés, toujours prêts à nous instruire chez nous et quand nous voulons; ils suppléent au défaut des maîtres, souvent au défaut de génie et d'invention, et élèvent quelquefois ceux qui ont de la mémoire au-dessus des personnes d'un esprit plus vif et plus brillant. Quelle ressource les livres n'offrent-ils pas dans le loisir ! Le poids accablant de l'ennui ne se fait jamais sentir dès qu'on aime la lecture. Quelle comparaison entre la futilité des salons et la méditation des œuvres d'un écrivain profond et éloquent! Là on est constamment frappé de la vanité et de toutes les-misères de l'esprit humain, et l'on éprouve le dégoût qu'elles entrainent: mais avec la ressource d'un bon livre, l'esprit est satisfait, l'âme est intéressée; on sent le bien de tenir à la nature humaine, lors même qu'on en observe mieux les écarts.

La connaissance des livres est une des parties de l'érudition; elle forme une science particulière, qui suppose dans ceux qui la cultivent une instruction solide et variée, la connaissance de toutes les branches de la typographie, des manuscrits, des livres, de leurs différentes éditions, de leur degré de rareté el curiosité, de leur valeur, etc., etc.

IMPRIMERIE. L'art de l'imprimerie, auquel les sciences et les arts doivent d'immenses progrès, et la civilisation de si heureux fruits, prit naissance au XVe siècle. On commença d'abord par.graver des pages entières d'écritures, connues depuis sous le nom d'éditions xilographiques; mais comme il y avait de grands inconvénients à employer des planches gravées en une seule pièce, on conçut l'idée de faire des caractères mobiles en bois. Selon quelques auteurs, ce procédé fut inventé, vers l'an 1437, par Laurent Janszon Coster, à Harlem. C'est par ce moyen que fut imprimé l'Horarium, considéré, par quelques bibliographes, comme le premier monument typographique. L'emploi des caractères en bois ayant de graves inconvénients, cu imagina de leur substituer des lettres mobiles sculptées en métal, et la gloire de cette invention est généralement attribuée à Guttemberg. Cet homme illustre, dont le nom est désormais immortel, s'associa

Jean Fust, de Mayence, qui fournit les premiers fonds: la Bible latine, dite de 1450, fut le premier ouvrage un peu marquant qui sortit de la presse de cette noble association. L'art était créé ; mais il ne marchait que faiblement, parce que la gravure de chaque lettre nécessitait des dépenses considérables, lorsque Pierre Schaeffer imagina de graver des pièces d'acier pour frapper des matrices d'un métal plus malléable. Dès ce moment, l'art typographique fit des progrès rapides, et bientôt il arriva à une grande perfection.

L'imprimerie ne tarda pas à se propager après sa découverte. Les principales villes où se formerent des établissements typographiques furent: Bamberg, en 1461; Rome, Cologne, en 1467; Augsbourg, 1468; Venise, Milan, 1469; Paris, Nuremberg, Vérone, 1470; Strasbourg, Bologne, Naples, 1471; Turin, Gênes, 1474; Barcelone, 1475; Lyon, Anvers, Bruges, Bruxelles, 1476; Angers, 1477; Genève, Oxford, 1478; Leipsick, 1481; Vienue ( Autriche), 1482; Stockholm, Harlem, Troyes, Gand, 1483; Rennes, 1484; Ratisbonne, Salamanque, 1485; Tolède, 1486; Rouen, Besançon, 1488; Lisbonne, 1489; Orléans, 1490; Dijon, Hambourg, 1492; Nantes, Copenhague, 1493; Limoges, 1495; Tours, Pampelune, Grenade, 1496; Avignon, 1497; Munich, Olmutz, Perpignan, 1500, etc.

En multipliant avec une grande facilité les images de la pensée, l'imprimerie a établi d'un bout du monde à l'autre la correspondance continuelle de la raison et du génie. En parlant aux yeux bien plus vite que la plume, elle a gagné, au profit de l'instruction, tout le temps que faisaient perdre les difficultés réunies de l'écriture et de la lecture, et il a été permis à l'homme qui pense de communiquer, dans le même moment, avec tous ceux qui lisent. En rendant les livres aussi communs et aussi populaires que les manuscrits étaient rares et peu accessibles, elle a tiré la science et la vérité de la retraite des lettres, et les a répandues dans l'univers. Elle a donc certainement hâté la renaissance et le nouveau progrès des arts, et il lui a été donné de pouvoir dire à la barbarie: Tu ne régneras pas; à la puissance injuste qui auparavant n'était guère dénoncée qu'aux temps à venir : Tu entendras dès ce moment ta sentence prononcée partout; à l'homme capable de dire la vérité : Parle, et le monde entier entendra ta voix.

Les premiers ouvrages que l'impression fit erlore, furent dictés par les muses latines, qui revenaient avec plaisir, sous le beau ciel de l'Ausonie, respirer l'air de leur ancienne patrie. Vida

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