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Frascator, Ange Politien, Sadolet, Érasme, Saunazar et une foule d'autres, firent reparaître dans leurs écrits, non pas encore le génie, mais le goût et l'élégance de l'antique latinité : et il était juste que l'Italie fût le théâtre de cette heureuse révolution.

L'imprimerie fut établie en France sous Louis XI. Guillaume Fischer et Jean de la Pierre, docteur en théologie, firent venir de Mayence à Paris, en 1469, Ulric Gering, Martin Krantz et Michel Friburger, qui avait travaillé chez Fust. On leur donna un logement dans le collége de la Sorbonne; et c'est là qu'ils formèrent leur premier établissement: nous avons vu plus haut qu'à cette même époque la typographie florissait déjà dans plusieurs villes de l'Europe. Le caractère dont on fit usage dans le principe, était le gothique moderne. Vers 1459, on lui en substitua un autre moins gros et plus agréable à l'œil, qu'on nomma demi-gothique. Vendelin de Spire, qui imprimait à Venise en 1468, perfectionna la forme de ces caractères; c'est à lui, d'autres disent à Nicolas Jenson, que l'imprimerie est redevable du caractère dit romain dont elle se sert aujourd'hui, et qui est devenu Européen. En 1498, Alde Manuce, imprimeur à Venise, inventa l'italique, dont il fit usage pour tous les auteurs latins sortis de ses presses. Jusque-là, l'art avait été en se perfectionnant; toutefois on le vit pour un moment rétrograder par l'introduction des caractères gothiques, dits bátarde ancienne, dont on se servit jusqu'en 1520, époque où C. Garamond purgea les caractères de tout ce qui leur restait de gothique, et grava, d'après les types de Jenson, les caracteres romains et italiques, qui plus tard servirent de modèles à Guillaume le Bé. En 1556, Granjon inventa la cursive française, dite civilité. Les caractères grecs étaient connus dès 1465, et les caractères hébraïques dès 1475. Pierre Moreau grava, en 1640, des poinçons d'écriture ronde et de bâtarde brisée. Vers le milieu du XVIIIe siècle, le célèbre Fournier perfectionna l'italique et introduisit en France trois sortes de caractères, la ronde, la båtarde et la coulée. En 1756, Baskerville, célèbre imprimeur anglais, grava et fondit des caractères d'une grande perfection, dont il établit un dépôt en France en 1785. Vers la fin du XVIIIe siècle, François-Ambroise Didot commença à donner aux caractères typographiques les proportions exactes, cette coupe franche et décidée qui les distinguèrent de tous ceux qui avaient paru jusqu'alors. Pierre-François Didot s'occupa également de la fonte des caractères, auxquels il fit subir quelques améliorations sensibles. En 1802, M. Gillé

publia des épreuves de 70 caractères fondus par lui, ainsi que des épreuves de caractères mobiles d'écritures. Mais il a été surpassé en ce genre par M. Firmin Didot, dont les beaux caractères d'écritures semblent servir de limite à tout ce qui concerne l'art de la gravure en ce genre. En résumé, c'est à MM. Firmin Didot, Molé, Henri Didot, Léger, Jacquemin père, et Marcellin-Legrand, que la France est redevable du perfectionnement des caractères typographiques, améliorés d'abord par MM. François-Ambroise Didot et Wafflard, et ensuite par M. Gérard.

Le perfectionnement des divers procédés typographiques marcha de front avec le perfectionnement de la gravure des caractères. Au commencement du XVIe siècle, la plupart des bons livres étaient déjà imprimés. On doit à Alde Manuce, mort à Venise en 1516', une grammaire grecque, in-4°, des notes sur Horace et sur Homère, et plusieurs autres ouvrages qui ont immortalisé son nom. Paul Manuce son fils, et Alde Manuce son petit-fils, scutinrent dignement la haute réputation de leur père et aïeul. Les éditions sorties de leurs presses, et connues sous le nom d'éditions des Alde, sont extrêmement recherchées des curieux. Les Junte, famille également illustre dans l'imprimerie, parurent avec éclat dans le XVIe siècle à Rome, à Venise et à Florence. En France, Badius, beaupère de Robert Étienne, dont nous parlerons bientôt, publia un grand nombre d'éditions estimées par leur correction et par les préfaces savantes dont il les enrichit. Plantin, imprimeur à Anvers, porta son art à un haut degré de perfection; on lui doit la Bible Polyglotte, en 8 vol. in-fol., 1569, ouvrage regardé comme un chef-d'œuvre. Antoine Verard, imprimeur à Paris, a publié, sur la fin du XVe siècle et au commencement du XVIo, un grand nombre de volumes sur vélin, ornés de très-belles miniatures, qui imitent parfaitement les beaux manuscrits d'après lesquels ils ont été imprimés. Michel de Vascosan passe avec raison pour un des plus excellents imprimeurs de France : on recherche encore son Plutarque d'Amyot, 13 vol. in-8°, 1567. La nombreuse famille des Étienne est une des plus illustres dans les annales typographiques du XVIe siècle. On en compte quinze de ce nom; mais Robert et Henri son fils se sont particulièrement distingués par leurs vastes connaissances autant que par la perfection qu'ils ont donnée à leur art. Parmi les belles éditions de Robert Étienne, on distingue la Bible Hébraïque, 8 vol. in-16, 1544; le Nouveau Testament grec, 2 vol. in-16, 1546; et le Thesaurus linguæ latinæ, chef-d'œuvre publié

de 1536 à 1543, 2 vol. in-fol. Henri Étienne, l'un des hommes les plus savants de son siècle, a enrichi nos bibliothèques d'un grand nombre de belles éditions des auteurs anciens. On lui doit le Thesaurus linguæ græcæ, 4 vol. in-fol., auxquels il faut joindre les deux glossaires imprimés en 1573; ouvrage qui a immortalisé le nom de son auteur, et dont M. A.-Firmin Didot publie en ce moment une superbe édition. La France doit à Simon de Colines des éditions de livres grecs d'une beauté et d'une correction remarquables. Mamert Patisson s'est aussi distingué par de belles et correctes éditions. Dans le XVIIe siècle Antoine Vitré s'est immortalisé par l'édition de la Polyglotte de Le Jay, l'un des chefs-d'œuvre de l'imprimerie, 10 vol. in-fol., 1628-1645. On distingue aussi son Corps de Droit, 2 vol. in-fol., 1618; et ses Bibles latines, in-fol. et in-4°, 1666, et en 8 vol. in-12, 1652. Vers la même époque florissait aussi Cramoisy, connu par ses éditions dites du Louvre; Anisson, imprimeur lyonnais, à qui l'on doit la Bibliotheca maxima, 27 vol. in-fol., 1677; et plusieurs célèbres imprimeurs d'Oxford et de Cambridge, dont les éditions sont on ne peut plus remarquables. Mais de tous les imprimeurs qui illustrèrent le XVIIe siècle, les plus célèbres sont sans contredit les Elzévir. Des douze imprimeurs de cette famille, six se sont particulièrement fait connaître par le nombre et par la beauté de leurs éditions: Isaac, qui imprima à Leyde, de 1617-1628; Bonaventure et Abraham, qui imprimèrent aussi à Leyde, de 1626-1652; Louis, fils d'Abraham, qui exerça son art à Amsterdam, de 1640-1665, et en société avec Daniel depuis cette dernière époque jusqu'en 1662; entin Daniel, qui imprima avec Jean, de 1652-1654, puis à Amsterdam, en société avec Louis, de 16551662, et seul jusqu'en 1680. Parmi leurs éditions, on recherche surtout le Nouveau Testament grec, in-12, 1633; le Psautier, in-12, 1653; l'Imitation, sans date; le Corps de Droit de Justinien; les auteurs latins, principalement jusqu'en 1642, et quelques auteurs français, format in-24.

Le XVIIIe siècle ne fut pas inférieur au siècle précédent. En Angleterre, Baskerville publia un Virgile in-4, Birminghamiæ, 1757, regardé comme un chef-d'œuvre; il imprima ensuite le Paradis perdu, la Bible, in-fol., Horatius, Terentius, etc., in-4°; Orlando Furioso, 4 vol. in-8°, 1775.- En Espagne, Ibarra se fit remarquer par ses belles éditions de la Bible, du Missel arabe, de l'Histoire d'Espagne de Mariana, du Don Quichotte, et surtout l'admirable Salluste espagnol, in-fol., 1772, traduit par l'infant don Gabriel.--En Italie, J. Co

mino à Padoue, Bodoni à Parme, firent faire à l'imprimerie des progrès remarquables; on distingue de ce dernier l'Iliade d'Homère, en grec, 3 vol. in-fol.; le Boileau, le Télémaque, les Fables de La Fontaine, et surtout le magnifique Racine, eu 3 vol. in-fol.

La France, où l'on avait déjà publié tant de chefsd'oeuvre, ne resta pas en arrière. Coustellier, Guerin, Latour, se firent successivement remarquer par les éditions qu'ils publièrent. Barbou, l'un des descendants des célèbres Barbou, imprimeurs à Lyon, publia, de 1760 à 1765, les belles éditions des auteurs classiques, dont la collection forme 70 vol. in-12. Enfin les Didot, les Crapelet, les Rignoux, portèrent l'art typographique au rare degré de perfection auquel nous le voyons parvenu. La famille Didot, connue dans l'imprimerie depuis plus de cent ans, a constamment travaillé à la perfection de cet art. François-Ambroise Didot, que nous avons déjà cité pour la perfection à laquelle il porta la gravure des caractères, surpassa, vers le milieu du XVIII° siècle, les meilleurs typographes de la France et de l'étranger; c'est à lui que nous devons la fabrication des papiers vélins. Parmi les ouvrages sortis de ses presses, on cite la collection dite d'Artois, recueil de romans en 64 vol. in.18, et la collection des classiques français, in-18, et in-4o, imprimée par ordre de Louis XVI, pour l'éducation du Dauphin, et dans laquelle est comprise la fameuse Biblia sacra. Pierre-François Didot, frère de François-Ambroise, contribua puissamment aux progrès de l'art typographique, tant par des améliorations aux caractères que par des éditions remarquables, parmi lesquelles nous citerons l'Imitation de J.-C., in-fol., 1988; Télémaque, in-4"; Tableau de l'empire ottoman, in-fol., et la Bible, in-4°. M. Pierre Didot, fils aîné de FrançoisAmbroise, se distingua par les belles productions sorties de ses presses. Il publia, en 1798, une superbe édition de Virgile, in-fol., et successivement dans le même format, Horace, en 1799; Racine, en 1801, ouvrage déclaré par le jury des arts la plus belle production typographique de tous les pays et de tous les âges; les Fables de La Fontaine, en 1802; Boileau et la Henriade, en 1819. M. Firmin Didot, frère du précédent, a soutenu comme imprimeur, et surtout comme graveur et fondeur, le nom illustré par son père et par son frère. On lui doit l'invention du stéréotypage appliqué par lui pour la première fois aux tables de Logarithmes de Callet, devenues par ce moyen exemptes de fautes. Les principales éditions sorties des presses de M. Firmin Didot, sont le Camoens, in-4°; la Hen

riade, in-4°; le Salluste, in-fol., etc. Les fils Ambroise-Firmin Didot et Hyacinthe-Firmin Didot, ont ajouté à l'établissement de fonderie, d'imprimerie et de librairie qu'ils tenaient de leur père, une papeterie où sont employés les procédés mécaniques inventés par leur cousin Léger Didot, pour fabriquer le papier dit sans fin. Leurs divers établissements occupent près de 600 ouvriers.

M. Jules Didot, fils de Pierre Didot l'aîné, lui a succédé, et il a publié diverses éditions qui jouissent d'une réputation justement méritée.

MANUSCRITS. La comaissance des manuscrits est on ne peut plus importante; elle met en lumière les esprits de l'antiquité; elle nous familiarise avec l'écriture ancienne, et nous facilite la connaissance des vieux écrivains nationaux, dont le style a tant de charmes.

Les premiers manuscrits furent écrits sur papyrus. Il ne reste plus de ces livres que quelques fragments, tels que celui de la bibliothèque ambroisienne de Milan; c'est la traduction latine de quelques livres des antiquités judaïques de Flavien Josèphe, par Ruffin: les caractères sont lombardsromains, du Ve siècle. Après le papyrus on employa les feuilles du palmier et celles de quelques autres arbres, auxquelles succédèrent le cuir et la peau des animaux : M. la Serna Santander possédait dans sa riche bibliothèque un Pentateuque hébreu, écrit sur cinquante-sept peaux de cuir oriental. Mais parmi les peaux d'animaux préparées et servant de matière aux manuscrits, le parchemin, préparation de peaux de chèvres et de moutons, tient un des premiers rangs, qu'il cède cependant au vélin fabriqué avec la peau de veau mort-né ou de veau de lait. Au parchemin et au vélin succéda le papier de coton, inventé par les Arabes vers le XIe siècle, et ensuite le papier de chiffons de toile de lin et de chanvre, dont l'invention date de l'an 1170. La bibliothèque Bodléienne, en Angleterre, possède un manuscrit de 1049 entièrement écrit sur papier de coton; la Bibliothèque royale, à Paris, en possède, sous le no 2889, un autre de 1050; il en existe un troisième de 1095, à Vienne en Autriche, dans la bibliothèque de l'empereur.

A l'exception des manuscrits égyptiens et de ceux découverts à Herculanum, on ne connaît pas de manuscrits antérieurs à l'ère chrétienne. Le plus ancien manuscrit connu se trouve à l'université de Cambridge; il renferme les quatre évangiles en grec et en latin, et paraît remonter au IIIe siècle. Celui qui est ensuite le plus célèbre par son antiquité, est l'Évangile de saint Marc, à Venise, que l'on croit

du IVe siècle. Parmi les manuscrits grecs avec date précise, on regarde comme le plus ancien les œuvres de Platon, in-folio sur vélin, transcrit l'an du monde 6404, ou 896 de notre ère. On considère comme anciens tous les manuscrits latins antérieurs à l'an 800 et au règne de Charlemagne : ils sont précieux et très-rares.

En général, il est assez difficile de fixer l'âge des anciens manuscrits. Voici, d'après Mabillon, Trombelli, Gatterer, etc., les principales règles d'après lesquelles on peut les reconnaître dans les manuscrits antérieurs au VIIIe siècle, il n'y a point de séparation entre les mots, et les lignes sont entières sans intervalles; le point y est omis, et lorsqu'il a commencé à être employé, c'est au haut de la lettre et non dans la ligne; les virgules n'ont commencé à être en usage qu'à la fin du Xe siècle; ce n'est qu'au XVe siècle qu'on s'est servi de signes d'interrogation, d'exclamation, et de la parenthèse; ce ne fut que dans le XIIIe siècle qu'on imagina de séparer les mots par de petits traits inclinés de droite à gauche; dans les manuscrits antérieurs au XIe siècle, les abréviations sont très-rares; mais dans les siècles suivants, elles devinrent si multipliées, qu'elles rendent la lecture des manuscrits très-difficile, et quelquefois même impossible.

La beauté, la netteté et la correction contribuent à rendre les manuscrits précieux. Pour en augmenter le prix, on imagina de distinguer les initiales, le titre, la souscription, la signature de l'auteur et du calligraphe, en les écrivant en couleur pourpre, et en se servant pour cela du minium ou vermillon: les calligraphes chargés de cette opération reçurent le nom de miniatores ou de rubricatores. On ne se contenta pas d'orner les manuscrits de lettres rouges, on les enrichit de lettres d'argent, de lettres d'or, de dessins éclatants; on imagina de teindre en pourpre le vélin dont ils étaient formés. Non-seulement on peignit les majuscules en rouge, en violet, en or, mais on les orna de diverses mosaïques et de dessins de plantes et d'animaux ; on les embellit de miniatures. Un grand nombre de manuscrits sont remarquables par des embellissements de ce genre. Les livres d'église des Grecs du Bas-Empire, furent ornés de miniatures; cet ornement passa aux missels latins du Ve siècle, et depuis cette époque jusqu'au Xe siècle les miniatures sont correctes et assez bien dessinées; on y mit moins de goût dans les quatre siècles suivants; sur la fin du XIVe siècle, les miniatures des manuscrits occupèrent un grand nombre d'artistes, et furent parfaitement exécutées.

Les bibliothèques publiques de plusieurs grandes villes de l'Europe renferment un grand nombre de

manuscrits précieux. La bibliothèque royale, à Paris, est une des plus riches en ce geure; elle compte soixante-dix à soixaute-quinze mille manuscrits, dont une multitude sont remarquables par leur beauté et par leur ancienneté. On cite particulièrement les suivants :

LIVRES. Nous n'avons rien d'assuré sur la première origine des livres. De tous ceux qui existent, les livres de Moïse, ou attribués à Moïse, passent pour les premiers qui ont été connus. De tous les livres que nous a légués l'antiquité, les poëmes d'Homère sont regardés comme les livres les plus

QUATUOR EVANGELIA. Manuscrit en lettres d'or sur anciens, et on les regardait déjà comme tels des vélin de couleur pourpre.

le temps de Sextus Empiricus 1, quoique les auteurs Bible latine de Charles-le-ChauVE. Magnifique grecs fassent mention d'environ soixante-dix livres volume du IX siècle, en lettres d'or, sur vélin antérieurs à ceux d'Homère, comme les livres pourpre, regardé comme le plus précieux, sous d'Hermès, d'Orphée, de Daphné, d'Horus, de le rapport de l'art et de l'antiquité, que renferme Linus, de Musée, de Palamède, de Zoroastre, etc. la Bibliothèque. Mais il ne nous reste pas le moindre fragment de PSAUTIER DE CHARLES-le-Chauve, précieux in 4o, la plupart de ces livres, ou ce qu'on donne pour en lettres d'or. tel est généralement regardé comme supposé. On

PSALTERIUM, in-8°, enrichi de miniatures d'une remarque que les plus anciens livres des Grecs belle exécution.

BIBLE LATINE ET FRANÇAISE, 2 vol. in-fol., contenant plus de 5,000 miniatures.

LIBER GENERATIONIS JHI XTI, in-fol., en lettres
d'argent, sur vélin pourpre.

BRÉVIAIRE DE BELLEVILLE, 2 vol. in-4°, ornés d'un
grand nombre de miniatures on ne peut plus
curieuses sous le rapport de l'art.
HEURES D'ANNE DE BRETAGNE, manuscrit incom-
parable, l'un des plus riches et des plus curieux
de la Bibliothèque royale.

CITÉ DE DIEU, 2 vol. in fol. enrichis de gravures.

Volumes précieux sous le rapport de l'art. LES ÉCHECS AMOUREUX, in-fol. Volume digue d'admiration pour sa belle exécution.

sont en vers: Hérodote est le plus ancien de leurs auteurs qui aient écrit en prose, et il était de quatre cents ans postérieur à Homère. Le même usage se remarque chez presque toutes les autres nations, et donne, pour ainsi dire, le droit d'aînesse à la poésie sur la prose, au moins dans les monuments publics.

Les plus anciens livres, tout à la fois gravés, ou sculptés, et imprimés en Europe, datent, selon la chronologie établie par Seizius, de 1431. Ce sont ceux qui caractérisent plus particulièrement l'origine de l'imprimerie. Ces livres, ou plutôt ces recueils d'images, eutièrement de la main des graveurs en bois, étaient entremêlés de mots explicatifs placés dans le haut ou dans le bas de la planche,

PTOLEMÆUS, magnifique manuscrit in-fol., orné du quelquefois sur les côtés, ou sur des banderoles portrait de Louis XII.

BIOGRAPHIE ROYALE DE FRANCE, volume incomparable, contenant les portraits de tous les rois de France.

LE ROY ARTUs, in-fol., 1274.

LIVRE DE TOURNOIS, in-fol., orné de belles miniatures, etc., etc.

L'Italie rivalise avec la France, et n'est guère moins riche qu'elle en manuscrits précieux. La fameuse bibliothèque du Vatican en renferme plus de quarante mille, parmi lesquels on cite un Térence et un Virgile, ornés d'excellentes miniatures; un manuscrit en lettres d'or des Actes des Apôtres, etc. etc. La bibliothèque de Florence possède un Virgile qui passe pour l'un des plus anciens manuscrits de ce poète. Les bibliothèques de Venise, de Padoue, de Naples, de Milan, de Parme, de Modène, sont aussi très-riches en manuscrits précieux. L'Allemagne, la Suisse, l'Espagne, l'Angleterre, en possèdent aussi un grand nombre, dont quelquesuns remontent jusqu'au IVe siècle.

qui indiquaient le rôle des personnages. L'art ayant fait des progrès, on grava une suite de planches avec leurs explications, et on en forma des livres xilographiques ou tabellaires, c'est-à-dire en planches de bois et images ( à peu près pareilles à celles dont on se sert aujourd'hui pour l'impression des indiennes), dont plusieurs ont précédé les livres imprimés qui offrent une date certaine. On regarde comme les plus anciens livres de ce genre, la Bible des pauvres, l'Histoire de saint-Jean l'évangéliste, l'Histoire de l'Ancien et du Nouveau Testament en quarante-six tableaux, les œuvres de Thomas à Kempis, le Donat, et le Speculum Salutis. L'Horarium, dont nous avons déjà parlé, passe pour le premier livre imprimé en caractères mobiles en bois.

Le plus ancien monument typographique, en caractère mobile en fonte, est la Bible latine sans date, que l'on présume de 1456. Le plus ancien

1. Voy. Fabr. Bibl. græc., lib. I, c. 1, part. 1, t. I, p. 1.

livre imprimé en mêmes caractères, avec date, est un Calendrier de l'an 1457. Le premier livre imprimé avec les types fondus par Schoeffer, est l'inimitable Psautier de 1457; c'est le plus grand et le plus beau monument de l'imprimerie naissante, et l'on est tenté de croire, en le voyant, que cet art merveilleux n'a pas eu d'enfance. Ce livre précieux, de format grand in-fol., se trouve à la Bibliothèque royale de Paris; on lit au bas cette souscription remarquable: Ab inventione artificiosa imprimendi ac characterisandi absque calami exaratione sic effigiatus.... per Joannem Fust, civem Moguntinum, et Petrum Schaffer de Gernsheim. A. D. 1457. Cet ouvrage est imprimé en grosses lettres rouges et noires, et faites sur le modèle des manuscrits liturgiques du XVe siècle; il est décoré de 288 capitales ornées, artistement gravées en bois, et tirées, d'une manière surprenante, par rentrée à deux couleurs: en rouge, lorsque les ornements sont en bleu, et en bleu, lorsque les ornements sont en rouge. Le volume est composé de 175 feuillets. On distingue encore parmi les monuments qui sortirent des presses de Fust et de Schoffer: Rationale divinorum officiorum, grand in-fol. à deux colonnes 1459; Constitutiones Clementis papæ V, grand in-fol., 1460; Summa quæ volatur catholicon, grand in-fol., 1460.

L'imprimerie ayant pris une grande extension peu après sa découverte, les livres se multiplièrent promptement. On connaît un Recueil de Fables, en allemand, accompagné de gravures en bois, imprimé à Bamberg dès 1461; le livre des Quatre Histoires, fut imprimé dans la même ville en 1462. On distingue encore parmi les livres les plus anciens les OEuvres de Lactance, imprimées à Rome en 1465; les Épitres familières de Cicéron, imprimées dans la même ville en 1467; les OEuvres de Pline le naturaliste, imprimées à Venise en 1469; les Épîtres de Gasparini de Pergame, imprimées à Paris en 1470; le Divi Hyeronimi expositio in simbolum, imprimé à Oxford en 1478, etc. Voici les titres de quelques-uns des livres remarquables par leur ancienneté, qui se trouvent à la Bibliothèque royale de Paris :

BIBLIA PAUPERUM. Livre tabellaire, regardé comme le plus ancien ouvrage imprimé. BIBLIA LATINA (dite Bible sans date), 2 vol. in-fol.; exemplaire précieux, contenant une souscription qui apprend que les rubriques en ont été faites en 1456. Sous le point de vue bibliographique, c'est un livre inappréciable.

PSALTERIUM, latinè, in-fol., imprimé par Fust et Schaeffer, 1457, editio princeps. C'est l'inimi

I.

table Psautier dont nous avons donné plus haut la description.

PSALTERIUM, latinè, in-fol., édit. sec., imprimé par les mêmes, 1459.

DURANDI RATIONALE DIV. OFF., in-fol., imprimé par les mêmes, 1459.

CATHOLICON, 2 vol. in-fol., imprimé par Guttemberg en 1460.

BIBLIA LATINA, 3 vol in-fol., magnifique ouvrage, imprimé en Pfister, à Bamberg, 1461. OPUSCULES IMPRIMÉS PAR PFISTER, vol. in-fol. incomparable, orné de gravures en bois, contenant: un Traité ou Discours moral sur la mort; les Quatre Histoires, et la Bible des pauvres. Ce volume, aussi curieux que rare, est sans date; on ne le croit pas postérieur à 1462. LACTANTII INSTITUTIONES, etc., in-fol. imprimé dans le monastère de Subbiaco en 1465. GRAMMATICA RHYTMICA, in-fol. imprimé par Fust et Schoeffer, 1466.

SANCTUS AUGUSTINUS, DE CIVITATE DEI, in-fol. imprimé dans le monastère de Subbiaco, 1467. Volume magnifique, regardé comme l'un des beaux monuments de la typographie ancienne. VOCABULARIUS, in-4° imprimé par Bechtermuntze,

1467, editio princeps. C'est une des plus grandes raretés bibliographiques. Il paraît que cet excmplaire est absolument unique.

VIRGILIUS, in-fol. imprimé par Sweynheym et

Pannartz, 1469, editio princeps. Volume très

curieux et d'une excessive rareté.

PLINII HIST. NATURALIS, in-fol., vélin, imprimé par J. de Spire, 1469, editio princeps. Volume d'une grande beauté.

VIRGILIUS, in-fol., vélin, imprimé par Vindelin de

Spire, 1470. Volume excessivement rare. CICERONIS ORATIONES, in-fol. imprimé par Valdarfer, 1471.

RECUEIL DES HISTOIRES DE TROYES, in-fol. imprimé par Caxton; l'un des plus anciens monuments de la typographie anglaise, 1477. ROMAN DE JASON, in-fol., en français, imprimé par Caxton, 1477; ouvrage regardé comme un trésor dans son genre.

MONTE SANCTO DI DIO, in-fol., 1477; l'un des plus anciens livres ornés de gravures en cuivre.

LA SFORZIADA, in-f., vél., orné deminiatures, 1480. Esorus, latinè, in-fol., 1481. Volume singulier en vers hexamètres et pentamètres; en tète de chaque fable est une gravure en bois. HOMERI OPERA, græcè, in-f., 1488; editio princeps. PSALTERIUM, latinè, in-fol., vélin, imprimé par Schaeffer, 1490. Volume maguifique et précieux.

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