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l'œil; la convexité compense cette illusion d'op- régnèrent dans cette contrée depuis Alexandre justique.

Les inscriptions hieroglyphiques sont en ligne perpendiculaire; quelquefois il n'y en a qu'une au milieu de la largeur de la face, et souvent il y en a trois; la découverte de l'alphabet des hieroglyphes, par M. Champollion, a permis enfin de connaitre la véritable nature et la destination des obélisques égyptiens sur lesquels on a tant écrit et débité tant de fausses suppositions. L'inscription n'est qu'une commémoration du roi qui a fait construire le temple ou le palais duquel l'obélisque dépendait; on y indiquait encore si ce prince y avait ajouté des allées de sphinx et de béliers, enfin l'érection des obélisques eux-mêmes. Tel est le sujet de l'inscription qui est au milieu de chaque face de l'obélisque; et quoique le nom du même roi et les mêmes circonstances soient répétées sur les quatre côtés, il existe dans les quatre textes comparés quelques différences, ou dans l'invocation des divinités particulières, ou dans les titres du prince, ou dans l'indication des ouvrages qu'il a consacrés aux dieux. Tout obélisque n'avait, dans sa première forme, qu'une seule inscription sur chaque face, et de l'époque même du roi qui l'avait érigé; mais un prince qui venait après celui-ci, et qui ajoutait une cour, un portique, une colonnade au temple ou au palais, faisait graver sur l'obélisque primitif, avec son nom, une autre inscription relative à ces accroissements; ainsi, tout obélisque orné de plusieurs inscriptions est de plusieurs époques. Le pyramidion qui les termine représente ordinairement, par ses sculptures, le roi qui a érigé l'obélisque, faisant diverses offrandes au dieu principal du temple et à d'autres divinités; quelquefois aussi l'offrande même de l'obélisque. Les courtes inscriptions des pyramidions portent le nom du roi, celui du dieu, les paroles et la réponse des deux personnages. On sait donc par ces noms ceux des rois qui érigèrent les obélisques subsistants encore, soit en Égypte, soit ailleurs. Le plus ancien est celui de Saint-Jean de Latran, à Rome; il porte le nom du roi Mæris, 5 roi de la 18 dynastie égyptienne, et qui régna vers l'an 1736 avant l'ère chrétienne. Les deux obélisques de Louqsor, dont un doit arriver incessamment à Paris, ont été élevés par le roi Ramsès III, 15 roi de la même dynastie (vers 1561); on en connait de plusieurs autres Pharaons, et rien n'égale l'effet grandiose de ce genre de monument, qui témoigne si positivement de la puissance des arts en Égypte.

Les Grecs ne firent point d'obélisques hors de l'Égypte; les rois macédoniens ou Ptolémées, qui

qu'à Auguste, y élevèrent, terminèrent ou agraudirent plusieurs monuments, mais toujours selon les préceptes de l'Égypte. Les artistes égyptiens exécutèrent donc des obélisques pour ces princes grecs, mais ils ne s'écartèrent point, pas plus que dans les autres monuments, des coutumes antiques. Le style et les proportions égyptiennes s'y reconnaissent toujours, et les inscriptions sont également tracées en hieroglyphes. L'obélisque trouvé à Philæ avait été érigé en l'honneur de Ptolémée-Évergète II et des deux Bérénices ses femmes, et placé sur un socle portant une inscription grecque qui rappelle le motif et l'occasion de ce monument. Il est bien loin d'approcher des dimensions des obélisques pharaoniques; son exécution n'a donné lieu d'ailleurs à aucune observation relative aux principes suivis jusque-là par les artistes.

Les Romains, après qu'ils eurent fait de l'Égypte une province romaine, la dépouillèrent de quelquesuns de ses obélisques. Il en reste encore 13 à Rome, dont quelques-uns sont de l'époque même de la domination romaine en Égypte; ainsi, les Romains firent exécuter des obélisques en l'honneur de leurs princes; mais la matière et le travail des inscriptions les font aisément distinguer des obelislisques plus anciens. L'obélisque Barberini est de ce nombre; il porte les noms de Hadrien, de Sabine sa femme, et d'Antinous son favori. Il en est de même de l'obélisque de Bénévent, où se lisent les noms de Vespasien et de Domitien; ce dernier porte de plus le nom d'un Lucilius; on lit celui de Sextus-Rufus sur l'obélisque Albani, et l'on connait deux préfets romains de l'Égypte qui furent nommés ainsi; c'étaient donc ces magistrats qui faisaient exécuter, dans ce pays, ces monuments en l'honneur des empereurs régnants, et qui les envoyaient ensuite à Rome. On a aussi les fragments de deux obélisques de l'époque romaine, qui durent être semblables et être élevés en pendant, à l'entrée de quelque grand édifice. Enfin, les Romains essayèrent de faire des obélisques à Rome même, et tel est l'obélisque Sallustin qui est une mauvaise copie de celui de la porte du Peuple, élevé jadis en Égypte en l'honneur du Pharaon Achenchérès-Mandonéi, de la 18° dynastie, 1550. ans avant la réduction de l'Égypte en provinces romaines. Les empereurs romaius, en Orient, firent transporter aussi des obélisques égyptiens à Constantinople; enfin, on a trouvé aussi les fragments de deux de ces monuments à Catane, en Sicile; l'un des deux est à huit pans ou faces, mais on ignore l'époque à laquelle il peut remonter.

OBJECTIF. PHYSIQUE. On désigne sous le nom d'objectif celui des verres d'une lunette, ou d'un télescope, ou d'un bon microscope composé, qui est tourné vers l'œil. Dans les lunettes et les télescopes, l'objectif doit être d'un foyer plus long que celui de l'oculaire : au lieu que, dans le microscope, le foyer de l'oculaire est plus long que celui de l'objectif.

Pour s'assurer de la régularité et de la bonté d'un verre objectif, on décrira sur un papier deux cercles concentriques tels que le diamètre de l'un soit égal à la largeur du verre objectif, et le diamètre de l'autre, égal à la moitié de cette largeur; on divisera la circonférence intérieure en six parties égales, et on y fera six petits trous avec une aiguille; ensuite on couvrira avec ce papier une des faces du verre, et l'exposant au soleil, on recevra les rayons qui passeront par chaque trou, sur un plan qui soit à une juste distance du verre; en reculant ou approchant le plan, on doit trouver un endroit où les six rayons, qui passent par les six trous, se réunissent exactement: s'ils se réunissent en effet ainsi, c'est une marque que le verre objectif est bien fait, et le point de réunion est le foyer de ce verre.

Pour s'assurer si un verre objectif est bien centré, il faut tenir le verre à une distance convenable de l'œil, et observer les deux images d'une chandelle, réfléchies par ses deux faces : l'endroit où les images se réunissent ou se confondent, est le vrai centre si ce point répond au milieu ou au point central du verre, il est bien centré.

OBLIQUITÉ DE L'ÉCLIPTIQUE. AstronoMIE. L'écliptique est un grand cercle de la sphère, qui est incliné à l'équateur, et fait avec lui un angle d'environ 23 degrés 28 minutes; c'est cette inclinaison qu'on appelle obliquité de l'écliptique. Pour se convaincre de cette inclinaison, il suffit de remarquer que le soleil dont le centre ne sort jamais de l'écliptique, paraît avoir un mouvement propre de l'occident vers l'orient, qui s'achève dans l'espace d'une année, et que ce mouvement ne se fait point autour des pôles de l'équateur, comme le mouvement journalier du soleil et des étoiles, mais autour de deux autres points, qui sont les pôles de ce grand cercle appelé écliptique, et qui sont éloignés des pôles de l'équateur d'environ 23° 28'. La preuve de cela, c'est que la hauteur méridienne du soleil varie tous les jours, tandis que l'élévation de l'équateur au-dessus de l'horizon est toujours à peu près la même : de sorte que le soleil est, en certain temps de l'année, plus élevé sur l'horizon que dans

d'autres temps, de plus de la moitié d'un quart de cercle: d'où il suit que sa distance aux pôles de l'équateur est sujette à la même variation. Sa distance à l'équateur, qui est éloignée de part et d'autre de ses pôles de go degrés, varie aussi continuellement. Cette distance est égale soit du côté du midi, soit du côté du nord : en sorte que le soleil s'éloigne l'hiver de l'équateur vers le midi, autant qu'il s'éloigne l'été, de l'équateur vers le nord, ne se trouvant dans l'équateur que deux fois l'année, c'est-àdire, dans les équinoxes, où les jours sont égaux aux nuits. Le cercle dans lequel le soleil parait se mouvoir, et qu'on appelle écliptique, est donc incliné à l'équateur, et fait angle avec lui.

Pour déterminer la grandeur de cet angle, ou, ce qui est la même chose, l'obliquité de l'écliptique, à l'égard de l'équateur, il faut observer la hauteur méridienne du centre du soleil sur l'horizon, lorsqu'il est dans sa plus grande élévation, ce qui arrive vers le 21 juin. Six mois après, on observera la hauteur méridienne du centre du soleil lorsqu'il est dans sa plus petite élévation. On corrigera ces deux hauteurs par la réfraction et par la parallaxe; et on prendra la différence, dont la moitié donnera l'obliquité de l'écliptique.

L'obliquité de l'écliptique n'est pas constamment la mème. On remarque, par la comparaison des observations des anciens astronomes avec celles des modernes, qu'elle va toujours en diminuant : cette diminution est évaluée à 52", 1154 par siècle, ou I' en 115 ans.

ŒŒUVRE. BEAUX-ARTS. OEuvre signifie, en général, ouvrage, et se dit plus particulièrement des ouvrages du génie. Dans le langage de l'art, il ne s'emploie guère que pour exprimer la collection des ouvrages d'un artiste, formée à l'aide de la gravure; on le fait alors masculin et singulier; l'œuvre de Raphael est la collection des ouvrages gravés de Raphael; l'œuvre de Calot, ou de tel autre graveur, comprend la collection des estampes gravées par ce maître, soit d'après ses propres dessins, soit d'après les ouvrages des peintres.

Dans l'art de bâtir, le mot œuvre a différentes significations. L'expression hors-d'œuvre s'emploie lorsqu'on prend les mesures de quelque partie d'un bâtiment en dehors, comme d'un pavillon, ou qu'on parle d'une partie qui ne tient au corps de l'édifice que par un de ses côtés. Dans œuvre se dit des mesures prises de quelque partie en dedans, comme d'une chambre, d'une galerie.

OBSCENITÉ. PHILOSOPHIE, MORALE. Vice con

traire à la pudeur, qui marque la corruption du

cœur.

OBSCURITÉ. BELLES-LETTRES. Vice du style opposé à la clarté. L'obscurité vient de l'indécision ou de la confusion des termes, et c'est de tous les vices du style le plus inexcusable, au moins dans notre langue.

L'obscurité peut être ou dans la perception ou dans la diction. L'obscurité dans la perception vient principalement de ce qu'on ne conçoit pas les choses comme elles sont, ou comme on trouve qu'elles sont, mais comme on juge qu'elles doivent être avant de les avoir connues; de sorte que notre jugement précède alors notre connaissance, et devient, pour ainsi dire, l'étendard de nos conceptions; au lieu que la nature et la raison nous disent que les choses ne doivent être jugées que comme elles sont connues, et que nous les connaissons, non comme elles sont en elles-mêmes, mais comme il nous est possible de les connaître. L'obscurité dans la diction peut venir en premier lieu de l'ambiguité du sens des mots; secondement, des figures ou ornements de rhétorique; troisièmement, de la nouveauté ou de l'ancienneté surannée des mots. Voyez NETTETÉ.

OBSECRATION. BELLES-LETTRES. Figure de rhétorique, par laquelle l'orateur implore l'assistance de Dieu ou de quelque homme.

OBSERVATOIRE. ASTRONOMIE. Nom du lieu ou de l'édifice où se font d'ordinaire les observations célestes. Un observatoire doit être placé dans un lieu élevé, et d'où l'on puisse découvrir l'horizon en entier, afin de mettre l'astronome à portée de faire toutes les observations possibles. Tel est l'observatoire de Paris, l'un des plus somptueux monuments qui aient jamais été consacrés à l'astronomie.

OBSTINATION. PHILOSOPHIE, MORALE. Volonté permanente de faire quelque chose de déraisonnable; c'est un vice qui tient au caractère et à l'ignorance. On est obstiné quand on fait une chose malgré l'opposition d'un conseil, d'un avertissement raisonnable. On cesserait de l'être si l'on voulait réfléchir, examiner, analyser.

OCCIDENT OU OUEST, ASTRONOMIE. L'un des quatre points cardinaux qui divisent l'horizon en quatre parties égales. C'est le point de l'horizon qui est coupé par l'équateur du côté où les astres se couchent; ou bien c'est le point où le soleil se

couche les jours de l'équinoxe. Cependant, comme on entend par occident le point où le soleil paraît se coucher, on distingue deux autres espèces d'occidents qui sont les points où le soleil se couche pendant les solstices, c'est-à-dire, lorsqu'il est dans l'un des deux tropiques. L'un de ces occidents, qu'on appelle occident d'été, est le point de l'horizon où le soleil se couche à son entrée dans le signe de l'Écrevisse; et l'autre, appelé occident d'hiver, est le point de l'horizon où le soleil se couche quand il entre dans le signe du Capricorne.

OCCULTATION. ASTRONOMIE. Espèce d'éclipse d'une étoile ou d'une planète, produite par l'interposition du corps de la lune ou de quelque autre planète entre cette étoile et nous.

OCCUPATION. BELLES - LETTRES. Figure de rhétorique qui consiste à prévenir une objection que l'on prévoit, en se la faisant à soi-même et en y répondant.

OCULAIRE. PHYSIQUE. On appelle ainsi celui des verres d'une lunette, ou d'un télescope, ou d'un microscope composé, qui est tourné vers l'œil; ce nom sert à le distinguer de l'objectif, qui est celui des verres de ces instruments qui est tourné vers l'objet. Dans les lunettes et les télescopes, l'oculaire doit être d'un foyer plus court que celui de l'objectif au lieu que, dans le microscope, le foyer de l'objectif est plus court que celui de l'oculaire.

OCTROI. ÉCONOMIE POLITIQUE. Taxes perçues à l'entrée des villes, sur l'introduction de certaines denrées, ou sur leur transit.

Les octrois sont la douane au petit pied; la majeure partie des arguments dirigés contre celle-ci, attaquent ceux-là. L'octroi renchérit considérablement les denrées de première nécessité, non pas en considérant les objets de consommation à part, et pour une quantité accidentelle, mais en multipliant par les besoins et par le nombre des jours de l'année. Il ne faut pas dire : « Une bouteille de vin coûte cinq sous d'entrée, et c'est peu de sous. » — C'est très-peu en effet, mais soixante francs pour trois cents bouteilles, trouvez-vous que ce soit peu? Il est de fait que la plus forte consommation d'une ville a lieu par les gens les plus pauvres d'abord, puisqu'ils sont les plus nombreux; ensuite par les plus faibles revenus; la majeure partie des taxes retombe donc de tout son poids sur la classe nécessiteuse. Certes, la consommation doit diminuer en raison de l'élévation des prix; or, diminuer la consommation, n'est-ce pas diminuer aussi la produc

tion? et attaquer cette dernière est-ce un moyen judicieux de faire acquitter plus aisément l'impôt nécessaire au pays? est-ce enrichir le pays? Cercle vicieux, comme on voit, et des plus vicieux ; insensibilité, imprévoyance pour le sort des pauvres, qui se vengent à l'occasion, et quelquefois assez rudement.

cune.-

Mais, disent les économistes de mairie, gens à cheval sur leurs registres et cramponnès aux us de bureau, voulez-vous que la ville soit pavée, balayée, éclairée; que la police y soit bien faite? voulez-vous des bureaux de charité pour les indigents, des bons de pains de quatre livres, de la soupe économique, des écoles gratuites, des hôpitaux pour la vieillesse et les malades?— Assuré ment! car nous aimons fort la propreté, et notre cœur se brise souvent à l'aspect des misères du peuple; nous vous disons cela sans métaphore auDonc il faut des octrois dans les villes qui n'ont pas assez de revenus pour subvenir à tant de dépenses.-- Non pas! Cette conclusion nous parait fausse, et nous le démontrerons. Lors même que par concession nous voudrions admettre l'octroi, et nous ne prétendons pas qu'on l'abolisse en vingtquatre heures, il y aurait encore bien des distinctions à faire. Poiut d'octroi sur les matières premières de l'industrie, c'est une prodigieuse faute que de la frapper ainsi à la base; et pour le reste, il nous faut seulement des échelles graduées sur la qualité des produits. Taxez, si vous le voulez à toute force, les parfums, les vins fins, les tortues, les homards et mille choses à l'usage exclusif des gens riches et sensuels; taxez faiblement la viande, les légumes, la piquette du pauvre. La belle aumône que l'on fait là en distribuant quelques búches! Le pauvre ne paie-t-il pas votre générosité par l'octroi, plus les frais de perception qui sont énormes ? Voyez-vous les portes de cette ville? Des hommes à mine sévère sont là, en uniforme, une espèce de Jance au poing, l'épée ou le sabre à la cuisse. Ils font patrouille autour des murs, la nuit, s'appe Jant avec mot d'ordre. L'ennemi marche-t-il sur la cité? Oh! non; mais du raisin, des figues arrivent; des chariots chargés de produits qui vont mieux nourrir, mieux vêtir les habitants, qui vont se métamorphoser dans les ateliers en mille autres produits dont la ville doit s'enrichir, ces chariots approchent. Nos soldats vont s'élancer dessus, et percer les ballots de part en part et dans tous les sens. Ils ouvrent et mème défoncent les caisses; s'il y a des voyageurs, ils ont le plaisir de voir leurs malles bouleversées. A considérer le tout, dit M. Say, on croirait que ces bagages sont tombés

dans un parti ennemi, Quelle honte pour la civilisation!

D'abord, il faut apporter la plus grande écono– mie dans les dépenses municipales, et ne point gaspiller l'argent en fêtes ridicules, en monuments plus ridicules ou plus inutiles. Il ne faut point prendre dans la poche de l'ouvrier pour solder l'ouvrage qu'on lui donne par grâce; que les bals officiels soient payés par souscription, et non pas par le pauvre, qui n'aura que le triste avantage d'admirer l'illumination, et d'entendre le lointain retentissement de l'orchestre. Ayez ensuite des caisses d'épargue, et faites profiter l'économie et le bon ordre: il y aura moins d'indigents, moins de frais pour les hospices, plus de mariages honorables, moins d'enfants abandonnés. Encouragez le travail, et n'en faites point une aumône. Faites de petites expositions locales des produits de toute espèce, et décernez des récompenses honorifiques aux ouvriers qui excellent dans le plus humble travail, et dont la conduite est morale et rangée : il faudrait les couronner de chêne aux yeux de tous leurs coucitoyens.

Pour les dépenses indispensables, une somme bien arrêtée, un budget consciencieux peuvent être couverts par un impôt que des commissions élues ad hoc répartissent paternellement sur les propriétaires, les industriels, les professions lucratives. Cette taxe spéciale, portant, si l'on veut, le nom de centimes locaux, s'acquitte avec les autres impôts, sans plus de frais que la très-faible remise du percepteur.

S'agit-il de construire quelque monument utile, indispensable, décide-t-on une fondation approuvée par l'opinion publique; emprunt remboursable par annuités.

Mais il y a dans tout ceci une haute question politique; nous supposons une représentation véritable et élective, dans toute la force du terme, pour la cité. Quand certains esprits seront-ils assez éclairés, assez calines, pour qu'une institution aussi nécessaire soit réalisable ? quand les gouvernements seront-ils assez justes, assez bien inspirés pour la fonder? Nous l'ignorons; mais nous repoussons l'octroi, en principe, parce qu'il nous paraît profondément injuste, et en opposition directe avec les intérêts de la cité.

ODE. BELLES-LETTRES. Poëme lyrique fait pour être chanté. L'ode était l'hymne, le cantique et la chanson des anciens. Elle embrasse tous les genres depuis le sublime jusqu'au familier noble : c'est le sujet qui lui donne le ton, et son caractère est pris dans la nature.

Dans la poésie française, l'ode est un poëme divisé par strophes ou stances dont le style doit être noble et élevé, comme dans l'ode héroïque; ou léger et facile, comme dans l'ode anacréontique.

Le premier usage de l'ode a été de chanter les louanges des dieux, et de célébrer les grandes actions des héros; tout ce qui approche de la majesté de ces sujets est de son ressort. Mais comme elle sait aussi se parer de traits moins forts et descendre jusqu'aux buveurs et aux amants, elle se montre sous une autre parure sans cesser d'ètre ode, parce que le fond de ces divers ornements est toujours la fleur de l'imagination. Il est donc nécessaire que l'imagination domine dans ce qu'on appelle ode, soit noble, soit gracieuse; c'est pour elle principalement que l'enthousiasme est requis, c'est-à-dire, ce feu poétique que le versificateur fait passer dans ses pensées, dans son tour et jusque dans ses expressions, pour échauffer l'esprit du lecteur.

La première règle de l'ode est que le début soit frappant dans l'un et l'autre genre. Traite-t-on un sujet naïf? on doit entrer d'abord en matière par quelque tour naturel et agréable. Le sujet est-t-il grand? que l'entrée soit magnifique et pompeuse. Le début même doit quelquefois être un emportement subit La seconde règle, c'est de soutenir cette manière de commencer, en sorte que les beautés aillent toujours en croissant, pour faire une impression vive et durable dans l'esprit du lecteur. Cette règle est de toutes la plus difficile à observer: on voit d'heureuses saillies dans certaines odes, surtout dans celles des commençants, mais le feu expire au bout de quelques strophes et l'haleine manque au poète.- La troisième règle regarde l'emploi du sublime et du gracieux. Il est hors de doute que les deux genres d'odes doivent s'en nourrir pour plaire; mais la difficulté est de montrer en quoi consistent ces sortes de mets plus propres à être goûtés que décrits.

Le style de l'ode doit être proportionné à la nature des pensées, des sentiments et des images qu'on y étale; il faut de la précision pour rendre le sublime des pensées, des figures véhémentes pour soutenir la grandeur des sentiments, des expressions nobles et énergiques pour rendre les objets dans toute leur force. Il ne faut pas surtout dans l'ode hasarder des termes dont l'usage ne serait pas reçu; la justesse pour l'expression, comme l'exaetitude pour les rimes et pour les pensées, y est exigée à la rigueur. On ne doit s'y permettre aucune licence parce qu'on n'y passe rien, et que la critique la plus sévère y a des droits sur tout.

Il ne faut pas confondre les stances avec l'ode

proprement dite. Les stances peuvent bien, à la vérité, s'élever au inême degré de chaleur et de sublimité que l'ode; mais, comme elles renferment toutes des idées complètes, on peut en ajouter une ou en retrancher une autre, sans que le poëme en soit altéré, parce qu'elles ne sont pas liées par une vue générale qui ait dirigé le poète tandis qu'il composait; au lieu que, dans l'ode, c'est une suite de raisonnements enchaînés les uns aux autres et dirigés vers le même but.

On distingue généralement deux espèces d'odes; l'ode héroïque et l'ode anacréontique : l'élévation des pensées et la noblesse de l'expression sont particulièrement le caractère de la première; la seconde se distingue par sa naïveté et par les charmes d'un style élégant et noble tout à la fois. Mais, dans l'une comme dans l'autre, il doit toujours y avoir des sentiments, des figures, et surtout des images; aussi les sujets qui en comportent le plus sont-ils ceux qui conviennent le plus à l'ode, soit héroïque, soit anacréontique.

ODEUR. PHYSIOLOGIE, BOTANIQUE. Sensation que produisent sur l'odorat les émanations des corps. Avant Fourcroy et Bertholet, on pensait que les odeurs existaient indépendantes de toutes les substances qui entrent dans la composition des corps. Ces deux physiciens ont démontré d'une manière péremptoire que les odeurs ne sont autre chose que les molécules elles-mêmes des corps odorants, qui sont dissoutes et suspendues dans l'air, après avoir été volatilisées par le calorique. L'air est donc le véhicule des corpuscules odorants qui s'y soutiennent par leur moindre pesanteur spécifique. D'après les expériences de Huyghens et de Papin, une rose placée sous le récipient d'une machine pneumatique privée d'air a conservé son odeur pendant quinze jours.

Nous considérons les odeurs comme les molécules des corps volatilisées par le calorique, répandues dans l'air, et formant autour de chaque corps odorant une atmosphère particulière, qui est d'autant plus chargée d'odeurs qu'elle est plus rapprochée de ces corps; tout corps odorant en projette en tout sens. Une fois dégagées par le corps odorant, ces odeurs se répandent dans l'atmosphère, où elles ne se comportent pas cependant comme la lumière; leur mouvement, en effet, n'est ni direct ni rapide; elles s'y propagent à la manière d'un fluide qui se mêle dans un autre; elles flottent dans son sein et en suivent toutes les impulsions. En général, si l'atmosphère est immobile ou tranquille, la force des odeurs sera en raison inverse du carré de la distance. Du reste, il

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