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A proprement parler, la malléabilité n'appartient qu'à certains métaux, et même ils ne la possèdent pas tous au même degré. Les uns, tels que l'or et l'argent, sont beaucoup plus malléables que les autres, c'est-à-dire qu'ils peuvent se réduire en feuilles beaucoup plus minces. Voyez MÉTAUX.

MAMMALOGIE. HISTOIRE NATURELLE. Branche de la zoologie qui traite de l'histoire naturelle des mammiferes. C'est la brauche de cette science dont l'étude est la plus intéressante, la plus utile et la plus féconde en résultats dignes de la haute attention du philosophe, comme en applications journalières.

MAMMIFÈRES. HISTOIRE NATURELLE. Première classe des animaux vertébrés. On désigne sous le nom de mammifères les animaux vertébrés à sang chaud, respirant par des poumons, ayant un cœur à deux ventricules, un cerveau volumineux, un corps calleux, des sens complets, un diaphragme musculaire entre la poitrine et l'abdomen, sept vertèbres cervicales (excepté une espèce qui en a neuf), et nourrissant leurs petits avec une liqueur particulière, sécrétée par les mamelles.

La charpente osseuse des mammifères est toujours essentiellement construite avec une échine qui forme le tronc, et des membres dont le nombre et la longueur varient, mais qui sont à peu près composés des mèmes parties. L'échine, ou la colonne vertébrale, porte constamment une tête, ou reflement considérable, qui loge le cerveau dans une boite osseuse, qu'on nomme crâne, et les principaux organes des sens dans une autre partie excavée, qu'on nomme face. Le cou est formé par sept vertèbres; le nombre de celles du dos varie beaucoup, il est de onze à vingt-quatre; celles des lombes, du bassin et de la queue présentent encore plus de différences, puisqu'en totalité on a trouvé les deux extrêmes de onze à quarante-six. Les côtes sont toujours appuyées sur un sternum; le bassin ne manque que dans un ordre de cette classe, celui des cétacés. Les membres présenteut quelques variétés, principalement dans la composition de l'épaule, et dans le nombre et la disposition des doigts.

Quelques mammifères n'ont à l'épaule qu'un seul os, qu'on nomme omoplate ou scapulum, sur lequel appuie l'os du bras; ceux-là ne peuvent pas porter à la bouche leurs aliments avec les membres. D'au tres ont de plus un os allongé, qui appuie sur le steruum, et qu'on appelle clavicule. Le bras n'est composé que d'un seul os, nommé huméral. L'articulation qui vient ensuite est presque toujours formée de deux os; on nomme l'un os du coude,

ou cubital, et l'autre, os du rayon, ou radial. La main varie beaucoup pour la forme, pour le nombre de doigts, et par celui des os qui la composent. On y distingue le carpe ou poignet, qui joint cette partie à l'avant-bras; puis le métacarpe, appelé quelquefois canon; enfin les doigts, dont les articulations, qu'on nomme phalanges, sont très-rarement au-delà de trois; et la dernière, qui supporte l'ongle, est, à cause de cela, désignée sous le nom d'onguéale.

Comme le membre postérieur ou abdominal appuie sur la hanche, il n'y a pas de pieds de derrière dans les animaux à mamelles qui n'ont pas de bassin. La cuisse est toujours composée d'un seul os, qu'on nomme fémoral. La jambe, qui correspond à l'avant-bras, est formée de deux os, l'un très fort, qui ne manque jamais, et qu'on appelle tibial; l'autre, plus grèle, situé au-dehors, ne formant quelquefois qu'un petit tubercule à la malléole ou cheville du pied, est nommé péroné. Le pied de derrière est à peu près composé des mêmes parties que celui de devant. Mais on nomme tarse la portion qui correspond au poignet; métatarse, celle qui vient ensuite. Enfin les doigts ou les orteils sont aussi composés de phalanges, dont le nombre, la forme et la disposition varient dans les différentes familles.

Tous les os du corps des mammifères sont destinés à protéger des cavités qui renferment les organes les plus importants, comme le cerveau, le cœur, les poumous, etc., ou à exécuter les mouvements nécessaires à l'animal pour transporter son corps ou subvenir à ses besoins. Ces mouvements sont produits par des organes particuliers, appelés muscles, formés d'un assemblage de faisceaux de fibres rouges, éminemment contractiles, qu'on nomme vulgairement chair ou viande. Comme les muscles s'attachent toujours à des os différents, mobiles les uns sur les autres au moyen d'articulations, leur contraction rapproche nécessairement les parties, et vice versa, quand ce sont les muscles antagonistes qui agissent.

La classe des mammiferes est, sans contredit, celle qui présente le plus grand nombre de variations dans les organes du mouvement : il est en effet de ces animaux qui marchent, qui sautent, qui courent, qui grimpent, qui nagent, qui plongent, qui volent, etc., et qui jouissent de ces diverses facultés ensemble ou séparément. Les uns ont quatre membres, dont ils peuvent se servir pour marcher seulement, pour saisir les corps, et pour attaquer ou se défendre. D'autres n'en ont que deux, principalement destinés au mouvement. Toutes

ces actions s'exercent à l'aide des os et des muscles.

La préhension s'exécute, principalement chez les carnassiers et chez les rongeurs, au moyen de leurs doigts, ordinairement bien distincts, et terminés par des ongles plus ou moins pointus. Quelques espèces, comme les écureuils parmi les rongeurs, et les ratous parmi les carnassiers, saisissent leur nourriture entre leurs deux pattes antérieures, et la portent ainsi à leur bouche. La main est beaucoup plus parfaite chez l'homme, les quadrumanes et les pédimanes, à cause de la mobilité du pouce, qui peut s'écarter des autres doigts et s'y opposer. Plusieurs mammifères ont en outre, dans leur queue, un véritable organe de préhension; enfin, un autre instrument de ce genre, beaucoup plus remarquable encore, est la trompe de l'éléphant.

Tous les mammiferes ont un cerveau, un cervelet, une moelle de l'épine et des nerfs, dont la structure est beaucoup plus composée que dans le reste de l'animalité. Les sens sont aussi plus perfectionnés; chez presque tous les mammifères, ils sont au nombre de cinq, comme chez l'homme; ils ont tous le sens général ou le toucher, et, selon l'opinion unanime de tous les physiologistes, deux sens spéciaux, le goût et l'ouïe; quant aux deux autres, l'odorat et la vue, ils paraissent manquer dans quelques espèces. Outre les nerfs destinés aux organes des sensations et de la locomotion, on trouve encore, chez tous les vertébrés, un autre système nerveux, le grand sympathique ou triplanchnique, contenu dans les trois graudes cavités de la tète, de la poitrine et de l'abdomen, dont l'usage paraît être de communiquer la sensibilité et le mouvement aux organes de la vie intérieure ou organique, et de les soustraire par là aux influences de la volonté.

La plupart des mammifères ont la bouche entourée par des lèvres charnues et mobiles, pour mieux aller à la rencontre des aliments et les retenir. La mâchoire inférieure est seule mobile; toutes deux sont ordinairement garnies de dents, dont le nombre et la forme varient suivant le genre de nourriture. On divise les dents en incisives, laniaires ou canines, et molaires.

On appelle mamelles des organes situés sous le ventre ou sur la poitrine, et destinés à sécréter une humeur dont le petit mammifere a besoin pour se nourrir pendant un certain temps après sa naissance. Les mamelles ne se développent qu'à l'âge où ces animaux peuvent engendrer; elles existent dans l'un et l'autre sexe, et on les observe chez toutes les espèces. On appelle lait la liqueur qui se sécrète par ces organes.

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MANUFACTURES. ÉCONOMIE POLITIQUE. On nomme produits manufacturés, ceux que la main de l'homme façonne; et manufactures, en général, tous les ateliers de l'industrie. Cependant ce terme s'applique plus convenablement aux grandes fabriques dont l'objet est important, qui ont une vaste étendue, où le travail est très-divisé, et qui occupent un nombre considérable d'ouvriers.

Nous ne répéterons pas ici ce qui a été dit de l'industrie manufacturière (voy. ce mot), nous ne célébrerons pas les avantages dont ces grands ateliers sont la source pour l'homme en société et en marche de civilisation à laquelle ils concourent incontestablement; mais nous chercherons à éclaircir quelques questions qui y sont relatives, et sur lesquelles on soulève dans le monde des discussions interminables, parce qu'elles sont mal posées et mal conduites. Tout le monde s'occupe en effet d'intérêts sociaux; mais, faute de principes justes que le système d'éducation actuellement en vigueur est hors d'état de nous donner, nous mettons nos passions à la place, et très-fréquemment ce ne sont pas les plus généreuses qui se trompent le moins. L'imagination est une faculté brillante et sublime; mais dans quel dédale inextricable d'erreurs ne nous

jette-t-elle pas, lorsqu'elle est à peu près seule à notre service, et lorsque la raison n'est pas là, calme et éclairée, pour tempérer ses écarts et examiner patiemment les faits dans leur absolue réalité, avant de porter des jugements définitifs? Le mal serait grand encore, lors même qu'il atteindrait l'homme isolémeut; mais, lorsque l'erreur peut jeter le trouble dans la société, fausser les esprits, entraîner les législateurs et les gouvernants dans des voies absurdes, il est urgent de le combattre, ou du moins de le mettre à nu devant la génération qui s'élève, et qui aura fort à faire pour réparer les fautes du passé.

Toute contrée a des ressources qui lui sont propres, et des éléments de prospérité que l'œil perçant du génie sait découvrir dans les propriétés du sol, dans les conditions atmosphériques, et surtout dans les mœurs, les habitudes et l'esprit des populations. Si c'est bien le génie qui guide cette civilisation naissante, tous les obstacles tombent, et l'instinct des peuples (comme le simple citoyen qui est libre de faire choix d'une profession) entre de lui-même dans le cercle de travaux industriels qui doit assurer leur bien-être. De nouveaux besoins se font sentir de jour en jour, et, pour les satisfaire, il existe chez le dernier et le plus ignorant de tous les hommes une merveilleuse sagacité qui le porte à produire, et qui le guide dans tel genre de production de préférence à tout autre. Ouvrez-nous la voie, et puis laissez-nous faire. Savezvous en quoi spécialement vous nous êtes bons? A ne nous point gèner, et à veiller à ce que nul ne coudoie trop fort son voisin; ensuite à parler, à stipuler pour nous, en notre nom; encore, à assurer notre sécurité au-dehors; enfin, à mourir, s'il le faut, pour nous défendre. Du reste, et encore une fois, laissez-nous faire.

Nous avons des besoins, ai-je dit; or, pour leur satisfaction, deux voies simples, naturelles, logiques, sont ouvertes : ou nous produirons directement, si cela nous plaît et nous coûte peu; ou, si cela nous est onéreux, nous fabriquerons ce qui l'est moins, pour l'échanger contre ce que nous voudrions avoir, et ce qui ailleurs se fait à bon comple. L'erreur, les passions, le sophisme ont long-temps prévalu et prévaudront long-temps encore contre ce grand principe; mais enfin il est acquis à l'humanité, et tôt ou tard il faudra bien s'y soumettre et lui obéir. On conçoit qu'un gouvernement encourage par des honneurs et même par des priviléges transitoires, annoncés, accordés comme tels, des manufactures qui vont bien évidemment tirer grand parti des ressources du pays.

Mais fermer toutes les portes! mais hérisser les frontières de douaniers et de canons! mais acheter cher des travailleurs étrangers, pour qu'ils viennent fabriquer à grands frais ce qu'on pourrait se procurer ailleurs à bas prix! mais obtenir certains produits manufacturés, de la même façon qu'on se procure des pèches à Édimbourg ou des ananas à Paris, en serre chaude! c'est ruinenx, c'est éminemment ridicule. C'est cependant, en peu de mots, l'histoire industrielle de presque tous les peuples. C'est enfin ce qui expliquera un jour une multitude de désastres dont les causes sont inaperçues encore, et ce qui résoudra plus d'un problème insoluble pour nous autres gens de fiscalité et de restrictions, habiles seulement à entraver l'humanité dans sa marche solennelle, et qui pleurons niaisement quand il faudrait agir. Il n'est petit prince en Europe qui n'ait sa capitale, son Louvre, son Versailles même ; c'est très-bien; mais il faut aussi avoir Sevres, les Gobelins, les manufactures royales de glaces, etc.; et c'est une pitié!

Dans beaucoup d'états, le gouvernement se fait manufacturier, c'est-à-dire qu'il prend sur la fortune des sujets pour acheter ou construire des bâtiments, monter certaines industries, rétribuer des directeurs, des chefs, et solder des ouvriers. Cela peut être bon quand un peuple en est encore aux premiers essais de travail; ou quand une industrie, d'ailleurs importante pour le pays, exige des capitaux que de simples particuliers ne sauraient réunir. Ainsi, quand il fallait aller en Chine pour acheter énormément cher des porcelaines admiy rables pour la matière, mais ridicules pour la forme, on fit bien de créer Sèvres en France. Mais depuis que les manufactures de porcelaines se sont multipliées chez nous, et ont prouvé qu'elles pouvaient satisfaire à tous les caprices du luxe le plus opulent, Sèvres est devenu un établissement ruineux pour l'état, comme bon nombre d'autres. S'il faut absolument obtenir l'amitié d'un prince an moyen de somptueux vases, ou charmer un ambassadeur par le présent d'nn riche cabaret, les habiles artistes de Sèvres, lors même qu'ils seraient mis en œuvre par d'autres que par l'intendant de la liste civile, n'en donneraient pas moins d'admirables produits.

Les avantages du travail développé dans de vastes manufactures et sur une grande échelle sont immenses. La division du travail s'y établit à l'infini et donne des produits peu coûteux; les bénéfices des entrepreneurs, et l'abondance des capitaux que le crédit met à leur disposition, permettent de multiplier les essais et d'améliorer sans cesse. On y

profite plus aisément des découvertes de la science, et c'est là seulement que la mécanique, la physique, la chimie peuvent exercer leur puissant génie au profit du pauvre, comme du riche. La condition des ouvriers peut y être meilleure, si les chefs ont assez d'âme et de bon sens pour s'occuper du bien être de leurs ouvriers et de leur instruction; si les chefs savent rendre le travail plus agréable, et moraliser une classe qui ne sait aimer ni hair à demi.

On a agité la question de savoir s'il était mieux de placer les manufactures au sein des grandes villes, ou de les en éloigner en divisant beaucoup les populations de travailleurs; de graves et récentes perturbations dans quelques cités manufacturières donnaient un grand intérêt à ces recherches. La question nous parait insoluble, si l'on admet la liberté de travail; pour qu'une manufacture réussisse, elle exige une multitude innombrable de conditions dont l'entrepreneur seul peut être le juge. Il ne lui faut pas seulement une certaine étendue de terrain pour asseoir sa fabrique, il lui faut encore souvent le concours d'un grand nombre d'autres industries qui se lient à la sienne par d'inévitables nécessités. Le voisinage des ports, des marchés; les habitudes prises par les acheteurs; les artistes de toutes les classes qui sculptent, dessinent, etc., sont autant de besoins qui rapprochent forcément les manufactures, et même, par leur enchainement, les rendent possibles : le divide ut imperes est la négation de toute industrie, et nous démontrerons ailleurs que, sans éparpiller tyranniquement la grande famille des travailleurs, il est possible d'adoucir ses souffrances et de prévenir les excès qui la font bouillonner parfois, et la jettent, désordonnée, sur les places publiques.

Ce serait peut-être ici le lieu de parler de ces singulières utopies que préconisent ceux qui parlent beaucoup, très-haut, et qui écrivent encore plus de puis quelques années. L'industrie est leur champ de bataille de prédilection; ils s'agitent pour la réformer, la parquer, la reconstruire; et, de proche en proche, par la même occasion, ils reconstruisent, en passant, toute la société humaine. De ce que le christianisme est venu en effet changer le monde, ils ne manquent jamais l'exemple, et concluent modestement par se donner une mission équivalente. La saine logique n'admet pas la justesse de ces sortes de similitudes, et notre conclusion à nous est qu'il ne faut jamais insulter ui persécuter les utopies, parce que c'est leur faire des prosélytes et les rendre dangereuses. La loi seule doit arrêter leurs écarts, et la raison publique se charge ensuite

de clore leur ridicule destinée. Ensuite elles sont bonnes parfois à entendre. L'économie politique leur a plus d'une obligation; elles révélent assez bien le mal en général, et attirent l'attention sur les moyens de l'atténuer. D'autres esprits s'attaquent avec fureur à l'industrie et aux manufactures; les poètes, race irritable, les spirituels faiseurs de contes et de drames modernes, font à ce sujet une incroyable dépense de vers et de charmantes moqueries. Le fond de tout cela, c'est que le génie industriel manque de poésie, qu'il est étroit dans ses actes, qu'il rétrécit les idées, qu'il sacrifie brutalement les plus beaux points de vue, et qu'il convertit en atelier les plus admirables monuments. Il y a du vrai dans ces déclamations, et ce n'est pas nous qui exalterons la grandeur et la générosité d'une classe que nous voudrions voir en général moins sèche de cœur et plus éclairée. Mais pour Dien! ne confondons pas l'industrie, innocente et utile abstraction, avec les industriels d'une certaine époque. Les déclamateurs sont un peu comme cet amant qui, toujours bien mangeant, mourait par métaphore; leurs appartements sont d'une rare élégance; toute leur poétique personne est ravissante de luxe et de bou goût; ils aiment voyager rapidement et commodément; ils ne vivent pas précisément en anachoretes, et se laissent alier, sans trop de façons, aux jouissances que leur distribue l'industrie; s'ils rêvent enfin voluptueusement au bruit d'une cascade, ils n'ont garde de maudire le moulin qui peut l'utiliser. Ah! saus doute, il faut que l'homme respecte les vénérables débris des temps passés et les poétiques souvenirs; mais il faut que les populations présentes ne meurent pas de faim. Un peuple heureux, aisé, bien vêtu, propre, logé commodement, le visage gai et fier, offre un spectacle qui ne manque pas de poésie non plus; et les ruines les plus curieuses, les paysages les plus pittoresques perdent beaucoup aussi, ce nous semble, peuplées ou environnées de misérables cabanes et de spectres à visage humain !

MANUSCRITS. Voyez LIVRES.

MARAIS. ÉCONOMIE RURALE, LÉGISLATION. Terrain imprégné d'eau, soit que les eaux manquent d'écoulement, soit que les couches inférieures, formées de glaise ou d'argile compacte, s'opposent à l'infiltration.

Il y a en France 400 lieues carrées de marais. Cette énorme portion de territoire est entièrement perdue pour l'agriculture, car il ne faut pas parler du misérable parti que l'on tire de quelques lisières pour le pâturage de chétifs bestiaux. De plus, l'air vicié continuellement par les vapeurs pestilentielles

qui se dégagent de ces foyers infects, cause des maladies dangereuses, et diminue les populations voisines. La question des marais et de leur dessèchement mérite donc les plus sérieuses réflexions du philanthrope et du publiciste; les citoyens éclairés doivent donc l'étudier avec attention: elle ne peut se résoudre que par eux, si véritablement la loi est le résultat nécessaire de la conviction et de la volonté des classes influentes d'un état. Nous examinerons ici rapidement jusqu'à quel point il est possible de dessécher les marais; puis nous donnerous un exposé de la législation qui les régit, pour indiquer ensuite les modifications que la nature des choses, les mœurs et l'avancement des esprits peuvent et doivent lui faire subir.

Les moyens de desséchement dépendent du gisement des marais et des causes qui les produisent; et s'il en est qui doivent être rebelles aux efforts de l'industrie, on peut établir en fait que la majeure partie ne se trouve point dans ce cas.

Le premier de tous les soins est de déterminer l'écoulement des eaux; le second, d'empêcher leur retour et leur invasion dans le territoire assaini. Si le terrain est élevé, rien de plus simple que d'ouvrir une issue aux eaux par un canal qui les conduira dans les vallées inférieures, pour y rejoindre le réservoir central qui y existe nécessairement, et qui va se verser directement dans la mer, ou confluer avec d'autres courants. Des saignées convergentes ou verticales à ce canal principal doivent lui amener les eaux à droite et à gauche, et déterminer ainsi, dans la constitution du sol à dessécher, une solidité qui le rendra propre à une culture plus ou moins productive, prairies ou terres arables, dont les ilots communiqueront par des ponts faciles à jeter. Tel est le procédé considéré en masse, auquel les accidents du terrain doivent apporter une foule de changements, qu'un habile ingénieur sait faire tourner à la réussite de l'entreprise; mais ce qui la rend le plus difficile, c'est le maintien et la conservation des travaux ; ce sont les dangers que courent les ouvriers, dont il est rare que la santé ne soit pas gravement compromise en remuant cette fange accumulée et empestée par les décompositions végétales et animales. Aussi ne peut-on guère s'occuper de dessèchements que pendant l'automne et une partie des hivers peu rigoureux, et n'opèret-on jamais que sur des parties peu étendues; aussi les ouvriers reçoivent-ils ordinairement un salaire élevé, et doivent-ils être l'objet de soins hygiéniques, commandés impérieusement par l'humanité et la prudence: vêtements, nourriture, boisson, heures de repos, logement, tout doit être scrupu

leusement calculé et soumis aux conseils de la science. Quant à la consolidation et à la conservation des travaux, elles exigent des moyens dont la puissance s'attache surtout aux parties qui sont exposées à l'action la plus violente des eaux. Tandis que des plantations d'arbres et d'arbustes se plaisant dans les terrains humides, et y développant facilement leurs nombreuses racines, suffisent pour maintenir les berges des fossés et des saignées latérales, de fortes maçonneries sont ordinairement indispensables pour contenir les parois des plus larges coupures; et c'est pour ne s'être pas résignés à des dépenses indispensables en ce sens, que des entrepreneurs', heureux d'abord dans les premiers résultats, ont vu leurs espérances et leurs capitaux se perdre tout-à-coup par des invasions qu'ils n'avaient pas prévues, ou des dégradations que la mobilité du sol rend toujours imminentes. C'est aux entrepreneurs, quels qu'ils puissent être, gouvernement, propriétaires, concessionnaires, a calculer si les résultats de l'opération, bien faite, sont de nature à pouvoir compenser les dépenses; et dans ces resultats nous plaçons l'assainissement et la salubrité avant tout autre avantage, les produits n'offrant à nos yeux qu'une question trèsgrave, à la vérité, mais secondaire pour les hommes qui ne matérialisent point leur pensée.

Il peut arriver que les terrains soient très-bas, et qu'il devienne nécessaire d'employer des moyens extrêmement dispendieux pour l'épuisement du bassin et la construction de digues destinées à prévenir son immersion; c'est toujours alors sur l'expectative des résultats utiles et productifs que de telles entreprises peuvent être faites.

Souvent il suffit de percer les couches imperméables pour ouvrir aux eaux une issue au travers des terrains inférieurs, dans lesquels elles parviennent a filtrer. M. Degousée, qui s'est fait une honorable réputation par ses beaux travaux de sondage et par le percement d'un grand nombre de puits artésiens, a indiqué des procédés très-imples et très-ingénieux pour faciliter l'infiltration. On les trouvera dans les divers mémoires qu'il a publiés à ce sujet, . et qui mettent les propriétaires à mème d'assainir et de dessécher, si ce ne sont des marais proprement dits, du moins des terres et des prairies sur lesquelles l'eau séjourne, au grand préjudice des bonnes cultures.

Nous n'entrerons point dans l'examen des travaux agricoles que l'on peut pratiquer dans le marais lorsqu'ils ont été délivrés des eaux; la science agronomique a beaucoup approfondi cette étude importante, et d'ailleurs les choses dépen

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