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sion est le même, c'est tout aussi juste que de mettre Scarron à côté de Mallebranche, parce que l'un et l'autre employait l'écriture pour rendre ses idées.

Une subdivision était sans doute nécessaire, mais elle devait être faite d'après les facultés fondamentales elles-mêmes, et non d'après l'emploi ou même d'après l'abus de ces facultés. C'est ce que Gall finit par entrevoir, et que Spurzheim conçut encore mieux que lui.

Spurzheim admet que le cerveau est le siége des facultés affectives aussi bien que des facultés intellectuelles, et que chacune de ces facultés correspond à une portion distincte de l'organe. Il établit donc deux ordres de facultés qui se subdivisent elles-mêmes en genres.

ORDRE I.-FACULTÉS AFFECTIVES.

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Tous nos principaux organes ont été mis par la nature à l'abri d'une sorte de rempart destiné à les défendre contre les lésions extérieures, et le cerveau dont les fonctions ne peuvent cesser, sans que toutes les autres fonctions cessent bientôt après, a dû être plus spécialement protégé. Nous voyons en effet qu'il est complétement enfermé dans une boite osseuse des plus résistantes; pourrons-nous donc, par la configuration de cette boite, juger de celle de l'organe qui y est contenu. C'est ce qui est nié par quelques anatomistes, mais admis par le plus grand nombre. En effet, quoique le crâne n'ait pas en tous ses points la même épaisseur, on peut admettre que ses protubérances et ses dépressions représentent assez bien celles de la surface du cerveau, sur lequel il s'applique très-exactement par sa face interne. Il faut remarquer cependant qu'à la partie inférieure du front, les deux lames osseuses du crâne se séparent l'une de l'autre, et que le volume plus ou moins grand des sinus frontaux qui résultent de cet écartement, peut aisément induire en erreur sur le développement des parties correspondantes du cerveau.

Lorsqu'on voit le crâne et le cerveau ainsi moulés exactement l'un sur l'autre, il est naturel de se demander quelle est celle des deux parties qui a imposé sa forme à l'autre. On serait d'abord tenté de croire que c'est la partie la plus dure qui a servi de moule, et que la partie molle a seulement reçu l'empreinte : c'est pourtant tout le contraire qui est arrivé.

Il n'est pas douteux que chez l'embryon ce ne soit le cerveau qui ait déterminé la forme de la membrane flexible qui doit devenir plus tard le crâne; de sorte que, quand la matière osseuse est venue d'abord se déposer dans cette enveloppe cartilagineuse, elle n'a fait que suivre les contours de la masse encéphalique. A l'époque de la naissance, comme l'ossification de la voûte du crâne n'est pas encore complète, et que les différentes pièces dont elle se compose ne font que se toucher sans être enchevêtrées, on conçoit assez bien que cette voûte cède à la pression exercée intérieurement par le cerveau, dont le développement est alors fort rapide; mais une fois que la soudure de toutes les parties s'est opérée, on ne voit plus aussi bien comment l'agrandissement s'opère dans une coque dure et résistante. Faute donc de trouver une explication commode à ce fait, certains philosophes, qui n'étaient pas grands physiologistes, ont pris le parti de le nier, et ont soutenu qu'à dater de la septième ou de la huitième année, la tête des enfants ne grossissait plus. Si ces philosophes avaient pris la peine

de consulter leur chapelier, ils auraient eu la preuve du fait, et s'ils se fussent adressés à un anatomiste, ils en auraient eu l'explication.

Les os, même après leur complète solidification, restent soumis, comme toutes les parties vivantes, à un mouvement continuel de décomposition et de recomposition, mouvement qui se ralentit bien avec l'âge, mais qui ne cesse jamais entièrement. Du moment que l'on admet ce renouvellement, il n'y a pas de motifs pour supposer que les dimensions d'un corps resteront invariablement les mêmes, tandis que les matériaux dont il est formé changeront sans cesse; et en effet, l'observation des cas pathologiques, aussi bien que des faits normaux, nous prouve que les os peuvent croître ou diminuer pour s'accommoder au volume des parties voi. sines. Que, par exemple, un œil vienne à grossir par le fait d'une maladie, on peut s'attendre, si le gonflement n'est pas trop rapide, à voir l'orbite s'élargir. Qu'un œil soit crevé, au contraire, qu'il soit réduit à un petit moignon, l'orbite reviendra sur lui-même et finira par se rétrécir très-sensiblement. Le volume de l'œil commandait donc la forme de l'orbite, de même le volume du cerveau commandera la forme du crâne.

Les parties cérébrales ne se développent pas toutes à la fois, et le crâne se prète à ces divers développements partiels. Ainsi le front, qui est étroit, aplati, resserré à la naissance, s'élargit, se bombe en avant depuis l'âge de trois mois jusqu'à huit ou dix ans. A partir de cette époque, les parties moyennes prennent du développement, d'où il résulte que le front cesse d'être proportionnellement aussi volumineux. Vers l'époque de la puberté enfin, le cervelet croît rapidement, et la nuque, qui était très-effacée dans le premier âge, devient plus ou moins protubérante.

Cette facilité du crâne à se préter aux changements de forme que subit le cerveau étant bien prouvée, on est en mesure de répondre à un des reproches les plus sérieux adressés à la doctrine de Gall. Vous prétendez, lui disait-on, que nos bons et mauvais penchants dépendent de la configuration du cerveau: or cette configuration, il n'est pas au pouvoir de l'homme de la changer; ainsi il ne saurait être comptable de ses actions. Il n'est qu'on misérable automate dont les rouages invariables déterminent d'avance tous les mouvements.

Ce reproche n'est pas fondé, et la plupart des phrénologistes (Spurzheim en particulier) sont si loin de croire toutes nos actions commandées par une aveugle fatalité, qu'au contraire ils soutiennent qu'un des grands résultats de leurs recherches est

de pouvoir faire découvrir de bonne heure les bons ou mauvais penchants, afin de pouvoir diriger l'éducation de manière à favoriser les uns et réprimer les autres.

Il en est du cerveau comme de tous les autres organes; la structure de chacun d'eux a une influence très-grande sur l'énergie des fonctions qu'il est appelé à remplir; mais les fonctions à leur tour réagissent sur l'organisme et peuvent le modifier. Or, les fonctions elles-mêmes peuvent être modifiées jusqu'à un certain point par une éducation bien dirigée.

La force musculaire d'un individu dépend en grande partie de la structure originelle de ses muscles; mais s'il est soumis à un exercice convenable, il deviendra capable de plus grands efforts, et ses muscles prendront plus de volume et plus de consistance qu'ils ne semblaient destinés à en avoir. Cette modification cependant sera toujours restreinte dans de certaines limites, et on ne parviendra pas par ce moyen à faire un Hercule d'un enfant né faible et malingre.

Il en sera de même pour les fonctions des diverses parties du cerveau. Les enfants, au moment de la naissance, n'ont pas tous la tête conformée de la même manière (Sœmmering l'a parfaitement constaté), et tous aussi, quoi qu'aient prétendu certains rêveurs, ne sont pas doués des mèmes dispo sitions. L'éducation ne fera pas disparaître completement ces différences, mais elle pourra les modifier; et de même que des excrcices différents développent les jambes chez un danseur et les bras chez uD batteur de plâtre, de même on développera telle ou telle partie du cerveau en exerçant la faculté qui y correspond. Ces changements, comme on peut s'y attendre, seront beaucoup plus marqués dans le jeune âge, où l'organisation est plus flexible, mais ils pourront encore avoir lieu chez l'adulte. Spurzheim dit avoir constaté le fait, de la manière la plus positive, chez un homme qui, de trente-six à quarante-deux ans, exerça beaucoup ses facultés intellectuelles. La partie antérieure du cerveau, chez cet homme, se développa très-sensiblement, et dans l'espace de six années sou front avait acquis en contour un pouce de plus.

On ne doit pas s'attendre à voir chaque organe très-développé se marquer à l'extérieur par une protubérance. Cette saillie ne peut en effet avoir lieu, quand les organes voisins sont eux-mêmes fort développés. Il faut donc, pour juger du volume des différents organes, considérer d'abord le volume de la région tout entière.

Nous allons indiquer le lieu qu'occupent, suivant

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Les facultés affectives se divisent en sentiments, qui sont des facultés propres à l'homme, et en penchants, qui nous sout communs avec tous les animaux. Spurzheim distingue dix sortes de penchants, auxquels il donne des noms assez bizarres. (Voyez la nomenclature des facultés.) Ces différents penchants ont été donnés à divers degrés à tous les animaux, parce que tous en ont besoin pour leur conservation.

Le premier, l'alimentivité, est ce penchant qui porte l'animal à prendre les aliments, à l'aide desquels la vie s'entretient. Cet instinct, qui porte le jeune animal à exercer les actes nécessaires à son alimentation, est le premier qui doive se manifester chez lui; aussi l'organe qui y correspond est-il le premier développé, et c'est dans cet organe, qui occupe la partie antérieure du lobe moyen du cerveau, qu'on voit se prononcer d'une manière distiucte les premières fibres, quand tout le reste est encore pulpenx. Quoiqu'il soit toujours bien développé à l'instant de la naissance, il l'est plus ou moins suivant les individus, et il est d'autaut plus saillant que les enfants se montrent plus voraces. On le trouve aussi très-développé chez les individus connus comme de grands mangeurs.

Amativité. La partie cérébrale qui correspond à ce penchant est en général plus développée chez les individus du sexe masculin. Elle n'acquiert un grand développement qu'à l'âge de la puberté. Elle occupe un espace plus ou moins étendu en hauteur, mais toujours compris transversalement entre la protubérance occipitale, au milieu de la nuque, et l'apophyse mastoïdienne derrière l'oreille.

sensible dans les espèces où le mâle concourt avec la femelle à l'éducation de la jeune famille.

Philogéniture. Amour des parents pour leurs enfants ou leurs petits. Ce penchant est en général beaucoup plus développé chez les femelles que chez les måles, et l'organe chez celles-ci est en général beaucoup plus saillant. La différence s'observe surtout sur les espèces où les femelles prennent un grand soin de leur progéniture, tandis que les måles ne s'en occupent pas; elle est beaucoup moins

Des femmes chez lesquelles cet organe sera peu développé pourront bien soigner très-exactement leurs enfants, mais ce sera par un sentiment de devoir bien plus que par un sentiment de plaisir. Celle que des circonstances extérieures pourraient porter à détruire son enfant, résistera avec moins de force à l'exécution de ce crime: le sentiment de la philogéniture ne se joint pas chez elle aux autres motifs qui doivent la détourner de cette atrocité.

L'organe de la philogéniture occupe les lobes postérieurs du cerveau. Il forme au-dessus de la crête occipitale une protubérance qui est unique quand les deux lobes sont rapprochés, et double quand ils sont un peu écartés.

Habitativité. En examinant les mœurs des animaux, on trouve que les différentes espèces sont attachées à des régions déterminées. Quelques quadrupedes se plaisent sur les lieux élevés, même quand ils n'y trouvent pas leur nourriture et qu'ils sont obligés de venir la chercher plus bas; quelques-uns, au contraire, affectionnent les vallées. Le lièvre revient au gîte d'où on l'a fait partir, quoiqu'il en puisse trouver aisément un autre ailleurs. Certains oiseaux font leur nid au sommet des plus hauts arbres, d'autres le placent dans les buissons, quelques-uns dans l'herbe, quelques-uns enfin creusent la terre pour y déposer profondément leurs œufs.

Parmi les sauvages il y a des hordes qui s'attachent à un terrain et y reviennent en dépit de toutes les persecutions, quoiqu'on ne puisse dire d'où vient cette préférence chez des gens qui ne sont en quelque sorte que campés sur le sol. D'autres hordes, au contraire, ne peuvent être retenues long-temps dans le mème lieu et en changent sans plutot par caprice que par besoin. Cette différence de penchants entre diverses tribus dans la vie sauvage se retrouve chez les nations civilisées entre les différents individus. Les uns s'attachent à leur habitation et ne la quittent qu'avec une extrême répugnance, d'autres en changent aussi facilement que d'habits.

cesse,

Chez les premiers on trouvera l'organe de l'habitativité bien prononcé; chez les autres, il sera peu saillant. Cet organe est situé immédiatement au-dessus de la philogéniture.

Spurzheim, en parlant de cet organe qu'il nomme, comme nous l'avons dit, organe de l'habitativité, assure que chez plusieurs races du Nord, connues depuis les temps les plus reculés par un

penchant aux émigrations, cette portion du cerveau est sensiblement moins développée que chez les races attachées au sol. On suppose qu'en partant pour l'Amérique il se proposait de vérifier cette remarque par de nouvelles observations. L'occasion était belle, car c'est une chose tout-à-fait remarquable dans certains états de l'Union, que cette tendance à un déplacement continuel, cet esprit inquiet qui ne permet pas à un homme de jouir de l'habitation commode qu'il s'est faite à force de peine, mais l'oblige à la vendre, souvent avec peu d'avantage, pour aller en construire une à cinquante lieues plus loin.

Après le penchant qui porte les animaux à faire leur demeure en des lieux déterminés, nous parlerons de celui qui préside principalement à la construction de leurs habitations.

La constructivité est le penchant qui porte certains animaux à se fabriquer une demeure, tandis que d'autres se reposent et dorment au premier lieu venu, et même déposent leurs petits sur la terre, à moins qu'ils ne s'emparent du gîte construit par un animal plus industrieux, comme cela se voit aux Sorlingues, où les pétrels viennent pondre dans les trous d'où ils ont chassé les lapins. Cette faculté, dit Spurzheim, est nécessaire au sauvage qui se bâtit une hutte, et à l'architecte qui construit un palais; elle est la cause de la dextérité manuelle dans tout ce qui concerne la construction et l'agencement des diverses parties; ainsi on la trouvera développée chez l'adroite marchande de modes comme chez l'habile mécanicien. En tant qu'elle donne la facilité d'exécution, elle doit exister aussi en général chez les personnes qui se distinguent dans les arts, quoiqu'à elle seule elle ne constitue ni un peintre ni un statuaire.

L'organe qui correspond à cette faculté aboutit aux tempes; mais la situation de l'apparence extérieure varie d'après le développement des parties voisines. Il est moins visible si les lobes moyens sont très-volumineux, si le front entier est large, si les organes de l'ordre et du langage sont très-considérables, si les joues sont très-saillantes. Lorsque la base du crâne est étroite, il est situé plus haut. Il faut, quand on examine l'organe, être prévenu de ces causes de variation, et en outre tenir compte de l'épaisseur de la couche cutanée et musculaire par laquelle il est recouvert.

Cet organe est très-visible dans les bustes ou portraits de plusieurs architectes, peintres et sculpteurs du premier rang. Dans un crâne que l'on conserve à Rome et qu'on prétend être celui de Raphaël, cette région est extrêmement saillante.

Affectionivité. Certains animaux vivent presque toujours isolés et ne se rapprochent que dans la saison des amours; chez d'autres espèces, où le måle concourt à l'éducation de la famille, l'union dure jusqu'au moment où les petits peuvent se passer de leurs parents. Mais il est évident que, dans l'un et l'autre cas, cette union n'est que l'effet des penchants déjà signalés, l'amativité et la philogéniture. Il n'en est pas de même de l'union durable qu'on remarque chez d'autres espèces, soit entre deux individus seulement, soit entre un grand

nombre.

Dans certains cas, il y a seulement tendance des animaux de la même espèce à se réunir en tronpeau, mais non en ménage. Chez d'autres, il y a réunion par ménage et jamais par troupeau. Chez quelques-uns enfin, la bande se constitue en un certain nombre de ménages. Certains animaux aiment seulement à se trouver non-seulement avec des animaux de leur espèce, mais avec d'autres d'espèces différentes.

Spurzheim nomme affectionivité ce penchant qui porte les animaux à se chercher entre eux pour le seul plaisir d'être réunis et indépendamment de l'intérêt qu'ils peuvent y trouver. Cet instinct, de même qu'il varie d'espèce à espèce, varie aussi d'individu à individu. Chez l'homme, considéré en général, il est le principe de la sociabilité. Quand il est développé chez un individu, il le dispose à l'attachement, mais ne décide pas d'ailleurs du choix de ses amis.

L'organe de l'affectionivité est situé à la région occipitale, au-dessus de l'organe de la philogéniture, en dehors de l'organe de l'habitativité. Gall l'a trouvé très-prononcé chez une dame connue par sa constance en amitié. Il est en général beaucoup plus marqué sur la tête des femmes que sur celle des hommes.

Combativité. Du penchant à l'amitié nous passons au penchant à batailler. Le premier est sans doute plus aimable, mais le second a malheureusement aussi son genre d'utilité. Tous deux sont des instincts aveugles qui, suivant la manière dont ils seront dirigés, conduiront à de bons ou mauvais résultats. Tel homme s'est montré ferme en amitié qui n'en était pas moins un grand scélérat; tel autre a une forte tendance à la pugnacité, et n'a cependant jamais songé à faire un mauvais usage de ses forces.

Dans certaines espèces l'animal ne peut s'assurer une proie que par des combats; dans d'autres, il faudra qu'il livre bataille pour protéger sa vie. Dans l'enfance des sociétés l'homme doit être tou

jours prêt à se défendre et à attaquer; il devait avoir le penchant à combattre. L'organe de la combativité est situé à l'angle postérieur et inférieur du pariétal, à la hauteur du bord supérieur de l'oreille. Cette partie de la tête est large chez toutes les personnes courageuses; au contraire, chez les animaux craintifs, chez les chevaux ombrageux, par exemple, la tête est étroite derrière les oreilles.

Destructivité. Certains animaux out besoin de se nourrir d'une proie qui a joui comme eux de vie, de sensibilité, de mouvement. Leurs organes digestifs sont disposés pour cela. Leurs dents, leurs ongles leur donnent l'aptitude à détruire; une certaine organisation cérébrale leur en donne le penchant. Quelques espèces l'ont beaucoup plus développé que d'autres; ainsi, la fouine saigne plus d'oiseaux qu'elle n'en peut manger; un couguar tue dans une seule nuit vingt chèvres et n'en peut pas manger une tout entière. Dans la même espèce certains individus sont plus âpres que d'autres à la destruction.

L'homme, qui, par la disposition de ses voies digestives et de ses dents, tient le milieu entre les espèces purement carnivores et les frugivores, a dù avoir l'instinct à tuer, à détruire. Cet instinct, chez lui, présente beaucoup de degrés, depuis la simple indifférence à voir souffrir les animaux, et depuis le plaisir à voir verser le sang, jusqu'au désir le plus impérieux de tuer. Bruggmans parle d'un ecclésiastique hollandais chez lequel ce goût était si prononcé, qu'il se fit aumônier d'un régiment pour le seul plaisir d'assister à de grands carnages d'hommes. Chez lui il se réservait de tuer tous les animaux destinés à être mangés. Il était en correspondance avec tous les bourreaux du pays, et faisait de longs voyages à pied pour assister aux exécutions.

Au commencement du siècle dernier, un vieux ménétrier du pays de Clèves, qui avait coutume d'aller jouer du violon à toutes les noces des environs, fut accusé d'un assassinat. La procédure fit découvrir qu'il en avait commis successivement trente-quatre, beaucoup plus par goût de tuer que par le désir de voler.

Le crâne des carnivores offre, quand on le compare à celui des herbivores, une différence remarquable, dans la partie où Spurzheim et Gall placent l'organe de la destructivité, c'est-à-dire sur le côté de la tète, immédiatement au-dessus des oreilles, à l'endroit qui correspond à l'os temporal.

Secrétivité. Les animaux, dit Spurzheim, ont besoin de cet instinct pour se cacher, soit pour évi

ter l'ennemi, soit pour surprendre la proie. Le chat qui guette des oiseaux feint de dormir; le chien qui a trouvé un os, et n'a plus faim, l'enfouit en terre de peur qu'un autre le mange. La secrétivité consisterait ainsi non-seulement à cacher ce qu'il nous importe qu'on ne connaisse pas, mais encore à découvrir dans les secrets des autres ce qu'il nous importe de connaître. Le mot de ruse avait d'abord été employé par Spurzheim pour désigner ce penchant; mais ce mot se prend toujours en mauvaise part, et n'est que l'abus d'une faculté qui en elle-même n'a rien de bon ni de mauvais, de moral ni d'immoral. Chez l'homme, du reste, cet instinct est, à ce qu'il semble, un des plus difficiles à tourner vers le bien. Chaque fois qu'il n'est pas dirigé par les sentiments supérieurs, il ne peut produire que le mal. Il est cause de l'intrigue, de l'hypocrisie, du mensonge, de la médisance, etc., etc., etc.

Nous craignons bien qu'ici Spurzheim ne soit pas entièrement à l'abri du reproche qu'il adressait à Gall relativement à l'organe de l'orgueil. Il n'est pas clair que ce soit le même penchant qui porte le chien à enterrer son os, et les oisifs à s'enquérir des affaires du prochain.

Acquisivité. Ce penchant donne le désir d'acquérir, mais il ne détermine pas le genre de convoitise ni les moyens par lesquels on peut s'assurer la possession de l'objet désiré. Il est nécessaire à l'homme et aux animaux pour se procurer leur subsistance. Convenablement dirigé, il est très-utile à la société, il active l'industrie et prévient le gaspillage des produits utiles; porté à l'excès, il peut entraîner à des actions coupables, mais il ne les détermine pas nécessairement; trop peu développé, au contraire, il entraîne d'autres inconvénients.

On a souvent trouvé l'organe de l'acquisivité très-développé chez des voleurs prodigues, chez des avares qui n'auraient voulu faire tort à personne d'un denier, chez des gens enfin qui n'étaient ni avares ni voleurs; c'est que, on ne saurait trop le répéter, il y a pour presque toutes nos actions des motifs très-complexes, et que jamais un acte n'est déterminé nécessairement par un penchant.

L'organe de l'acquisivité aboutit à l'angle postérieur des os pariétaux.

Spurzheim, ainsi que nous l'avons dit précédemment, a partagé les facultés affectives en penchants ou instincts, et en sentiments. Voici comme il s'exprime à ce sujet dans son Manuel de phrénologie: « Les dix espèces de facultés précédemment indiquées sont intérieures et donnent des désirs et des penchants; les douze suivantes sont égale

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