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Dans les vastes plaines du continent, où nulle action ne tend à mélanger les couches d'air, et où l'évaporation ne suffit point à saturer l'atmosphère, il pleut rarement. Dans les pays de montagnes, au contraire, dans le voisinage des mers et des îles, les pluies sont fréquentes.

La quantité moyenne de pluie est plus forte à l'équateur que dans les latitudes supérieures, c'està-dire, en général, qu'il pleut moins à mesure que l'on approche des pôles. Les années les plus humides ne sont pas toujours celles où la quantité de pluie tombée formerait la couche la plus haute, Les pluies fixes et fréquentes ne produisent qu'une quantité d'eau peu considérable; les grosses pluies, qui ne durent qu'un temps ou qu'un jour, donnent quelquefois plus d'eau en un jour, que certaines années n'en fournissent en un mois. En général, il pleut davantage sur la côte et dans les lieux bas; la quantité de pluie est plus adondante en été qu'en hiver; la pluie tombe en plus grande abondance le jour que la nuit.

La pluie produit de bons et de mauvais effets par rapport à notre utilité et à notre bien-être.

Les bons effets de la pluie sont de purifier l'atmosphère, en lui enlevant et en précipitant avec elle la plus grande partie des exhalaisons qui y sont amassées pendant la sécheresse, et dont la grande quantité corromprait l'air et pourrait causer des maladies épidémiques. Une preuve de ce bon effet, c'est qu'après la pluie nous respirons beaucoup plus à notre aise: donc elle a emporté avec elle ces exhalaisons qui, tenant la place d'un fluide qui nous est absolument nécessaire, n'en pouvaient pas faire les fonctions, et gêuaient la respiration. De plus, après la pluie, l'air devient transparent, et par conséquent moins mêlé de matières hétérogènes. Aussi les objets s'aperçoivent-ils plus distinctement et de plus loin. Un des autres bons effets de la pluie est de rafraichir l'air que nous respirons, et de modifier par là la chaleur qui nous incommode dans certaines saisons. Mais l'un des plus grands avantages de la pluie, c'est de contribuer à la fertilité de la terre; lorsqu'elle vient à propos et eu quantité convenable, elle humecte, amollit la terre, en divise les molécules, et répand la fraîcheur et la fécondité; elle remplit l'atmosphère de vapeurs aqueuses, que les végétaux soutirent par leurs feuilles, véritables racines aériennes, et par leur écorce. Si, au contraire, la pluie manque pendant long-temps, tout languit, tout devient aride, les plantes sèchent sur pied avant d'avoir pris leur accroissement et avant que les fruits soient arrivés à leur parfaite maturité. Les pluies ne sau

raient être plus favorables qu'au printemps, à l'époque de la feuillaison; à l'époque de la floraison, les pluies trop fortes et trop abondantes nuisent à la fécondation des fleurs, et font souvent couler la vigne. Les pluies d'automne préparent la terre à la germination; mais il ne faut pas que leurs eaux demeurent à sa surface, surtout sur les champs ensemencés.

Les mauvais effets des pluies sont, lorsqu'elles sont trop froides, de retarder les progrès de la végétation et la maturité des fruits. Lorsqu'elles tombent hors de saison, elles rouillent les foins, font germer les grains sur les champs, pourrissent les moissons, etc., etc.

La quantité de pluie qui tombe annuellement sur un même point de la terre est un élément météorologique dont la détermination est très-importante. Les instruments qui servent à cet usage son appelés eudomètres; quelques observateurs les nomment pluvimètres. Un de ces appareils est disposé audessus de la terrasse de l'Observatoire de Paris, et un autre au milieu de la cour de cet édifice. Voici le résultat des observations qui ont été faites de 1817 à 1829, au moyen de ces instruments.

Quantités de pluie qui ont été recueillies à l'Observatoire de Paris, de 1817 à 1829.

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Ainsi, pour les treize années, la quantité moyenne de pluie qui tombe annuellement à Paris, dans la cour de l'Observatoire, est de 56 centimètres, tandis que la quantité moyenne qui tombe sur la terrasse est seulement de 50 centimètres. Cette différence n'est pas l'effet du hasard, puisqu'elle a lieu, chaque année, dans le même sens et presque avec la même valeur. Il en résulte ce fait trèsremarquable qu'à Paris la quantité de pluie qui tombe à 28 mètres de hauteur n'est que les 8/9 à peu près de celle qui tombe sur le sol.

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Les années humides ne sont pas toujours celles où il tombe le plus de pluie; ni les années sèches, celles où il en tombe le moins : tout dépend de la

manière dont l'eau est distribuée. L'année est sèche, quand les pluies ne règnent qu'en hiver; elle est humide, quand elles inondent les mois d'été. Voyez METEOROLOGIE.

PNEUMATIQUE. PHYSIQUE. Science qui a pour objet les propriétés de l'air, et les lois que suit ce fluide dans sa gravitation, sa condensation, sa raréfaction, son élasticité, etc.; qui a rapport aux gaz. La machine pneumatique est destinée à faire le vide en soutirant l'air. La cuve pneumatique est un vaisseau disposé pour recueillir les gaz. Voyez MA

CHINE PNEUMATIQUE.

POÉSIE. BELLES-LETTRES. Imitation de la belle nature, exprimée par le discours mesuré; manière d'écrire pleine de figures et de fictions; art de la versification.

La poésie est une peinture animée qui parle, ou, si l'on veut, un langage qui peint. Son but est de plaire, et de plaire en remuant les passions; elle pénètre au fond de l'âme et en expose à nos yeux les replis ni les douces gradations du sentiment, ni les violents excès de la passion ne lui échappent. Le degré d'élévation et de sensibilité, d'énergie et de ressort, de chaleur et d'activité, qui varie et distingue les caractères à l'infini, toutes ces qualités et les qualités opposées sont exprimées par la poésie. C'est peu d'être aussi variée, aussi féconde que la nature même, la poésie compose des âmes, comme la peinture imagine des corps. C'est un assemblage de traits pris çà et là de différents modèles, et dont l'accord fait la vraisemblance. Les personnages ainsi formés, elle les oppose

et les met en action: action plus vive, plus touchante que la peinture ne peut l'exprimer, action variée dans son unité, soutenue dans sa durée, et sans cesse animée dans ses progrès par des obstacles et des combats.

Outre la poésie des choses, il y a aussi la poésie du style et celle des vers. La poésie du style comprend les pensées, les mots, les tours et l'harmonie ; les trois premières ont une hardiesse, une liberté, une richesse qui paraîtraient exclusives dans le langage ordinaire. Ce sont des comparaisons soutenues, des métaphores éclatantes, des répétitions vives, des apostrophes singulières. L'harmonie en général est un rapport de couvenance qui naît de l'ordre et produit presque tous les plaisirs de l'esprit. Quant à la poésie des vers, un vers est poétique lorsqu'il a quelque caractère d'appareil, quel qu'il soit; quand l'expression mesurée a une élévation, une force, un agrément dans les mots, les tours, les nombres, qu'on ne trouve point dans le même genre lorsqu'il est traité en prose; en un mot, quand elle montre la nature ennoblie, enrichie, parée, élevée au-dessus d'elle-même. La prose a des mots, des tours, de l'harmonie. La poésie a tout cela; mais elle l'a dans un degré beaucoup plus parfait.

Le but que la poésie se propose est le plaisir. S'il est vicieux, il la déshonore; s'il est vertueux, il l'ennoblit; s'il est pur, sans autre utilité que d'adoucir de temps en temps les amertumes de la vie, de semer les fleurs de l'illusion sur les épines de la réalité, c'est encore un bien précieux. Horace distingue, dans la poésie, l'agrément sans utilité, et l'utilité sans agrément : l'un peut, il est vrai, se passer de l'autre, mais cela n'est point réciproque, et le poëme didactique même a besoin de plaire, pour instruire avec plus d'attraits. Mais qu'à l'aspect des merveilles de la nature, plein de reconnaissance et d'amour, le génie aux ailes de flammes s'élance au sein de la divinité; qu'ami passionnė des hommes, il consacre ses veilles à la noble ambition de les rendre meilleurs et plus heureux; que dans l'âme héroïque du poète l'enthousiasme de la vertu se mêle à celui de la gloire, c'est alors que la poésie est un culte, et que le poète s'élève au rang des bienfaiteurs de l'humanité.

POÉSIE CYCLIQUE. Les poëmes cycliques sont ceux dont les auteurs, sans emprunter de la poésie l'art de placer les événements pour les faire naître les uns des autres avec plus de merveilleux, en les rapportant tous à une même action, suivent l'ordre naturel et méthodique de l'histoire ou de la fable, et se proposent, par exemple, de mettre en vers

Tout ce qui s'était passé depuis un certain temps jusqu'à un autre, ou la vie entière de quelque prince dont les aventures avaient quelque chose de graud et de singulier. Il y en a de trois sortes: le premier, lorsque le poète pousse son sujet jusqu'à un autre et qu'il lie tous les événements par un enchaînement indissoluble, comme les Métamorphoses d'Ovide; le second, lorsque le poète prend un seul sujet et une seule action pour lui donner une étendue raisonuable dans un certain nombre de vers, comme l'Iliade et l'Énéide; le troisième, lorsque le poète traite une histoire depuis son commencement jusqu'à la fin, comme la Theseide, dont parle Aristote, et l'Achilleide de Stace.

POÉSIE DIDACTIQUE. Genre de poésie où l'on se propose, par des tableaux d'après nature, d'instruire, de tracer les lois de la raison, du bon sens, de guider les sciences et les arts, d'orner et d'embellir la vérité; comme dans le poëme de Lucrèce de la Nature des choses, les Georgiques de Virgile, la poé tique d'Horace et celle de Boileau. Ce genre est une sorte d'usurpation que la poésie a faite à la prose. Le fond naturel de celle-ci est l'instruction: comme elle est plus libre dans ses expressions, et qu'elle n'a point la contrainte de l'harmonie, il lui est plus aisé de rendre nettement les idées, et par conséquent de les faire passer telles qu'elles sont dans l'esprit de ceux qu'on instruit, et d'entrer dans les détails qu'exigent souvent les préceptes; aussi les récits d'histoire, les sciences, les arts sont-ils traités en prose. Cependant, comme il s'est trouvé des hommes qui réunissaient et les connaissauces et le talent de faire des vers, ils ont entrepris de joindre, dans leurs ouvrages, ce qui était joint dans leur personne, et de revêtir de l'expression et de l'harmonie de la poésie des matières qui étaient de pure doctrine. C'est de là que sont venus les poëmes didactiques de Lucrèce, de Virgile, d'Horace, etc.

POÉSIE DRAMATIQUE. On nomme poëme dramatique la représentation d'actions merveilleuses, héroïques ou bourgeoises.

Le poëme dramatique est ainsi nommé d'un mot grec qui signifie agir, parce que dans cette espèce de poëme on ne raconte point l'action comme dans l'épopée, mais qu'on la montre elle-même dans ceux qui la représentent. L'action dramatique est soumise aux yeux, et doit se peindre comme la vérité. Les deux principaux genres de poëmes dramatiques sont la tragédie et la comédie. La tragédie partage avec l'épopée la grandeur et l'importance de l'action, et n'en differe que par le dramatique seulement. Elle imite le beau, le grand; la comédie

imite le ridicule. L'une élève l'âme et forme le cœur; l'autre polit les mœurs, et corrige le dehors. La tragédie nous humanise par la compassion, et nous retient par la crainte; la comédie nous ôte le masque à demi, et nous présente adroitement le miroir. La tragédie ne fait pas rire parce que les sottises des grands sont presque toujours cause de malheurs publics : la comédie fait rire, parce que les sottises des petits ne sont que des sottises dont on ne craint point les suites.

POÉSIE ÉPIQUE. Un poëme épique est un récit en vers d'aventures héroïques, de quelques grandes actions, qui intéresse des peuples entiers, ou mème tout le genre humain.. Il diffère de l'histoire, quoiqu'il ait avec elle une ressemblance apparente. L'histoire est consacrée à la vérité, mais l'épopée peut ne vivre que de fictions, elle ne connaît d'autres bornes que celles de la possibilité.`

L'histoire présente les faits sans songer à plaire par la singularité des causes ou des moyens. C'est le portrait des temps et des hommes, par conséquent l'image de l'inconstance et du caprice, de mille variations qui semblent l'ouvrage du hasard et de la fortune. L'épopée ne raconte qu'une action, et non plusieurs. Cette action est essentiellement intéressante; ses parties sont concertées, les causes sont vraisemblables; les acteurs ont des caractères marqués, des mœurs soutenues; c'est un tout entier, proportionné, ordonné, parfaitement lié dans toutes ses parties. Enfin l'histoire ne montre que' les causes naturelles; elle marche, ses mémoires et ses dates à la main; ou si, guidée par la philosophie, elle va quelquefois dans le cœur des hommes chercher les principes secrets des événements, que le vulgaire attribue à d'autres causes, jamais elle ne remonte au-delà des forces ni de la prudence humaine. L'épopée est le récit d'une muse, c'està-dire d'une intelligence céleste, laquelle a vu, nonseulement le jeu de toutes les causes naturelles, mais encore l'action des choses surnaturelles, qui préparent les ressorts humains, qui leur donnent l'impulsion et la direction pour produire l'action qui est l'objet du poëme.

Dans l'épopée, le poète est autant dans le ciel que sur la terre il parait tont pénétré de l'esprit divin; ses discours ressemblent moins au témoignage d'un historien scrupuleux qu'à l'extase d'un prophète. Il appelle par leurs noms les choses qui n'existent pas encore. Tout s'ennoblit dans ses vers; les pensées, les expressions, les tours, l'harmonie, tout est rempli de hardiesse et de pompe. Ce n'est point le tonnerre qui gronde par intervalle, qui éclate et qui se tait; c'est un grand fleuve

qui roule ses flots avec bruit, et qui étonne le voyageur qui l'entend de loin dans une vallée profonde: en un mot c'est un dieu qui fait un récit à des dieux.

Que l'action du poème épique soit simple ou complexe, dit Voltaire; qu'elle s'achève dans un mois ou dans une année, ou qu'elle dure plus longtemps; que la scène soit fixée dans un seul endroit, comme dans l'Iliade; que le héros voyage de mers en mers, comme dans l'Odyssée; qu'il soit heureux ou infortuné, furieux comme Achille, ou pieux comme Énée; qu'il y ait un principal personnage ou plusieurs ; que l'action se passe sur la terre ou sur la mer, sur le rivage d'Afrique comme dans la Lusiade, dans l'Amérique comme dans l'Araucana, dans le ciel comme dans l'Enfer, hors des limites de notre monde, comme dans le Paradis perdu de Milton: il n'importe, le poëme sera toujours un poeme épique, un poëme héroïque, à moins qu'on ne lui trouve un nouveau titre proportionné à son mérite.

POÉSIE LYRIQUE. Voyez OPÉRA.

POÉSIE PASTORALE. L'objet de la poésie pastorale est de présenter aux hommes l'état le plus heureux dont il leur soit permis de jouir en idée, par le charme de l'illusion. Voyez ÉGLOGUE, BUCOLIQUE, IDYLLE.

POIDS. Physique. Effort avec lequel un corps tend à descendre, en vertu de sa pesauteur ou gravité. Il y a cette différence entre le poids d'un corps et sa gravité, que la gravité est la force même ou la cause qui produit le mouvement des corps pesants, et le poids l'effet de cette cause. Voyez PESANTEUR, GRAVITÉ.

POIDS ET MESURES. SYSTÈME MÉTRIQUE. On ne peut voir le nombre prodigieux de mesures en usage, non-seulement chez les différents peuples, mais dans la même nation; leurs divisions bizarres et incommodes pour les calculs, la difficulté de les connaître et de les comparer, enfin l'embarras et les fraudes qui en résultent dans le commerce, sans regarder comme l'un des plus grands services que les gouvernements puissent rendre à la société, l'adoption d'un système de mesures dont les divisions uniformes se prêtent le plus facilement au calcul, et qui dérivent de la manière la moins arbitraire, d'une mesure fondamentale indiquée par la nature elle-même. Un peuple qui se donnerait un semblable système réunirait à l'avantage d'en recueillir les premiers fruits, celui de voir son exemple suivi par les

autres peuples dont il deviendrait ainsi le bienfaiteur; car l'empire lent, mais irrésistible de la raison, l'emporte à la longue sur les jalousies nationales et sur tous les obstacles qui s'opposent au bien d'une utilité généralement sentie. Tels furent les motifs qui déterminèrent l'Assemblée Constituante à charger de cet important objet l'Académie des Sciences. Le nouveau système des poids et mesures est le résultat du travail de ses commissaires, secondés par le zèle et les lumières de plusieurs membres de la représentation nationale.

L'identité du calcul décimal et de celui des nombres entiers ne laisse aucun doute sur les avantages de la division de toutes les espèces de mesures en parties décimales; il suffit, pour s'en convaincre, de comparer les difficultés des mul tiplications et des divisions complexes, avec la facilité des mêmes opérations sur les nombres entiers; facilité qui devient plus grande encore au moyen des logarithmes, dont on peut rendre, par des instruments simples et peu coûteux, l'usage extrêmement populaire. A la vérité, notre échelle arithmétique n'est point divisible par trois et par quatre, deux diviseurs que leur simplicité rend très-usuels. L'addition de deux nouveaux caracteres eût suffi pour lui procurer cet avantage; mais un changement aussi considérable aurait été infailliblement rejeté avec le système des mesures qu'on lui aurait subordonné. D'ailleurs, l'échelle duodécimale a l'inconvénient d'exiger que l'on retienne les produits des onze premiers nombres, ce qui surpasse d'ordinaire l'étendue de la mémoire, à laquelle l'échelle décimale est bien proportionnée. Enfin, on aurait perdu l'avantage qui probablement a donné naissance à notre artihmétique, celui de faire servir à la numération les doigts de la main. On ne balança donc point à adopter la division décimale; et pour mettre de l'uniformite dans le système entier des mesures, on résolut de les dériver toutes d'une même mesure linéaire et de ces divisions décimales. La question fut ainsi réduite au choix de cette mesure universelle, à laquelle on donna le nom de mètre.

La longueur du pendule et celle du méridien sont les deux principaux moyens qu'offre la nature pour fixer l'unité des mesures linéaires. Indépendants l'un et l'autre des révolutions morales, ils ne peuvent éprouver d'altération sensible que par de très-grands changements dans la constitution physique de la terre. Le premier moyen, d'un usage facile, a l'inconvénient de faire dépendre la mesure de la distance de deux éléments qui lui sont hétérogènes, la pesanteur et le temps, dont la division

est d'ailleurs arbitraire, et dont on ne pouvait pas admettre la division sexagésimale pour fondement d'un système décimal de mesures. On se détermina donc pour le second moyen, qui paraît avoir été employé dans la plus haute antiquité : tant il est naturel à l'homme de rapporter les mesures itinéraires aux dimensions mêmes du globe qu'il habite! en sorte qu'en se transportant sur ce globe, il connaisse, par la seule dénomination de l'espace parcouru, le rapport de cet espace au circuit entier. On trouve encore à cela l'avantage de faire correspondre les mesures nautiques avec les mesures célestes. Souvent le navigateur a besoin de déterminer, l'un par l'autre, le chemin qu'il décrit, et l'arc céleste compris entre les zéniths des lieux de son départ et de son arrivée : il est donc intéressant que l'une de ces mesures soit l'expres sion de l'autre, à la différence près de leurs unités. Mais pour cela, l'unité fondamentale des mesures linéaires doit être une partie aliquote du méridien terrestre, qui corresponde à l'une des divisions de la circonférence. Ainsi le choix du mètre fut réduit à celui de l'unité des angles.

L'angle droit est la limite des inclinaisons d'une ligne sur un plan, et de la hauteur des objets sur l'horizon d'ailleurs, c'est dans le premier quart de la circonférence que se forment les sinus et généralement toutes les lignes que la trigonométrie emploie, et dont les rapports avec le rayon ont été réduits en tables; il était donc naturel de prendre l'angle droit pour l'unité des angles, et le quart de la circonférence pour l'unité de leur mesure. On le divisa en parties décimales, et pour avoir des mesures correspondantes sur la terre, on divisa dans les mêmes parties le quart du méridien terrestre, ce qui a été fait dans l'antiquité; car la mesure de la terre, citée par Aristote, et dont l'origine est inconnue, donne cent mille stades au quart du méridien. Il ne s'agissait plus que d'avoir exactement sa longueur. Ici, plusieurs questions se présentaient à résoudre. Quel est le rapport d'un arc du méridien, mesuré à une latitude donnée, au méridien entier? Dans les hypothèses les plus naturelles sur la constitution du sphéroïde terrestre, la différence des méridiens est insensible, et le degré décimal, dont le milieu répond à la latitude moyenne, est la centième partie du quart du méridien : l'erreur de ces hypothèses ne pourrait influer que sur les distances géographiques, où elle n'est d'aucune importance. On pouvait donc conclure la grandeur du quart du méridien de celle de l'arc qui traverse la France depuis Dunkerque juqu'aux Pyrénées, et qui fut

mesuré en 1740 par les académiciens francais. Mais une nouvelle mesure d'un arc plus grand encore, faite avec des moyens plus éxacts, devant inspirer, en faveur du nouveau système des poids et mesures, un intérêt propre à le répandre, on résolut de mesurer l'arc du méridien terrestre, compris entre Dunkerque et Barcelone. Les opérations que Delambre et Méchain ont faites, et que Biot et Arago ont continuées jusqu'à l'île de Formentera, donnent le quart du méridien égal à 5,130,740 toises. On a pris la dix-millionième partie de cette longueur pour le mètre ou l'unité des mesures linéaires. La décimale au-dessus eût été trop grande, la décimale au-dessous trop petite; et le mètre, dont la longueur est de o1,513074, remplace avec avantage la toise et l'aune, deux de nos mesures les plus usuelles.

Toutes les mesures dérivent du mètre, de la manière la plus simple: les mesures linéaires en sont des multiples et des sous-multiples décimaux.

L'unité des mesures de capacité est le cube de la dixième partie du mètre: on lui a donné le nom de litre.

L'unité des mesures superficielles pour le terrain est un carré, dont le côté est de dix mètres : elle se nomme arc ou perche carrée.

On nomme stère un volume de bois de chauffage égal à un mètre cube.

L'unité de poids, que l'on nomme kilogramme, ou livre décimale, est le poids de la millième partie d'un mètre cube d'eau distillée, considérée dans le vide et à son maximum de densité. Par une singularité remarquable, ce maximum ne répond point au degré de congélation, mais au-dessus, vers quatre degrés du thermomètre. En se refroidissant au-dessous de cette température, l'eau commence à se dilater de nouveau, et se prépare ainsi à l'accroissement de volume qu'elle reçoit dans son passage de l'état fluide à l'état solide. On a préféré l'eau, comme étant l'une des substances les plus homogènes, et celle que l'on peut amener le plus facilement à l'état de pureté. Lefebvre Gineau a déterminé le gramme par une longue suite d'expériences délicates sur la pesanteur spécifique d'un cylindre creux de cuivre, dont il a mesuré le volume avec un soin extrême. Il en résulte que fa livre, supposée la vingt-cinquième partie de la pile de cinquante mares, que l'ou conserve à la Monnaie de Paris, est à la livre décimale dans le rapport de 0,4895058 à l'unité. La livre décimale est donc égale à la livre, poids de marc, multipliée par 2,04288.

Pour conserver les mesures de longueur et de

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