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basse à peu près une demi-heure. Le courant produit par cet abaissement prend le nom de reflux, de jusant ou d'ébe. Après quelques instants de repos, la mer recommence à monter, et présente de nouveau les mêmes phénomènes; ainsi, dans 24 heures 48 il y a deux marées.

La théorie des marées fut très-peu connue jusqu'à l'époque où l'immortel Newton l'expliqua clairement par son grand principe de gravité ou d'attraction; car, comme il démontre qu'il y a dans tous les corps qui entrent dans le système solaire un principe d'attraction mutuelle, proportionnée à leur distance l'un de l'autre, il s'ensuit que la lune doit attirer les parties de la mer qui sont directement au-dessous d'elle, et que par conséquent la mer s'élèvera partout où la lune se trouvera perpendiculaire.

Il y a donc un mouvement de flux et reflux dans tous les lieux qui voient la lune à leur zénith. Par une raison semblable, il y a un mouvement dans ces mêmes lieux lorsque la lune est dans un point diamétralement opposé, c'est-à-dire à leur nadir; car les eaux de ces lieux étant alors moins attirées par la lune que celles qui sont plus près de cet astre, elles gravitent moins vers le centre de la terre, et sont par conséquent plus élevées que le reste. Dans les lieux au contraire qui voient la lune à l'horizon ou à la distance de go degrés de leur zénith, les eaux sont basses; car, comme les eaux s'élèvent en même temps sous le zénith et le nadir de la lune, la place qu'elles laissent est remplie par les eaux plus voisines qui y affluent pour maintenir l'équilibre, et ainsi de proche en proche depuis les points qui sont à go degrés du zenith et du nadir de la lune, et qui auront conséquemment les eaux les plus basses.

La hauteur à laquelle la mer s'élève sur les différents points des côtes n'est pas la même partout; cette hauteur dépend tout-à-fait des circonstances locales: par exemple, à Saint-Malo elle s'élève de 60 à 70 pieds, et à Brest, qui n'en est éloigné que de trente-cinq lieues, elle ne s'élève qu'à 40 pieds. Non-seulement dans des contrées éloignées, mais sur la même côte, les heures des marées des différents points ne sont pas les mêmes: dans la Manche, par exemple, la marée arrive une heure plus tard à Calais qu'à Boulogne, et ces deux villes ne sont éloignées que de neuf lieues; mais l'intervalle qui s'écoule entre deux basses mers ou deux hautes mers consécutives est le même pour tous les lieux de la terre. Les forces attractives du soleil et de la lune varient donc dans un même lieu; cette variation est relative aux positions que les deux

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astres prennent successivement chaque jour par rapport au méridien de ce lieu. Lorsque la force résultante augmente, la mer monte; si elle diminue, la mer descend. Il suit de là que la mer devrait être pleine dans les ports et sur tous les points de côte, à l'instant où la force résultante des attractions du soleil et de la lune y est parvenue à sa plus grande intensité il n'en est cependant pas ainsi. En effet, les jours de la nouvelle lune, où les deux astres exercent leur action suivant une même direction, l'instant de la plus grande intensité de cette action est celui de leur passage simultané au méridien, ou celui de midi; cependant la mer n'est ordinairement pleine que quelque temps après midi. L'expérience a fait connaître que la marée qui a lieu les jours de nouvelle lune est celle qui a été produite trente-six heures auparavant, par l'attraction du soleil et de la lune; on a remarqué de plus qu'à cette époque la mer arrive toujours à la même heure: on en a conclu que l'intervalle de temps dont le moment de la pleine mer suit l'instant où les deux astres exercent leur plus grande action est constamment le même. La seconde conséquence que l'on a tirée de ces deux faits, est que l'action de la force du soleil et de la lune se fait sentir dans les ports et sur les côtes, par la communication successive des ondes et des courants.

L'intervalle de temps dont la pleine mer suit le passage de la lune au méridien, lors de la nouvelle lune, est l'heure de la pleine mer, ou l'établissement de la marée du port; c'est aussi l'heure de la pleine mer, les jours de la pleine lune, quoique les deux astres agissent alors dans des directions opposées; mais il suffit, pour que les effets soient les mêmes, que les directions de leurs efforts se confondent dans une même ligne droite. On a dit que les jours de la nouvelle ou de la pleine lune, l'instant où les deux astres exercent la plus grande action est celui du passage de la lune au méridien; il en est de même lors du premier et du dernier quartier; les autres jours, cet instant précède quelquefois le passage, et d'autres fois il le suit; mais il ne s'en écarte jamais beaucoup, parce que la force attractive de la lune est environ deux fois et demie plus grande que celle du soleil. Ces forces et le retard ou l'avance de la marée sur la lune au méridien varient suivant que les deux astres s'écartent ou se rapprochent de la terre, suivant que leurs déclinaisons augmentent ou diminuent.

L'observation prouve que la mer baisse d'autant plus dans le reflux qu'elle s'élève davantage dans le flux: on conçoit que, pour avoir le niveau moyen sur un point donné, il faut faire la somme de toutes

les hautes mers et de toutes les basses mers, et prendre la moyenne. On obtiendra ainsi un point qui sera la hauteur moyenne. L'expérience a démontré que cette hauteur était sensiblement la même par tout l'océan : c'est à ce point, pris pour zéro, que l'on rapporte toutes les hauteurs des objets terrestres.

Dans les mers intérieures de peu d'étendue, les variations des marées ne sont pas appréciables. La Méditerranée, qui est la plus grande des mers intérieures, n'a qu'une ondulation insensible; il en est de même, à plus forte raison, pour la Baltique, la mer Noire, la mer Caspienne, etc.

Le flux ou flot se fait sentir d'une manière remarquable jusqu'à une distance plus ou moins grande de l'embouchure de certains fleuves; une ou plusieurs vagues qui se succèdent remontent avec bruit contre le cours des eaux fluviatiles, dont la marche est arrêtée. On connait ce phénomène sous le nom de barre à l'embouchure du Gange, du Sénégal, de la Seine, de l'Orne, etc.; sous celui de mascaret dans la Gironde, la Dordogne, la Garonne; et de pororoca sur les rives du fleuve des Amazones. Dans ce dernier lieu, comme dans la Garonne et même la Dordogne, les lames d'eau qui remontent le fleuve ont douze à quinze pieds de haut, et même beaucoup plus; elles renversent tous les obstacles sur leur passage, et le bruit effrayant qu'elles produisent, surtout dans les grandes marées, s'entend à plusieurs lieues. Dans la Liane à Boulogne, le flux remonte jusqu'à près de deux lieues de l'embouchure; dans la Tamise il se fait sentir au-dessus de Londres, et par conséquent à plus de vingt lieues de l'embouchure. Voy. FLEUVES. Les vagues qui viennent se briser continuellement contre les rivages qu'elles couvrent de leur écume, existent lorsque l'atmosphère est la plus calme, bien que dans les tempètes les vents augmentent quelquefois d'une manière considérable, mais momentanée, cette agitation constante; celleci donne lieu à un bruit monotone particulier et imposant, que l'homme ne peut entendre pour la première fois sans une profonde émotion. Lorsque la marée monte, de même que lorsqu'elle descend, les eaux ne s'élèvent pas et ne s'abaissent pas d'une manière continue, il se fait une suite d'oscillations répétées, à chacune desquelles la mer semble se retirer et s'avancer. C'est au choc de la vague contre le sol résistant qu'est dû en partie le bruit dont nous venous de parler; il s'y joint celui que font les pierres amassées sur la plage, et que les eaux soulèvent continuellement, les frottant les unes contre les autres et finissant par les arrondir.

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Cork. Dans la baie..

La rivière Shannon. L'embouchure Limerick...

II 0

34.0. 20. O. 21.0.

9b 45′ 35.0.

5 0 38.0. 4 20 43.0. 3 45 48.0.

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44.0. MARIAGE. PHILOSOPHIE, MORALE. Union légale et solennelle de l'homme et de la femme qui s'associent pour perpétuer leur espèce, pour s'aider mutuellement à supporter le fardeau de la vie, et vouent l'un à l'autre leur cœur, leur personne et leurs biens.

Le consentement de deux parties, supposées libres, constitue l'essence de ce contrat. Pour le rendre plus authentique, pour assurer l'ordre et la fortune des familles, on l'a soumis à des formalités civiles, au défaut desquelles la loi n'avoue et ne reconnait pas la validité du mariage.

Le mariage a toujours été un état respectable et sacré sous tous les gouvernements libres, au lieu que sous l'influence du despotisme politique, les femmes, traitées en esclaves ou en sultanes, ne sont jamais épouses. C'est ainsi qu'elles régnèrent autrefois en France, en y déployant une influence illégitime, destructive de toutes leurs vertus naturelles: c'est ainsi qu'elles sont encore dans la servitude en Orient, plongées dans cet état de dépravation morale, d'avilissement d'esprit, qui réagit inévitablement sur leurs tyrans et qui venge la nature insultée.

Le principe de l'institution du mariage n'a pas été l'amour, auquel le mariage n'était nullement nécessaire, mais la maternité, mais le besoin de donner aux femmes des moyens d'existence, mais l'intention de disséminer les hommes sur le sol qu'il fallait alors défricher.

Les engagements du mariage sont beaucoup plus graves que les promesses de l'amour; ils embrassent d'autres objets, et ils subsisteront dans l'âge où le plaisir ne sera plus. Cette convention civile, cette communauté d'intérêts suppose ou établit des rapports plus compliqués et moins fugitifs que ceux de la volupté.

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La nature, dit un auteur moderne, a fait les deux sexes l'un pour l'autre; de là ce penchaut si doux et si vif, qui les attire, les rapproche et les lie de liens enchanteurs: on dirait les deux moitiés d'un même tout séparées par une cause fortuite. Cette inclination mutuelle et puissante des sexes l'un pour l'autre, est une des lois les plus sages: en effet, que servirait d'avoir attaché le renouvellement, et par conséquent l'éternelle durée du monde au plaisir ? Honneurs, richesses, naissance illustre, voilà de ces dons que l'avare fortune n'accorde pas à tous. D'ailleurs, ces biens sont hors de nous, ils peuvent fuir. Mais la possibilité des jouissances de l'amour appartient à tous; quelque obscur que vous soyez, vous pouvez y atteindre; il ne faut que trouver un cœur qui batte à l'unisson de votre cœur. Quelles délices pour deux âmes aimantes et qui sympathisent, de dire, à la vue de la foule insensée: ils cherchent au loin le bonheur, ils ne peuvent l'atteindre, ni au temple de mémoire, ni dans les palais à coupoles resplendissantes d'or, ni sous leur pourpre orgueilleuse et nous, sans génie, sans trésor, sans grandeur, dans notre inglorieuse et dédaignée solitude, le voilà, il est avec nous, il est en nous, il est nous, il ne nous quittera pas.

«Mais cette extréme facilité des plaisirs aurait produit des inconvénients: d'abord la vie aurait été le bonheur, tandis qu'elle est, pour nous un combat dans lequel nous devons mériter ce bonheur. Ensuite, comme l'homme abuse et mésuse de tout, elle s'emparerait de tout notre être, et nous ferait voler sans frein, sans loi, sans ordre, de trahisons en trahisons. Enfin la satiété, inexorable compagne de l'uniformité, la satiété apparaîtrait à notre chevet et affadirait la jouissance. Il a donc fallu apposer des entraves à ce qui aurait été trop facile. Ces entraves sont d'une part la pudeur, et de l'autre les bornes que la force humaine ne peut outrepasser.

« La pudeur appartient surtout à la femme; à l'homme fut donnée l'imminence toujours voisine de la faiblesse physique: ce n'est pas que les deux apanages distincts ne se trouvent à-la-fois dans l'un et dans l'autre, mais ils appartiennent plutôt à l'un qu'à l'autre.

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La femme, telle qu'elle sort des mains de la nature, et avant d'avoir puisé dans le tourbillon du monde des sentiments de commande, est toujours pudique, et l'homme, quelle que soit sa force, est faible. Voilà les deux entraves qui enraient le plaisir : l'une vient d'un sexe, et l'autre du sexe contraire; l'une tient à l'âme, l'autre au corps; l'une retarde le commencement, l'autre accélère le terme des voluptés.

«Que l'on ne s'étonne pas de voir les deux sexes dotés d'attributs aussi dissemblables. Deux rôles non seulement distincts, mais encore contraires, leur sont destinés par l'auteur de toutes choses: la différence et des rôles physiques et des formes de l'organisation l'indique assez. En effet, dans le fait même de la volupté, quoique l'activité et la passivité se développent simultanément dans l'un et l'autre sexe, cependant il est juste de dire que l'homme est plus actif et la femme plus passive: de là résulte que naturellement l'homme a dù attaquer et la femme se défendre. Tous deux, il est vrai, désirent avec la même énergie: mais l'un demande ce qu'il veut obtenir, et l'autre refuse ce qui lui tarde d'accorder. Tous deux désirent; mais celui-ci désire le succès de son attaque, et celle-ci la vanité de sa défense: de sorte qu'en définitive le résultat est pourtant un triomphe pour l'un, et une défaite pour l'autre. Et ici apparaît de soimême la cause, et de l'indiscrétion irréfléchie des hommes, et de la taciturnité mystérieuse des femmes, en fait d'amour : il est naturel de conter ses triomphes, il est tout simple de taire ses défaites. Ce n'est pas cependant qu'il y ait deux lois différentes, l'une pour l'homme et l'autre pour la femme. Cette douce et naïve pudeur, qui tremble à l'idée de ce qu'elle désire, n'est qu'une forme enchanteresse, voisine et amie du devoir. Ainsi le fruit n'est pas le duvet qui recouvre sa pellicule diaphane; ainsi la rose qui vient d'éclore n'est pas le mince velouté qui embellit sa corolle purpurine. Jusqu'ici l'amour a seul été aperçu et décrit. Voyons à présent ce qui en résulte et ce qui l'environne. D'une part apparaissent des fils, des parents, une famille, et des liens nouveaux, non moins doux que ceux qui en ont été la source, et propres à les resserrer. De l'autre, se trouvent, en cas de partage dans l'amour, la jalousie, et en cas d'infidé.

lité, les larmes secrètes, les haines, les vengeances, tous les crimes et toutes les fureurs.

« Pour mettre un terme à ces catastrophes désolantes, les législateurs ont institué le mariage. Noeud sublime et saint, barrière sacrée, égide éternelle des mœurs, et sauvegarde de la société. Le mariage consacre les nœuds les plus doux; il fonde les liens de famille, source intarissable de bonheur et d'émulations honorables; il augmente la force morale des états, en inspirant à chacun de de ses membres des idées graves, et une tendresse sévère; il décide l'accroissement de la population, qui sans lui périrait en partie dans l'enfance, hors de l'œil et des soins maternels; enfin il prévient les désastres innombrables que d'inévitables et insociables rivalités engendreraient sans cesse. »

Un bon mariage, a dit Montaigne, est une douce société de vie, pleine de constance, de fiance et d'un nombre infini d'utiles et solides offices, et obligations mutuelles. Aucune femme qui en savoure le goust, ne voudrait tenir lieu de maitresse à son mari si elle est logée en son affection, Comme femme, elle y est bien plus honorablement et seurement logée. Quand il fera l'esmere ailleurs, et l'empressé, qu'on lui demande pourtant lors, à qui il aimerait mieux arriver une honte, ou à sa femme, ou à sa maistresse, de qui la desfortune l'affligerait le plus, à qui il désire plus de grandeur: ces demandes n'ont aucun doubte en un mariage sain. Ce qu'il s'en voit si peu de bons, est signe de son prix et de sa valeur. A le bien façonner et à le bien prendre, il n'est point de plus belle pièce en nôtre société...... Il faut la rencontre de beaucoup de qualitez à le bastir............... Ceux qui entreprennent ce marché, pour s'y porter avec hayne et mépris, font injustement et incommodément...... Le mariage a pour sa part l'utilité, la justice, l'honneur et la constance; un plaisir plat, mais plus universel. L'amour se fonde au seul plaisir, et l'a de vrai plus chatouilleux, plus vif et plus aigu». (Essais, liv. III, chap. V).

Le mariage promet toujours des jours heureux et tient rarement ses promesses. Cela tient principalement à ce que, dans le choix d'une femme, la considération de la figure est la première qui frappe; c'est cependant la dernière qu'on devrait avoir en vue, sans toutefois la compter pour rien. La grande beauté paraît plutôt à fuir qu'à rechercher dans le mariage; elle s'use promptement par la possession: au bout de six semaines, elle n'est plus que peu de chose pour le possesseur; mais ses dangers durent autant qu'elle. A moins qu'une belle femme ne soit un ange, son mari est presque

toujours le plus malheureux des hommes; et quand elle serait un ange, comment empêchera-t-elle qu'il ne soit sans cesse entouré d'ennemis ?

C'est aux époux à s'assortir. Le penchant mutuel doit être leur premier lien : leurs yeux, leur cœur doivent être leurs premiers guides; car, comme leur premier devoir, étant unis, est de s'aimer, et qu'aimer ou n'aimer pas ne dépend pas de nousmêmes, ce devoir en emporte nécessairement un autre, qui est de commencer à s'aimer avant de s'unir. Ce qui fait que pour l'ordinaire les mariages ne réussissent pas, c'est qu'on n'a pas assez d'égard pour le choix de la personne avec qui on doit contracter un lien indissoluble. Souvent on n'a d'égard qu'à de certaines qualités extérieures, ou de naissance, de biens, de talents; et l'on considère peu les qualités essentielles qui contribuent bien autrement aux avantages solides du mariage, qui sont la paix, l'union d'une famille, la bonne éducation des enfants. On ne voit que trop souvent se former des unions entre des êtres de complexion et de taille différentes, entre des personnes qui diffèrent entièrement de sentiments, de goût, de connaissances. Il ne serait peut-être pas trop hardi d'avancer que les deux tiers des mariages sont contractés entre des personnes qui, à en juger à priori, nous paraissent ne devoir posséder aucun charme l'un pour l'autre. « La cérémonie du mariage, dit un auteur moderne, est sainte et douce quand le cœur se donne, quand on demande des jours heureux pour l'être adoré qu'on sent là, près de soi, frémissant d'une joie pure. Alors la lumière du jour qui pénètre dans le sanctuaire l'illumine d'une clarté qui porte au recueillement; les paroles sacramentelles du magistrat qui vous invite à vous aimer résonnent tendrement à l'âme. Et cette bourse qu'on donne à sa femme, cette promesse de pourvoir aux besoins de la vie! ce simple anneau d'or qu'on lui met au doigt et qu'elle gardera toujours! Oh quelle douce cérémonie! on ne prévoit ni malheur, ni chagrin, ni privations, ni maladies cruelles, ni séparation, ni dernier adieu, ni vêtement funèbre.... On se livre à la vie comme à l'amour; tout est beau, tout émeut, surtout si c'est par un jour brillant d'avril, où le besoin d'aimer se réveille. Mais quand le cœur ne se donne pas; quand c'est un marché qu'on vient conclure; quand une jeune fille, mourant d'amour pour un autre et d'effroi pour sa destinée, se laisse conduire sur le fatal prie-dieu........ oh! alors horrible, horrible cérémonie! La clarté du jour paraît douteuse, l'air pèse; on ne voit pas, on n'entend pas; chaque parole que l'on entend semble un des an

neaux de la chaîne de fer qui vous attache au malheur... horrible, horrible cérémonie! »>

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Aux yeux du chrétien, dit M. Châteaubriand, l'épouse n'est pas une simple mortelle; c'est un être extraordinaire, mystérieux, angélique. L'homme, en s'unissant à elle, ne fait que reprendre une partie de sa substance. Son âme, ainsi que son corps, sont incomplets sans la femme : il a la force, elle a la beauté; il combat l'ennemi et laboure le champ de la patrie, mais il n'entend rien aux détails domestiques, la femme lui manque pour apprêter son repas et son lit; il a des chagrins, et la compagne de ses nuits est là pour les adoucir; ses jours sont mauvais et troublés, mais il trouve des bras chastes dans sa couche, et il oublie tous ses maux. Sans la femme il serait rude, grossier, solitaire. La femme suspend autour de lui les fleurs de la vie, comme ces lianes des forêts qui décorent le tronc des chênes de leurs guirlandes parfumées. Enfin, l'époux et son épouse vivent, renaissent et meurent ensemble; ensemble ils élèvent les fruits de leur union; en poussière ils retournent ensemble, et se retrouvent ensemble par de là les limites du tombeau. »

Le mariage est une institution naturelle, et le lien moral de la société : le premier encens qui, d'un autel terrestre, s'est élevé vers la voûte azurée, y a été porté par un père de famille. Ministre d'un culte qui prescrit le célibat.... n'avez-vous pu écouter, sans tressaillir, cette voix qui appelle l'homme, jeune encore, vers l'objet dont les grâces doivent embellir sa carrière; cette voix qui, dans l'âge mûr, l'engage à chercher un cœur sur lequel il lui soit permis de reposer son cœur, et qui dans la vieillesse lui reprochera sa solitude, lorsque, tristement assis au coin de son foyer, il n'aura personne avec qui remarquer que le jour décroît, et que les soirées s'allongent en septembre.... Enfin la nature a-t-elle imposé silence à vos sens, à vos vœux, à vos désirs!....

Il importe beaucoup, nou-seulement à l'intérêt des époux, mais à tous les hommes en général, que la pureté du mariage ne soit point altérée. Chaque fois que deux époux s'unissent par un nœud solennel, il intervient un engagement tacite de tout le genre humain, de respecter ce lien sacré, d'honorer en eux l'union conjugale; et c'est, ce me semble, une raison très forte contre les mariages clandestins qui, n'offrant nul signe de cette union, exposent des cœurs innocents à brûler d'une flamme adultère. Le public est, en quelque sorte, garant d'une convention passée en sa présence; et l'on peut dire que l'honneur d'une femme pudique est sous la protection spéciale de tous les gens de bien.

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