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des impôts, mais sa perception est souvent accompagnée de vexations irritantes qui ne procurent d'autres avantages à l'état que de faire maudire ses agents.

Trois vérités doivent être dites ici: 1° en cas d'amendes encourues, il en revient quelque chose aux agents; 2o beaucoup de contrevenants, on soi disant tels, pour éviter des affaires et les ennuis d'un procès, paient ce que le fisc demande arbitrairement, et s'estiment heureux quand messieurs du fisc veulent bien transiger, et ne demander que quart, tiers ou moitié de la rançon; 3° il y a partout des gens qu'on ne saurait comment qualifier, laquais de bureau ou autres, qui sont à l'affût de tout ce qui pourrait ressembler à quelque chose d'approchant la contravention; flairant la contravention; fondant sur elle l'espoir d'une gratification au jour de l'an, bien acquise par tant de zèle à tout brouiller, à tout comprometre, même les intérêts du fisc.

On sait que, depuis quelque temps, le système économique des petits paiements a été appliqué à un grand nombre d'entreprises littéraires, qui se livrent aux souscripteurs par une, deux et trois feuilles d'impression. La loi veut que les écrits périodiques soient timbrés. Mais croira-t-on jamais qu'il ait pu passer par la tête de quelques commis d'assimiler aux ouvrages périodiques un livre, tel que l'Encyclopédie des jeunes Étudiants, par exemple, commençant par la lettre A, et devant probablement finir par la lettre Z? Si è'est de la stupidité, c'est de la stupidité du genre le plus divertissant; si c'est erreur, comment le premier mot de réclamation ne l'a-t-il pas fait tomber ? Tan) y a que, comme fait historique, et comme épisode curieux de notre publication, nous apprendrons au lecteur que cent soixante-seize livraisons de cet ouvrage ont été saisies; que nous avons réclamé; que nous avons refusé net de payer la somme de 1,600 francs, à laquelle on nous avait rançonnés; qu'on nous a sommés d'acquitter on ne sait quoi; et qu'au moment d'aller devant les juges, deux mois et demi après la saisie, l'erreur a été re

connue.

La compassion que de semblables actes méritent, et notre gravité habituelle, nous eussent interdit de conter cette historiette, si elle n'avait une portée qui n'échappera à personne. Nous avons fait aux douanes, aux monopoles, au génie fiscal, une guerre rude, très-rude; ne nous plaignons donc pas: la défense est de droit légitime.

TIMIDITÉ. PHILOSOPHIE, MORALE. Réserve excessive dans les discours ou les actions, inspirée II.

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par la crainte de déplaire, de mal dire ou de mal faire, ou par une disposition particulière de l'esprit.

La timidité, lorsqu'elle n'est pas portée trop loin, est plutôt une qualité qu'un défaut; elle est l'apanage des âmes novices et pures, de la jeunesse qui n'a point encore ouvert son cœur aux passions; c'est une sorte de pudeur que les sentiments les plus délicats et que les connaissances les plus étendues ne peuvent détruire. Cependant, les fréquentations de la société, les vices dont elle est le foyer, font quelquefois évanouir cette heureuse manière d'être ; et des défauts opposés, comme la présomption, la vanité, l'audace même, ne tardent pas à se montrer et à gåter l'ouvrage de la nature. Quelques personnes cependant conservent toute leur vie une timidité excessive, qui nuit au développement de leurs moyens, et qui donne une idée peu avantageuse de leur capacité. Dans ce cas, la timidité fait souvent un sot d'un homme de mérite, en lui ôtant la présence d'esprit et la confiance nécessaire dans le commerce du monde.

TOLÉRANCE. PHILOSOPHIE, MORALE. Condescendance, indulgence pour ce qu'on ne peut empėcher; bonté qui nous fait compatir aux erreurs et aux défauts d'autrui, et qui écarte de notre cœur tout projet de réprimer et de puuir les coupables: la tolérance doit être envisagée sous trois points de vue différents, elle est ou sociale, ou purement politique, ou religieuse.

On entend par tolérance sociale, celle que nous devons porter dans les sociétés particulières : cette tolérance découle de notre politesse; elle est naturelle aux âmes généreuses; elle nous est dictée par l'intérêt personnel. Il n'appartient qu'à la malignité de rechercher les défauts d'autrui, de les dévoiler, il est au contraire dans l'honnêteté des particuliers d'envisager le moyen qui peut excuser ou pallier les torts d'autrui.

La tolérance politique ne doit avoir lieu des circonstances critiques, et par rapport à un dans que petit nombre de personnes, et dans les circonstances où il est constant qu'il est plus sage de paraître mépriser certains torts que de les punir.

Quant à la tolérance religieuse, c'est-à-dire à la charité qui compatit aux erreurs, en fait de croyance et de culte, elle est ordonnée par l'Évangile, et l'expérience a prouvé que toute pratique contraire multipliait les sectaires, loin d'en diminuer le nombre.

TONNERRE. PHYSIQUE. Bruit éclatant et terrible qui se fait dans les nuées, accompagné d'éclairs

et souvent de foudre, lorsque les roulements longs et sonores qu'on entend dans l'atmosphère sont précédés de ces craquements vifs et nets qui succè dent tout-à-coup au bruit qui ne semblait encore gronder que dans le lointain.

Le tonnerre, en éclatant, n'est pas sans utilité; il rafraîchit l'atmosphère et semble avoir rétabli l'équilibre dans la nature; il purge l'air d'une infinité d'exhalaisons nuisibles, et plusieurs malades semblent effectivement aller mieux après que l'orage a cessé; mais ce bien n'est que trop souvent compensé par le mal qu'il occasionne : les vers à soie périssent communément durant les grands orages; plusieurs liquides entrent en fermentation; d'autres cessent de fermenter, comme le vin et la bière; d'autres se gåtent, comme le lait; mais plus que tout cela, les hommes et les animaux domestiques en sont souvent les victimes. L'observation prouve que cette action délétère peut s'exercer de trois manières, ou par des lésions directes des tissus, ou par commotion, ou par suffocation. Les lésions de tissu sont ordinairement une perforation qui a le plus souvent lieu à la tête, avec fonte de la substance cérébrale, comme si elle avait été traversée d'un fer rouge. Du reste, rien de plus singulier, tant sur les animaux que sur les corps inorganiques, que la route suivie par la foudre, soit à l'extérieur, soit à l'intérieur, et les désordres et les phénomènes que l'on observe, lorsque le calme s'étant rétabli, on va visiter les lieux qui ont été parcourus par ce terrible météore.- Dans la commotion, on ne remarque aucune trace de lésion. L'homme ou l'animal frappé, soit partiellement, soit à mort, perd, dans un instant indivisible, tout sentiment, et tombe à terre sans avoir rien vu, rien entendu, sans avoir eu le temps d'avoir peur : celui qui ne l'a été que légèrement se relève tout étonné et glacé d'effroi par le spectacle de ceux qui sont autour de lui, et qui ne se relèvent plus. La commotion est mortelle lorsqu'elle frappe la tête ou le tronc; elle est moins fâcheuse lorsqu'elle frappe un membre. Dans le cas de suffocation, dont les symptomes sont le corps roide, les doigts et les orteils contractés, le visage violet et enflé, on peut encore espérer, et l'on doit se håter d'administrer tous les secours que l'on donne dans la suffocation et l'étranglement, tels que l'insufflation pulmonaire, les frictious, la chaleur, l'application des stimulants internes et externes, et même la saignée dans certains cas, et surtout celle de la veine jugulaire.

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Un point essentiel est celui de prévenir autant que possible les accidents. Ceux qui craignent les

orages doivent éviter de voyager dans les saisons où il y en a le plus dans tels ou tels pays : par exemple, il y en a vraiment d'épouvantables daus le midi de la France et dans le comté de Nice pendant les quinze jours qui précèdent ou qui suivent l'équinoxe d'automne, et ils y sont presque toujours suivis d'accidents; au contraire, dans l'est et le nord de la France, on éprouve peu d'orages dans cette saison, et ils n'ont guère lieu qu'à la fin du printemps et dans les deux premiers mois de l'été, en-, core sont-ils rarement funestes. Quand le temps est orageux durant qu'on voyage, il faut calculer l'éloignement du tonnerre, avant de quitter le gîte: on doit estimer que le nuage électrique est proche, quand le bruit suit immédiatement l'éclair, qu'il est à 173 toises de distance, quand on peut compter une seconde de temps', ou de battement de pouls, entre l'éclair et le bruit; si l'on peut en compter deux, le redoutable nuage est à 346 toises; il est à 692 toises, si l'on en compte quatre, et ainsi successivement. Ce calcul est fondé sur la différence qu'il y a entre le mouvement de la lumière et celui du son: celle-là parcourt dans une minute environ quatre millions de lieues, et celuici ne parcourt dans le même temps que dix mille trois cent quatre-vingts toises. Si l'on se trouve à cheval daus un chemin, pendant un orage accompagné de tonnerre, l'on ne doit pas aller vite, mais plutôt s'arrêter, par la crainte que le courant d'air qui résulte d'une marche avec vitesse, ne favorise ou ne détermine à s'ouvrir la nuée dans laquelle on est plongé; or, il vaut mieux, en pareil cas, attendre, après être descendu de cheval, dans un lieu isolé, que l'orage soit passé, et recevoir toute la pluie, que de courir le grand risque d'être foudroyé. Cette précaution s'applique également aux voyages en voiture, et peut-être avec encore plus de raison. On doit aussi éviter de chercher un abri sous les arbres, surtout ceux qui sout en sève, et qui sont alors d'excellents conducteurs de l'électricité. Dans les maisons, lorsqu'il tonne, on doit éviter les courants d'air, et fermer avec soin les portes et les fenètres. On ne saurait trop éviter de mettre les cloches en braule pendant un orage, leur son pouvant être un moyen de faire crever la nuée qui est sur le clocher ou près du clocher, par conséquent faire tomber la foudre sur la tête des sonneurs, le long des cordes qui deviennent alors des conducteurs. Voyez FOUDRE, MétéoroLOGIE, PARATONNERRE.

TISSU CELLULAIRE. PHYSIOLOgre. Le tissu cellulaire est un assemblage de lames très-fines et

et

de filaments très-ténus, d'une couleur blanchâtre, d'une mollesse et d'une extensibilité très-grande, s'entre-croisant en mille sens divers, et formant par ces nombreux entre-croisements une infinité de cavités, lesquelles communiquent toutes les unes avec les autres.

Le tissu cellulaire est le plus commun de tous les tissus organiques. En effet, outre qu'il entoure tous les organes, il pénètre encore dans leur propre substance. Il existe surtout en grande abondance sous la peau, et forme entre elle et les tissus subjacents, des couches plus ou moins épaisses, lesquelles donnent au corps ces contours élégants, ces formes gracieuses qui contribuent tant à la beauté physique de l'homme. On le rencontre encore abondamment autour des muscles, qu'il sépare les uns des autres, et entre les faisceaux et les fibres, desquels il pénètre mème. Il forme une couche légère autour des membranes muqueuses, des membranes séreuses, des membranes synoviales, des artères, des veines, des conduits excréteurs, etc.; enfin, il unit entre elles les diverses parties dont sont constitués les vaisseaux sanguins, les canaux excréteurs, l'estomac, les intestins, la matrice, etc.

TISSU ÉRECTILE. Voyez ÉRECTILE.
TOPAZE. Voyez PIERRES PRÉCIEUSES.

TORRÉFACTION. CHIMIE. Grillage des substances végétales, et dont l'objet est de rendre ces substances plus faciles à concasser ou à triturer.

TOUCHER. PHYSIOLOGIE. L'un des cinq sens externes, à l'aide duquel nous exerçons, principalement au moyen de la main, un tact volontaire sur tous les objets qu'il nous est possible d'atteindre.

Le toucher est le plus général de nos sens, et le plus essentiel de tous. Il paraît être le sens primitif, le fondement même de l'animalité. Dans l'homme une peau presque nue, molle, sensible, dont les nerfs et les vaisseaux sont à peine défendus du contact des corps par une légère couche d'épiderme, et de plus une main dont la structure allie la plus grande mobilité dans tous les sens avec l'exquise sensibilité d'une pulpe expansive, élastique et rémittente, rendent le sens du toucher susceptible d'autant de perfection que d'étendue. Par suite du mode de structure de la main, la peau à la face palmaire est toujours lisse, tendue, sans aucunes rides ni plis autres que ceux qui résultent des mouvements du métacarpe et des doigts. Les papilles nerveuses qui s'épanouissent à la surface sont, dans l'acte du toucher, mollement pressées

entre le coussinet élastique et peut-être érectile que forme le tissu cellulaire qui est au-dessous d'elle, et les corps à toucher, et sont mieux impressionnées par ceux-ci. Ce tissu cellulaire, très-prononcé à l'extrémité des doigts, y constitue ce qu'on appelle la pulpe des doigts: là, les papilles de la peau sont disposées sur des lignes courbes, concentriques les unes aux autres, fort régulières et comme fondues en un tissu spongieux, sinon érectile, au moins mollement élastique. La main ne possède pas seulement une exquise sensibilité, elle est encore susceptible de s'appliquer, de se mouler à la surface des corps, d'en embrasser les contours, d'en presser la masse; nul organe du toucher n'est mieux organisée, n'est plus délicat ; nul instrument de préhension mieux combiné que ne l'est la main de l'homme. D'un côté, quelle sensibilité exquise! de l'autre, quelle mobilité! quel pouvoir d'embrasser, de saisir les corps, d'exécuter tous les mouvements possibles, mème les plus ténus, les plus délicats! Enfin quelle solidité, et par suite quelle faculté d'être impunément dans un contact immédiat avec les objets extérieurs! Sensibilité, mobilité et solidité, telles sont en effet les trois conditions de structure nécessaires à l'organe du toucher et de la préhension des corps, et que réunit au plus haut degré la main.

A

La main, cet organe si admirable par sa conformation et ses usages, n'est pas le siége exclusif du toucher; toutes les parties qui peuvent se mouler sur les corps extérieurs jouissent en quelque sorte de ce sens. Ainsi la bouche, le pli des articulations du bras, du genou, du coude, peuvent nous donner la connaissance de plusieurs qualités géométriques des corps, mais jamais avec autant de précision que la main. Cet organe doit sa qualité de siége spécial du toucher à la multiplicité de ses articulations, qui lui permettent de se mouler avec exactitude sur les corps qu'il a saisis, à la délicatesse de son épiderme, et surtout au grand nombre de papilles nerveuses que possède la peau de cette partie des extremités thoraciques.

L'organe du toucher varie beaucoup dans la série des animaux ; quel qu'il soit, toujours il présente les deux conditions suivantes : 1° la sensibilité tactile y est fort grande, soit parce que les papilles nerveuses y sont plus grosses, plus nombreuses, mieux disposées; soit, parce que la peau qui le forme y est plus dépouillée de poils, mieux soutenue par le tissu cellulaire graisseux subjacent, plus adhérente aux parties qui sont au-dessous d'elles; 2° la portion de peau qui forme cet organe est très-mobile, et peut embrasser la sur

face des corps, soit que cet organe du toucher

soit en entier mou, soit que la peau qui le forme soit isolée sur une portion du squelette fracturé et mobile, et propre à embrasser le corps extérieur dans tous les points. Chez l'homme cet organe est la main.

Le toucher est susceptible d'un degré étonnant de perfection par l'exercice, comme le confirme l'habileté de ceux qui s'exercent dans certains arts mécaniques. On connaît toute la finesse qu'acquièrent les aveugles, qui parviennent à distinguer avec les doigts les ouvrages les plus délicats. Ce sens devient au contraire imparfait chez les hommes livrés à des travaux qui endurcissent les téguments de la main. Voyez TACT.

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TOURBE. Substance noirâtre, spongieuse, plus ou moins combustible, formée par l'accumulation de certaines plantes qui croissent en abondance dans les marais. C'est un composé de parties végétales entrelacées, comprimées et pénétrées de limon; elle renferme même presque toujours des débris d'herbes sèches, qui ont conservé leur premiere forme et leur structure. Cette matière brûle avec une flamme plus ou moins vive, en répandant une fumée et une odeur désagréables. On en distingue deux variétés : la tourbe des marais, et la tourbe marine. La tourbe des marais se rencontre dans les terrains marécageux et humides qui sont encore ou qui ont été le fond d'étangs ou de lacs d'eau douce. Elle couvre quelquefois des espaces immenses dans les parties basses de nos continents et forme aussi des dépôts dans les hautes vallées. Les tourbières sont aussi quelquefois flottantes à la surface de certains lacs, et forment des îlots qui se meuvent au gré des vents et qui supportent et nourrissent des animaux. La tourbe des marais est employée principalement comme combustible partout où elle est abondante, et où le bois et la houille manquent. On s'en sert aussi en agriculture amender les terres sableuses et crayeuses.· pour La tourbe marine occupe le fond de certains lacs salés; elle est composée en tout ou en partie de végétaux marins, et notamment de fucus.

TOURMALINE. Voyez PIERRES PRÉCIEUSES.

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TRAGÉDIE. BELLES-LETTRES. Poëme dramatique; représentation d'une action héroïque, dont l'objet est d'exciter la terreur et la pitié.

La tragédie doit son origine aux fètes de Bacchus. On sait que, dans ces temps de réjouissances, un homme déguisé en Silène, monté sur un âne,

et suivi d'autres hommes barbouillés de lie, s'en allait dans les bourgades chantant les louanges de ce dieu. Thespis imagina d'introduire un acteur qui coupât ce chant par le récit des principales actions de Bacchus. Cette nouveauté fit plaisir : ou ne tarda point à donner un compagnon à ce premier acteur, et de là naquit le dialogue. Ce pas fait, le drame héroïque fut créé. Eschyle sut y mettre l'exposi tion, le nœud et le dénoûment; il porta mème son attention jusque sur le costume des personnages. Mais quoiqu'il y eût dans toutes ses pieces une conduite sage, de la variété, et beaucoup de pathétique, elles n'avaient point encore cette politesse que l'art et le temps donnent aux inventions nouvelles. Il était réservé à Sophocle de réduire la tragédie aux règles de la décence et du vrai. Il eut dans Euripide un rival qui partagea avec lui les éloges des Athéniens.

Si des anciens nous passons aux modernes, nous voyons que, dès la première race de nos rois, la France eut des histrions, mais si indécents, qu'en 789 Charlemagne fut obligé de leur imposer si lence. Cette suppression donna lieu à des farces encore plus indécentes, qui se jouaient dans les églises à la fète de quelques patrons. Les Français eurent encore leurs troubadours, dont le premier essai fut une tragédie de la Passion, qui ne tarda pas à être suivie d'autres pièces tirées des vies des saints ou de l'Ancien et du Nouveau-Testament. Ils en égayaient la représentation par des scènes barlesques qu'on appelait pois pilés. Bientôt on vit se former différentes troupes de comédiens. Les cleres de la Basoche dounèrent des pièces qu'ils intitulerent Moralités, et les enfants sans souci, société dont Marot était un digne confrère, représentaient des farces appelées Soties, qui offraient une peinture informe des sottises humaines. C'est de ces farces, les unes pieuses, les autres satiriques, que sont nées enfin la tragédie et la comédie. Jodelle ouvrit la carrière; sa première pièce fut Cléopâtre. Robert Garnier, avec plus d'élévation dans les pensées et d'énergie dans le style, marche sur les traces de ce premier tragique. Hardi parut ensuite, et quoique ses pièces soient hérisées d'absurdités grossières, ce poëte eut néanmoins la gloire de préparer la grande époque du théâtre, qui prit naissance sous P. Corneille. Ce génie sublime réunit dans ses tragédies, le tendre, le touchaut, le terrible, la majesté, la force et la magnificence. Racine parut lorsque Corneille commençait à vieillir: toujours élégant, toujours exact, il joignit le plus grand art au génie le plus heureux. A ces deux grands hommes succéda Crébillon. Enfin Voltaire

apparut; lorsqu'il entra dans la carrière, tous les genres semblaient épuisés : le grand, le sublime, par Corneille; le tendre, le touchant, par Racine; le fort, le terrible, par Crébillon. Ne voyant plus de ressorts nouveaux à mettre en jeu, il réunit ces trois genres qui avaient, chacun à part, illustré trois grands hommes.

La tragédie est la représentation d'une action. Comme l'épopée, elle doit renfermer une moralité; mais l'action d'où l'on doit tirer cette moralité, se passant sous nos yeux, sa durée doit être naturellement moins longue que dans l'épopée, où tout est récit. On fixe communément la durée de l'action à douze heures. Corneille l'a poussée à vingt-quatre, et même à trente. Celle de la représentation ne peut aller au-delà de trois; mais une action qui n'a que douze heures de durée ne permet pas aux acteurs d'aller bien loin; il faut donc qu'elle se passe dans un lieu limité: c'est ce qui a fait ajouter à l'unité d'action et de temps, celle de lieu.

TRAHISON. PHILOSOPHIE, MORALE. Perfidie; manque de fidélité plus ou moins grand envers sa patrie, son prince, ses amis, celui en un mot qui avait mis sa confiance en nous.

Le traître est celui qui mésuse de la confiance qu'on lui a marquée, pour nuire à la personne qui a cru pouvoir l'estimer assez pour ne pas s'en méfier.

TRANQUILLITÉ. PHILOSOPHIE, MORAle. Situation de l'âme, exemple de trouble et d'agitation. Les hommes vertueux et désintéressés jouissent ordinairement de la tranquillité.

La tranquillité diffère du calme, en ce qu'elle ne désigne précisément qu'une situation intérieure indépendante de toute relation, et que l'on ne peut employer le mot calme, sans avoir en vue quelque rapport à une chose ou passée ou future, ou à quelques objets qui existent hors de nous.

TRANSPIRATION. PHYSIOLOGIE. Évacuation par les pores des parties des aliments qui ne contribuent point à la nutrition. On la distingue en transpiration sensible, que l'on appelle sucur, et qui est accidentelle; et en transpiration insensible, qui agit plus ou moins à tous les instants.

Cette fonction parait avoir deux usages principaux: 1o dissiper le véhicule désormais superflu qui a servi à dissoudre les parties alimentaires pour les porter dans la circulation; 2o abaisser la température du corps, en enlevant, sous forme de calorique latent, une partie de celui qui se produit sans cesse dans l'intérieur du corps.

La quantité de transpiration a beaucoup occupé les physiciens; Sanctorius a déterminé, par trente années d'expérience, que les cinq huitièmes du poids des aliments s'échappaient par cette voie, que chaque jour le corps de l'homme revenait au même poids, et qu'à défaut de la transpiration les excrétions augmentaient proportionnellement; mais il n'avait pas distingué une transpiration de l'autre. C'est ce qu'ont fait MM. Lavoisier et Séguin, et ils ont trouvé que la transpiration pulmonaire était représentée par sept quand la transpiration cutanée l'était par dix; mais la transpiration pulmonaire est beaucoup plus régulière que celle qui se fait par la peau, ce qui dépend sans doute de la température à peu près fixe des poumons et de la présence continue d'un excès de liquide à vapo

riser.

TRAVAIL (DIVISION DU). ÉCONOMIE POLITIQUE. Nous avons établi, dans plusieurs articles de ce Dictionnaire, comment l'individu, après avoir produit les objets indispensables à ses plus. impérieux besoins, s'il lui reste un excédant, est heureux de troquer cet excédant contre quelque autre produit d'égale valeur que lui offre son voisin, et qui satisfera des besoins d'un autre genre. Plus le troc se pratiquera aisément, plus l'individu sera certain de trouver ce qui lui manque, au moyen de son superflu, plus aussi il se renfermera dans un genre spécial de production. Il est évident pour lui qu'il produira d'autant plus et d'autant mieux que son travail s'exercera sur une sorte de produits déterminée; il s'y livre avec assiduité, il perfectionne ses outils, il acquiert plus d'adresse, plus d'aptitude, plus d'agilité; il comprend mieux sa matière première, puisque son attention et l'ensemble de toutes ses facultés sont exclusivement consacrés à la mise en œuvre. C'est ainsi que de proche en proche, d'années en années, et de perfectionnements en perfectionnements, la société s'est divisée en groupes de travailleurs liés entre eux par un lien indestructible, le besoin des services mutuels. Agriculteurs, artisans, artistes, tous se sont enfermés dans un cercle circonscrit d'occupations qu'ils parcourent paisiblement, toujours súrs, si l'état est sagement gouverné, de trouver les uns chez les autres ce qu'ils ont renoncé à produire directement. Les marchands sont intervenus pour faciliter les échanges et épargner les déplacements, les dérangements, les pertes de temps. Tout cela n'est point d'astitution; tout cela est de nécessité; et les actes du pouvoir qui gèneraient dans le moindre de ses mouvements ce superbe

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