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Ce passage nous rend sensible l'une des principales différences que présentent la première et la seconde races. Les Mérovingiens entrent dans l'église malgré eux, les Carlovingiens volontairement. La tige de cette dernïère famille est l'évêque de Metz, Arnulf, qui a son fils Chlodulf pour successeur dans cet évêché. Le frère d'Arnulf est abbé de Bobbio; son petit-fils est saint Wandrille. Toute cette famille est étroitement unie avec saint Léger. Le frère de Pépin le bref, Carloman, se fait moine au mont Cassin; ses autres frères sont archevêque de Rouen, abbé de Saint-Denis. Les cousins de Charlemagne, Adalhard, Wala, Bernard, sont moines. Un frère de Louis le débonnaire, Drogon, est évêque de Metz, trois autres de ses frères sont moines ou clercs. Le grand saint du midi, saint Guillaume de Toulouse, est cousin et tuteur du fils aîné de Charlemagne. Le caractère ecclésiastique des Carlovingiens explique assez leur étroite union avec le pape, et leur prédilection pour l'ordre de saint Benoît.

Arnulf était né, dit-on, d'un père Aquitain et d'une mère Suève (1).Cet aquitain, nommé Ansbert,

Dans une vie de saint

-...

(1) Acta SS. ord. S. Ben., sæc. II. Arnoul, , par un certain Umno, qui prétend écrire par ordre de Charlemagne, il est dit: Carolus.... cui fuerat tritavus Arnolfus. regem Chlotarium, cujus filiam, Bhlithildem nomiue, Ansbertus, yir aquitanicus præpotens divitii et genere in matrimonium accepit, de quâ Burtgisum genuit, patrem B. hujus Arnulfi. Et plus

aurait arppartenu à la famille des Ferreoli, et eût été gendre de Clotaire 1er. Cette généalogie semble avoir été fabriquée pour rattacher les Carlovin. giens d'un côté à la dynastie mérovingienne, de l'autre à la maison la plus illustre de la Gaule romaine (1). Quoi qu'il en soit, je croirais aisément, d'après les fréquens mariages des familles ostrasiennes et aquitaniques (2), que les Carlovingiens ont pu en effet sortir d'un mélange de ces races. Cette maison épiscopale de Metz (3) réunissait

loin natus est B. Arnulfus aquitanico patre; Sueviâ matre in castro Lacensi ( à Lay, diocèse de Tulle), in comitatu Calvimon

tensi.

(1) Voy. Lefebvre, Disquist., et Valois, rerum. fr. lib. VIII et XVII. On trouve dans l'ancienne vie de saint Ferreol. : Sanctus Ferreolus natione Narbonensis à nobilissimis parentibus originem duxit; hujus genitor Anspertus, ex magno senatorum genere prosapiam nobilitatis deducens, accepit Chlotarii regis Francorum filiam, vocabulo Blitil. Le moine Ægidius, dans ses additions à l'histoire des évêques d'Utrecht, composée par l'abbé Harigère, dit que Bodegisile ou Boggis, fils d'Anspert, possédait cinq duchés en Aquitaine. D'après cette généalogie, les guerres de Charles Martel et Eudes, de Pépin et d'Hunald, auraient été des guerres de pa

rens.

(2) Voy. l'importante charte de 845 (Hist. du Lang. I, preuves, p. 85, et notes, p. 688). Les ducs d'Aquitaine, Boggis et Bertrand, épousèrent les ostrasiennes Ode et Bhigberte. Eudes, fils de Boggis, épousa l'ostrasienne Waltrude. Ces mariages donnèrent occasion à saint Hubert, frère d'Eudes, de s'établir en Ostrasie, sous la protection de Pépin, et d'y fonder l'évêché de Liége.

(3) La maison Carlovingienne donne trois évêques de Metz en un siècle et demi, Arnulf, Chrodulf et Drogon. Les évêques étant souvent mariés avant d'entrer dans les ordres, transmettaient sans peine leur siége à leurs fils ou petits-fils. Ainsi les Apollinaires prétendaient héréditairement à l'évêché de Clermont. Grégoire de Tours

deux avantages qui devaient lui assurer la royauté. D'une part, elle tenait étroitement à l'église; de l'autre, elle était établie dans la contrée la plus germanique de la Gaule. Tout d'ailleurs la favorisait. La royauté était reduite à rien, les hommes libres diminuaient de nombre chaque jour. Les grands seuls, leudes et évêques, se fortifiaient et s'affermissaient. Le pouvoir devait passer à celui qui réunirait les caractères de grand propriétaire et de chef des leudes. Il fallait de plus que tout cela se rencontrât dans une grande famille épiscopale, dans une famille ostrasienne, c'est-àdire amie de l'église, amie des barbares. L'église qui avait appelé les Francs de Clovis contre les Goths devait favoriser les Ostrasiens contre la Neustrie, lorsque celle-ci, sous un Ebroin, organisait un pouvoir laïc, rival de celui du clergé.

La bataille de Testry, cette victoire des grands sur l'autorité royale, ou du moins sur le nom du roi, ne fit qu'achever, proclamer, légitimer la dissolution. Toutes les nations durent y voir un jugement de Dieu contre l'unité de l'Empire. Le midi, Aquitaine et Bourgogne, cessa d'être France, et nous voyons bientôt ces contrées désignées, sous Charles Martel, comme pays romains; il pénétra, disent les chroniques, jusqu'en Bourgogne.

dit au sujet d'un homme qui voulait le supplanter i « Il ne savait pas, le misérable, qu'excepté cinq, tous les évéques qui avaient occupé le siége de Tours, étaient alliés de parenté à notre famille. (L. V. c. 5o, ap. Scr. fr. II, 264.)

A l'est et au nord, les ducs allemands, les Frisons, les Saxons, Suèves, Bavarois, n'avaient nulle raison de se soumettre au duc des Ostrasiens qui peut-être n'eût pas vaincu sans eux. Par sa victoire même Pépin se trouva seul. Il se hâta de se rattacher au parti qu'il avait abattu, au parti d'Ebroin, qui n'était autre que celui de l'unité de la Gaule; il fit épouser à son fils une matrone puissante, veuve du dernier maire, et chère au parti des hommes libres. (1). Au dehors, il essaya de ramener à la domination des Francs les tribus germaniques qui s'en étaient affranchies, les Frisons au nord, au midi les Suèves. Mais ses tentatives étaient loin de pouvoir rétablir l'unité. Ce fut bien pis à sa mort; son successeur dans la mairie fut son petit-fils Théobald, sous sa veuve Plectrude. Le roi Dagobert III, encore enfant, se trouva soumis à un maire enfant, et tous deux à une femme. Les Neustriens s'affranchirent sans peine. Ce fut à qui attaquerait l'Ostrasie ainsi désarmée : les Frisons, les Neustriens la ravagèrent, les Saxons coururent toutes ses possessions en Allemagne.

Les Ostrasiens, foulés par toutes les nations, laissèrent là Plectrude et son fils. Ils tirèrent de prison un vaillant bâtard de Pépin, Carl, surnommé Marteau. Pépin n'avait rien laissé à celui-ci. C'était une branche maudite, odieuse à

(1) Annal. Met., apud Script. fr. II, 681.

l'église, souillée du sang d'un martyr. Saint Lambert, évêque de Liége, avait un jour à la table royale exprimé son mépris pour Alpaïde, la mère de Carl, la concubine de Pépin; le frère d'Alpaïde força la maison épiscopale, et tua l'évêque en prières. Grimoald, fils et héritier de Pépin, étant allé en pélerinage au tombeau de saint Lambert, il y fut tué, sans doute par les amis d'Alpaïde. Carl lui-même se signala comme ennemi de l'église. Son surnom payen de Marteau, me ferait volontiers douter s'il était chrétien. On sait que le marteau est l'attribut de Thor, le signe de l'association payenne, celui de la propriété, de la conquête barbare (1). Cette circonstance expliquerait comment un empire, épuisé sous les règnes précédens, fournit tout à coup tant de soldats et contre les Saxons et contre les Sarrasins. Ces mêmes hommes, attirés dans les armées de Carl par l'appât des biens de l'église qu'il leur prodigua, purent adopter peu à peu la croyance de leur nouvelle patrie, et préparèrent une génération de soldats pour Pépin-le-Bref et Charlemagne. Dans cette famille toute ecclésiastique des Carlovingiens, le bâtard, le proscrit Carl, ou Charles Martel, offre une physionomie à part et très-peu chrétienne (2).

(1) Voy. le IIIe volume.

(2) A en croire quelques auteurs, la France, à cette époque, eût pensé devenir païenne. Bonifac., epist. 32, ann. 742: Franci enim, ut seniores dicunt, plus quàm per tempus LXXX annorum

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