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sent pas pour faire connaître le génie d'un idiome. Cǝ sont des matériaux bruts: il faut voir quel effet ils produisent étant mis en œuvre. Les chansons populaires sont très-bonnes à consulter, et nos correspondans nous en fourniront.

VIII. Mais on ne se trompe guère en affirmant que toutes ces chansons ont été composées par des poètes citadins qui ne se sont proposé d'autre but que de voiler la licence ou la malice de leurs couplets sous des formes patoises. Les mots peuvent être patois, mais la phrase ne l'est pas. Toute traduction offrirait le même inconvénient; il n'en faut donc point demander, et voici ce que j'y substituerais. Je voudrais que nos correspondans les plus au fait du patois de leurs pays, des locutions et des tournures les plus habituelles aux villageois, prissent la peine de composer en patois quelques dialogues familiers sur les sujets qui font l'entretien ordinaire des gens de campagne, comme les mesures à prendre, les ordres à donner pour la moisson, pour la vendange, l'état prospère ou inquiétant des biens de la terre, le besoin de pluie ou de chaleur, etc.; et qu'ils ne composassent ces dialogues que de phrases courtes, familières à ces hommes simples, de celles surtout qui offrent une différence prononcée avec la langue épurée et la syntaxe académique. Ce travail n'exigerait qu'un choix judicieux; les auteurs devraient beaucoup consulter leurs souvenirs et se méfier de leur imagination.

IX. Le patois varie quelquefois de canton à canton

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dans le même département. Presque toujours ses variétés s'accordent et se combinent avec celles du sol. La plaine, le bocage, les marais, les montagnes présentent partout des nuances distinctes, sinon d'un idiome différent, au moins d'une prononciation très-différente, parce que la prononciation tient à nos organés, et que nos organes sont modifiés par le climat, par la température chaude ou froide, sèche ou humide, et par les alimens. Nos correspondans devront s'attacher particulièrement au dialecte le plus répandu, et faire ensuite connaître les traits caractéristiques des principales différences, en indiquant les cantons où ils puiseront les exemples de ces variétés ; de manière que nous puissions, en quelque sorte, suivre sur la carte la dégradation des teintes et les voir se fondre avec les nuances des départemens voisins, car il n'y a pas de transition brusque dans le langage des peuples.

x. Il sera bon aussi que nos correspondans complètent leur travail par une notice succincte des livres les plus estimés, composés en patois, et en fassent connaître les éditions les plus anciennes. Celles-là seules peuvent nous être de quelque utilité; car, à chaque édition nouvelle d'un livre patois, on remarque de grandes altérations. L'éditeur craignant que son livre n'ait point de débit, si le style en est trop difficile à comprendre, a soin de le rajeunir; si bien qu'au bout d'un certain temps. il ne reste peut-être plus un seul mot de l'original.

XI. Tout cela n'est point pénible; et s'il y avait

quelques difficultés, leur zèle saurait les vaincre. Qu'ils se gardent surtout de croire qu'il y ait rien de frivole dans notre curiosité. Nous savons quel parti l'ou peut tirer de ces utiles recherches; nous écartons tout esprit de système, nous voulons procéder du connu à l'inconnu, pas à pas, comme les mathématiciens, et non point bâtir des romans. Nous ne nous flattons point de tout découvrir dans ce vaste champ, où personne encore ne semble avoir osé s'aventurer; mais nous y poserons du moins quelques jalons qui pourront guider nos successeurs.

Paris, 19 décembre "1814.

DUPIN.

AIR de la chanson poitevine rapportée page 216:

Lourdement.

O l'é-tait un p'tit marjo - let, o l'é-tait

in p'tit marjo-let, oh, oh, oh, oh, qui on-gait

voir sa mi- e; oh, oh, oh, oh, qui on-gait

Un peu plus vite.

voir sa mi e; oh!

Man ca- det,

man brinchet, mé mégnans, man châtain, man vremail,

mes in-fants; oh!

*

USAGES DU CANTON DE BONNEVAL,

Ci-devant pays chartrain (Beauce), aujourd'hui département d'Eure-et-Loir; par M. DESGRANGES, de Bonneval; (lu à l'académie celtique, le 9 juin 1808).

Messieurs, dans le numéro premier de ses Mémoires, l'académie celtique a proposé plusieurs questions. Je réponds à quelques-unes, mais seulement à l'égard de mon pays, c'est-à-dire d'un petit canton de deux miriamètres de rayon tout au plus, et dont Bonneval peut être regardé comme le cheflieu.

Je crois devoir donner d'abord une courte notice sur cette ville.

Bonneval est situé dans le département d'Eure

et-Loir, vers 48° 10' lat. N., et vers o° 48′ long. O., dans un vallon riant et fertile auquel elle doit son nom Bonval et ensuite Bonneval. Elle est toute entière sur la rive gauche du Loir qui, dans cettepartie, coule de l'est à l'ouest. Elle a huit ponts; savoir : sur le Loir, deux, dont le plus ancien peut passer pour une belle ruine en ce genre, et six sur un courant assez fort qui a été dérivé du Loir pour en former une ceinture autour des murs de la ville.

Bonneval est une frontière du pays chartrain, dans lequel elle est située. Une dixaine de mètres au-dessus du vieux pont dont j'ai parlé, à l'ouest de la ville, est un moulin à farine. Ce moulin, dont les bâtimens sont partie sur le Loir, partie sur la rive droite, est la première maison du Perche de ce côté. Au sud, aussi sur la rive droite, commence le Dunois, petite sous-division de l'ancienne province de Beauce, et dont la coutume différait singulièrement de celle de Chartres, 'suivie à Bonneval, surtout dans ce qui avait rapport aux testamens. Ainsi, à Bonneval, le Loir servait de limites à trois pays.

Renommée au treizième siècle pour ses fabriques de serges, Bonneval est aujourd'hui la moitié tout au plus de ce qu'elle a été. Alors elle était murée comme une ville frontière; elle avait au nord-ouest une porte dite la Porte-Blanche, un fossé et un pont non loin de ceux qui existent aujourd'hui de ce côté.

Avant la révolution, elle relevait immédiatement

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