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MONUMENS CELTIQUES

Existans dans le département d'Eure-et-Loir; par M. COTCHIN, contre maître de la marine, à Dreux.

PLUSIEUR

LUSIEURS manuscrits sur Chartres attestent que le premier et principal collége des druides était situé dans le pays chartrain.

Entre Chartres et Dreux, à l'endroit qu'on nomme aujourd'hui la garenne de Poisvilliers, à gauche du chemin de Chartres à Dreux, on remarque, sur un point assez élevé, l'emplacement d'un ancien édifice, nommé dans le pays le vieux château. On prétend que c'est dans ce lieu que les druides réunissaient un grand nombre de jeunes gens qui venaient auprès d'eux pour s'instruire et pour se faire initier. Les pierres et autres matériaux que l'on vient d'extraire de cet emplacement, servent à la réparation de la route de Chartres à Dreux, nommée le chemin de César, qui passe le long de cet endroit.

On voit encore les ruines d'un château, à Fermincourt, au confluent de l'Eure et de la Blaise, en un lieu nommé maintenant les goutières, où il existe une maison encore appelée maison des druides.

Dans la commune de Lèves, à une lieue nord de

(1) Voyez la carte de l'ancien pays chartrain et du dépar tement d'Eure-et-Loir.

Chartres, il existe le reste d'une forêt dans laquelle on dit que les druides s'assemblaient pour leurs céré➡ monies religieuses. On remarque en cet endroit une éminence entourée de fossés que l'on apelle montagne des lieues; près de là est une profonde et vaste caverne, creusée dans la partie orientale de la colline dans laquelle les druides enseignoient la science occulte de leurs mystères religieux. A quelques pas de l'entrée de cette caverne est une fontaine sacrée.

Le monument qui paraît le mieux conservé est un mallus, c'est-à-dire sanctuaire ou lieu préféré par la divinité, qui se trouve dans la commune de Vert, près du bois des rigoles, au-dessous de la vallée de Houdouanne, près de l'ancien étang de Vert. On voit encore un mallus à peu de distance du premier, le long des ruisseaux des vallées, entre Morancez et Corancez, en remontant vers Berchères.

Ces mallus sont formés de pierres plus dures que le grès, que l'on nommoit ladères : la ville de Chartres en est entièrement pavée.

A quelques pas du chemin de Chartres à Villars, à gauche, on voit une grosse pierre debout et piquée en terre. On en voit une autre sur le bord du chemin d'Illiers à Brou, près de la rivière de Montigny : une autre, entre Illiers et Méreglise, le long du chemin d'Illiers à Montigny, et une autre, près Vieux-Vic. Il y en a encore une sur la commune de Saint-Chéron vers le bois des poteries, entre les routes d'Etampes et d'Anneau; une autre, commune de Saint-Lucien, près Epernon.

Une grande partie du hameau de Loché, commune de Vert, est bâtie sur un de ces terrains consacrés au culte des druides, à une petite distance d'une fontaine encore célèbre pour ses miracles: mais depuis quelques années, le seigneur de Vert et de Loché a fait casser et enlever les pierres énormes qui couvraient ce terrain.

On trouve aussi de ces amas de grosses pierres, qu'on nomme vulgairement pierres couvertes, dans les prés de cette même commune, vis-à-vis l'abbaye de l'Eau. On en voit sur le territoire de Saint-Chéron-lès-Chartres, dans le chantier qui porte aujourd'hui le nom de pierre-couverte. On remarque de semblables vestiges à Bonville, commune de Gellainville, ainsi que dans la commune de Sours où se trouvent plusieurs sources ou fontaines, entre autres une qui est sous le rond-point de l'église, et qui a beaucoup de céléb rit

Pour voir de ces sortes de monumens celtiques bien conservés, il faut aller à Changé, commune de Saint-Piat, le long du chemin de Saint-Piat à Maintenon, près la ferme de la Folie. Le premier est une pierre levée, nommée la pierre droite. Elle est, comme les autres, haute d'euviron 12 pieds hors de terre. Sa cime qui a été cassée se trouve à coté. Un autre monument fort curieux, élevé sur le même chemin, est un autel presque circulaire, de 15 pieds de diamètre, formé de deux énormes pierres, appuyées seulement en dehors par d'autres pierres moins grosses, qui leur servent comme de chantier :

par

ce qui présente deux plans inclinés en regard, formant une espèce de berceau au milieu. Aussi les habitans appellent-ils ce monument le berceau. Sa disposition est telle que les victimes, quelle que fût leur grosseur, pouvaient y être placées et facilement égorgées : leur sang devait naturellement s'échapper le berceau ou couloir qui se trouve au milieu. Toujours sur le même chemin, se voit un monument non moins curieux. Il consiste en une énorme pierre plate, longue de 16 à 17 pieds, d'une largeur inégale de 5, 6 et 8 pieds. Elle est posée presque en équilibre sur deux pierres ordinaires, et forme un plan incliné et déversé. L'un des bouts de cette pierre pose sur terre; et l'autre qui est le plus large, se trouve en l'air, en porte-à-faux, de manière que plusieurs personnes peuvent aller dessous sans se baisser. On prétend que cette pierre a été ainsi disposée, afin que les hommes destinés à servir de victimes pussent facilement gagner la partie élevée, d'où ils se précipitaient sur des épées ou lances.

Un pareil monument se voit encore à Morancez dans un petit bois : les habitans le nomment la pierre qui tourne,

Dans divers autres endroits du département, on voit de ces sortes de monumens composés de grosses pierres appuyées sur d'autres plus petites.

Dans la commune de Saint-Avit, sur le bord du chemin d'Illiers à Bonneval, près et vis-à-vis le moulin de Quimquenpoix, sur la rive gauche du Loir, on voit un monument qui paraît avoir été anciennement

destiné aux sacrifices humains; il est composé de très-grosses pierres brutes, dont les principales ont jusqu'à 9 et 10 pieds de longueur; elles sont disposées de manière à ce que les victimes pussent facilement être placées, soit pour être brûlées dans des manequins, soit pour être précipitées sur des piques plantées au bas de la plus élevée de ces pierres.

En descendant la rivière et en suivant le même chemin, vers la commune de Saumeray, on voit un pareil monument.

Au-dessous de Bonneval, commune de Saint-Maur sur le Loir, on trouve un autre monument celtique: la principale pierre de ce monument, élevée sur d'autres moins grosses, est d'une telle pesanteur, qu'on ne peut s'imaginer comment on est parvenu à la conduire et à l'élever ainsi dans cet endroit. p

On voit encore plusieurs de ces monumens sur l'ancienne route de Chartres à Orléans, qui est plus courte que celle faite par César; un, entre autres, dans la commune de Vèves, près Genonville : deux autres à gauche de la vallée de Sazerai, et un dans la commune de Montainville.

On trouve des pierres levées dans beaucoup d'autres endroits du département. On en voit dans la commune de Marboué, près celle de Saint-Lubin; une autre, sur la rive de la rivière d'Ozane ; plusieurs, sur les communes des Autels, d'Arron, etc. On en remarque dans les grandes forêts, telles que celles de Dreux ou Crotais, de Senonches, Champrond, etc. Il est à remarquer que ces sortes de monumens se

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