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incompréhensible, et qu'on contemplait dans les

lieux publics, non-seulement sans rougir, mais avec vénération.

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On portait, à la tête des processions, des phallus de trente-trois pieds de haut, sur des chars; les femmes pudiques s'en décoraient comme d'amulettes sacrées et sans rougir, et sur la fin elles les suspendaient, contre l'enchantement, au cou de leurs enfans. Dans la suite, on fit ces images avec une telle honte, et l'on en oublia tellement la première origine, qu'elles ne furent plus que d'insignifiantes trasbulli obscénités.

Les enfans calabrois prennent, avec dévotion, de nos jours, l'image en cire du doigt de saint Da-. mien (1), qui a une toute autre origine; et nous portons, au sein de notre famille, lors de la foire de septembre, le symbole des deux sexes grossiers et défigurés, mais non moins parlant pour quiconque les voit avec les yeux d'un observateur.

Dans cette foire ou fête des fiérucolone, outre les images indiquées dans les phallophories des chevaux, on en vend d'autres également mystérieuses, sous le nom de sportelline ou petites corbeilles, et d'anelli ou petits oiseaux qu'on achète et qu'on donne aux enfans pour les amuser. C'était l'usage dans les saturnales de se faire de petits présens. Cela a encore lieu à Revel en Allemagne.

C'est pour cela peut-être que de ces mêmes pa

(1) Voyez King.

niers, déjà hors d'usage, on voit faire de longues files qui traversent les rues des Camaldules dans le temps de l'équinoxe d'hiver, auxquels paniers nos dames mettent le feu dans leurs folâtres badinages, ce qui a lieu au commencement d'août, aux fêtes de saint Laurent et de saint Roch.

Cette cérémonie, aujourd'hui purement ridicule, qui a l'apparence d'avoir été autrefois une lustration, une purification, un renouvellement des types, types, unie à la fête prochaine du fiérucolone, à laquelle époque on offre de nouveaux types, fut peut-être cause de son nom, puisque le celte fior-clan, si semblable par le son, signifie pur, et tellement pur, que ogh fiorclan 'exprime une vierge intacte et immaculée.

Ce n'est pas de la foire de septembre, comme on Je croit vulgairement, que dérive le mot de fiérucolone, désignant les femmes montagnardes qui se rendent à cette foire, puisque les femmes vont à toutes les foires, sans qu'elles soient ainsi appelées, et qu'elles viennent particulièrement des montagnes apporter des marrons à la foire et à la fête de saint Simon, sans qu'on appelle fiérucolone que celle-là seule qui est la plus prochaine de l'équinoxe. Il est donc plus raisonnable de croire que le nom de cette foire fiérucolone, vienne du celte fiorclan (1), qui si

(1) Il est plus conforme, au caractère du dialecte toscan, de mêler les voyelles aux consonnes d'un mot et de le terminer en voyelles, d'où peut-être on aura dit, dans le principe, fiérucolone et ensuite fiéricolone.

gnifie purification et lustration, et qui rappelle peutêtre la combustion des vieux paniers.

Les oiseaux à sifflet, qui se voient en terre cuite, représentés dans leur simplicité, et qui se vendent à bon marché dans cette foire, sont autant de petits phallus manquant originairement d'ailes, que quelque potier moderne, à l'imitation' de plusieurs anciens graveurs de pierres précieuses, a joint ce qui les fit appeler oiseaux. Mais s'il ne paraît point aisé de se rappeler le type qu'ils devaient exprimer, il n'est personne qui ne le voie clairement, dans les misivizzi qui s'offrent en abondance, dans la même occasion, aux innocens amusemens des petites filles et des petits garçons.

Toutes ces choses ne sont que l'emblème de la merveilleuse reproduction de l'espèce, et, selon la doctrine orientale, des deux forces de la nature qui nous ramènent à en adorer l'auteur. De pareils emblèmes reparaissent nouvellement parmi nous vers l'équinoxe du printemps, dans l'œuf mystique caché dans la sportellina; le panier formé d'une substance nourrissante et de substances douces, sur lequel est placée souvent une colombe: rien de plus expressif, non-seulement pour marquer l'opportunité de l'époque, ainsi que la mystérieuse incubation de la nature, qui, avec une nouvelle chaleur et une si grande abondance de vie, excite à l'amour les troupeaux, ramène les oiseaux au nid, et invite les papillons à sucer l'ambroisie de l'amour, aux noces célé

brées par les végétaux, dans des lits parfumés et décorés de rideaux diaprés.

Dupuis rappelle que l'équinoxe du printemps est regardée comme le commencement du règne de la lumière et du feu. Cette époque était célébrée comme la plus remarquable de la nature par les payens; et parmi eux, le pontife romain, à la naissance du printemps, allait prendre du feu nouveau sur l'autel de Vesta; ce renouvellement de la lumière et du feu, attribué au plus auguste et au plus sacré moment, se conserve toujours. Le feu avait une grande part dans les palilie, en Italie, et toutes les cimes des montagnes de la Syrie resplendissaient des feux qu'on y allumait à l'équinoxe.

Les quatre fêtes payennes destinées à célébrer les équinoxes et les solstices subsistent toujours en Etrurie, quoique sous une espèce de voile, mais peu éloignées des points astronomiques, ou par la confusion des lunes, ou parce qu'on les a fait rapporter à autant de solennités chrétiennes.

Le culte du soleil dura encore en Europe, après la propagation de l'évangile, et Sofinie rappelle qu'on vit Constantin lui-même, l'an 312, faire un sacrifice à cet astre, et décorer le nouveau siége de l'empire, c'est-à-dire la principale cité chrétienne, avec les plus belles images de cette déité payenne, prises de Rome même.

Nos premiers pasteurs, pleins de la sagesse divine, pour détourner doucement, et efficacement peut

être,

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leur troupeau de l'erreur et le conduire dans la voix du salut, virent que le meilleur moyen était de céder au torrent des habitudes corrompues, plutôt que de s'y opposer directement: ainsi, comme ils trouvèrent convenable de ne point anéantir mais de changer les temples des idoles en temples destinés à l'adoration du vrai Dieu (1): de là beaucoup de fêtes, de cérémonies, et de coutumes populaires des payens, furent attribuées au culte chrétien. On garda les mots innocens de la hiérarchie, de la pompe des ornemens; ainsi l'on ne changea point les mots de tiare, de mitre, celui de camail, de siége pliant, de basilique, d'autel, de patère, d'encensoir.

Nous avions un mont Summano en Toscane, certainement connu, le Mont-Giovi, dédié à Jupiter, un souterrain à Pluton, un dieu Summano, des manes; on lui a fait un emblème où est un mont, sur lequel sort une main ouverte ; qui ne dirait pas qu'on lui a donné, pour symbole, un Dieu qui tient sous sa main?

Toutes ces choses ne sont ni moins augustes ni moins vénérables pour cela, et nous trouvons des exemples de plus matérielles attributions passées à l'usage du christianisme, en observant que la vestale, avec l'eau dans un crible, miracle

payen, sert

(1) Il suffit de citer le Panthéon pour exemple; mais Bensletten retrouve, dans l'église de Sainte-Saba et de Sainte-Balbine, le temple de Junon et de Diane; il a vu aussi, sur la cime du Mont-Leva, une chapelle autrefois d'Anna-Perenna, sœur de Didon, aujourd'hui sous le nom

de Sainte-Anna-Petronilla,

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