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OEDIPE.

· Lui as-tu donné l'enfant?

PHORBA S.

Hé-bien... je l'ai donné. Que ce jour n'a-t-il été le dernier de mes jours!

O mort....

OEDIPE.

Tes vœux feront exaucés, fi tu ne ré

ponds.

PHORBA S.

Ils le feront bien plûtôt, fi je parle.
OEDIPE.

Cet homme, je le vois, ne cherche qu'à m'amufer par de vains détours. PHORBA S.

Hélas: & je n'ai pas avoué que j'avois donné l'enfant ?

OEDIPE.

Où l'as-tu pris? étoit-il à toi ? l'as-tu reçû d'une autre main ?

PHORBA S.

Je l'ai reçû d'une autre, il n'étoit pas

moi.

OEDIPE.

Et qui te l'a donné? de quelle maison eft-il?

PHORBAS.

Seigneur,... au nom des Dieux, n'en demandez pas davantage.

OEDIPE.

Parle. Tu es perdu, fi je le demande une feconde fois.

PHORBA S.

Il nâquit dans le Palais de Laïus.
OEDIPE.

D'un efclave, ou du Roi?

PHORBAS.

* Cruelle néceffité : je meurs fi je

parle.

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OEDIPE.

Et moi fi je t'écoute. Parle toutefois.

* »La curiofité (dit PLUTARQUE, traité » de la Curiof. traduct. d'Amyot) enveloppa » Oedipus en de très-grands maux; parce que » voulant fçavoir qui il étoit, comine n'étant

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pas de Corinthe, en allant à l'Oracle pour » lui demander, il rencontra Laïus par le che» min, qu'il tua, époufa fa propre mere, par le moyen de laquelle il obtint le Royaume » de Thèbes : & lorfqu'il fembloit être très» heureux, encore fe voulut-il chercher foi» même, combien que fa femme l'en détournât le plus qu'elle pouvoit ; & plus elle le prioit de ne le faire pas, plus il en preffa un » vieillard qui fçavoit toute la vérité du fait, en le contraignant par toutes voyes, tant que le difcours de l'affaire l'ayant déja mis » en foupçon, comme le vieillard fe fut écrié,

Holas, je fuis fur le point dangereux
De déclarer un cas bien malheureux.

»Toutefois étant déja furpris de fa paffion de PHORBAS.

PHORBAS.

On le difoit fils de Laïus. Interrogez la Reine. Elle vous inftruira mieux.

» curiofité, & le cœur lui en battant, il ré» pond,

Et moi auffi fur le point de l'entendre,
Mais toutefois il nous le faut apprendre.

Tant eft aigre-doux & malaifé à contenir > le chatouillement de la curiofité, comme un » ulcère, qui plus on le gratte, & plus il s'enfangiante lui-méme. Mais celui qui eft en> tierement net & délivré de telle maladie, » & qui eft de nature paifible, quand il aura ignoré quelque mauvaise nouvelle, il dira,

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O faint oubli de l'ancienne trifteffe

Tant tu es plein de très-grande sageffe.

Et pourtant fe faut-il, petit à petit, accou» tumer à ceci, qnand on nous apportera des >> lettres, de ne les ouvrir pas vitement & à » grande hâte, comme font la plupart dont » les mains demeurent un peu trop à leur gré » à délier la fifcelle: ils la mâchent à belles » dents, & s'il arrive un meffager de quelque » part, de ne courir pas incontinent à lui, ni »fe lever à l'étourdie en fa place, foudain » que quelqu'un viendra dire, J'ai quelque chofe de nouveau à vous conter; & lui répondre Mais bien euffes-tu quelque chofe de bon & utile à m'apprendre. Un jour que » je déclamois à Rome, Rusticus, celui que » Domitien fit mourir depuis pour l'envie qu'il portoit à fa gloire, y étoit qui m'éTome I.

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OEDIPE.

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La tendreffe fut étouffée par la crainte de certains Oracles.

OEDIPE.

Et qu'annonçoient-ils ces Oracles?

PHORBA S.

Que cet enfant donneroit la mort à ceux dont il avoit reçû le jour.

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» coutoit au milieu de la leçon il entra un → foldat qui lui bailla des lettres de la part de » l'Empereur. Il fe fit là un filence, & moimême fis une pause à mon difcours jufques à ce qu'il les eût lûes: mais il ne voulut » pas, ni n'ouvrit pas fes lettres jufqu'à ce que »j'euffe achevé mon discours, & que l'affem»blée fut départie de l'auditoire, dont toute la compagnie prifa & eftima beaucoup la gravité du perfonnage. Mais quand on nourrit la curiofité, &c. » Joignez l'emportement à la curiofité, c'est le caractère d'Oedipe.

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OEDIPE.

Pourquoi donc le mis-tu entre les mains de ce vieillard ?

PHORBAS.

La pitié l'emporta. Je crus qu'il l'éleveroit dans quelque terre écartée. Mais hélas! il l'a fauvé pour être un modéle du malheur. Car enfin, Seigneur, fi vous êtes celui dont il parle, vous devenez le plus infortuné de tous les hommes. OEDIPE.

Hé-bien, deftins affreux, vous voici dévoilés. Je fuis donc né de ceux dont jamais je n'aurois dû naître, je fuis l'époux de celle que la nature défendoit d'époufer, j'ai donné la mort à ceux à qui je devois le jour... mon fort eft accompli. O foleil, je t'ai vû pour la derniere fois.

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Race mortelle des humains, que vous êtes peu de chose à mes yeux! toute votre félicité n'eft qu'un vain fantôme né de l'opinion. Fut-il jamais homme plus fortuné qu'Oedipe? qu'eft devenu fon bonheur? un inftant l'a vû naître & s'é

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