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ou fortir fes perfonnages. Cette Scène eft toute action & fpectacle. Elle pourroit paffer pour belle, fi le ftyle enflé ne la gâtoit. Elle eft de l'invention de Seneque. Tiréfias, pour connoître le criminel, fait faire par fa fille toutes les cérémonies d'un facrifice pompeux. L'exécution fur le Théâtre en feroit impoffible. La priere précéde, puis on voit la fumée de l'encens, puis les libations, d'où l'on tire des augures. On immole des victimes, une Geniffe & un Taureau. La Geniffe tombe du premier coup. Le Taureau craint la lumiere: il reçoit deux coups, rend le fang par les yeux, & traîne un refte de vie plus affreux que la mort. C'eft la deftinée de Jocafte & d'Oedipe, que le Poëte a voulu figurer énigmatiquement. Voilà le beau. Le ref te ou l'affaifonnement eft une peinture hideufe d'entrailles qui palpitent d'une façon extraordinaire. Ici c'eft le cœur qui s'affaiffe & difparoît. Là c'est un fang noir qui trouve de nouvelles iffues. En un mot c'est un détail d'anatomie payenne, dont le feul récit feroit frémir. L'énigme continue, & on y peint tout figurément jufqu'à l'incefte d'Oedipe & de Jocafte. Mais, cómme fi ce fpectacle étoit encore trop peu pour l'enthousiaf

me Efpagnol du Poëte, Tiréfias peu inf truit par ce facrifice, qui n'inftruit que trop les fpectateurs, fe réferve à confulter les enfers, & à évoquer toutes les Ombres.Cependant il ordonne au Chœur de chanter une hymne à Bacchus, appa remment parce que Bacchus étoit un des Dieux tutélaires de Thébes; & le Choeur ne manque pas d'obéir.

ACTE III.

Créon revient après la cérémonie magique, & fait beaucoup de façon avant que d'en raconter l'iffue au Roi. C'est un combat de sentences dont quelquesunes font affez belles. Voici le commencement de la Scène.

OEDIPE.

Quoique cette trifteffe m'annonce des malheurs, parlez. Par quelle victime devons-nous appaiser les Dieux?

CREON.

Vous m'ordonnez de parler, & la crainte m'oblige à me taire.

OEDIPE.

Si vous n'êtes pas touché à l'aspect de Thébes expirante, l'intérêt du fceptre de votre four doit vous fléchir.

CREON.

Vous voudrez bientôt ignorer ce

que vous defirez si paffionnément đẻ fçavoir.

OEDIPE.

L'ignorance des maux eft un reméde ftérile. Quoi, vous vous obstinez à cacher un mystère dont dépend le falut de la Patrie!

CRÉON.

La guérison eft odieufe, quand le reméde eft honteux.

OEDIPE.

Parlez, vous dis-je ou redoutez la d'un Roi courroucé.

vengeance

CREON.

Les Rois haïffent la vérité, lors même qu'ils la demandent.

OEDIPE.

Vous ferez la victime, fi vous ne vous expliquez fur le facrifice fecret.

CRÉON.

Souffrez que je me taife. C'eft l'unique liberté qu'on puiffe obtenir des Rois.

OEDIPE.

Un filence trop libre eft fouvent plus nuifible au Roi & à l'Etat, que la liberté dans les paroles.no

CREON.(

Que reste-t-il donc, s'il n'eft pas per mis de fe taire? &c..

OEDIPUS. Etfi ipfe vultus flebiles præfert,notas, Expone cujus capite placemus Deos.

CREON. Fari jubes, tacere quæ fuadet metus. OEDIPUS. Si te ruentes non fatis Theba movent, At Sceptra moveant lapfa cognata do

mûs.

CREON. Nefcire cupies, noffe quæ nimiùm ex

petis.

OEDIPUS. Iners malorum remedium ignorantia eft.

Itane & falutis publica indicium

obrues?

CREON. Ubiturpis eft medicina: fanari piget. OEDIPUS. Audita fare: vel malo domitus gravi Quid arma poffint Regis irati fcies.

CREON. Odere Reges dicta quæ dici jubent. OEDIPUS. Mitteris Erebo vile pro cunctis caput, Arcana facri voce ní retegis tuâ.

CREON.

CREON.

Tacere liceat. Nulla libertas minor A rege petitur. OEDIP. nempè vel lingua magis

Regi atque Regno muta libertas obest. Ubi non licet filere, quid cuiquam licet? &c.

Enfuite de ce début Créon fait une defcription plus qu'infernale de tout ce qu'il a vû. Encore s'arrête-t-il long-tems à décrire le lieu de la magie avant que

de venir au fait. Il y vient, & en quels termes? la terre s'ouvre, & que n'en fort-il pas ! le bel endroit, s'il n'étoit gâté par le ftyle dominant dont j'ai parlé, ce feroit celui où l'on croit voir les Ombres des Rois de Thébes qui s'apparoiffent à Tiréfias. Laïus paroît à fon tour, & révéle toute l'abomination de l'hymen & du crime d'Oedipe. Mais celui-ci, qui fe croit fils de Polybe, entre en fureur contre Tiréfias & Créon, qu'il accufe de complot pour le déthrôner. Créon s'en défend comme chez Sophocle. Mais tout cela eft étranglé, fans liaison & fars goût. Les fentences terminent la Scène comme elles l'ont commencée; & le Choeur fait fon office à l'ordinaire, c'eft-à-dire, qu'il chante des vers qui ne difent pas grand chose.

ACTE IV.

Oedipe revient avec quelqu'effroi fur la mort de Laïus, que le Ciel & l'enfer lui imputent, quoiqu'il ne fe fente point coupable: apparemment qu'il a fait fes réflexions. Il raconte donc à Jocafte l'aventure du chemin de Daulie où il avoit tué un homme. Il interroge fa femme fur les circonftances du meurtre de Laïus, & il trouve qu'elles fe rapportent

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