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nos héros, les Montigny (5), les Eustache de S. Pierre (4), les du Guesclin, les Clisson, les Bayard, les Rosny, les Crillon, les Montmorency*, les Fabert (5), les Luxembourg, les Turenne; ces hommes que j'atteste, l'honneur du nom françois, et qui confondirent toujours au fond de leur cœur le Prince avec la nation. C'étoit encore le sentiment de nos aïeux : et pourquoi faut-il qu'une malheureuse philosophie vienne l'éteindre dans leurs enfans? Lorsque mon père se plaisoit à former mes premières années, avec quelle effusion et quel tendre saisissement il me faisoit bégayer les noms sacrés de mon Dieu, de mon père et de mon Roi! avec quel attendrissement j'apprenois à les répéter avec lui! et à mesure que je croissois en âge, que tout ce qui concernoit nos Princes et leur auguste famille me paroissoit intéresser la France et m'intéressoit moi-même ! Être né sous l'empire de nos Rois, étoit une des choses dont chaque jour de ma vie je rendois grâce au Ciel; et tous mes concitoyens pensoient alors comme moi. C'est ce noble enthousiasme, répandu dans tous les esprits et dans tous les coeurs, qui y faisoit circuler, en même tems que le sang dans nos veines,

Les deux Connétables Anne et Henri de Montmo

rency.

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la valeur, l'honneur, le patriotisme, et qui soutenoit la dignité du nom françois (6). On nous montroit nos Rois comme nos chefs, comme nos pères; toujours à notre tête, pour nous conduire dans les sentiers de la gloire; toujours les premiers dans les dangers, au milieu des hasards, pour les partager avec nous; honorant la nation jusque dans leur défaite, et par la captivité même que quelques-uns d'eux ont éprouvée en combattant pour sa défense*; au sein de la paix, veillant sur nos intérêts, essentiellement inséparables des leurs **; adoucissant nos maux ; gémissant sur ceux qu'ils n'avoient pu empêcher, et s'appliquant à les réparer; généreux, magnifiques; les plus aimables des Princes, les plus aimans, les plus dignes d'être aimés, et, dans l'auguste Maison qui nous gouverne, faisant toujours chérir en eux le coeur des Bourbons. Remplis de telles images, les

* Il n'y a point, si je ne me trompe, de nation qui ait eu un aussi grand nombre de ses rois faits prisonniers de guerre, que la nôtre; parce qu'il n'y en a point eu dont les chefs ayent eu autant de valeur.

** Eh, qui ne sait en effet que le bonheur des sujets fait essentiellement celui du Monarque ; qu'il n'est vraiment riche qu'autant qu'ils le sont eux-mêmes; que l'abus du pouvoir en est la ruine; et que, comme l'a si bien dit l'Orateur le plus éloquent du dernier siècle, tout ce qui outre l'autorité l'affoiblit et la dégrade «?

François étoient invincibles; ou s'ils étoient malheureux....., l'honneur leur restoit. Aujourd'hui, tous ces grands sentimens sont absorbés par un esprit particulier, par un intérêt bas et sordide, par des principes républicains, par un Anglicisme plus des- tructeur pour nous que le fer et la mort. Hélas! ne valions - nous pas assez par nousmêmes? et falloit-il nous dénaturer ridicule imitation (7)?

par une

Eh! mon fils, dans quel tems le Prince, la patrie eussent-ils dû nous être plus chers que dans le siècle où nous vivons? Si quelquefois nous y sommes exercés par des épreuves du moment, inévitables pour tout Empire, au moins a-t-on fait disparoître toutes les causes de nos anciennes révolutions et de nos plus grands malheurs : nous ne connoissons plus ces démembremens si funestes, et ces partages entre les enfans de nos Rois; les grands fiefs, et la tyrannie des Seigneurs (8); ces Hauts-Justiciers qui redoutoient les frais de la justice qu'ils devoient à leurs vassaux; l'énorme et dangereuse puissance des Grands; cette valeur mal entendue des chefs, qui nous a fait éprouver tant de défaites; cette rivalité entre plusieurs Commandans, qui nous a dérobé tant de victoires; ces conquêtes éloignées, qui nous faisoient perdre

de vue notre propre pays; le conflit des autorités; les divisions de secte et de parti, et les entreprises de sectaires, formant comme une république à part au sein de la monarchie : nous n'avons plus d'ennemis dans le cœur du royaume et sur nos frontières; tout enfin parmi nous est rappelé à l'unité.

Unité précieuse, qui rend, aux yeux des vrais Sages, notre genre de gouvernement si respectable ( 9 ), et qui fait de nos Rois l'image de Dieu sur la terre! Les François sont tous les membres d'une même famille; ils sont un peuple de frères, sous l'autorité d'un père commun, C'est cette autorité sainte qui les unit entre eux, en les unissant à leur chef; et dans cette union si belle, leur amour pour la patrie s'identifie avec celui qu'ils ont pour le Monarque.

Élevés eux-mêmes dans ces maximes, nos Princes, après avoir obéi comme nous avec respect, avec tendresse, apprennent à régner un jour sur nous dans le même esprit que leur père. Leur pouvoir transmis par droit de succession, sans altération, sans partage, les invite à le transmettre avec les mêmes avantages à leurs enfans. Les intérêts de leur proleur deviennent communs avec les pre sang nôtres; assurés de l'héritage qu'ils lui laissent, et par leurs droits et par notre amour, ils ne

sont point tentés, comme les despotes et les tyrans, d'en cimenter la durée par la violence; et leur empire se perpétue sans effort, comme il s'est établi sans contrainte. Aussi, mon fils, à bien peu de règnes près, ne comptons-nous dans nos fastes que de bons rois (10). Eh, quelle douce récompense ne trouvent.

ils

pas à leur amour pour nous, dans ce cri du François, si vif, si répété, quand il voit son Prince, et qu'il sait qu'il en est chéri! Dans ce cri public, quel motif d'encouragement pour eux, à nous aimer toujours davantage, et à nous rendre toujours plus heureux ! Quelle leçon, au contraire, quand ce cri s'affoiblit! Parmi des peuples esclaves, on a vu des Empereurs se déguiser pour savoir ce qu'on pensoit d'eux: ici, le Prince n'a qu'à

se montrer.

Jours brillans et fortunés, jours d'enchantement et de gloire, que ceux où nos Rois, échappés à des périls qui avoient fait la consternation et la douleur de leurs enfans, ont vu tous les cœurs voler au devant d'eux; des fleurs semées sur leur passage; des arcs de triomphe disposés pour les recevoir; le père soulever son fils pour lui faire voir son Prince; le fils sourire an Monarque et lui tendre les bras; les citoyens pétillans de joie et d'amour, s'asseoir à la même table sans se connoître, se

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