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provoquer les uns les autres, se porter tour à tour une santé qui leur est devenue si chère, et joindre à de si doux transports toute l'ivresse du sentiment; tout un peuple, au milieu des cris d'allégresse, nommer son Roi le bien-aimé et les délices de la nation! Ah! de si beaux jours pour les Princes ne promettent-ils pas à leurs sujets des siècles de bonheur? et qui a éprouvé le plaisir d'ètre aimé ainsi, pourroit-il être sensible à d'autres plaisirs?

C'est ainsi, cher Valmont, que nous avons toujours fait à nos Rois une loi de nous rendre heureux loi touchante, que leur cœur se plaît à remplir ( 11 ), et qui leur ouvre réciproquement une source de jouissance et de félicité pour tous les instans (12): loi sainte qu'ils s'imposent à eux-mêmes aux pieds des autels, lorsqu'au jour de leur couronnement, ils y forment ces engagemens sacrés qui lient le Prince à ses sujets et les sujets à leur Prince, et qui, en nous garantissant son zèle pour notre bonheur, lui sont garans de notre fidé lité et de notre amour. Eh! pourquoi une nouvelle philosophie et de nouvelles mœurs nous feroient-elles perdre de si grands avantages et de si précieuses ressources? Pourquoi, en attaquant tout à la fois la Religion et l'Autorité, le Sacerdoce et l'Empire, Dieu

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Engagemens sacrés qui lient le Prince à ses Sujets, et les

ts a leur Prince!

et nos Rois, les Philosophes de nos jours osent-ils bien se glorifier de briser dans nos mains un talisman d'imbécillité, et se félicitent-ils encore de faire le bonheur du genre humain? Quel bonheur que celui qui naîtroit de l'anarchie (13)!

O mon fils! soyons toujours ce qu'ont été nos aïeux. Que notre patriotisme renferme toujours l'amour de nos Rois (14). Tel est le patriotisme françois. Que tel soit toujours le tien! Si tu n'avois pas le cœur des Valmont, ton père te désavoueroit. Eh! que ne peux-tu mettre la main sur le mien! que ne peux-tu sentir, au moment où je t'écris, cette flamme dont il brûle.... tout exilé que je suis!.

Si des disgrâces semblables à la mienne, ou plus grandes encore, doivent bientôt accroître tes chagrins, ne te laisse point aller en esclave aux plaintes et aux murmures. Fils bien né, sujet fidèle, ame noble et généreuse, chéris toujours ta mère, ta patrie, qui t'a porté dans son sein; chéris ton Prince comme ton maître et ton père, de quelque indignation qu'il s'arme contre toi. Respecte, honore l'autorité qui t'a si long tems, si hautement favorisé, protégé; honore-la, lors même qu'elle t'est contraire, et parton exem ple, apprends aux autres à l'honorer. Des

tems plus heureux pour toi renaîtront peutêtre, où tu pourras lui être utile.

Sois soumis aux loix de la Religion, et tu leseras toujours à celles de l'État et du Prince. Le vrai Chrétien ne peut être qu'un sujet fidèle.

NOTE S.

PAGE 192.

(1) Il a un juge au Ciel; mais il seroit trop dangereux qu'il en eût sur la terre. Ce que la Religion nous dicte à cet égard, M. de Voltaire l'a mis dans la bouche d'un Païen éclairé par la seule lumière naturelle.

Ah! quand il seroit vrai que l'absolu pouvoir
Eût entraîné Tarquin par-delà son devoir,
Qu'il en eût trop suivi l'amorce enchanteresse;

Quel homme est sans erreur? Et quel Roi sans foiblesse?

Est-ce à vous de prétendre au droit de le punir;

Vous, nés tous ses Sujets; vous, faits pour obéir?

Un fils ne s'arme point contre un coupable père;

Il détourne les yeux, le plaint, et le révère.
Les droits des Souverains sont-ils moins précieux?
Nous sommes leurs enfans, leurs juges sont les Dieux.
Si le Ciel quelquefois les donne en sa colère;

N'allez pas mériter un présent plus sévère,
Trahir toutes les loix en voulant les venger,
Et renverser l'État au lieu de le changer.

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(2) Quel tableau pour des cœurs sensibles, que celui de tout un Royaume, etc. Je demande en effet à toute ame honnête, à tout coeur bien fait, si, pour établir en

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