صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

que j'ai vus former une ligue contre le Seigneur et contre son Christ; traiter d'esprits foibles et superstitieux, de fanatiques et d'enthousiastes, tous ceux qui ne pensoient pas comme eux; repousser, à haute voix et sans ménagement, les traits qu'on lançoit contre l'irréligion; et affrontant tout à la fois, Dieu, les hommes, et les loix, se donner sans honte pour les apologistes du vice et de l'impiété. O mon Dieu, daignerezvous oublier que j'ai pris part à leurs blasphêmes, et que j'ai pu m'asseoir au milieu d'eux! Ah! pardonnez, Seigneur, les égaremens de ma jeunesse ; pardonnez-moi des erreurs que je cours rétracter aux pieds de vos Autels, et que mon cœur désavoue pour toujours.

Il s'approche, le moment fortuné après lequel je soupire, et je vais m'y préparer de nouveau. Bientôt après, mon père, je vole dans vos bras avec ma chère Émilie et toute l'aimable famille que vous nous avez envoyée. Tout est disposé pour notre départ, Demain j'abandonne un séjour où je n'aurai rien à regretter, puisque je trouverai tout auprès de vous.

Adieu, monde trompeur, qui m'aviez séduit, qui m'aviez promis le bonheur et ne me l'avez point donné! Adieu, toutes les

faveurs de la Cour, qui étiez autrefois le plus vif objet de mes voeux, et qui l'êtes aujourd'hui de mon indifférence! Je vais apprendre loin de vous à être vrai, sage, et vertueux. Sous les auspices du meilleur des citoyens, comme du plus tendre des pères, je vais apprendre à devenir citoyen moi-même, à me rendre digne, par mon étude et par mes soins, de servir un jour mon Roi, ma Patrie, si mon Roi daigne me pardonner; et si je meurs dans sa disgrace, j'aurai du moins appris à mes enfans à le servir et à l'aimer. Adieu, mes anciens amis, mes compagnons d'incrédulité ! mon changement vous sera connu, car je ne craindrai pas de le manifester; vous en plaisanterez, et je n'en rougirai pas; à l'aide de vos ingénieuses saillies, vous mettrez les rieurs de votre côté, et vous n'y mettrez pas la raison; vous me plaindrez, et je plaindrai encore plus votre aveuglement, et je prierai le Ciel qu'il dissipe vos ténèbres, et je me féliciterai chaque jour de ne plus penser comme vous. Grâces à la religion, je vais avoir des principes, des mœurs ; et je n'en avois pas !

EN VOI,

Qui se trouvoit à la suite de la Lettre LI, que le Comte de Valmont a écrite à son père, en se rendant aux preuves de la religion. Voyez la note de la Lettre XLIX, page 79.

JE

E vous envoie la copie du projet que le malheureux Lausane avoit mis sous le chievet de son lit, et que j'y apperçus au moment de sa mort. Il n'est pas écrit de sa main; et je ne crois pas qu'il soit de lui, quoique j'y reconnoisse son esprit et ses principes: on l'aura sans doute entrepris par son ordre, et j'ai lieu de penser que son dessein étoit, après l'avoir médité à loisir, de l'appuyer par la suite et de le répandre. Quelque jour peut-être daignerez-vous me le renvoyer avec les apostilles qui lui conviennent. Grand Dieu ! quel monstre que l'incrédulité du siècle, lorsqu'on le voit sans déguisement *!

* Cette copie a été trouvée sans apostilles. On a cru pouvoir, par un petit nombre de changemens et par de légères additions, en faire le résumé des ouvrages et des systêmes du jour; et l'on a mis en note les remarques les plus nécessaires. La plupart de ces additions et des endroits cités, sont tirés de l'Encyclopédie, du Livre de

LE GRAND ŒUVRE.

LE secret de transformer les métaux en or est une chimère; c'est l'oeuvre du préjugé mais le grand œuvre en effet, l'œuvre par excellence, et pour tout dire en un mot, le chef-d'œuvre de la philosophie, est d'établir la liberté des opinions sur la ruine des superstitions, d'ôter aux hommes leurs entraves, de briser leurs idoles, d'élargir pour eux la voie du bonheur, de légitimer leurs plaisirs, et de faire taire leurs craintes et leurs remords *.

l'Esprit, du Systême de la Nature, que l'on cite spécialement, ainsi que l'Interprétation de la Nature, qui, quoique beaucoup plus ancienne que le Systême, lui a servi comme de prélude. On nous saura gré d'avoir substitué des passages pris de nos auteurs modernes à des citations de Bayle, de Spinosa, et de tous ceux qui, dans des tems plus reculés, ont levé au sein de la Religion chrétienne l'étendard de l'incrédulité.

L'Éditeur croit devoir avertir qu'il est essentiel de ne point séparer ici la lecture des notes de celle du texte, dont elles sont le contrepoison; et c'est pour cela, qu'on les a toutes mises au bas des pages auxquelles elles se rapportent.

* » Il faut, pour être heureux, étouffer les remords, a > dit un de nos Sages : inutiles avant le crime, ils ne ser>vent pas plus après, que quand on le commet : la bonne > philosophie se déshonoreroit; en s'occupant de ces

Il faudroit, pour y parvenir, que les plus éclairés d'entre nos Sages concertassent un plan uniforme qui embrassât les moyens les plus sûrs d'avancer cet œuvre unique, le remède à tous nos maux, et le salut du genre humain. En attendant qu'ils se réunissent sur un objet si important (1), voici un plan que je crois pouvoir offrir à ceux qui se sen

» fâcheuses réminiscences, et en s'arrêtant à ces vieux » préjugés «. Disc. sur la vie heureuse. Quelle philosophie que celle qui prétend nous aveugler au point de ne pas reconnoître dans l'homme un sentiment moral, une conscience, des remords, comme étant une suite du développement de sa raison et faisant partie de sa nature! O Philosophes ! c'étoit donc là en partie ce que vous appelliez des préjugés ! Voyez les Lettres XXI et XXIII du premier volume.

Ne dissimulons pas la réponse faite par ces mêmes Sages:» C'est calomnier la philosophie, que d'imaginer » qu'elle invite au crime, en délivrant des remords; elle » invite seulement au repos dans le crime «.

(1) Il falloit aussi qu'ils pussent se réunir sur l'enseignement ; et c'étoit le point le plus difficile. Depuis longtems on leur demandoit un corps de doctrine, et ils ne pouvoient le donner; toujours prêts à se démentir les uns les autres, ils établissoient des principes absolument contraires, ou en tiroient des conséquences tout-à-fait opposées. Mais il paroît enfin qu'ils ont pris le plus court parti, et que, se rapprochant par degrés, ils s'accordent assez maintenant à renverser tout principe, à détruire toute vérité, à ne plus voir en tout que le mouvement et la matière ; et c'est là ce qu'ils appellent le Systême de la

Nature.

« السابقةمتابعة »