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sible, puisqu'elles servent simplement à soumettre, au moyen des principes d'une unité nécessaire a priori (en vertu de l'union nécessaire de toute conscience dans une aperception originaire), les phénomènes aux règles générales de la synthèse et de les rendre propres à former une liaison universelle dans une expérience.

C'est dans l'ensemble de toute l'expérience possible que résident toutes nos connaissances et c'est dans le rapport général à cette expérience que consiste la vérité transcendantale qui précède toute vérité empirique et la rend possible.

Mais il saute, cependant, aussi aux yeux que, si les schèmes de la sensibilité réalisent tout d'abord les catégories, ils les restreignent aussi, c'est-à-dire qu'ils les limitent à des conditions qui sont en dehors de l'entendement (c'est-à-dire dans la sensibilité). C'est pourquoi le schème n'est proprement que le phénomène, ou le concept sensible d'un objet, en tant qu'il s'accorde avec la catégorie (numerus est quantitas phænomenon, sensatio realitas phænomenon, constans et perdurabile rerum substantia phænomenon, æternitas, neccessitas phanomenon, etc.). Or, si nous laissons de côté une condition restrictive, nous amplifions, semble-t-il, le concept auparavant restreint, et alors les catégories considérées dans leur sens pur, sans toutes les conditions de la sensibilité, devraient s'appliquer à des choses en général, comme elles sont, au lieu que leur schème ne représente les choses que comme elles apparaissent; les catégories devraient donc avoir un sens indépendant de tous les schèmes et beaucoup plus étendu. En fait, les concepts purs de l'entendement conservent incontestablement, après qu'on a fait abstraction de toute condition sensible, un sens, mais simplement logique, celui de la simple unité des représentations, auxquelles ne peut être donné aucun objet, ni, par conséquent, aucune signification qui puisse fournir un concept de l'objet1. Ainsi, la substance, par exemple, si on laisse de côté la détermination sensible de la permanence, ne signifierait plus qu'un quelque chose qui peut être conçu comme sujet (sans être un prédicat de quelque autre chose). Or, de cette représentation je ne puis rien faire, puisqu'elle ne m'indique pas quelle détermination doit posséder la chose pour valoir comme telle à titre de premier

1. Kant. Nachtr. : Une connaissance dé l'objet (no LXI).

sujet. Les catégories, sans schème, ne sont donc que des fonctions de l'entendement relatives aux concepts, mais elles ne représentent aucun objet. Leur signification leur vient de la sensibilité qui réalise l'entendement, tout en le restreignant.

CHAPITRE II

SYSTÈME DE TOUS LES PRINCIPES DE L'ENTENDEMENT PUR

Dans le chapitre précédent nous n'avons examiné la faculté transcendantale du jugement qu'au point de vue des conditions générales qui lui permettent à elle seule d'appliquer à des jugements synthétiques les concepts purs de l'entendement. Nous allons nous occuper maintenant d'exposer dans une liaison systématique les jugements que l'entendement, soumis à cette précaution critique, produit réellement a priori; et notre table des catégories nous fournira à cet égard, sans aucun doute, un guide naturel et sûr. En effet, ces catégories sont précisément ce dont le rapport à l'expérience possible. doit constituer a priori toute la connaissance pure de l'entendement et ce dont le rapport à la sensibilité en général exposera intégralement par cela même (um deswillen) et sous forme de système tous les principes transcendantaux de l'usage de l'entendement.

Les principes a priori tirent leur nom non pas simplement de ce qu'ils renferment en eux les sources d'autres jugements, mais aussi de ce qu'ils ne sont pas fondés eux-mêmes sur des connaissances plus élevées et plus générales. Cette propriété pourtant ne les dispense pas toujours d'une démonstration. Bien qu'en effet cette démonstration (21) ne puisse pas être poussée plus loin objectivement et que plutôt toute la connaissance de son objet (Objects) lui serve au contraire de fondement, cela n'empêche pas cependant qu'il soit possible de tirer une preuve des sources subjectives qui rendent possible une connaissance de l'objet en général; ce serait même nécessaire, parce que autrement le principe encourrait le grave soupçon d'être une assertion obtenue par simple surprise.

En second lieu, nous nous bornerons simplement aux principes qui se rapportent aux catégories. Les principes de l'Es

thétique transcendantale qui font de l'espace et du temps les conditions de la possibilité de toutes les choses en tant que phénomènes et, de même, la restriction de ces principes, je veux dire ce qui ne permet pas de les appliquer à des choses en soi, tout cela ne rentre donc pas dans le champ que nous traçons à notre recherche. Les principes mathématiques également ne font pas partie de ce système, parce qu'ils ne sont tirés que de l'intuition et non du concept pur de l'entendement; mais, comme ils sont tout de même des jugements synthétiques a priori, leur possibilité trouvera nécessairement place ici, non pas sans doute pour que soient démontrées leur légitimité et leur certitude apodictique ils n'en ont pas besoin, mais seulement pour que la possibilité de ces connaissances a priori soit déduite et rendue compréhensible. Mais nous devrons parler aussi du principe des jugements analytiques et cela, à la vérité, par opposition avec celui des jugements synthétiques, qui sont proprement ceux dont nous nous occupons, parce que cette opposition affranchira de tout malentendu la théorie des jugements synthétiques et en fera voir clairement la nature particulière.

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PREMIÈRE SECTION

Du principe suprême de tous les jugements analytiques.

Quel que soit le contenu de notre connaissance et de quelque manière qu'elle puisse se rapporter à l'objet, la condition universelle, bien que seulement négative, de tous nos jugements en général n'en est pas moins qu'ils ne se contredisent pas eux-mêmes; sans quoi ces jugements pris en eux-mêmes (et sans qu'on se reporte à l'objet) ne sont rien. Mais alors même qu'il n'y a pas de contradiction dans notre jugement, il peut néanmoins lier des concepts d'une manière opposée à celle que comporte l'objet ou même sans qu'aucun principe ne nous soit donné ni a priori ni a posteriori qui légitime un pareil jugement; et c'est ainsi qu'un jugement, bien qu'il soit indemne de toute contradiction intérieure, peut être ou faux ou bien sans fondement.

Or la proposition: A nulle chose ne convient un prédicat qui la contredise, est appelée le principe de contradiction et elle est un criterium universel, bien que simplement négatif,

de toute vérité; mais ce principe n'appartient qu'à la logique, précisément parce qu'il s'applique aux connaissances considérées simplement comme connaissances en général et indépendamment de leur contenu et qu'il déclare que la contradiction les anéantit et les fait disparaître totalement.

Mais on peut cependant en faire aussi un usage positif, c'est-à-dire s'en servir non pas simplement pour chasser la fausseté et l'erreur (dans la mesure où elles tiennent à la contradiction), mais encore pour reconnaitre la vérité. En effet, si le jugement est analytique, qu'il soit négatif ou affirmatif, il faut toujours que la vérité en puisse être suffisamment reconnue par le principe de contradiction. Car on niera toujours avec raison le contraire de ce qui aura été déjà posé et pensé comme concept dans la connaissance de l'objèt, tandis que le concept lui-même devra nécessairement être affirmé de cet objet, pour cette raison que son contraire serait contradictoire à cet objet.

Nous devons donc aussi laisser au principe de contradiction la valeur universelle et complètement suffisante de principe de toute la connaissance analytique; mais son crédit et son utilité ne dépassent pas ceux d'un critérium suffisant de la vérité. En effet, qu'aucune connaissance ne puisse aller contre lui sans s'anéantir elle-même, cela fait bien de ce principe la condition sine qua non, mais non pas le principe déterminant de la vérité de notre connaissance. Or, comme nous n'avons affaire proprement qu'à la partie synthétique de notre connaissance, nous veillerons sans doute constamment à n'aller jamais contre ce principe inviolable, mais, relativement à la vérité de cette espèce de connaissances, nous ne pourrons jamais en attendre d'éclaircissements.

Mais il y a pourtant de ce principe célèbre, bien que dépourvu de tout contenu et simplement formel, une formule qui renferme une synthèse qu'on y a glissée par mégarde et tout à fait inutilement. La voici : il est impossible que quelque chose soit et ne soit pas en même temps (zugleich). Outre qu'on y ajoute ici, d'une manière superflue (par le mot impossible), la certitude apodictique qui doit d'elle-même. résulter (verstehen lassen) du principe, ce principe est affecté par la condition de temps; il dit en quelque sorte une chose A qui est quelque chose B ne peut pas être en même temps non B, mais elle peut parfaitement être l'un et

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l'autre (Baussi bien que non B) successivement. Par exemple, un homme qui est jeune ne peut pas être vieux en même temps (zugleich); mais ce même homme peut fort bien être jeune à une époque et à une autre ne pas l'être, c'est-à-dire être vieux. Or, le principe de contradiction, à titre de principe simplement logique, ne doit (muss) pas limiter ses prétentions à des rapports de temps; par conséquent une telle formule est entièrement opposée au but de ce principe. Le malentendu vient simplement de ce qu'on sépare tout d'abord un prédicat d'une chose du concept de cette chose et qu'on lie ensuite à ce prédicat son contraire; la contradiction qui en résulte ne porte plus sur le sujet, mais seulement sur son prédicat qui lui est lié synthétiquement, et elle n'a lieu, il faut le remarquer (zwar), que si le premier et le second prédicats sont posés en même temps (zugleich). Si je dis qu'un homme ignorant n'est pas instruit, je dois ajouter cette condition: en même temps; car celui qui à une époque est ignorant peut fort bien être instruit à une autre. Mais si je dis aucun homme ignorant n'est instruit, la proposition est analytique, puisque le caractère (celui de l'ignorance) contribue dans ce cas à constituer le concept du sujet; la proposition négative découle alors immédiatement du principe de contradiction, sans qu'on ait besoin d'ajouter la condition en méme temps. C'est précisément pour cette raison que j'ai modifié plus haut la formule de ce principe, de manière à lui faire exprimer clairement ainsi la nature d'une proposition analytique.

DEUXIÈME SECTION

Du principe suprême de tous les jugements synthétiques.

L'explication de la possibilité de jugements synthétiques est un problème dont n'a pas du tout à s'occuper la logique générale qui n'a pas même besoin d'en connaître le nom. Mais, dans une logique transcendantale, c'est l'affaire la plus importante de toutes et c'est même la seule tâche quand il est question de la possibilité de jugements synthétiques a priori ainsi que des conditions et de l'étendue de leur valeur. C'est en effet après avoir accompli ce travail qu'une telle logique peut remplir son but, je veux dire déterminer l'étendue et les bornes de l'entendement pur.

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