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THEORIE TRANSCENDANTALE

DE LA MÉTHODE

Si je considère l'ensemble constitué par toute la connaissance de la raison pure et spéculative comme un édifice dont nous avons en nous au moins l'idée, je puis dire que, dans la théorie transcendante des éléments, nous avons évalué nos matériaux et déterminé quel édifice, de quelle hauteur et de quelle solidité, ils suffisent à élever. Sans doute, bien que nous eussions l'intention de construire une tour qui devait s'élever jusqu'au ciel, il s'est trouvé que notre provision de matériaux suffisait à peine à bâtir une maison d'habitation qui fût tout juste assez spacieuse pour convenir aux travaux auxquels nous vaquons sur la plaine de l'expérience et assez haute pour que nous puissions tout voir d'un coup d'œil, et que notre audacieuse entreprise échouait ainsi nécessairement faute de matériaux, sans même que l'on eût besoin de faire entrer en compte la confusion des langues qui devait immanquablement diviser les travailleurs sur le plan à suivre et les faire se disperser par tout le monde, pour y bâtir chacun pour soi et à sa guise. En ce moment, ce n'est pas tant des matériaux, mais bien du plan qu'il s'agit de nous occuper, et, comme, si nous sommes avertis de ne pas nous aventurer sur un projet arbitraire et aveugle, qui pourrait bien dépasser toutes nos ressources, il nous est pourtant impossible de renoncer à nous construire une habitation solide, il nous faut faire le devis d'un édifice qui soit en rapport avec les matériaux dont nous disposons et qui sont appropriés à nos besoins.

J'entends donc par méthodologie transcendantale la détermination des conditions formelles d'un système complet de la raison pure. Dans ce but, nous aurons à nous occuper

d'une discipline, d'un canon, d'une architectonique, et en fin d'une histoire de la raison pure et nous ferons, à un point de vue transcendantal, ce qu'on tente dans les écoles sous le nom de logique pratique par rapport à l'usage de l'entendement, mais ce qu'on exécute mal, parce que la logique générale n'étant restreinte à aucune espèce particulière de la connaissance intellectuelle (par exemple à la connaissance pure), non plus qu'à certains objets, ne peut rien faire de plus, sans emprunter des connaissances à d'autres sciences, que proposer des titres pour des méthodes possibles et des expressions techniques dont on se sert par rapport au côté systématique de toutes les sciences et qui font connaître d'avance à l'élève des noms dont il n'apprendra que pius tard à pénétrer la signification et à savoir l'usage.

CHAPITRE PREMIER

DISCIPLINE DE LA RAISON PURE

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Les jugements qui sont négatifs, non seulement au point de vue de leur forme logique, mais aussi quant à leur matière, ne jouissent auprès du désir de savoir qu'ont les hommes d'aucune considération particulière; on les regarde même absolument comme des ennemis jaloux de la tendance qui nous pousse sans cesse à étendre nos connaissances et l'on a presque besoin d'une apologie pour les faire seulement tolérer, à plus forte raison pour leur concilier l'estime et la faveur.

On peut exprimer, il est vrai, logiquement sous forme négative, toutes les propositions que l'on veut; mais, relativement au contenu de notre connaissance en général, quant à la question de savoir si elle est étendue ou restreinte par un jugement, les propositions négatives n'ont pas d'autre fonction que d'empêcher l'erreur. Aussi les propositions négatives, qui doivent prévenir une fausse connaissance, là où il n'y a jamais d'erreur possible, tout en demeurant très vraies, sont-elles pourtant vides; et n'étant plus appropriées à leur but, elles sont, pour cette raison, souvent ridicules. Telle est la proposition de ce rhéteur qu'Alexandre n'aurait pu faire de conquêtes sans armées.

Mais là où les bornes de notre connaissance possible sont très étroites, l'inclination à juger grande, l'apparence qui s'offre, très trompeuse, et le préjudice causé par l'erreur considérable, une instruction négative, qui ne sert qu'à nous préserver des erreurs, a encore plus d'importance que mainte instruction positive par où notre connaissance pourrait acquérir de l'accroissement. La contrainte, qui réprime et finit par détruire la tendance constante qui nous pousse à nous écarter de certaines règles, s'appelle discipline. Elle se distingue de la culture (Cultur) qui doit simplement nous donner une aptitude (eine Fertigkeit) sans en supprimer en

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