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ou externe, mais qui, l'une et l'autre, dépassent l'expérience possible; elle est ainsi ou la physiologie de toute la nature, c'est-à-dire la cosmologie transcendantale ou la physiologie de l'union de toute la nature avec un être au-dessus de la nature, c'est-à-dire la théologie transcendantale.

La physiologie immanente considère, au contraire, la nature comme l'ensemble de tous les objets des sens, par conséquent telle qu'elle nous est donnée, mais seulement selon les conditions a priori sous lesquelles elle peut nous être donnée en général.

Or, il n'y a que deux espèces d'objets des sens : 1. Ceux des sens externes et, par suite, l'ensemble de ces objets, la nature corporelle. 2. L'objet du sens interne, l'âme, et, suivant les concepts fondamentaux de l'âme en général, la nature pensante. La métaphysique de la nature pensante s'appelle psychologie et, pour la même raison, il ne s'agit ici que de la connaissance rationnelle de l'âme.

Ainsi, tout le système de la métaphysique contient quatre parties principales : 1. L'ontologie. 2. La psychologie rationnelle. 3. La cosmologie rationnelle. 4. La théologie rationnelle. La deuxième partie, c'est-à-dire la physiologie de la raison pure, comprend deux divisions: la physica rationalis* et la psychologia rationalis.

L'idée originaire d'une philosophie de la raison pure prescrit elle-même cette division qui est donc architectonique et conforme aux fins essentielles de la raison et non pas seulement technique, c'est-à-dire établie suivant des affinités accidentellement perçues et tracée au petit bonheur; elle est par là même immuable et législatrice. Mais il y a quelques points qui pourraient soulever des doutes et affaiblir la conviction de sa légitimité.

* Qu'on ne pense pas que j'entends par là ce qu'on nomme ordinairement physica generalis et qui est plutôt la mathématique que la philosophie de la nature. En effet, la métaphysique de la nature se distingue entièrement de la mathématique et, si elle est loin d'avoir à offrir des vues aussi étendues que celle-ci, elle est cependant très importante au point de vue de la critique de la connaissance intellectuelle pure en général applicable à la nature; à défaut de cette métaphysique, les mathématiciens eux-mêmes, en s'attachant à certains concepts vulgaires, mais en réalité métaphysiques, ont, sans le remarquer, chargé la physique d'hypothèses qui s'évanouissent devant une critique de ses principes, sans que pourtant on porte ainsi la moindre atteinte à l'usage de la mathématique dans ce champ (lequel usage est tout à fait indispensable).

Comment puis-je, d'abord, attendre une connaissance a priori, par suite, une métaphysique, d'objets qui sont donnés à nos sens et, par conséquent, a posteriori? Et comment estil possible, suivant des principes a priori, de connaître la nature des choses et d'arriver à une physiologie rationnelle? La réponse est que nous ne prenons de l'expérience rien de plus que ce qui nous est nécessaire pour nous donner un objet, soit du sens externe, soit du sens interne, le premier au moyen du simple concept de matière (étendue impénétrable et sans vie), le second au moyen du concept d'un être pensant (dans la représentation empirique interne : je pense). Au reste, dans toute la métaphysique de ces objets, nous devrions entièrement nous abstenir de tous les principes empiriques qui pourraient ajouter encore au concept quelque expérience servant à porter un jugement sur ces objets. En second lieu, où se place donc la psychologie empirique qui a toujours réclamé sa place dans la métaphysique et dont même de nos jours, on a espéré de si grandes choses pour l'éclaircissement de cette science, après avoir perdu l'espoir d'établir rien de bon a priori? Je réponds qu'elle vient là où doit se placer la physique proprement dite (la physique empirique), à savoir du côté de la philosophie appliquée dont la philosophie pure contient les principes a priori et avec laquelle, par conséquent, elle doit être unie, mais non pas confondue. Il faut donc que la psychologie empirique soit entièrement bannie de la métaphysique, et déjà elle en est entièrement exclue par l'idée de cette science. Toutefois, on devrait toujours lui laisser encore, d'après l'usage des écoles (mais seulement à titre d'épisode), une petite place à cet endroit, et cela, pour des motifs économiques, parce qu'elle n'est pas encore assez riche pour constituer une étude à elle seule et qu'elle est cependant trop importante pour qu'on puisse la repousser entièrement, ou la rattacher à une autre partie avec laquelle elle aurait encore moins d'affinité qu'avec la métaphysique. Elle n'est donc qu'une étrangère admise depuis très longtemps à laquelle on accorde un séjour temporaire jusqu'à ce qu'il lui soit possible d'établir son domicile propre dans une anthropologie détaillée (qui serait le pendant de la physique empirique).

Telle est donc l'idée générale de la métaphysique, de cette science qui est tombée dans le discrédit général, parce qu'on

en attendait d'abord plus qu'on ne pouvait équitablement lui demander, et par laquelle, après s'être longtemps bercé des plus belles espérances, on s'est trouvé déçu dans son espoir. On se sera suffisamment convaincu dans tout le cours de notre Critique que, si la métaphysique ne peut pas être le fondement de la religion, elle doit cependant en rester toujours comme le rempart, et que la raison humaine, déjà dialectique par la tendance de sa nature, ne peut jamais se passer d'une telle science qui lui met un frein et qui, par une connaissance scientifique et pleinement lumineuse de soi-même, empêche les dévastations qu'une raison spéculative affranchie de toute contrainte ne manquerait pas sans cela de produire dans la morale aussi bien que dans la religion. On peut donc être sûr que, si dédaigneux et si méprisants que puissent être ceux qui jugent une science, non d'après sa nature, mais seulement d'après ses effets accidentels, on reviendra toujours à la métaphysique, comme à une amante avec laquelle on s'était brouillé, parce que, comme il s'agit ici de fins essentielles, la raison doit travailler sans repos soit à l'acquisition de vues solides, soit au renversement de bonnes vues acquises antérieurement.

La métaphysique, celle de ia nature aussi bien que celle des mœurs surtout la critique de la raison qui se hasarde à voler de ses propres ailes, critique qui précède, à titre d'exercice préliminaire (comme propédeutique), constituent donc proprement, à elles seules, ce que nous pouvons nommer philosophie dans le vrai sens du mot. Celle-ci rapporte tout à la sagesse, mais par la voie de la science, la seule qui étant frayée ne se referme pas et ne permette aucune erreur. La mathématique, la physique et même la connaissance empirique de l'homme ont une grande valeur, comme moyens d'atteindre surtout aux fins accidentelles de l'humanité, et, si elles finissent par nous conduire à ses fins nécessaires et essentielles, c'est seulement au moyen d'une connaissance rationnelle par simples concepts. Or, cette connaissance, de quelque nom qu'on la désigne, n'est proprement que la métaphysique.

La métaphysique est ainsi le complément de toute culture de la raison humaine, et ce complément est indispensable, même en laissant de côté son influence, comme science, sur certaines fins déterminées. En effet, elle considère la raison

d'après ses éléments et ses maximes suprêmes qui doivent servir de fondement à la possibilité de quelques sciences et à l'usage de toutes. Si, en tant que simple spéculation, elle sert plutôt à prévenir les erreurs qu'à étendre la connaissance, cela ne nuit en rien à sa valeur, mais cela lui donne plutôt de la dignité et de la considération, en en faisant un censeur qui maintient l'ordre public, la concorde générale et même le bon état de la république scientifique et qui empêche ses travaux hardis et féconds de se détourner de la fin principale, le bonheur universel.

CHAPITRE IV

HISTOIRE DE LA RAISON PURE

Ce titre n'est placé ici que pour désigner une lacune qui reste dans le système et qui doit être remplie plus tard. Je me contenterai de jeter un rapide coup d'œil, d'un point de vue simplement transcendantal, à savoir du point de vue de la nature de la raison pure, sur l'ensemble des travaux qu'elle a accomplis jusqu'ici, ce qui, sans doute, me représente des édifices, mais des édifices en ruines.

Il est assez remarquable, bien que cela ne pût pas naturellement arriver d'une autre manière, que, dans l'enfance de la philosophie, les hommes aient commencé par où nous aimerions mieux finir maintenant, je veux dire par étudier la connaissance de Dieu et l'espérance, ou même la nature d'un autre monde. Quelque grossières que fussent les idées religieuses introduites par les anciens usages qui subsistaient encore de l'état barbare des peuples, cela n'empêcha pas la partie la plus éclairée de se consacrer à de libres recherches sur ce sujet, et l'on comprit aisément qu'il ne peut pas y avoir de manière plus solide et plus certaine de plaire à la puissance invisible qui gouverne le monde, et d'être ainsi heureux, au moins dans un autre monde, que la bonne conduite. La théologie et la morale étaient donc les deux mobiles, ou, pour mieux dire, les deux points d'aboutissement de toutes les spéculations rationnelles auxquelles on ne cessa de se livrer par la suite. La première fut cependant proprement ce qui engagea peu à peu la raison simplement spéculative à une occupation qui, dans la suite, devint si célèbre sous le nom de métaphysique.

Je ne veux pas spécifier ici les temps où s'opéra telle ou telle révolution dans la métaphysique, mais seulement présenter, dans une rapide esquisse, l'idée qui occasionna les principales révolutions. Et là je trouve un triple but en vue duquel eurent lieu les changements les plus remarquables sur ce champ de bataille.

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